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routage
Dernière mise à jour :
01/01/2017
Présentation
Il fut une époque, par laquelle je suis passée, où
la
réalisation
de circuits imprimés assistée par
ordinateur ne couvrait pas encore vraiment le domaine grand public. Et
oui, en 1976, l'ordinateur "vraiment personnel" n'était pas
encore né, il fallait attendre encore quelques années.
J'ai donc, comme beaucoup d'autres, joué du stylo à encre
spéciale, gratté des pastilles transfert et
déroulé du ruban autocollant. Puis je suis passé
à l'insoleuse : dessins de CI sur calques canson, puis graveuse
à mousse. Puis vint le moment où je fus assez grand et
assez riche (vive les prêts bancaires) pour m'offrir un
ordinateur portable et un petit logiciel de CAO. L'imprimante laser N/B
n'a pas tardé à suivre, et je me suis retrouvé
avec un ensemble de matériels qui me permettait de faire mes CI
à toute heure, sans autres délais que ceux de la
réalisation en elle-même.
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CI
réalisé avec pastilles et rubans
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CI
réalisé avec logiciel de CAO
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Je ne me suis jamais
amusé à compter le nombre de CI que j'ai fait, et ce
serait sans doute ridicule de le faire. Mais j'ai retrouvé il
n'y a pas longtemps, une pochette où j'avais entreposé
une grande partie des typons réalisés sur calques ou
plastiques spéciaux imprimante. J'avoue que ça fait un
peu drôle de revoir ses premiers circuits avec tous ces bouts de
bande mal ajustés, maintenant que je suis habitué au
routage informatisé...
Alors, logiciel de CAO obligatoire ?
Honnêtement, je ne pourrais plus vous conseiller de recourir aux
"anciennes" méthodes, à moins que vous ne
possédiez aucun ordinateur et que vous ne vouliez pas du tout en
entendre parler (ça se respecte). Mais si vous avez un
ordinateur et une imprimante de bonne qualité (laser de
préférence), alors oui, je vous conseille
sincèrement l'usage d'un logiciel de CAO (Conception
Assisté par Ordinateur) pour réaliser vos schémas
et/ou vos typons (dessin d'implantation des composants).
Saisie de schéma
Les logiciels de saisie de schéma vous permettent de dessiner
les schémas électroniques en posant sur une feuille,
des objets tout faits qui représentent les composants que
l'on rencontre en pratique (résistances, diodes, transistors,
connecteurs, etc), et de les relier ensuite entre eux par des fils de
liaison (tout ça en virtuel, ça va de soi). Certains
logiciels de saisie comportent des bibliothèques de composants
bien fournies (6000 composants par exemple), d'autres vous obligeront
à créer vous-même beaucoup de composants
(bibliothèque d'origine de "seulement" quelques centaines de
composants). Les logiciels professionnels permettent de produire un
fichier spécial appelé Netlist, qui décrit dans un
simple fichier texte, l'ensemble des composants utilisés et les
connections effectuées entre eux durant la saisie du
schéma. Ce fichier Netlist peut ensuite être
récupéré par un logiciel de routage, qui sait donc
tout de suite quels composants devront être placés sur le
circuit imprimé et comment ils devront être reliés
entre eux.
Simulation
La simulation permet d'observer le comportement d'un montage
électronique, en appliquant des signaux spécifiques
(signaux logiques ou analogiques) à des emplacements
"stratégiques" (pas forcement sur une "entrée
principale"), et en regardant la forme des signaux à l'aides
d'appareils de mesure virtuels (analyseur de spectre, oscilloscope,
voltmètre, analyseur logique, etc). Pour en savoir un peu plus
sur la simulation, tapez "SPICE" dans votre moteur de recherche
préféré.
Routage (placement des
composants)
Le placement des composants et le routage des pistes est
l'opération finale tant attendue, qui vous permettra de sortir
sur papier ou dans un fichier informatique, ce si beau dessin qui fait
tant rêver quand on regarde les circuits des autres. Notez que
les opérations de saisie de schéma et de simulation ne
sont nullement requises pour pouvoir effectuer le routage, mais elles
peuvent apporter un certain confort et une certaine
sécurité. Pour ma part, je préfère dessiner
le schéma avant d'effectuer le routage, car le logiciel qui me
sert pour le routage (ARES) est très étroitement
lié (par une netlist) au logiciel qui me sert pour la saisie
(ISIS), ce qui permet un contrôle permanent entre schéma
et implantation des composants : si je ne me trompe pas lors de la
saisie du schéma, je ne peux pas me tromper lors du routage.
Autoplacement et
Autoroutage
- L'autoplacement est un procédé qui permet le placement
automatique des composants sur une zone de circuit imprimé
préalablement délimitée. L'autoplacement peut
concerner tout ou partie des composants de la platine, ce qui permet
par exemple de fixer manuellement l'emplacement de certains composants
(connecteurs en bord de circuit par exemple), et de laisser le moteur
de placement se débrouiller seul pour le reste. Le logiciel que
j'utilise possède cette fonction, mais je ne l'utilise jamais
(encore une fonction achetée pour rien).
- L'autoroutage est un procédé qui permet un tracé
automatique des pistes entre les divers composants. Vous placez les
composants selon votre souhait, et vous lancez la machine, qui dessine
alors devant vos yeux les pistes les unes après les autres.
Certains moteurs de routage incorporent même des
stratégies de remise en cause, permettant de supprimer des
pistes déjà placées pour tenter d'autres voies
(cela améliore le taux de réussite finale). "Mais c'est
formidable, dites-donc ! Plus besoin de passer de temps pour tracer les
pistes, whaoouuu !" Ce n'est malheureusement pas si simple que cela. Le
routage des pistes doit répondre à certains
critères, on ne peut pas router toutes les pistes n'importe
comment, surtout celles d'alimentation. Passe encore pour des petits
montage bien simples, mais c'est quasiment impensable pour des montages
HF ou numériques travaillant à très haute vitesse.
La main de l'homme est encore nécessaire pour les travaux
critiques et c'est bien heureux ainsi. Notons au passage que
l'autoroutage donne en général de bons résultats
quand il y a au moins deux couches de cuivre (circuit double face ou
multi-couches). En mode simple face, les autorouteurs ont bien du mal
à se dépatouiller. Comme moi.
Quel logiciel choisir ?
C'est la question vache, à laquelle tout un chacun risque de
vous répondre "Ca dépend de ce que vous voulez faire". Ma
réponse à moi est la suivante : si vous bricolez
occasionnellement, nul besoin d'acheter la version pro de Proteus
(c'est celle que je possède), de Eagle ou de Orcad. Un logiciel
de base, proposé en shareware ou en freeware, peut parfaitement
convenir. Si en revanche vous êtes vraiment accroc à
l'électronique et que vous souhaitez réaliser un circuit
imprimé par jour, je vous recommande vivement un logiciel
professionnel. Pourquoi ? Bien que l'ensemble des logiciels existants
(amateurs et professionnels) permettent la création de
composants qu'ils n'incluent pas dans leurs bibliothèques
de base, les logiciels professionnels disposent tout de même de
bibliothèques de composants plus élargies et peuvent vous
faire gagner pas mal de temps (rassurez-vous, vous aurez toujours des
composants à créer, ça se construit au fil du
temps, ces petites bêtes). De plus, dans les logiciels
professionnels, les modules logiciels "Saisie de schéma" et
"Routage" sont plus intimement liés et limitent le risque
d'erreurs de saisie et de routage. Et encore, je ne parle pas de tous
ces petits trucs qui rendent l'usage des logiciels plus pratique ou
plus rapide (affichage du chevellu - liaisons "à vol d'oiseau"
des connections restant à effectuer, affichage en temps
réel des erreurs par rapport aux règles de conception
fixées, génération et édition de plans de
masse évolués, etc). De toute façon, comme
pour tout logiciel qui se décline en plusieures dizaines de
références, il est assez difficile de dire ce qui peut
convenir à tout un chacun. Une chose est presque sûre : un
logiciel professionnel demande un temps d'apprentissage plus long, mais
quand on le maitrise, ça devient vraiment interressant.
Important ! Si vous souhaitez
utiliser des fichiers informatiques pour les
transmettre à un fabricant de circuits imprimés,
renseignez-vous sur les formats d'export supportés. Si vous
êtes amateur, l'idéal est tout de même de pouvoir
créer des fichiers au format BMP, le format Gerber est
plutôt réservé aux "pros" et n'est pas
forcement pour vous. Si l'impression directe est supportée (on
peut au moins demander ça à un logiciel de CAO je pense),
vous pouvez aussi effectuer un export au format PDF avec l'utilitaire
gratuit
PDFCreator
(petit descriptif
sur
cette page).
Une petite liste...
Je ne suis pas en mesure de vous dire : "Tel logiciel est vraiment le
meilleur", car cela fait plus de 20 ans maintenant que j'utilise le
même (Proteus), et je ne sais pas comment ont
évolué les autres (j'imagine qu'ils ont tous leurs
avantages et leurs inconvénients). Je vous invite donc à
vous documenter sur les logiciels existants, voire les
essayer
quand il existe une version de démo. Plutôt que de
recopier ici une liste complète de A à Z, autant vous
donner une
bonne
adresse qui recense l'existant, surtout intéressante pour
les
logiciels
de saisie de schéma, les
logiciels
de simulation et les
logiciels
de routage.
Voici tout de même quelques références, pour les
impatients.
Gratuits
CiDessCometCAD (Level1 L1 gratuit, L2 et L3 payants)
DesignSpark PCB (RSComponents et Number One Systems)
DessElec2000 DipTrace (nombre de broches limité à 300, pour usage non commercial)
DIY Layout Creator (Storm software)
Eagle Lite
(taille
CI limitée à 100 mm x 80 mm)
EasyEDA (dessin en ligne, pas d'installation nécessaire)
ExpressPCB
FreePCB
Fritzing
gEDA
KiCadLTSpice
(LinearTechnology Spice)
MultiSIM Blue (versdion gratuite limitée)
Osmond PCB (Versions gratuite limitée)
Pad2Pad (PCB mais pas de schéma)
PCB
PCB123
SDS
(Saisie De
Schéma) (en complément de TCI)
TCI
(Tracé de Circuit Imprimé) (en complément de
SDS)
Shareware ou "pas trop
chers"
LochMaster (pour circuits d'expérimentation type VeroBoard)
Abacom
sPlan /
SprintLayout
Proteus
Lite
Et quelques autres
encore...
Layo1
NumberOne
EasyPC /
ProRouter
PCB-Pool
Target
3001
Tsien BoardMaker
Ultiboard
/
ElectronicWorkBench
Visionics EdWin
WinSchem /
WinEcad /
WinTypon
Quelques conseils
Vous débutez dans le placement des composants assisté par
ordinateur ? Voici quelques règles à respecter pour
limiter les risques de déception.
Disposition des composants
Ne pas trop les espacer pour d'une part ne pas perdre trop de place
inutilement, et d'autre part pour limiter la longueur globale des
pistes, puisque plus c'est court, mieux c'est. Ne pas trop les serrer les uns
contre les autres, à moins d'avoir déjà les
composants sous la main et d'être sûr de leur taille. On
peut en effet avoir des surprises avec des condensateurs qui sont plus
gros qu'on ne l'avait prévu (c'est un exemple entre autres). De
plus, qui dit composants plus serrés, dit moins de place pour
faire passer les pistes.
Sur le dessin de gauche ci-avant, les deux transistors et le
potentiomètre ajustable sont trop près du circuit
intégré, il y a risque de collision mécanique. Ce
n'est pas forcement un drame dans le cas présent, mais ça
peut être sacrément casse-pieds, pensez-y.
Taille des pastilles et
des pistes
N'utilisez pas des pastilles trop petites. Cela diminue l'aisance de
l'opération de soudage ou de dessoudage, et de plus permet un
moins bon maintien mécanique des composants. L
es pistes doivent
être assez
larges pour ne pas "disparaitre"
lors de l'opération de gravure. Oubliez les pistes de 0,1 mm
permettant d'en passer 4 ou 5 entre deux pattes d'un circuit
intégré, et choisissez plutôt une valeur de 0,5 mm
au minimum (0,7 mm est une bonne valeur). Si vous faites faire votre
circuit imprimé par un professionnel, renseignez-vous sur ses
exigences en terme de taille minimale acceptée.
Sur le dessin de gauche ci-avant, les pistes sont trop fines, et les
pastilles du circuit intégré et des transistors sont
aussi un peu trop limites (pour un besoin amateur). Agrandir un peu
tout ça ne fait pas
de mal, ne réduit pas la lisibilité, diminue la
résistivité ohmique, et augmente la durée de vie
de votre perchlorure (moins de cuivre à dissoudre). Vous avez
vraiment besoin d'autres arguments ? Ah, vous êtes professionnel
et vous avez les moyens de tirer des CI avec des pistes très
fines ! Dans ce cas, laissez comme tel (le BOF devient BIEN), je n'ai
rien dit.
Espacement des pastilles
/ pistes
Prévoyez un espace suffisant entre les diverses zones de cuivres
qui ne doivent pas se toucher, surtout si vous faites vous-mêmes
vos CI et que vous débutez aussi dans ce domaine. Vous risquez
plus en effet d'avoir des débordements et des court-circuits
entre zones proches, si le CI n'a pas été parfaitement
gravé.
Export fichier pour
impression
L'idéal est d'effectuer un
export dans un fichier PDF au moyen d'un driver d'imprimante adéquat,
tel que PDFCreator ou CutePDF, ou dans un fichier de type vectoriel tel
que EPS (Encapsuled PostScript). Si vous souhaitez exporter dans
un format de type Bitmap, choisissez une résolution suffisante, au
minimum de 300 dpi, de
préférence 600 dpi. Format d'export : BMP ou GIF, pas de
JPEG ! Ca ne vous fera pas des fichiers si volumineux que
ça, à moins d'oublier de faire l'export en noir et blanc
au lieu de le faire en couleur...
Plus de
détails sur les formats d'export.
Respect de l'échelle 1:1
Certains logiciels de dessin de CI (rares heureusement) produisent des
impressions qui ne sont pas totalement à l'échelle 1:1.
Si cela n'a pas grande importance pour les résistances,
condensateurs ou autres composants classiques à deux ou trois
pattes, cela peut être tout de même sacrément
ennuyeux pour les circuits intégrés, qui peuvent ne plus
du tout pouvoir être positionnés dans les trous !
Vérifiez bien cela avant de tirer ou faire tirer le circuit
(utilisez une feuille de papier ordinaire, inutile de gacher votre
précieux transparent).