Il existe une multitude d'écrits sur les filtres audio, j'en suis bien conscient. Pour ma part, je n'ai point envie de répéter une énième fois ce qu'on peut lire à gauche ou à droite, et je n'ai surtout pas envie de mettre des formules mathémathiques à tout va. J'ai trop souvenir de l'effet que ça m'a fait la première fois que j'en ai vu.
Voir aussi Filtres passifs pour haut-parleurs.D'une façon générale, on peut dire qu'un filtre est un élement qui laisse passer certaines choses et qui en retient d'autres. Un filtre à café retient le café en poudre, mais laisse passer l'eau qui a pris l'arôme du café. Un tamis est un autre exemple de filtre, qui laisse passer le sable fin et retient les gros grains (et les pépites quand on est chanceux). Dans le domaine audio, c'est la même chose : un filtre audio laisse passer certaines fréquence et en atténue (ou bloque) d'autres. On peut donc dire dès maintenant qu'un filtre audio ne laisse passer les sons que s'ils ont une fréquence incluse dans une certaine plage de fréquence, et qu'en dehors de cette plage, ils sont bloqués ou plus ou moins fortement atténués.
La fréquence de coupure d'un filtre est la fréquence à partir de laquelle il commence à agir de façon nette. Si l'on veut préciser ce que signifie "de façon nette", on peut ajouter que c'est la fréquence pour laquelle le signal subit une baisse d'amplitude de 3 dB, valeur pour laquelle l'oreille est capable de discerner une différence. Selon la nature du filtre, les fréquences affectées sont celles situées avant ou après la fréquence de coupure. On parle de fréquence centrale quand le filtre agit de façon "symétrique" par rapport à un axe central placé sur l'échelle des fréquences.
Comme bien souvent en électronique et ailleurs, un dessin commenté en quelques lignes vaut mieux qu'un grand discours. Il existe une multitude de filtres et il n'y a rien de mieux qu'un graphique sous forme de courbe pour montrer visuellement leur action. Mais avant de vous présenter des courbes, je préfère indiquer dès maintenant qu'il existe plusieurs façon de les représenter, et indiquerai ensuite mon choix. Quand il s'agit de représenter des niveaux qui s'étendent sur de grandes plages de valeur, il est d'usage d'utiliser les logarithmes et les décibels pour compresser les valeurs à afficher et rendre leur forme plus facile à lire et à comprendre. Voici ci-après quatre courbes adoptant des échelles différentes et ont des formes différentes, et qui représentent pourtant exactement la même chose (bande passante d'un filtre passe-bas dont la fréquence de coupure à -3 dB est de 10 KHz).
LPF = Low Pass Filter = Filtre passe-bas
Un filtre audio passe-bas est un filtre qui laisse passer les sons tant que leur fréquence se situe en-dessous d'une valeur donnée. Par exemple, un filtre passe-bas dont la fréquence de coupure est de 10 KHz, laisse passer normalement les sons (sans les atténuer, ou avec une faible atténuation) si leur fréquence est inférieure à 10 KHz. Si les sons appliqués à l'entrée du filtre sont de fréquence supérieure à 10 KHz, ils sont atténués. C'est ce que montre la courbe suivante.
HPF = High Pass Filter = Filtre passe-haut
Un filtre audio passe-haut est un filtre qui laisse passer les sons tant que leur fréquence se situe au-dessus d'une valeur donnée. Par exemple, un filtre passe-haut dont la fréquence de coupure est de 250 Hz, laisse passer normalement les sons si leur fréquence est supérieure à 250 Hz. Si les sons appliqués à l'entrée du filtre sont de fréquence inférieure à 250 Hz, ils sont atténués.
BPF = Band Pass Filter = Filtre passe-bande
Le filtre audio passe-bande est un filtre qui laisse passer les sons tant que leur fréquence se situe dans une plage donnée, et possède non pas une, mais deux fréquences de coupure : une fréquence de coupure basse et une fréquence de coupure haute. Par exemple, un filtre passe-bande présentant des points (fréquences) de coupure à 300 Hz et à 3 KHz, atténuera les sons dont la fréquence se situe en-dessous de 300 Hz ou au-dessus de 3 KHz. Par contre, tout signal de fréquence comprise entre ces deux valeurs de 300 Hz et 3 KHz sortira du filtre, avec une atténuation faible ou nulle.
Le filtre audio coupe-bande est l'inverse du filtre audio passe-bande. Il laisse passer les sons si leur fréquence se situe en dehors d'une plage donnée. Comme le filtre audio passe-bande, il possède deux points de coupure : une fréquence de coupure basse et une fréquence de coupure haute. Par exemple, un filtre coupe-bande présentant des points (fréquences) de coupure à 300 Hz et à 3 KHz, ne laissera pas passer les sons dont la fréquence se situe au-dessus de 300 Hz et au-dessous de 3 KHz. Par contre, tout signal de fréquence extérieure à cette plage, passera dans et sortira du filtre. Il faut noter que ce type de filtre est moins utilisé que les autres, l'atténuation d'une bande de fréquence se fait souvent avec une largeur de bande assez étroite, et on appelle alors ce genre de filtre, un filtre réjecteur.
Notch
Le filtre audio réjecteur peut être comparé à un filtre audio coupe-bande très "serré", ou les deux points de coupure se rejoignent. Parce que la portion de la bande passante traitée par ce type de filtre est très étroite, on ne parle pas de fréquences de coupure (haute ou basse), mais de fréquence de réjection. Ce type de filtre permet de supprimer non pas une large bande de fréquence, mais juste une petite portion de la bande passante. Assez petite par exemple pour que son effet soit à peine audible. C'est ce type de filtre qui est utilisé dans les systèmes anti-larsen, ou tout autre système visant à réduire fortement un son de fréquence fixe gênant.
La pente d'atténuation représente la force avec laquelle le filtre atténue les signaux "hors-fourchette". On parle de pente en sous-entendant qu'il s'agit de la pente d'une courbe que l'on voit tracée sur un graphe. Les courbes suivantes montrent l'effet de deux filtres qui sont de même type (filtres passe-bas), mais qui présentent une force d'atténuation (pente) différente.
La pente se définie par la différence d'atténuation apportée entre deux fréquences distinctes.
Exemple 1 : si un filtre apporte une atténuation de 3 dB à 1 KHz et une atténuation de 15 dB à 2 KHz, on parle alors d'une pente de 12 dB par octave (15 dB - 3 dB, sur une plage de fréquence allant du simple au double).L'ondulation dans la bande représente l'aptitude du filtre à se comporter de la même façon pour toutes les fréquences comprises dans la bande où le signal doit passer normalement. Elle doit être minimale, car dans la partie où le signal ne doit pas être touché (atténué), le signal sortant doit ressembler le plus possible au signal entrant. Il existe plusieurs types de filtres, chacun présentant des caractéristiques qui sont propres à sa structure. Si une faible ondulation dans la bande traitée est un critère important, on choisira un type de filtre plutôt qu'un autre, en n'oubliant pas de consulter ses autres caractéristiques (stabilité, facteur Q, déphasage, etc).
On peut classer les filtres audio en deux grandes catégories : les filtres passifs et les filtres actifs. Les filtres passifs sont constitués de composants électroniques simples, tels que résistances, condensateurs et selfs, qui ne nécessitent pas d'alimentation pour fonctionner. Ils peuvent être très simples à construire (mais pas forcement très simples à calculer), et présentent l'inconvénient principal d'apporter une perte, qu'on appelle perte d'insertion. Cette perte n'est pas forcement toujours très importante, mais elle existe et il faut toujours en tenir compte. Un filtre actif quant à lui requiert des composants électroniques tels que transistors ou amplificateurs opérationnels, qui nécessitent une source d'énergie (alimentation secteur ou piles), en plus des composants de base (résistances, condensateurs et éventuellement selfs). Un filtre actif est donc à priori plus "difficile" à construire, mais présente l'avantage de pouvoir compenser la perte de niveau électrique apportée par le filtre passif (on peut même ajouter du gain), et surtout de faciliter son insertion dans un circuit existant (moins de problème d'adaptation d'impédance). Il existe cependant des situations où l'emploi d'un filtre actif est impossible, par exemple dans le domaine des fortes puissances, quand on dispose d'un unique amplificateur audio de puissance qui doit attaquer une enceinte comportant plusieurs haut-parleurs dont les plages de fréquences restituables sont très distantes. Si l'on veut effectuer un filtrage pour n'envoyer à plusieurs haut-parleurs que les signaux de fréquences qu'ils sont capables de traiter, et qu'on ne veut pas utiliser de filtres passifs, il faut recourir à un filtrage actif sur le signal au niveau ligne (avant amplification) et utiliser un amplificateur de puissance différent pour chaque bande de fréquences traitée (une bande pour chaque haut-parleur). Les synoptiques qui suivent montrent que dans le domaine de l'amplification audio à trois voies - grave, médium et aigu (mais c'est la même chose pour deux voies ou même bien plus), on peut envisager les deux solutions passive ou active :
Ici, un seul amplificateur audio de puissance est mis en oeuvre. Le signal de forte puissance qu'il délivre (large bande puisque contenant les graves, les médiums et les aigus) est découpé en trois bandes à l'aide de filtres passifs dont les caractéristiques sont adaptées aux caractéristiques propres des haut-parleurs utilisés.
Ici, le signal BF est découpé en sous-bandes avant toute amplification de puissance (cela est fait au niveau ligne), chaque sous-bande est ensuite amplifiée séparement. Le rendement énergétique au niveau amplificateur / transducteurs (HP) est meilleur puisqu'il n'y a pas de filtre passif entre la sortie des amplis et leur haut-parleur associé.
Il est tout à fait envisageable de réaliser une installation comportant du filtrage passif et du filtrage actif, comme le montre le synoptique suivant.
Les enceintes amplifiées (plus souvent deux voies que trois voies) comportent les HP, les amplificateurs de puissance, l'alimentation (de puissance) et les élements de refroidissement passifs (radiateurs). C'est pourquoi de "petites" enceintes actives de quelques dizaines de watts arrivent à peser parfois aussi lourd.
Un filtre passif peut être vraiment très simple, comme vous pouvez le voir sur le schéma suivant qui ne montre que deux composants, une résistance et un condensateur câblés en filtre passe-bas du premier ordre, et dont la pente d'atténuation est de 6 dB / octave.
Avec le filtre passif précédent, le principal problème réside dans l'influence du circuit qui précède le filtre et de celui qui le suit. Celui qui le précède doit présenter une impédance de sortie faible, et celui qui le suit doit présenter une impédance d'entrée elevée. On peut donc tout naturellement envisager la mise en place d'adaptateurs d'impédance en entrée et en sortie du filtre, de sorte que sa mise en place ne pose aucun problème dans toutes les situations possibles. Le schéma suivant montre un exemple d'une telle mise en oeuvre, avec deux AOP (amplificateurs opérationnels) montés en suiveur de tension et qui encadrent le filtre passif.
On a très facilement tendance à envisager l'usage d'AOP pour réaliser des filtres passe-haut ou passe-bas, mais on peut tout aussi bien utiliser des transistors. Le schéma suivant expose un exemple de filtre de type passe-bas dont la fréquence de coupure (à -3 dB) est située autour de 1,25 kHz.
Il existe des schémas de filtres actifs analogiques qui sont tellement répandus et utilisés qu'on peut presque les qualifier d'universels. Ces filtres peuvent s'appuyer sur une même structure de base pour assurer la fonction de passe-bas, passe-haut ou passe-bande, comme cela est décrit en page Filtre BF 008.
Le filtrage dans les basses fréquences peut nécessiter de grosses selfs, ce qui peut rendre un montage volumineux et cher. Et pas seulement dans les filtres passifs d'enceintes : dans les vieux égaliseurs audio, il n'était pas rare de rencontrer des selfs de grande taille (surtout pour les bandes de fréquence les plus basses), que les constructeurs ont bien évidement cherché à supprimer, et ce tout en restant dans le domaine du tout analogique, bien avant l'arrivée des DSP (Digital Signal Processor). L'amplificateur opérationnel (AOP) est un circuit qui peut servir à plein de choses, et qui en particulier peut remplacer une grosse self si on le cable d'une façon bien précise avec quelques composants annexes, à savoir en gyrateur. Sous ce terme un peu barbare se cache juste un "simulateur d'inductance", c'est à dire un circuit qui se comporte comme une self, d'un point de vue courant et tension, à une fréquence de fonctionnement donnée. Mais attention, il n'est pas possible de remplacer une self dans laquelle passe de la puissance (filtre passif de HP) par un AOP ! Le gyrateur ne peut être mis en oeuvre qu'avec des signaux électriques de niveau "ligne". Exemple d'égaliseur audio sans self, avec AOP : Egaliseur audio 001.
La conception et la réalisation de filtres audio analogiques montre ses limites quand il s'agit d'obtenir des filtres ayant une pente très raide, tout en conservant de bonnes caractéristiques dans la bande utile (pas trop d'ondulation ni trop de surtension au point de flexion). Deux types de circuits prennent l'avantage quand il s'agit de réaliser des filtres complexes : les filtres intégrés à capacités commutées, et les circuits de traitement numériques, qui nécessitent une conversion analogique vers numérique préalable. Il va de soi que ce type de solution n'est plus vraiment du ressort de l'amateur.