Dernière mise à jour :
23/09/2012
Présentation
Une plaque d'expérimentation, appelée aussi plaque
d'essai ou Veroboard ou M-Board (il existe encore d'autres appellations), est un
circuit imprimé servant de support physique pour l'assemblage de composants électroniques. Contrairement à un
circuit imprimé standard que l'on doit insoler au UV, graver avec de
l'acide et percer, un circuit imprimé d'expérimentation est prêt à
l'emploi : il dispose de pastilles de cuivre ou de bandes de cuivre, et
est prépercé avec des trous régulièrement espacés, par exemple au pas
de 2,54 mm (cet écart est le même que celui existant entre deux pattes
d'un
circuit intégré de type DIL comme le NE555 ou LM741 que vous
connaissez peut-être déjà). Avec ce genre de circuit imprimé, il suffit
de placer le composant dans les trous qui vont bien - il ne
doit
pas subir de contraintes physiques fortes qui pourraient l'endommager,
et de le souder. Ce type de circuit est idéal en phase de
développement ou lors de la
mise en
pratique de schémas anciens ou incertains, avec lesquels on
pressent
qu'il va falloir quelques adaptations. Mais il est aussi fort pratique
quand on débute, car il évite de passer par l'étape "longue" de
réalisation requise pour les circuits basés sur le procédé chimique. Le
présent article décrit comment utiliser une plaque d'expérimentation à
pastilles ou à bandes pour réaliser des circuits électroniques
simples.
Plaques d'expérimentation sans soudure
Cet article concerne les plaques d'expérimentation à bandes ou à
pastilles, qui nécessitent des opérations de soudage. Il existe aussi
des plaques d'expérimentation à contacts électriques élastiques (ressorts) qui
permettent l'assemblage de composants électronique sans aucune soudure. La
petite vidéo qui suit vous en fait un rapide descriptif.
Lien
vers vidéo pleine taille YouTube
Attention, ce genre plaque ne supporte guère les courants forts et
n'est pas conseillée pour des circuits de puissance (alim labo, ampli
BF costaud, commande de gros moteurs, etc).
Aperçu d'une plaque d'expérimentation à bandes ou à pastilles
Il existe différentes
sortes et tailles de plaques d'expérimentation, mais le principe
d'utilisation reste le même dans tous les cas : on place des
composants
électroniques dans certains des trous présents, on les
soude, puis on relie entre elles les pattes des composants qui doivent
l'être.
Exemple de réalisation
sur plaque à
pastilles
La
plupart du temps, on place les composants côté composants et on soude
côté cuivre. Mais rien n'empêche de placer et souder les composants
côté cuivre :
Plaque à bandes ou à pastilles ?
Les photos qui suivent montrent les deux types de plaques les plus
répendues... et les moins chères ! Plaque à pastilles sur la photo de
gauche, et plaque à bandes sur la photo de droite.
Quel type choisir ?
Cela
dépend principalement de vos préférences personnelles, moi-même utilise
autant les deux types, selon mon inspiration et la "complexité" du
montage. Pour les montages très denses (composants très serrés), j'ai plutôt tendance à utiliser des plaques à pastilles.
Plaque à bandes
La plaque à bandes peut nécessiter des découpes sur certaines parties
de bandes, pour isoler des parties de circuits qui n'ont pas à être
reliées ensembles. C'est ce que montrent les photos suivantes.
La
coupure des bandes peut être réalisée au cutter (pas très conseillé, attention aux doigts),
avec un outil spécifique ou avec un simple forêt de diamètre compris
entre 3 mm et 8 mm (c'est cette dernière méthode que j'emploie). Avec
un peu d'habitude, le nombre de coupure et de fils additionnels peut
être très réduit (sur les photos qui précèdent, les gros fils ajoutés
permettent juste le passage de courants très importants). Les deux
photos qui suivent montre une plaque d'essai constituées d'une
multitude de petites bandes placées parallèlement, avec d'autres bandes
plus longues perpendiculaires dédiées aux raccords d'alimentation (une
des deux est la masse). Ce type de plaque est très pratique pour les
circuits intégrés, car il n'y a pas besoin de prévoir des découpes de
pistes entre les deux rangées de pattes, contrairement à ce qui doit
être fait avec une plaque à bandes standard.
Si
des liaisons sont à effectuer entre deux parties distantes du circuit
imprimé, il est parfois préférable d'utiliser des straps (petits ponts
conducteurs)
côté composants, plutôt que d'ajouter des fils isolés côté cuivre. Pas
de règle générale, c'est fonction de l'entassement des composants, de
la place disponible... et des oublis qui arrivent parfois et qu'il faut
rattraper.
Plaque à pastilles
La
plaque à pastilles ne requiert certes aucune coupure de piste,
puisqu'il n'y a pas de piste et que toutes les pastilles sont isolées
entre elles. A priori, cela demande plus de fils de câblage puisque
toutes les connexions sont à faire. En fait, cela dépend beaucoup du
type de circuit et ce n'est pas toujours aussi évident que ça à évaluer
à l'avance. Voici un exemple de circuit où le nombre de composants
n'est pas très élevé, et où le nombre de connexions par fil est
relativement réduit :
Si
les pattes de composants à raccorder entre elles sont placées côte à
côte, on peut se contenter de faire un petit pont de soudure qui
englobe en même temps deux ou trois pastilles, voire plus. Voici un
exemple où les fils ajoutés sont en plus grand nombre, cela était lié à
l'emploi d'un connecteur multipoints d'entrées / sorties dont chaque
plot devait être relié à un endroit assez distant de son propre
emplacement :
Il
faut bien garder à l'esprit que chaque fil ajouté sous la plaque - côté
soudure - risque d'encombrer la plaque et de gêner les opérations de
soudage et de dessoudage sur les pastilles situées au-dessous (surtout
si le fil est tendu et qu'on ne peut pas le déplacer un peu). Il faut
donc les éviter au maximum ou prévoir assez de mou.
Un petit conseil...
Parfois,
je ne sais pas trop quel type de plaque choisir. Je positionne alors
une grosse partie ou la totalité des composants sur une plaque à
pastilles - sans en souder aucun, et évalue à la louche comment faire
les connexions. Ce n'est pas toujours évident et il m'arrive de me
tromper, mais cela donne souvent une bonne idée d'ensemble. Il est vrai
que cette méthode est un peu casse-pied car il faut tenir l'ensemble
des composants avec une main plaquée dessus pour éviter qu'ils ne
tombent tous quand on regarde le dessous de la plaque...
Cuivre étamé ou nu ?
Pour
une fois, je vais être catégorique : choisissez toujours un circuit
dont le cuivre est étamé, que l'on reconnait aisement par son aspect
gris brillant. Elles sont un peu plus chères que les plaques
avec
cuivre à nu, mais ces dernières s'oxydent très rapidement et
il
faut toujours gratter (avec une gomme spéciale) ou nettoyer (avec un
produit spécial) avant de commencer l'implantation des composants pour
être assuré de pouvoir faire des soudures qui collent bien.
Inutile
de penser que vous pouvez "forcer" un peu sur du cuivre oxydé en
laissant le fer plus longtemps : la soudure accroche toujours bien
moins sur une piste de cuivre oxydée, même si elle ne l'est qu'un peu
en apparence (pas besoin d'attendre de voir du vert-de-gris partout).
Taille de la plaque
Alors là, les critères de sélection de
taille vous incombent, à vous de voir en fonction du type de circuit à
réaliser.
Certaines
personnes préfèrent condenser les circuits pour leur faire
prendre le moins de place possible, mais en procédant ainsi, le
dépannage éventuel n'est pas forcement très simple. D'autres personnes
aiment
bien aérer les composants pour pouvoir les changer facilement, ou tout
simplement pour disposer d'une meilleur visibilité de l'ensemble.
Préampli
micro 007
D'une
façon générale, il est bon de ne pas trop espacer les composants pour
éviter les liaisons longues additionnelles par fils ou par straps. En
même temps, une résistance montée verticalement est plus difficile à
retirer qu'une résistance montée horizontalement. Mais bien sûr, rien
ne vous empêche de mixer les façons de faire.
Plan de masse ?
S'il
s'agit d'un montage qui fonctionne en haute fréquence
(générateur
ou télécommande HF, émetteur FM ou TV par exemple), ou s'il s'agit d'un montage
amplificateur à très grand gain qui travaille avec des signaux de très
faible amplitude (préampli micro ou RIAA par exemple), un circuit avec plan de masse est très
fortement
recommandé. Pour certains tests ce n'est pas toujours obligatoire, mais
pour d'autres ça l'est réellement. Des deux photos qui suivent, celle
de gauche montre le côté "composants" et celle de droite montre le côté
"cuivre" d'une plaque avec plan de masse côté "composants".
Pour
les "petits" montages, tels que petite alarme, clignotant, chenillard,
amplificateur BF ou petit montage avec PIC, ce n'est pas nécessaire.
Logiciels pour plaques d'essai
Il existe des
logiciels de placement de composants spécifiquement
dédiés à ce genre de plaque, voir par exemple
VeeCad
(je l'ai acheté pour soutenir l'auteur, qui le mérite bien) ou
LochMaster
(que j'ai aussi acheté et que je trouve plus intuitif que
VeeCad, même s'il possède pas mal de lacunes). LochMaster est distribué
en France par
Lextronic
mais est
également disponible au
téléchargement et à la vente sur le site de son éditeur
Abacom.
Exemple d'implantation
avec
LochMaster, réalisé en 2 minutes
Ce type de logiciel, qui permet de placer les composants comme on le
souhaite (avec l'espacement souhaité entre pattes d'un
même composant (sauf ceux non "étirables"
évidement), permet même de dessiner les coupures de piste
et les straps. Vraiment pratique.
Exemple d'implantation à partir d'un schéma existant
L'exemple qui suit se base sur le schéma du
préamplificateur
pour microphone 001.
Schéma électronique
On voit sur les dessins d'implantation qui suivent, comment positionner
les
composants, où couper les bandes, et où mettre des straps "verticaux"
pour relier entre elles deux bandes ou parties de bandes.
Plaque d'essai - Vue
côté composants
Détails sur les straps
(ponts avec
queue de composant par exemple)
Plaque d'essai - Vue
côté cuivre
Détails sur les coupures
de bande à
effectuer
Plaque d'essai - Vue
côté cuivre avec
composants en transparence