Dernière mise à jour :
21/01/2019
Présentation
Le présent article décrit un pupitre de départ pour feux d'artifice.
Avertissements
Ce pupitre doit impérativement être construit et utilisé par des
professionnels qui connaissent les risques liés aux feux d'artifice et
les bases minimales de l'électronique. Je ne saurais être tenu pour
responsable de tout accident du à un usage "non autorisé" de ce
pupitre. Merci de respecter la règlementation en vigueur.
Schéma
Le schéma représente 8 départs mais ce nombre peut être augmenté sans
problème et de façon très simple.
Inflammateurs
Pour faire partir un feu, on utilise un inflammateur, élément
électrique qui possède une résistance ohmique très faible, généralement
comprise entre 0,5 ohm et 2 ohms (ce qui implique une source d'énergie
capable de débiter assez de courant, typiquement de l'ordre de
l'ampère).
Quand on applique une tension suffisante sur les deux bornes de
l'inflammateur, le courant qui y circule provoque un échauffement
suffisant pour provoquer la mise à feu, via l'apparition d'une flamme.
Un inflammateur peut nécessiter un courant de 1 A ou plus pendant
quelques ms pour s'ammorcer, par exemple 0,6 A pendant 3 ms ou 2 A
pendant 4 ms. Un courant
moindre peut y circuler pendant un certain temps sans risque de
l'ammorcer, par exemple 0,2 A pendant 10 secondes maximum ou 20 mA
pendant 5 minutes (dépend des modèles). Pour plusieurs types
d'inflammateurs, il semblerait qu'un courant de 10 mA soit
considéré comme la valeur maximale à ne pas dépasser pour un
test permanent. Les
inflammateurs sont disponibles auprès des revendeurs de produits
pyrotechniques, mais on peut dans certains cas les remplacer par de
simples résistances du commerce de 0,47 ohm à 1 ohm, 0,25 W (la
garantie d'un bon fonctionnement est moindre, mais en général cela
fonctionne bien).
Principe général du pupitre de tir
Chaque voie de départ de feu est construite selon un procédé fort
simple. Il faut une intensité de courant suffisante pour amorcer
l'inflammateur, celle-ci peut être obtenue via un set de
piles qui délivre une tension appropriée. Ici, on fait usage
d'un paquet de 10 piles de 4,5 V ou d'un paquet de 4 accus de 12 V
(toute autre combinaison est bien sûr possible). Afin de vérifier si
l'inflammateur est bien en place, on peut y faire circuler un courant
de faible valeur, suffisant pour allumer une LED mais insuffisant pour
l'amorcer (il serait malheureux et dangereux qu'un mode test
provoque un départ de feu inopiné). Le test de chaque ligne de tir est
ainsi assuré par une LED câblée en série avec l'inflammateur et une
résistance additionnelle de limitation de courant. Cette résistance
additionnelle doit avoir une valeur très élevée par rapport à
la résistance propre de l'inflammateur, sa valeur est fixée ici à 47 kO
et permet de disposer d'un courant de 1 mA environ dans la LED qui sera
obligatoirement de type haute luminosité.
Remarques :
- Quand je parle de LED haute luminosité qui s'éclairent très
bien à 1 mA, il ne faut pas chercher des LED dont le courant
nominal est de 1 mA. Il faut utiliser des LED haute luminosité standard
dont le courant nominal est égal ou voisin de 20 mA, le fait de les
faire fonctionner en sous-régime est bon pour leur santé et suffisant
pour vos yeux.
- On pourrait aussi utiliser des LED standard qui nécessitent
un courant nominal de 20 mA pour s'éclairer correctement et abaisser la
valeur de la résistance de limitation de courant, mais dans ce cas on
ne pourrait pas laisser la ligne en mode test trop longtemps (risque
d'amorcer l'inflammateur par échauffement progressif).
On peut à juste titre se demander pourquoi une tension aussi élevée est
utilisée pour ce pupitre, sachant que des inflammateurs peuvent se
contenter d'un courant de 2 A avec une résistance interne de 0,5 ohm
(la tension requise théorique est de U = R x I = 0,5 x 2 = 1 V). La
raison est multiple : chute de tension des piles, résistance non
négligeable des fils qui relient le pupitre aux inflammateurs (15 à 20
ohms pour 100 mètres), mise en série de plusieurs inflammateurs sur une
même ligne, et également rapidité de départ de feu (un même type
d'inflammateur réagit plus vite avec un courant plus élevé). Si on
branche plusieurs inflammateurs sur une même ligne, on doit les
raccorder en série et non en parallèle (en mode parallèle, la
fonction de test ligne ne mettrait pas en évidence un éventuel défaut
de liaison d'un des inflammateurs). Pour un seul inflammateur par ligne
et pour de faibles distances de câblage, on peut tout à fait se
contenter d'une tension d'alimentation de 12 V.
Fonctionnement détaillé
L'alimentation générale est assurée par le bloc de piles ou d'accus
BAT1. L'interrupteur SW101 permet la mise en route générale de
l'ensemble, la LED101 s'illumine pour visualiser la mise sous tension.
Comme cette LED reste allumée en permanence, on utilise deux diodes
zener en série avec une résistance pour limiter le courant qui la
traverse. On pourrait fort bien utiliser une unique résistance pour
limiter le courant dans la LED, mais la puissance que devrait dissiper
celle-ci imposerait une résistance de 1 W au minimum. En effet,
provoquer une chute de tension de quelque 46 V (cas où l'on dispose
d'une source de tension de 48 V et d'une LED de tension nominale 2 V et
de courant nominal 20 mA), impliquerait une dissipation de puissance de
:
P = U x I = 46 * 0.02 = 0,92 W
Dans le schéma proposé, le courant de LED est limité à 3,4 mA et la
dissipation de puissance dans la résistance R101 est de
P = U x I = (46 - 15 - 15) * 0.0034 = 0,05 W
L'application de la tension sur les inflammateurs nécessite
l'activation d'un autre commutateur électromécanique, ici SW102
(interrupteur d'armement). Cet interrupteur à clé n'est pas obligatoire
mais conseillé si le pupitre est laissé à la vue de personnes non
autorisée. Pour chaque ligne de tir, on dispose d'un
inverseur simple (SPST), d'une LED avec sa résistance série pour le
test ligne, et d'un bouton-poussoir pour la mise à feu. Si on prend par
exemple la première ligne de tir, on dispose des composants suivants :
- J1 : connecteur pour le raccordement de l'inflammateur N°1
- SW1A : inverseur pour position la ligne en mode "Test"
ou "Tir"
- SW1B : bouton-poussoir pour le départ de feu
- LED1 et R1 pour la fonction test
Quand SW1A est en position Test, la LED doit s'allumer. Si
elle ne s'allume pas, cela signifie que la ligne de l'inflammateur
n'est pas correctement refermée. A noter qu'un court-circuit au niveau
des broches de l'infllammateur provoque l'allumage de la LED Test et
que pour autant le départ de feu ne pourra pas se faire. Quand
SW1A est en position Tir (feu), l'inflammateur est amorcé au moment où
l'on presse le bouton-poussoir correspondant SW1B. Si les broches de
l'infllammateur sont en court-circuit au moment où on presse SW1B,
l'alimentation générale s'écroule et la LED101 s'éteint. C'est une
façon brutale de signaler qu'il y a un problème. Il peut même y avoir
un réel danger avec des accus qui pourraient se sentir mal et exploser.
Rien que pour cette raison, l'usage de piles est largement conseillé
(si vous préférez utiliser des accus, n'oubliez pas d'ajouter un
limiteur de courant pour limiter la casse en cas de problème, la valeur
du courant max dépendant du courant max que peuvent débiter les accus).
Raccord aux inflammateurs
Pour
assurer la liaison entre les inflammateurs et le pupitre, on
peut utiliser des borniers à vis ou des borniers à ressort (tels
que ceux utilisés pour raccorder des HP sur des sorties d'un ampli
hifi), mais tout autre
système de raccord qui "tient la route" peut être utilisé.
Améliorations et variantes possibles
Le circuit proposé ici est l'un des plus simples qu'on puisse imaginer, si on exclue la fameuse "planche à clous". On
peut tester la liaison avec l'inflammateur via la fonction Test, mais
on ne peut pas déterminer si l'inflammateur est en court-circuit. Pour
ce genre de contrôle, il faudrait ajouter un circuit de mesure basé sur
un comparateur de tension. La mise en place d'un unique bouton-poussoir
de départ de feu pour l'ensemble des lignes est possible, mais cela
réclame plus d'attention de la part de l'utilisateur, car les lignes
qui ne doivent pas partir quand on le presse doivent impérativement
être en mode Test, voir schéma suivant.
Dans le schéma qui précède, l'inflammateur de la ligne #2 s'amorce
quand on presse le bouton-poussoir de départ de feu SW103. Les autres
lignes sont en mode Test et le courant qui circule dans les
inflammateurs n'est pas suffisant pour les amorcer. La valeur des
résistances R1 à R8 peut être portée à 100 kO si les LED s'éclairent
encore assez avec un courant de 500 uA (c'est le cas de nombreuses LED
très haute luminosité).
Inverseurs à trois positions ?
Alain D. préfère utiliser pour SW1(A) à SW8(A) des inverseurs à 3 positions de type ON-OFF-(ON) pour un usage plus sécurisé :
- position centrale : aucune action, inflammateur totalement déconnecté
- position haute maintenue : test ligne
- position basse momentanée : ligne sous tension et prête pour la mise à feu.
Cette
façon de faire impose deux actions simultanées pour chaque ligne de tir
: positionnement correct de l'inverseur et pression du
bouton-poussoir pour la ligne considérée. Rémi P. a lui
aussi utilisé un tel inverseur pour tous les pupitres qu'il a
réalisés, avec un variante de taille : un seul inverseur est utilisé
pour l'ensemble des lignes, et une source de tension
supplémentaire de 3 V est dédiée au test ligne. Un mixage de
son système avec celui qui précède donnerait le schéma suivant (BAT2
est la source de tension dédiée au test ligne).

Si
SW102 est en position Feu, la pression sur les boutons-poussoirs SW1 à
SW8 provoque la mise à feu. Si SW102 est en position Test, la pression
sur les boutons-poussoirs SW1 à SW8 joue le rôle de test ligne. Une
telle façon de faire simplifie le câblage mais ne permet pas
le test ligne quand une ligne doit être "prête au départ".
Merci à Alain et Rémi pour leurs retours !
Commande déportée
Un
déport du pupitre de commande peut être envisagé, avec circuit
d'amorçage des inflammateurs au plus proche de ces derniers. L'avantage
de cette méthode est l'économie faite sur la longueur des
câbles. Dans ce cas, le pupitre de
commande envoie simplement des ordres et il ne circule plus de
puissance dans le câble unique qui le relie au circuit de
départ des feux. La transmission des
ordres doit bien sûr être sécurisée et assurée en mode différentiel
(Ethernet,
RS422 ou RS485 par exemple) pour limiter les risques de faux départ. Il
existe déjà des systèmes de ce type sur le marché de la pyrotechnie, je
n'invente rien.
Circuit imprimé
Le faible nombre de composants permet un câblage "en l'air" sans
circuit imprimé. Attention toutefois, le câblage doit être soigné et
robuste, il ne doit pas lâcher durant le déplacement du pupitre !
Historique
03/08/2014
- Ajout commentaires de professionnels du tir.
- Ajout schéma 001c.
27/07/2014
- Première mise à disposition.