Dernière mise à jour :
16/04/2008
Présentation
Ce montage est un peu plus compliqué que le
testeur d'alim
001,
mais il
reste de type passif et ne nécessite donc aucune alimentation
propre.
Il
permet de vérifier la présence de tension sur une bien
plus large
plage, puisque cette dernière s'étend de 5 V à 600
V. Plusieurs leds
permettent d'apprécier l'ordre de grandeur de la tension
mesurée.
Avertissements
A lire impérativement
avant de continuer. Tout montage alimenté par le secteur
présente des risques mortels, si un minimum de bon sens n'est
pas respecté. Les montages décrits ici ne
possèdent pas de transformateurs d'isolement, et
présentent donc un danger supérieur.
Attention, montage uniquement
testé sous 230 Vac (310 V crête), pas testé
sous 600 Vdc.
La problématique
Il est très facile de réaliser un appareil
doté d'une petite led qui s'allume quand on lui applique une
basse
tension. Une simple résistance associé à la led
suffit en effet pour
limiter le courant qui traverse la led, à une valeur
raisonnable. Mais
la valeur de la résistance est forcement fonction de la tension,
et si
l'on veut surveiller une tension dont la valeur n'est pas connue
avec précision, on se trouve face à un petit
problème. Certes, on peut
utiliser une led haute luminosité, qui brille bien quand elle
est
parcourue par un courant de 1 mA et qui brille très fort quand
20 mA la
traversent. Cela permet de surveiller une plage de tension assez large,
genre 5 V à 24 V avec une résistance unique et fixe
de 1 Kohms.
Cependant, il est plus sage de conserver un courant constant dans la
led pour limiter les écarts importants de courant lorsque la
tension
varie de quelques 10 V à 30 V, ce que permet par exemple le
schéma
suivant (dont le fonctionnement est détaillé à la
page
Alimentation
d'une led) :
Ce
montage permet d'avancer un peu, mais il ne permet pas de
vérifier des
tensions très elevées, car un transistor FET n'aime
quère des tensions
très élevées. On peut bien sûr faire appel
à un montage actif doté de
sa propre alimentation, car dans ce cas, rien de plus simple que
d'atténuer et d'ecrêter la tension d'entrée
à une faible valeur et de
l'amplifier ensuite suffisement. En procédant ainsi, on peut
sans
difficulté surveiller une tension de 2 V à 500 V. Mais
j'avais vraiment
envie de disposer d'un montage entièrement passif et capable de
digérer
toute tension comprise entre 5 V et 600 V. Et mine de rien, ce n'est
pas si évident que ça. Le schéma qui suit montre
une façon de faire
pour vérifier la présence d'une tension comprise
entre 3 V et 600
V, et qui peut constituer une base de départ.
Le
principal problème avec ce genre de montage, concerne la
dissipation de
la puissance qu'on ne souhaite pas transmettre à la led, et
qui
est d'autant plus élevée que la tension d'entrée
est elevée. D'une
façon grossière, on pourrait estimer que la puissance
dissipée par ce
montage pour une tension de 600 V en entrée, est voisine de
celle que
l'on aurait à dissiper avec une simple résistance en
série avec la led.
C'est à dire :
P = UI = (600 - 4) * 0.003 = 1,8 W
(led avec tension directe de 4V et courant de 3 mA)
Cette
puissance n'est finalement pas si importante, et on peut se dire qu'il
y a pire. Mais il y a un hic. Le montage proposé n'est pas aussi
passif
qu'une simple résistance, et le courant dans les diodes D2 et D3
atteint 60 mA pour cette tension d'entrée de 600 V ((600 V - (2
* 0,75
V)) / 10K). Ce qui provoque une dissipation de puissance de :
P = UI = (600 - 1,5) * 0.06 = 36 W
Oups !
Même si cette valeur est obtenue en régime établi
et avec une source de tension continue, ça commence à
faire...
Ceci
dit, je m'en accomode et me dit que le montage n'est pas fait pour une
surveillance en continu, mais juste pour une vérification
ponctuelle.
La résistance R1, qui va devoir chuter une forte tension et
dissiper
toute cette puissance, pourra être constituée de trois
résistances
séparées montées en série, pour
répartir la puissance et la tension à
ses bornes. Car n'oublions pas non plus qu'une résistance
classique
n'accèpte pas plus de 300 V à ses bornes ! En bref, cette
résistance
(ou combinaison de résistances) R1 n'aura pas trop le temps
de
chauffer si on limite le temps de connexion du montage sur la source de
tension à tester, pendant quelques secondes seulement.
Maintenant,
autre difficulté, celle de trouver un transistor qui ne va pas
claquer
dès le premier test. Facile ! allez vous dire. Il suffit de
choisir un
transistor acceptant des tensions élevées, tel que ceux
que l'on
employe dans les téléviseurs couleur avec tube
cathodique, tel que le
très célèbre BU508. Oui, pourquoi pas. Un bon gros
pavé tripode à côté
de grosses résistances de puissance, ça ne
dépareille pas trop... Mais
j'ai tout de même deux points qui me trotent dans la tête :
coût de
revient du testeur, et courant nominal de fonctionnement : un
transistor de puissance capable de commuter des courants de 5 A sous
800 V, et qui possède un faible gain, convient-il pour allumer
une led
sous un courant de quelques mA ? Que faire ? Réfléchir ?
Sortir sa
calculatrice ? Et puis quoi encore ! Je dispose de plusieurs
transistors de puissance, dont des BUX84 censés
supporter une tension Vce de 400V. Avant d'essayer mes BU508, qui sont
physiquement plus gros que les BUX84, je m'essaye avec ces derniers,
sur ma dalle de béton spéciale "tests secteur".
Premier test sous 9V : la led s'allume. Je vérifie le courant
qui y circule, cela correspond à ce que j'avais calculé.
Je branche donc sur le secteur 230 Vac pendant une vingtaine de
secondes, afin de vérifier si le montage tient bien les 310 V
crête. La led s'allume, la résistance ne chauffe pas trop
et le courant dans la led avoisine les 3 mA, ça me semble OK. Je
continue donc avec le test méchant, qui consiste à
brancher et débrancher plusieurs fois de suite le montage sur le
secteur. Et là, à la quatrième connexion, la led
émet un bel éclair associé à un clac
caractéristique du composant qui rend l'âme. Je me dit que
la led est bien fragile (c'est un modèle haute luminosité
qui craint l'électricité statique, elle était
peut-être fatiguée). Je la remplace par une led basse
consommation (1 mA). Je branche... et PAF, la nouvelle led s'allume une
fraction de seconde et grille. Gros doute sur le transistor, que je
vérifie, et qui se trouve être en court-circuit. Bien, je
ne conserve pas cette référence, et passe tout de suite
au BU508 (je n'ai pas le courage d'essayer avec un autre BUX84, il ne
m'en reste que trois).
Test sous 9V : la led s'allume. Test sous 230V : la led s'allume
également, la résistance de puissance ne chauffe pas plus
que tout à l'heure (ce qui est logique), et tout semble
fonctionner correctement. Je débranche, rebranche.
Débranche, rebranche... 2 fois, 3 fois,... 10 fois, ... 20 fois,
pas de soucis cette fois. Il ne me reste qu'à tester le montage
sous une tension de 600 V crête. Comment faire ? Très
simple ! En mettant en série deux enroulements de transformateur
délivrant chacun 210 Vac, pour obtenir 420 V efficaces et donc
environ 600 V crête. Comment obtenir des tensions de 210 V ? En
utilisant des transfos 230V / 12V montés à l'envers, et
où l'enroulement "secondaire" reçoit une tension un peu
plus faible que 12 Vac.
Essais sous 420 Vac (600 V crête)
A suivre..
Le schéma
Je
suis donc parti du schéma précédent pour
construire mon testeur d'alim
avec plusieurs leds. Notez bien que l'ajout de leds
supplémentaire va
augmenter le courant consommé (plusieurs mA par branche
sous 600 V, ce qui n'est pas négligeable), car plus la tension
est elevée est
plus le nombre de leds allumées est important. Vous ne pouvez ni
ne
devez ignorer celà, sachant que le montage tire son
énergie du
circuit sous test. Maintenant que vous êtes prévenus,
voyons de quoi il
en retourne.
Pas
de grandes différences avec le schéma
évoqué avant, on met juste en
parallèle des circuits identiques dans lesquels on insère
une ou
plusieurs diodes zener pour les rendre actifs plus ou moins
tardivement. Le premier circuit axé autour de Q1 fonctionne
toujours,
c'est à dire que la led LED1 s'allume pour toute tension
d'entrée
comprise entre 3 V et 600 V. Le second circuit, axé sur Q2,
n'est
alimenté que si la tension d'entrée dépasse 150 V,
car la zener D4 ne
conduit qu'à partir de cette tension de seuil. Le
troisième circuit,
axé sur Q3, n'est alimenté que si la tension
d'entrée dépasse 300 V, car deux diodes zener de 150 V
(D7 et D8) se
trouvent en série avec celui-ci. Idem pour le circuit axé
sur Q4, qui
n'entre en service qu'à partir de 450 V, et le dernier circuit
axé sur
Q5, qui n'entre en service qu'à partir de 580 V (trois diodes
zener de
150 V et une de 130 V).
Simplification
Si votre besoin se limite à déterminer
grossièrement si une tension est inférieure ou
supérieure à une valeur donnée, vous pouvez
parfaitement n'utiliser que deux cellules : la première qui est
active pour toute tension, et une seconde cellule active au-delà
de la tension désirée, par exemple 100 V ou 200 V. Il
suffit d'utiliser pour celà une zener ou plus pour fixer ce
seuil. Notez qu'il est important de toujours conserver la
première cellule, car tel quel, le montage est sensible à
la polarité : si vous appliquez une tension négative, la
diode D1 bloque tout et rien ne s'allume. Bien évidement, vous
pouvez cabler quatre diode en pont en remplacement de D1, afin
d'allumer les leds quelque soit la polarité de la tension
testée.
Le proto
Le proto que j'ai réalisé ne comporte que les trois
premières cellules du schéma ci-avant, mais cela suffit
amplement pour tester le fonctionnement global.
Les trois transistors utilisés sont des BU508 (deux Motorola et
un Philips). Les transistors des cellules suivantes peuvent être
des modèles acceptant des tensions Vce inférieures. Le
montage fonctionne bien tel quel (en tout cas sous 230 Vac), seule la
première led s'allume pour une tension d'entrée
inférieure à 150 V (153 V pour être précis),
et les trois leds s'allument pour une tension d'entrée
supérieure à 300 V. Après des tests
prolongés (plus de deux minutes en continu, les
résistances sont à peine tiède), je constate que
tout va toujours bien. Je persiste avec mes tests de stress, coupure,
connexion, coupure... et ça tient.