Dernière mise à jour :
27/10/2013
Présentation
Le présent article décrit brièvement le fonctionnement
d'un circuit CV/Gate et propose quelques méthodes de déclanchement
manuel.
CV/Gate - Rappels
CV est l'abréviation de Control Voltage (tension de contrôle).
Gate (ou Trigger) désigne une porte de déclanchement, dans le sens "ouverture".
Ces
deux signaux de commandes permettent de contrôler (piloter) un
instrument de musique tel qu'un synthétiseur ou une boîte à ryhmes,
avec des tensions analogiques manuelles (qui proviennent de
potentiomètres et boutons-poussoirs par exemple) ou automatisées (en
provenance d'un séquenceur par exemple). La
norme MIDI
qui permet le pilotage d'instruments musicaux par des
données numériques offre une meilleure reproductibilité et
stabilité (et surtout elle permet la polyphonie), mais elle n'a pas
totalement enterré la norme CV/Gate. On trouve d'ailleurs nombre
d'adaptateurs qui permettent de passer d'un monde à l'autre,
adaptateurs qu'on peut réaliser soi-même sans trop de difficulté (un
petit microcontrôleur - PIC ou autre - suffit la plupart du temps).
CV (Control Voltage)
Il s'agit d'une tension qui peut évoluer entre une valeur minimale et
une valeur maximale, par exemple comprise entre 0 et +5 V, entre -5 V
et + 5 V ou encore entre 0 et +10 V. L'oscillateur qui produit la note
en fonction de la tension de commande est un VCO (Voltage Controlled
Oscillator, oscillateur commandé en tension). Ne soyez donc pas surpris
si l'entrée CV s'appelle parfois VCO In.
La
tension de commande est normalisée et fixée à 1 V / octave, sachant
qu'avec 1 V on obtient la note La1 (A1 = 55 Hz), que 2 V permet de
jouer la note La2 (A2 = 110 Hz), 3 V permet de produire la note La3 (A3
= 220 Hz), 4 V pour le La4 (A4 = 440 Hz), etc.
Ah
oui ? Est-ce
bien toujours le cas ? Non, bien sûr. On peut aussi trouver la norme Hz
/ volt qui elle implique un passage à l'octave supérieur à chaque fois
qu'on double la tension de commande. Si par exemple on part de la
formule 55 Hz / Volt, on obtient la note La1 (A1 = 55 Hz) avec une
tension de commande de 1 V, la note La2 (A2 = 110 Hz) avec une tension
de 2 V, la note A3 (A3 = 220 Hz) avec une tension de 4 V
et la note La4 (A4 = 440 Hz) avec une tension de 8 V. A noter
qu'avec cette méthode et pour cette pente de variation de 55 Hz / V, il
faut une tension de 16 V pour obtenir le La5 (A5 = 880 Hz). On trouve
aussi des "pentes bizarres" comme le 1,2 V / octave (0,1 V par
demi-ton) ou encore le 0,32 V / octave. D'un point
de vue purement technique, on peut imaginer une certaine compatibilité
entre les deux méthodes (si on respecte les plages de tension
spécifiées par les fabricants), mais on imagine sans peine que d'un
point de vue musical on risque d'entendre des choses amusantes. Les
exemples pratiques proposées ci-après conviennent aux deux méthodes, il
suffit d'en comprendre l'esprit.
Remarque : on peut
utiliser une tension de commande CV pour faire autre chose que délivrer
une note audible : la tension de commande CV peut très bien commander
la vitesse d'un LFO (Low Frequency Oscillator, oscillateur
basse fréquence), le gain d'un étage d'amplification VCA (Voltage
Controlled Amplifier, amplificateur commandé en tension), la
fréquence de coupure (ou autre paramètre) d'un filtre VCF (Voltage
Controlled Filter, filtre commandé en tension) ou encore attaquer
l'entrée d'un modulateur en anneau (Ring modulator). Par la suite, nous
n'évoquerons que le cas des notes.
Gate (Trigger)
Il
s'agit d'un signal logique (tout ou rien) dont la valeur active peut
être par exemple de +5 V. Est-ce toujours le cas ? Bah tiens, ça aurait
été trop simple. On trouve en fait deux méthodes de déclanchement :
- V-Trigger
(Voltage Trigger) = commande par tension de commande positive (par
exemple +5 V, par rapport à la masse). Dans ce cas on trouve au repos
une tension proche de 0 V sur l'entrée de commande, et une tension
positive (comprise entre +2 V et +15 V, dépend de l'appareil) quand la
note doit être délivrée.
- S-Trigger (Short circuit Trigger) = commande par fermeture d'un contact (court-circuit). Dans
ce cas on trouve au repos une tension positive sur l'entrée de
commande, tension qui chute à 0 V lors de l'activation. On pourrait
presque parler d'une commande "négative".
On imagine là encore
sans trop de difficulté ce qui peut se passer si on envoie des
commandes "inverses" de celles attendues : l'instrument peut jouer
quand on ne lui demande rien ou ne plus jouer dès qu'on presse les
touches.
Adaptations diverses
Comme
il n'existe aucune norme "rigoureuse" concernant les tensions requises
pour les entrées CV et Gate, on peut parfois se trouver face à un
instrument qui refuse de jouer ou qui joue de travers. L'electronique
peut heureusement venir au secours de cas désespérés, en apportant
l'adaptation en tension requise pour un fonctionnement idéal ou
quasi-idéal. Parmi les adaptations possibles, on trouve celles qui
consistent à passer dans le domaine du numérique et du logiciel
(interfaces MIDI/CV, exemple avec mon
interface MIDI 017) et celles qui restent dans le domaine purement
analogique (convertisseurs exponentiels ou logarithmiques). Avec un
poil de logiciel et sans passer par le MIDI, on peut effectuer une
translation de courbe, par exemple pour passer d'une variation de type
1 V / octave en variation xx Hz / V. En fait tout est permis et un seul
circuit électronique doté d'une entrée analogique et d'une sortie
analogique (avec ce qu'il faut de traitement entre les deux) peut très
bien assurer l'interfaçage avec
plusieurs instruments !
Schémas 001
Comment envisager une commande CV/Gate manuelle ? Avant de se
lancer dans la construction d'un montage électronique, il
faut avant tout savoir ce qu'attend l'instrument qu'on veut prendre en
main. Supposons qu'il ait besoin d'une tension de commande comprise
entre 0 et +10 V sur son entrée CV, et d'une tension d'activation
(de déclanchement) comprise entre +5 V et +10 V sur son entrée
Gate/Trig. Dans ce cas, un montage simplifié comme celui montré
ci-après permet d'expérimenter un mode manuel à peu de frais (la
tension de commande est limitée à +9 V et non à +10 V, mais cela suffit
pour se rendre compte que ça fonctionne).
Lorsque
l'interrupteur SW1 est pressé, la tension issue de la pile 9 V est
appliquée en même temps sur le connecteur J2/Gate et sur le
potentiomètre RV1, dont le curseur est relié sur le connecteur J1/CV.
Selon la position du curseur, la tension envoyée sur J1 est plus ou
moins élevée et l'instrument joue une note plus ou moins aigue.
Attention, ce montage convient pour un instrument dont les entrées
CV et Gate acceptent une tension maximale de +10 V (ou supérieure). Si
la tension maximale acceptée est de +5 V, alors il faut une source de
tension plus faible (pile 4,5 V par exemple) ou ajouter une diode zener
de 5V1 et une résistance de limitation de courant à la pile 9 V,
comme le montre le schéma suivant.
Avec
cette petite adaptation, l'excursion en tension est limitée à la plage
0 à +5 V. Bien sûr, l'élement BAT1 qui représente une pile ou un accu 9
V peut être remplacé par une alimentation secteur, qui devra dans ce
cas impérativement être stabilisée.
Le
courant demandé par l'instrument de musique (raccordé aux connecteurs
J1 et J2) est faible, on peut se permettre d'utiliser un régulateur de
tension de petite taille tel le 78L05 qui est proposé en boîtier
plastique TO92 et capable de débiter un courant max de 100 mA. La diode
D1 assure un redressement de type mono-alternance suffisant ici. Si
votre instrument travaille sur une plage CV de 0 à +10 V et que
l'entrée Gate/Trig n'accèpte pas plus de +5 V, vous pouvez garder
l'idée de l'alimentation secteur et ajouter une diode zener sur la
seule sortie Gate/Trig.
Dans
ce quatrième schéma, le transformateur d'alimentation délivre 12 Veff
sur son enroulement secondaire, pour disposer après redressement et
filtrage d'une tension suffisante à l'entrée du régulateur positif 10 V
(LM7810). Le régulateur de tension fixe LM7810 peut être remplacé par
un régulateur ajustable de type LM317 auquel on associe deux
résistances pour fixer la tension de sortie à +10 V (je vous laisse
calculer leur valeur).
Circuit(s) imprimé(s)
Non réalisé(s).
Historique
27/10/2013
- Première mise à disposition.