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Convertisseur piezo méca-élec
Dernière mise à jour :
08/05/2011
Présentation
Les transducteurs piezo-électriques vibrent et se
font entendre quand on leur applique un signal alternatif - si
bien sûr ce dernier se fait à une fréquence tombant dans le domaine
audible. Et à
l'inverse ils délivrent un signal électrique quand ils recoivents un
choc ou quand on les fait vibrer. Pas mal pour s'en servir comme microphone sur une caisse de résonnance.
Cette capacité à pouvoir délivrer un signal électrique quand on les frappe est exploitée dans mon
générateur de percussion 003 et il est utilisé par plein d'autres personnes, notament dans le domaine musical des percussions. N'y
aurait-il donc pas moyen d'utiliser l'énergie électrique fournie par ce
genre de transducteur, pour se constituer une petite réserve d'énergie
à bon marché ? J'ai entendu parler il y a peu de temps de chaussures
équipées de tels capteurs et qui pouvaient recharger un téléphone
portable (il n'est pas précisé en combien d'années).
Premiers tests
La première chose est de connaitre
l'ordre de grandeur de l'énergie que l'on peut récupérer. On se doute
bien qu'elle n'est pas très importante car si on met ses doigts sur les
deux fils d'un transducteur piezo et qu'on tape comme un malade sur ce
dernier, on ne sent absolument rien. La visualisation à l'oscilloscope
nous informe que le signal délivré par le piezo quand on tape dessus de
façon modérée possède une amplitude de quelques volts et qu'il
s'agit d'une onde sinusoïdale rapidement amortie (durée de quelques ms).
Une tension
de plusieurs volts (j'ai observé des crêtes de 20 V) ? Génial, on va pouvoir se faire une alim
intéressante ! Il suffit d'ajouter un condensateur pour emagasiner
l'énergie et la restituer quand on en a besoin...
Charge d'un condensateur
Oui
mais... la tension mesurée l'est avec un oscilloscope dont l'impédance
d'entrée est élevée (1 MO) et qui ne charge que très peu le
capteur. Et l'amplitude qui semble si intéressante concerne plutôt les
premières alternances, les suivantes décroissant rapidement. Que se
passe-t-il si on met un condensateur directement
en parallèle sur le transducteur piezo en vue de "piéger" les
alternances les plus fortes ? Le mieux pour le savoir est de
tenter l'expérience, en s'appuyant sur le schéma suivant. Avec
ce schéma, on peut dans un premier temps stocker l'énergie fournie
par
le piezo, puis dans un second temps l'utiliser à toute fin utile, par
exemple pour alimenter un four à micro-ondes. Ou plus modestement une LED.
Quand
l'inverseur SW1 est en position gauche le piezo PZ1 peut envoyer son
énergie - quand on le tape - dans le condensateur C1. Et quand
l'inverseur SW1 est en position droite, on peut utiliser l'énergie
emagasinée dans le condensateur C1 en le branchant sur un "récepteur". Oui mais... ça ne fonctionne pas
très bien dans la pratique. Si on branche l'oscilloscope aux borne du
condensateur C1 qui lui-même est en parallèle sur le piezo PZ1, la
tension
délivrée par ce dernier semble devenir quasi-nulle, voire se limiter à
quelques mV seulement. Que se
passe-t-il donc ? Et bien si le condensateur C1 est déchargé (99,99% de
chance que ce soit le cas), il se comporte comme un court-circuit et le
pauvre transducteur piezo PZ1 se met simplement à genoux. Autre façon
de voir les choses : le piezo PZ1 fournit son énergie au condensateur
C1, mais rien n'empêche ensuite le condensateur de se décharger dans le
piezo qui lui-même peut être vu comme un condensateur. Et oui, le signal fournit par le piezo est alternatif. Vous l'avez
compris, il faudrait que l'énergie envoyée dans le condensateur C1 ne
puisse revenir vers le piezo PZ1. Vous avez dit "diode" ? Mais voilà
une excellente suggestion ! Plaçons donc une diode D1 assurant le rôle
"d'anti-retour" entre le piezo PZ1 et le condensateur C1. L'énergie
fournie par le piezo pourra aller dans le condensateur, mais le
condensateur la gardera quand le piezo n'aura plus rien à offrir. Et
oui, principe de la diode qui ne conduit que quand la tension présente
sur son anode est supérieure à la tension présente sur sa cathode.
Cela
fonctionne-t-il mieux ? Oui, un peu mieux mais ce n'est franchement pas
la panacée. Il faut dire qu'à ce stade on laisse passer les alternances
positives et qu'on bloque les alternances négatives. Au bout de
quelques coups assenés au piezo, on commence à
mesurer une tension de quelques centaines de mV aux bornes du
condensateur C1. Et bien évidement, une fois le condensateur chargé à
une tension équivalente à la somme de la tension fournie le piezo et la
tension de seuil de la diode, la diode se bloque et le condensateur ne
peut se charger plus. Mais au fait, la valeur du condensateur a-t-elle
une grande importance ? J'ai suggéré de mettre un condensateur de 10 nF
mais pourrions-nous mettre un condensateur de 10 uF à la place ?
Devinez quoi... on le fait et on observe ! Maintenant, avec un
condensateur de 10 uF, il faut taper un plus grand nombre de coups sur
le piezo PZ1 pour que la charge sur C1 devienne intéressante. Normal
puisque le réservoir est plus grand... Bon, on en déduit que plus le
condensateur a une valeur élevée et plus il va pouvoir emagasiner de
l'énergie, mais plus il faudra de temps (de coups sur le piezo) pour le
charger. Il y a là peut-être un compromis à trouver.
Pas moyen de faire mieux ?
Je
ne sais pas trop, mais il me semble que cette unique diode précédée d'une
source de tension alternative et suivie d'un condensateur me rappelle
vaguement quelque chose. Un
redressement / filtrage d'alimentation,
peut-être ? Si on peut faire l'analogie avec une alimentation secteur,
je me dis qu'il y aurait peut-être moyen de gagner quelque chose en
effectuant un redressement double alternance avec quatre diodes et non
plus un redressement mono alternance avec une seule diode. D'où le
nouveau schéma qui suit
Voilà
qui commence à devenir plus intéressant. Cette fois les alternances
négatives produites par le piezo PZ1 et qui étaient jusqu'alors
snobées, sont désormais prises en comptent et contribuent elles aussi à
la charge du condensateur C1. Ce qui veut dire qu'avec le même nombre
de coups portés sur le piezo PZ1, la tension monte plus vite sur le
condensateur.
Il
faut dire aussi que les diodes utilisées diffèrent de
la précédente expérience : la classique diode au silicium 1N4148 a été
remplacée par des diodes Schottky, plus rapides et surtout présentant
une tension de seuil moindre (le schéma montre des BAT46 mais j'ai
utilisé des BAT85 parce que cette deuxième référence est plus proche de
l'an 2000). De quoi gagner quelques dizaines de mV supplémentaires.
Miracle ! Oui mais peut-être ne faut-il pas crier
victoire trop vite... Quelle énergie avons-nous emagasiné au juste ?
Disposer d'une tension de 5 V aux bornes du condensateur C1 est une
belle chose en soi, mais une fois le condensateur déconnecté du
piezo (SW1 en position droite), quelle
valeur de courant peut-il fournir et pendant combien de temps ? Oh,
un détail pour finir : j'ignore si cela est lié à la qualité du
condensateur chimique utilisé ou au type de support utilisé pour la
pose des composants, mais avec un condensateur de 22 uF pour C1, la
décharge était assez rapide. Les 5 V obtenus avec peine redescendaient
à zéro en moins d'une minute après arrêt des coups sur le piezo...
Conclusion
Les
quelques tests réalisés ici montrent que l'énergie qui peut être
stockée dans le condensateur reste très faible. On peut s'en servir
pour allumer très brièvement une LED haute luminosité (sous forme de flashes), mais on ne peut
pas décement penser pouvoir alimenter un montage électronique de
transmission de données, à moins que ce dernier soit capable de
travailler sous une très faible intensité de courant et qu'il puisse le
faire très vite !