Dernière mise à jour :
28/05/2017
Article non terminé, volontairement non
référencé dans les sommaires du site
Présentation
Transmettre du son avec un faisceau laser
nécessite peu de moyens matériels et financiers. Un laser grand
public
(pointeur premier prix), une petite cellule solaire (récupérée sur
une
calculatrice ou sur une lampe LED de jardin) et quelques
autres
composants "facultatifs" suffisent.
Là
où la chose devient intéressante, c'est quand on veut transmettre
du
son de (très) bonne qualité. Le présent article propose de
réfléchir à
cette quête, en comparant le rendu sonore obtenu avec des montages
plus
ou moins évolués.
Composants utilisés
Uniquement des composants courants et bon marché :
- diode laser prévue pour fonctionner sous 5 V, achetée 0,20 € sur
la baie (en fait 1 € le lot de 5)
- cellule photovoltaïque extraite d'une lampe solaire achetée
1,50 € à Leroy-Merlin (tension de sortie nominale de 1,5 Vdc)
- connecteur jack stéréo 3,5 mm pour relier l'entrée de
l'émetteur à la sortie BF d'un lecteur multimédia
- connecteur jack mono 6,35 mm ou XLR pour relier la sortie du
récepteur à une
enceinte amplifiée
- composants divers (également faciles à trouver) pour les étages
plus
évolués (voir schémas).
Remarque :
tous les montages proposés ci-après ont été testés avec la même
diode
laser et avec la même cellule photovoltaïque. Côté réception,
j'ai
utilisé une fiche XLR mâle 3 points reliée à l'entrée micro d'une
enceinte amplifiée. Dans la fiche XLR, j'ai inclus un condensateur
de
liaison de 100 nF pour arrêter la composante continue délivrée par
la
cellule photovoltaïque.
Jack
3,5 mm : anode diode laser reliée au "tip" (extrémité) du jack,
cathode
reliée au "sleeve" (masse) du jack via résistance 10 ohms.
XLR : broche 3 reliée à la masse, on est en asymétrique. Le
câble de liaison n'est pas blindé, mais il est très court.
Avertissements
Si le moindre doute subsiste après lecture de cet article, ne
tentez aucun de ces montages.
Un laser est dangereux, lire cette page d'
avertissement
concernant les lasers, avant de continuer.
Schéma 001a
C'est
le montage le plus simple... et que je déconseille. La diode laser
(émission) est directement
raccordée à la sortie casque ou ligne d'un appareil audio. La
cellule
photovoltaïque (réception) est directement raccordée à l'entrée
audio
d'un ampli BF.
Remarques importantes :
- Ne
pas relier ensemble les deux voies G et D de la prise
jack reliée
au laser, cela aurait pour conséquence de court-circuiter les
sorties G
et
D de la sortie casque ou ligne sur laquelle on se raccorde.
- Je ne l'ai pas représentée sur ce schéma, mais il
faut impérativement une résistance de limitation de courant en
série
avec la diode laser. Pour ma part j'ai câblé une résistance
de 10 ohms, qui remplace celle d'origine.
- Si votre source audio est un équipement "pro", ne
montez pas trop son niveau/volume de sortie. Cela pourrait
endomager le laser mais aussi, dans le pire des cas, la sortie
audio de l'appareil audio.
Extrait sonore [001a] en fin de page.
Ce
montage présente l'avantage d'être très simple. Pas besoin
d'alimentation, et aucun composant à ajouter aux deux pièces
utilisées
en tant qu'émetteur (laser) et récepteur (cellule photovoltaïque).
Mais cette
simplicité se paie par de nombreux inconvénients :
- très faible sensibilité. Il faut pousser le volume à fond
côté
émetteur.
- risque de griller la diode laser si l'amplitude de la
source est trop élevée
- taux de distorsion très élevé
Pourquoi
le son obtenu par ce type de montage est-il aussi dégradé ? La
réponse
est simple : le laser utilisé ici est une diode, et ce composant
présente une tension de seuil. Ce qui est gênant dans le cas
présent,
est que :
- en-dessous de son seuil de
conduction, la diode laser ne conduit pas et ne s'éclaire pas.
Toute partie
du signal audio dont l'amplitude n'atteint pas la tension de
seuil
n'est donc pas transmise.
- autour de la tension de seuil, on
trouve un "coude" qui constitue une région de
fonctionnement
non-linéaire très marquée.
- au dessus du seuil, l'augmentation
de la tension provoque une augmentation de courant et se
traduit par
une augmentation de la quantité de lumière émise. Dans cette
zone de
fonctionnement, la linéarité est meilleure, c'est donc mieux
(et c'est
là qu'on doit faire travailler la diode laser). Mais si on va
trop haut, aïe...
Avec un
circuit simplifié à l'extrème comme celui-ci, les signaux audio
de faible amplitude ne sont pas transmis, ce qui explique la
forte
distorsion. Mais plus embêtant encore, le courant circulant dans
la
diode laser peut dans certains cas prendre des valeurs élevées et
la
faire vieillir prématurément ou même la faire griller (risque
limité si branchement sur la sortie casque d'un appareil
portable, risque plus grand si branchement sur la sortie
casque
d'une chaine hifi ou d'un distributeur audio pro). J'ai
volontairement présenté ce premier schéma
(plutôt inefficace) avant de passer à la suite, figurez-vous que
j'ai
bien réfléchi avant de lâcher ça dans la nature.
Recherche empirique du meilleur point de fonctionnement de la
diode laser
Comme
la diode laser ne conduit pas si la tension appliquée à ses bornes
est
inférieure à sa tension de seuil, il m'a semblé intéressant de
rechercher sa meilleur zone de fonctionnement. Pour cela, j'ai
alimenté
la diode laser avec un signal audio délivré par un générateur
BF
(Rigol DG4062) qui permet de modifier l'amplitude du signal de
sortie,
mais aussi la valeur de sa composante continue (offset). La
cellule
photovoltaïque quant à elle était directement reliée à l'entrée
d'un
oscilloscope (Rigol DS1054).
L'idée était de régler le générateur BF
(composante continue et amplitude du signal alternatif) jusqu'à
obtenir
un signal le moins distordu possible sur l'écran de
l'oscilloscope.
Dans un premier temps,
j'ai
configuré le générateur de signal pour
qu'il délivre un signal de très basse fréquence (1 Hz) afin de
dégrossir à l'oeil une plage de fonctionnement globalement
correcte.
J'en suis ainsi venu à ajuster l'offset (composante continue) à
une
valeur temporaire de 2,5 V, et un signal d'amplitude de 2 Vpp, ce
qui
au final provoquait une variation d'amplitude entre 1,5 V min et
3,5 V
max aux bornes de la diode laser (pour ce test j'ai utilisé sa
résistance série d'origine qui lui permet de fonctionner sous 5
V).
Ensuite j'ai augmenté la fréquence du signal source à 100 Hz, et
ai branché la cellule photo à mon oscilloscope.
Remarque : Pour la source
audio, j'ai utilisé un signal de forme
triangulaire plutôt qu'un signal de forme sinus, car avec un
triangle
il est plus facile de voir un début de distorsion sur les crêtes.
La suite des opérations a
consisté à ajuster les paramètres du générateur BF pour avoir
un
signal de forme triangulaire la moins distordue possible.
Les copies d'écran suivantes montrent le signal obtenu en
sortie
de la cellule photo pour trois configurations différentes :
- Ecran 1 (001a) -> Amplitude = 2,0 V et décalage tension
continue = 2,0 V
- Ecran 2 (001b) -> Amplitude = 2,0 V et décalage tension
continue = 2,5 V
- Ecran 3 (001c) -> Amplitude = 3,0 V et décalage tension
continue = 3,5 V
Le plus rigolo (qui je l'avoue m'a un peu surpris dans un premier
temps) a été le résultat obtenu quand je me suis déplacé entre la
fenêtre et le proto pour déplacer ma tasse de café. A ce moment,
l'amplitude du signal a fortement grimpée, passant de 8 mVpp à
plus de
40 mVpp !
- Ecran 4 (001d) -> Amplitude = 2,0 V et décalage tension
continue = 4,0 V, avec lumière du jour normale
- Ecran 5 (001e) -> Amplitude = 2,0 V et décalage tension
continue = 4,0 V, avec lumière du jour atténuée
Le
moindre déplacement de ma personne dans la pièce et la moindre
apparition d'un nuage, se traduisait par une très
forte fluctuation du
signal de sortie, à une fréquence nulle ou très faible (quelques
Hz).
Dans le domaine audio, cela correspond à une composante continue
et à
des infrasons qu'il faut impérativement filtrer avec un filtre
coupe-bas (ou passe-haut si vous préférez). On peut déjà noter
qu'en
atténuant la quantité de lumière ambiante reçue sur la cellule
photovoltaïque, le rapport signal sur bruit est nettement amélioré
(ce
qui est normal).
Schéma 001b
Ce
second schéma fait usage d'un transformateur BF de faible
puissance et de
rapport de transformation "élevé".
Le
transfo peut être récupéré
dans un vieil appareil audio tel qu'un interphone, poste de
radio,
ou encore talky-walky (le mien vient d'un vieil appareil de
contrôle
audio). L'idée ici est de moduler le courant circulant
dans la diode laser avec une source sonore totalement isolée
(par
le transfo). Le rapport de transformation supérieur à 1:1 des deux
bobinages primaire et secondaire du transfo BF, permet d'apporter
une
amplification passive qui augmente la sensibilité globale du
montage,
qui se contente alors d'une source audio de moindre amplitude. On
ne
peut pas qualifier ce montage de parfait, mais il offre
déjà
un bien meilleur résultat que le montage précédent. Le
potentiomètre
RV1 permet de
régler le courant de repos qui circule dans la diode laser, en
absence
de modulation.
Extrait sonore [001b] en fin de page.
Les
tests se sont prolongés le soir, et j'ai du allumer la lumière. Et
là
horreur, mon filtre coupe-bas qui ne coupe pas assez haut laisse
passer
les ondulations à 50 Hz (et ses harmoniques) du flux lumineux émis
par
l'ampoule à incandescence de mon salon. Ca m'apprendra à chosir un
condo au pseudo-pif et sans faire de calcul... Pas grave, je
continuerai demain quand il fera jour.
Schéma 001c
Ce schéma est censé être plus
"sérieux", on verra ce qu'il en est à l'écoute. Le transformateur
"vieux, encombrant et lourd" a été troqué contre quelques
composants
"modernes, discrets et légers".
Sécurité accrue pour le laser
La diode laser n'aime
pas trop qu'on dépasse la valeur de son courant nominal, cela
diminue
sa durée de vie ou la fait passer à trépas, dans le pire des cas.
Il
est donc conseillé de limiter ce courant de façon dynamique,
en
arrêtant de suivre la modulation audio si son amplitude
dépasse un certain seuil. Une telle limitation est facile à
réaliser
avec de simples diodes utilisées en écrêteuse,
installées
dans l'étage d'entrée. Certes, en cas d'écrêtage du signal audio,
le
son est fortement distordu, il y a création d'harmoniques
indésirables
et ce n'est pas chouette à entendre. Mais la bonne santé de
la
diode laser est préservée. C'est donc le procédé que j'ai utilisé.
Extrait sonore [001c] en fin de page.
Autres pistes et amélioration du rapport signal/bruit
La notion de qualité sonore repose sur plusieurs critères, dont
l'un d'eux est le rapport
signal
sur bruit. Le
signal
étant ce
qui nous intéresse (le son qu'on transmet) et le
bruit étant ce qu'on
entend en absence de signal utile (bruit de fond,
souffle, parasites). Quand la diode laser est éteinte (aucune
transmission de son utile), le capteur de lumière (cellule
photovoltaïque utilisée ici) n'est malheureusement pas "en
attente". Elle reçoit en
permanence des signaux lumineux (et non lumineux) qui se révèlent
être
de formidable sources de bruit. C'est par-dessus ce bruit de fond
que
vient s'ajouter le signal utile porté par le
laser activé. L'idéal bien sûr serait que la
cellule photo ne recoive que le spot du
faisceau laser, et rien d'autre. Ce point peut facilement être
amélioré
en plaçant la cellule photo au fond d'une boîte allongée. Ce
n'est
pas parfait mais cela atténue déjà beaucoup la captation de la
lumière
ambiante et le bruit qui en résulte. L'inconvénient s'il en
est, est que le système devient plus directif et qu'il est
plus
délicat de pointer le faisceau vers sa cible. Deux solutions
viennent
rapidement à l'esprit pour améliorer le bilan de
transmission: utiliser un laser plus puissant. Contrairement
à ce
qu'on pourrait penser, le choix d'une cellule photovoltaïque "plus
sensible" n'est pas forcément une bonne solution. Outre le choix
du
laser d'émission et de la cellule photo de réception, on peut
aussi
moduler de différentes manières le faisceau laser.
Cellule photovoltaïque ou autre type de capteur ?
Dès
l'instant où le circuit de réception nécessite une alimentation
pour
"traiter" les signaux reçus, on est en droit de se demander si
un type de capteur autre qu'une cellule photovoltaïque ne
pourrait
pas convenir. Une photodiode ou un phototransistor, un transistor
décapsulé pour l'occasion ou même pourquoi pas... une LED. En
fait,
tout capteur réagissant à la lumière est à priori un bon candidat
pour
des essais. Mais on sait déjà qu'une LDR (photorésistance) ne se
placera pas en haut du podium à cause de sa trop célèbre lenteur
de
réaction. Un essai intéressant consiste à câbler un
phototransistor ou
une photodiode sur l'entrée micro d'un PC ou d'un smartphone (en
inverse, anode diode à la masse). Une telle entrée
micro délivre
une tension d'alimentation prévue pour alimenter une capsule
electret,
cette tension peut aussi, pourquoi pas, polariser un autre type de
composant.
Modulation d'amplitude
La
modulation d'amplitude est celle qui a été utilisée pour tous les
montages décrits ci-avant. C'est la méthode la moins performante,
mais
aussi la plus facile à mettre en oeuvre. Comme on l'a vu, cette
méthode
consiste à moduler (faire varier) l'amplitude du signal lumineux
en
fonction de l'amplitude du signal audio source. Ce mode de
modulation
donne un résultat qui dépend très fortement de la linéarité de
l'émetteur et du récepteur, et de la quantité de lumière qui
frappe la
cellule de réception. Il ne faut pas que les crêtes négatives du
signal
audio descendent trop bas pour ne pas provoquer des "trous de
lumière",
et il ne faut pas que les crêtes positives montent trop haut pour
ne
pas provoquer de sur-intensité dans la diode laser. Si le point de
repos est bien fixé (entre min et max permis) alors on peut
espérer une
qualité sonore très convenable. L'inconvénient majeur de ce
procédé est
sa forte sensibilité aux "lumières parasites". Un autre
inconvénient
est qu'on ne peut transmettre qu'un flux audio (mono).
Modulation de fréquence
Moduler
en fréquence un faisceau lumineux est une autre affaire, et bien
entendu on ne va pas chercher à modifier la longueur d'onde
du
faisceau laser. Mais on peut tout à fait envisager de transmettre
un
signal "porteur" (on appelle cela une porteuse) dont la fréquence
est liée à l'amplitude du
signal audio à transmettre (ce principe est utilisé pour les
émetteurs
radio en diffusion FM, dans lesquels l'onde porteuse HF est déviée
de
sa position centrale au rythme des variations d'amplitude du
programme
audio à transmettre). On peut, pour notre application "amateur",
transmettre un faisceau lumineux dont l'amplitude reste constante
mais
dont la fréquence varie. Le récepteur, dans ces conditions, ne
s'intéresser qu'aux variations de fréquence du spot lumineux reçu,
sans
tenir compte des variations d'amplitude. Cela permet
de gagner en
rapport signal sur bruit (moins de bruit de fond et de parasites)
mais les circuits d'émission et de réception
requis sont plus complexes.
Modulation de largeur d'impulsion (PWM)
Un
autre procédé de transmission intéressant consiste à faire varier
le
rapport cyclique d'un signal "numérique" transmis à fréquence
fixe, en
fonction de
l'amplitude du signal audio à transmettre (procédé "de base" des
amplis
BF travaillant en classe D). Le récepteur, dans ces
conditions, ne
s'intéresse qu'à la valeur moyenne du signal numérique reçu, qui
augmente quand
le rapport cyclique tend vers 100%, et qui faiblit quand le
rapport cyclique diminue (tend vers 0%). Ce procédé, même s'il
fait
appel à des moyens amateur, peut donner des résultats convenables
et
garantir une transmission plus robuste.
Transmission d'un signal audionumérique
Et
puis tant qu'à faire, pourquoi ne pas directement envisager une
transmission tout numérique en utilisant un protocole existant et
éprouvé, en stéréo ou même en surround (5.1 ou 7.1)
? Après tout, un canal de transmission optique tel qu'une liaison
S/PDIF optique (avec connecteurs TOSLINK) ne fait rien d'autre que
de
transmettre de la lumière hâchée ! J'ai déjà une petite idée de
bidouille pour pas cher, qui devrait en théorie très bien
fonctionner... (vive la théorie).
Extraits sonores
Un
seul et même fichier audio de test a été utilisé pour tous les
montages.
Ce fichier comporte trois extaits sonores de nature
différente : musique rythmée et peu dynamique, voix parlée,
et
quelques notes de piano et flute.
Extrait sonore [001a]
Extrait sonore [001b]
Extrait sonore [001c]
Historique
xx/xx/2017
- Première mise à disposition