Dernière mise à jour :
05/09/2010
Présentation
Le présent article décrit une méthode pour
réaliser un analyseur de spectre à LED. Il ne
présente pas de schéma tout fait et exploitable, mais
explique le principe général et permet de voir par où commencer. Le
modèle
expliqué correspond à un analyseur 10 bandes, avec un
espace de un octave entre chaque bande. Chaque bande dispose d'un
affichage sur 10 LED, espacées chacune de 3 dB : la plage
dynamique couverte couvre donc 30 dB pour chaque bande.
Qu'est-ce qu'un analyseur de spectre ?
La plupart des électroniciens savent ce qu'est un oscilloscope,
mais un moins grand nombre sait ce qu'est un analyseur de spectre. Et
c'est normal, puisque l'analyseur de spectre est un appareil dont on a
vraiment besoin pour des besoins précis, et qui coute souvent
bien plus cher qu'un oscilloscope. On est donc moins pressé d'en
acquérir un, surtout quand on débute. L'analyseur de
spectre permet de voir les signaux électriques qu'on peut voir
sur un oscilloscope, mais d'une autre manière. Là
où l'oscilloscope montre l'amplitude d'un signal sur une
dimension temporelle, l'analyseur montre l'amplitude du même
signal sur une dimension fréquentielle. Au lieu de parler de
base de temps pour l'oscilloscope (par exemple 1 ms par division
horizontale), on parle de "span" (par exemple 5 kHz par division dans
le domaine BF, ou 100 MHz par division dans le domaine HF). Les deux
copies d'écran qui suivent montrent des graphes
différents, et pourtant c'est le même signal
qui est analysé, à savoir un signal périodique
triangulaire de 5 kHz pas très propre (peu importe son amplitude
dans le cas présent).
Ecran d'oscilloscope
Sur la copie d'écran d'oscilloscope qui suit, le signal
triangulaire est
représenté sous la forme "amplitude en fonction du
temps". C'est ce qui
permet de voir comment il évolue au fil du temps qui
s'écoule. Un oscilloscope peut être vu comme un
"ralentisseur", qui permet de voir sans se presser, un signal qui
évolue tellement rapidement que l'on n'aurait pas la
capacité en temps normal de pouvoir l'observer.
On dit du signal ici observé qu'il est triangulaire, car son amplitude
varie linéairement, selon une droite, pour aller d'un minimum à un
maximum, puis le maximum atteint, redescendre au minimum, et ainsi de
suite. On dispose donc d'une représentation visuelle de la forme de
l'onde. Et en mesurant le temps qui sépare deux pointes (ou deux
creux, ou encore deux passage par zéro - le centre vertical), on peut en déduire la fréquence du signal.
Ecran d'analyseur de spectre
L'écran de l'oscilloscope est génial car il permet de voir la forme de
l'onde, et c'est pourquoi cet appareil est souvent appelé l'oeil de
l'électronicien. Mais cette vue ne permet pas de tout voir, ou pour
être plusprécis elle permet de ne voir les signaux que sous une forme
bien précise. La copie
d'écran de l'analyseur de spectre qui suit permet montre qu'on
peut obtenir des
informations supplémentaires sur le signal observé, que l'on voit
maintenant sous forme de "raies". Chacune de ces raies représente une
composante spectrale qui n'est rien de plus qu'un signal sinusoïdal
pur. Une analyse de spectre se fait dans une bande de fréquence donnée,
par exemple entre 0 et 100 kHz (la plage qui nous intéresse réellement
dépend du domaine dans lequel on travaille, audio ou hautes fréquences).
Dans l'exemple
présent, il y a beaucoup de raies, car le signal analysé n'est pas
parfait (il s'agit d'un signal triangulaire qui comporte plusieurs
signaux de fréquence différentes - fondamentale et harmoniques) et ce
signal n'est pas "propre" (un peu de bruit y est superposé).
Ce type
d'écran
permet de montrer le signal d'un point de vue fréquentiel, sur
un nombre de "tranches de fréquence" qui peut varier de quelques
unités (par exemple 10) à plusieurs dizaines de milliers.
Bien entendu, plus le nombre de tranches (on parle aussi de bandes) est
important, et plus grande est la résolution (on peut voir les
choses plus finement). Sans entrer dans les détails, on peut
préciser que l'analyse spectrale d'un signal périodique peut
s'effectuer de deux
manières :
- en passant par un filtre passe-bande
dont on fait "glisser" la fréquence centrale;
- par une décomposition de fourrier (FFT, Fast Fourrier
Transform), après conversion analogique / numérique.
Toujours
sans entrer dans les détails, indiquons qu'il existe plusieurs types de
mesures qui pour un même signal analysé peuvent donner des résultats
visuels un peu différents. Il convient donc de savoir comment
fonctionne un analuseur de spectre si on veut interpréter les résultats
de façon correcte.
Analyseur de spectre à LED
La construction d'un analyseur de spectre est assez complexe, mais si
on se contente d'un nombre limité de bandes d'analyse, le système
n'est pas forcément très complexe à mettre en oeuvre. Au lieu
d'utiliser un filtre glissant ou
un processeur pour assurer la décomposition de Fourrier, on peut
très bien utiliser en même temps plusieurs filtres
passe-bandes simples (analogiques), chaque filtre travaillant de façon
individuelle. En
adoptant cette méthode, on peut fabriquer soi-même, avec
tout de même un minimum de patience et de composants, un analyseur de
spectre à 10 bandes (à l'octave) ou même 30
bandes (au tiers d'octave). Dans ces conditions, quelques
barreaux de LED montés en vumètre permettent de
produire des "raies" d'amplitude variable, en fonction des composantes
spectrales detectées dans le signal analysé. Ce type
d'appareil peut accomplir des missions bien différentes :
- mesure de la réponse en
fréquence d'un équipement audio ou d'un local d'écoute, en y associant un générateur de bruit et un
microphone (le plus linéaire possible);
- impressionner
ses invités, en faisant office de très joli gadget.
La discussion qui suit porte sur un analyseur de spectre à LED
à 10 ou 16 bandes, spécifique audio, qui utilise des
filtres "discrets".
Synoptique
Il est un peu gros mais reste lisible.
Principe de base : le filtrage
Il consiste à utiliser un filtre BF pour chaque bande audio que
l'on souhaite analyser. Les filtres sont de type passe-bande, sauf pour
ceux concernant le bas du spectre et le haut du spectre, qui peuvent
être respectivement de type passe-bas et passe-haut (ceci dit ils
pourraient eux aussi être de type passe-bande). Toutes les
entrées des filtres sont reliées en parallèle, et
chaque filtre reçoit la totalité du spectre audio. Ce
n'est qu'en sortie des filtres que l'on dispose de "tranches de
spectre". Le premier filtre (de type passe-bas) présente une
fréquence de coupure à 32 Hz, et tout ce qui se trouve
au-dessus de cette fréquence est fortement
atténué. Le second filtre (de type passe-bande),
travaille avec une fréquence centrale de 64 Hz, avec une largeur
de bande de quelques dizaines de Hz. Le troisième filtre (de
type passe-bande), travaille avec une fréquence
centrale de 125 Hz, avec une largeur de bande de quelques dizaines de
Hz. Etc. Chaque filtre se voit donc confier la tâche de ne
laisser passer qu'une partie du spectre sonore, avec pour chacun une
largeur de bande qui permet un recouvrement des bandes,
modéré mais suffisant. Voir par exemple la page
Filtre
BF 009.
Redressement
La sortie de chaque filtre fournit un signal BF qui ne comporte que les
composantes spectrales que veut bien laisser passer le filtre, et est
directement suivie d'un redresseur qui produit une tension continue
dont l'amplitude est proportionnelle à l'amplitude du signal
alternatif
présent en sortie du filtre. Cette étape est
nécessaire pour permettre l'affichage d'un niveau sur une
échelle de LED, que ce soit sous forme de barre ou sous forme
de point. Tous les redresseurs (il y en a donc autant qu'il y a de
filtres) sont rigoureusement identiques. Voir par exemple les pages
Redresseur vumètre 004 et
Modulateur
lumière 006.
Affichage LED style vumètre
On dispose en sortie des redresseurs, de tensions continues directement
exploitables pour attaquer des circuits vumètre. Pour dix
filtres et dix redresseurs, il nous faut donc dix vumètres
identiques. Que l'on utilise un vumètre constitué d'AOP
ou d'un circuit spécialisé tel le LM3915, cela fait tout
de même beaucoup de monde, et revient assez cher à
fabriquer. Une astuce, permettant de limiter le nombre de composants
total, consiste à utiliser un seul vumètre au lieu de
dix, et à commuter de façon très rapide
l'entrée de cet unique vumètre vers la sortie de chaque
filtre, les uns après les autres. Il faut faire assez vite pour
que l'oeil ne se rende compte de rien, mais la vitesse minimale
à adopter peut sans problème être prise en charge
par des composants classiques et économiques (en pratique, une
fréquence de commutation de l'ordre de 1 kHz à 10 kHz est
amplement suffisante). Chaque colonne de LED, qui représente
une bande spectrale donnée, ne s'allume donc qu'une fois sur dix
périodes. Si on travaille en mode barre, on aura donc au maximum
10 LED allumées à la fois à un instant
donné. Et si on travaille en mode point, une seule LED pourra
être allumée à tout instant, ce qui permet
d'envisager une alimentation sur pile.
Remarque : pour ce genre d'application, l'usage d'un pilote de LED de type multiplexé (UAA170 ou UAA180,
vumètre 012)
ne peut pas convenir. Il faut impérativement que toutes les sorties LED
soient individuelles. L'usage d'un microcontrôleur de type PIC peut
aussi être envisagé, là encore si aucun multiplexage n'est mis en
oeuvre, car multiplexer un circuit déjà multiplexé est plutôt compliqué
!
Nombre de bandes
Le nombre de bandes d'analyse est ici de 10, mais les circuits
utilisés autorise une extension aisée à 16 bandes. On fait usage en effet d'un multiplexeur analogique de type "4 vers
16", qui dispose de 16 voies de commutation, une seule pouvant
être active à la fois (elle dépend de la valeur
d'un mot codé en binaire sur 4 bits). Pour s'initier à ce genre de montage, on peut aussi se limiter à 5 bandes...
Fréquence centrale des filtres
Il existe des valeurs de fréquence centrale des filtres
habituellement utilisées dans les analyseurs de spectre audio
ainsi que dans les égaliseurs du même domaine. Ces valeurs
sont les suivantes :
Pour une analyse sur
bande d'un octave
/ 10 bandes (fréquence doublée à chaque bond vers le haut
du
spectre) :
31 - 63 - 125 - 250 - 500 - 1000 - 2000 - 4000 - 8000 - 16000
Pour une analyse sur
bande au tiers
d'octave / 30 bandes (fréquence doublée tous les trois
bonds
vers le haut du spectre) :
25 - 31 - 40 - 50 - 63 - 80 - 100 - 125 - 160 - 200 -
250 - 315 - 400 - 500 - 630 - 800 - 1000 - 1250 - 1600 - 2000 -
2500 - 3150 - 4000 - 5000 - 6300 - 8000 - 10000 - 12500 - 16000 - 20000