Dernière mise à jour :
16/03/2008
Présentation
Vous avez déjà sans doute entendu parler d'un effet audio
appelé "trémolo", qui consiste à moduler plus ou
moins un signal sonore de façon à le faire plus ou moins
disparaître à intervales réguliers, comme si on
actionnait rapidement un interrupteur placé dans le trajet de la
source sonore. L'effet présenté ici est plus qu'un simple
trémolo. Il permet de couper le son à intervales plus ou
moins rapprochés, avec la possibilité de régler la
vitesse et le rapport cyclique. Le déclenchement des coupures
audio
peut s'opérer de trois façons différentes : de
façon manuelle continue, de façon manuelle ponctuelle ou
de façon automatique.
Principe général
Le principe général de fonctionement de ce trémolo
consiste à atténuer
et à rétablir à sa valeur nominale, de
façon régulière, le gain d'un
étage "amplificateur". Pendant un cours instant, le son est
transmis de
l'entrée vers la sortie avec un gain unitaire, c'est à
dire qu'il
ressort avec l'amplitude qu'il a en entrant (pas d'atténuation,
pas
d'amplification). L'instant suivant, il est fortement
atténué, et on ne
l'entend presque plus ou plus du tout. Puis le son est à nouveau
intégralement transmis. En répétant
régulièrement cette opération, on
se retrouve avec un son qui est haché : il passe, il ne passe
plus, il
passe, etc. Les périodes de temps pendant lesquelles le son
passe ou ne
passe pas peuvent être longue, de l'ordre de la seconde, ou
être
brêves, de l'ordre des millisecondes. En fonction de ces
durées,
l'effet sonore obtenu n'est pas du tout le même. On pourrait fort
bien
définir un rapport cyclique de 50 %, pour lequel la durée
d'évanouissement du son est égal au temps pendant lequel
le son passe
intégralement. Mais je trouve interressant de pouvoir
définir un temps
de passage différent du temps de coupure, et c'est pourquoi j'ai
prévu
un système de commande de coupure du son dont le rapport
cyclique
passant / coupé est variable.
Maintenant, comment mettre en fonction un tel effet ? On peut avoir
différentes envies et préférer une mise en
fonction ponctuelle et
temporisée, commandée par exemple par un poussoir au pied
(je pense aux
guitaristes qui utilisent souvent leur deux mains). On peut aussi
vouloir laisser l'effet actif de façon continue, et pouvoir
mettre en
ou hors fonction un autre effet, en même temps. Pour cette
raison, j'ai
prévu trois modes différents de déclenchements, de
type manuel ou
automatique.
- Déclenchement manuel continu : l'effet est activé tant
qu'on laisse un interrupteur fermé;
- Déclenchement manuel ponctuel : l'effet est activé
à partir du moment
où l'on appuie sur un poussoir, et dure un temps
prédéterminé et
réglable;
- Déclenchement automatique : l'effet est activé pendant
un certain
temps, se désactive, se réactive, etc. Les
périodes d'activité et
d'inactivité sont ajustables.
Schéma
Oui, ce schéma est plus complexe que celui d'un trémolo
simple qui se contente d'un seul oscillateur . Mais il faut savoir ce
que l'on veut, n'est-ce pas ?
Ce schéma est composé d'une section purement analogique
(tiers supérieur du schéma), et d'une section logique de
commande (deux tiers inférieurs du schéma). La section
logique comporte les trois sous-ensembles de commande manuelles et
automatique.
Section analogique
Section construite autour de U3:A,
U3:B et U4:A
Cette section comporte un amplificateur dont le gain est
commandé par un circuit logique de commande. On peut le
considérer comme un interrupteur commandé, qui laisse
passer le son ou le bloque. Il ne s'agit pas d'un VCA (ampli
commandé en tension), du fait que l'on travaille uniquement en
tout ou rien. Le principe de fonctionnement de cet étage est
très simple : on dispose d'un amplificateur opérationnel
(U3:B) monté en amplificateur dont le gain est
déterminé par le rapport entre les valeurs des
résistances R9 et R10 :
Gain (Av) = R10 / R9
= 47000 / 47000
= 1
Comme ces deux résistances ont la même valeur, le gain est
unitaire. Si maintenant on place en parallèle de R10, une
résistance R10' de plus faible valeur, le gain sera moindre.
Plus la valeur de la résistance R10' mise en parallèle
sur R10 est faible, et plus l'atténuation est importante. Si par
exemple la valeur de la résistance en question R10' est de 100
ohms, on se retrouve avec une résistance équivalente Req
dont la valeur est définie par la formule suivante :
Req = (R10 * R10') / (R10 + R10')
= (47000 * 100) / (47000 + 100)
= 4700000 / 47100
= 99,8
disons 100 ohms pour arrondir.
Dans ces conditions, le gain de l'étage "amplificateur" est
maintenant de
Gain (Av) = Req / R9
= 100 / 47000
= 0,002
ce qui correspond grosso-modo à un affaiblissement de 500 (-54
dB).
Voilà, le principe est posé : on a une résistance
de contre-réaction qui reste toujours là,
connectée entre la sortie et l'entrée de l'amplificateur
opérationnel U3:B. C'est R10. Et on y connecte en
parallèle une résistance R10' de faible valeur, de
façon intermittente, grâce à l'entremise d'un
interrupteur électronique analogique commandé de type
CD4066. On pourrait utiliser un relais électromécanique
à la place de cet interrupteur électronique, mais ce
relais ferait du bruit, n'arriverait pas à suivre les cadences
élevées, et s'userait rapidement. Croyez-moi, un
interrupteur électronique est plus approprié ici. Il en
existe de plusieurs sortes, mais dans le cas présent, le
modèle choisi convient fort bien, il n'est pas cher et est
facile à trouver. Vous cherchez R10' et vous ne la voyez pas ?
C'est normal, R10' est matérialisée par le
potentiomètre RV6. Il m'a semblé en effet judicieux de
prévoir une atténuation ajustable, afin de créer
un effet plus ou moins accentué. Si vous ne souhaitez pas
disposer d'un réglage de profondeur d'effet, vous pouvez
remplacer ce potentiomètre par un strap. Dans ce cas, c'est la
résistance interne de l'interrupteur électronique (de
l'ordre de quelques ohms parce qu'il ne s'agit pas d'un interrupteur
parfait) qui représente R10'.
Commande atténuation progressive
Dans l'état actuel des choses, la commande est de type tout ou
rien et est assurée par un signal de forme rectangulaire : on
atténue ou on n'atténue pas le signal audio. Si l'on
remplace l'AOP U3:B et son interrupteur analogique par un VCA (Voltage
Controled Amplifier, amplificateur commandé en tension), on peut
alors prévoir des commandes d'atténuation progressives et
non plus tout ou rien, grâce à des signaux de commande de
forme sinusoïdale ou triangulaire. Un VCA n'est pas forcement
très compliqué à faire, mais tout de même,
rajoute un peu à la complexité du montage. J'ai fais
quelques tests avec un AD633 (voir page
VCA 003), circuit
permettant une solution
simplifiée mais qui n'est pas très économique
(quoique).
Bien entendu, la section oscillateur actuelle doit elle aussi
être revue pour permettre la production des différentes
formes d'ondes. Je pourrais fort bien faire quelques tests avec un
oscillateur intégré de type ICL8038 pour voir ce que l'on
peut en tirer, je sais qu'il fonctionne bien mais côté
"rapport cyclique", je ne suis pas sûr d'arriver aux mêmes
résultats sonores. La solution "ultime" consiste bien sûr
à conserver les deux systèmes en place et choisir celui
que l'on veut. mais là encore... légère
complication du montage. Quoique si on regarde les choses de
façon "modulaire", on peut prévoir tout sur le circuit
imprimé final et n'inplémenter que les composants
correspondant aux fonctions qui nous font envie, et compléter
éventuellement par la suite.
Oscillateur principal
Section construite autour de U1:C
Cette partie de circuit utilise une porte logique à trigger de
Schmitt montée en oscillateur astable, avec un
potentiomètre et deux diodes qui permettent la production d'un
signal rectangulaire dont le rapport cyclique peut être
modifié à volonté (explication du fonctionnement
donnée sur ma page Générateur PWM 001). C'est
cette partie que l'on peut remplacer par un oscillateur
délivrant des signaux de forme autre que rectangulaire, si la
section analogique actuelle est remplacée par un "vrai" VCA. Le
potentiomètre RV3 permet d'ajuster le rapport cyclique, alors
que le potentiomètre RV4 permet de modifier la fréquence
(vitesse) de coupure (hachage) du son. Le condensateur C2 permet de
définir la plage globale de variation de la vitesse, il suffit
d'augmenter sa valeur pour aller moins vite, ou de la réduire
pour au contraire aller plus vite. L'oscillateur est de type
commandé : il faut appliquer sur l'entrée 8 de U1:C, un
état logique haut pour que l'oscillation ait lieu. Comme on veut
disposer de plusieurs modes de déclenchement, on prévoit
de porter cette patte 8 au potentiel positif par le biais de plusieurs
diodes de commutation (D6, D7, D9). Ces diodes sont obligatoires pour
isoler les sections de commande entre elles et évitent que des
sorties de portes logiques distinctes se retrouvent en tête
à tête, ce qui n'est jamais bon à moins de se faire
de façon calme avec une petite bougie pour seul
éclairage. Les diodes ajoutent de plus une fonction "OU", qui
permet des commandes simultanées venant de plusieurs endroits :
vous pouvez fort bien activer une fonction manuelle alors qu'une
fonction automatique est déjà en service, pour forcer
l'effet à tout instant. On n'aime en effet pas toujours que les
machines prennent intégralement le pouvoir, et avoir son mot
à dire peut être rassurant. Surtout en situation live.
Pour la suite du récit, nous allons analyser le fonctionnement
des différentes sections de commande, en ignorant à
chaque fois les autres. En d'autres termes, on part du principe qu'un
seul mode à la fois est utilisé.
Mode "manuel continu"
Section construite autour de... SW2
et D7
C'est à priori la partie la plus simple à comprendre,
puisqu'elle se contente d'un simple interrupteur, SW2 (Manu Cont).
Quand celui-ci est ouvert, l'oscillateur principal ne reçoit
aucun signal positif de commande, car la résistance R3 force
l'entrée 8 de U1:C à un potentiel électrique nul
(celui de la masse). L'oscillateur reste donc bloqué et le
signal audio n'est pas affecté, il ressort comme il est
entré. Si maintenant on ferme l'interrupteur SW2, on retrouve un
état logique haut à l'entrée 8 de la porte logique
U1:C, grâce à la diode D7 qui se met à conduire,
puisque toutes les conditions sont là pour qu'elle se plie
à cette exigence. L'oscillateur principal oscille et le signal
audio est haché.
Mode "manuel temporisé"
Section construite autour de SW3,
U2:A à U2:C
En période de repos, c'est à dire tant qu'on ne s'excite
pas sur le bouton poussoir SW3 (Manu Temp), cette partie du montage
reste inactive, et on retrouve sur la sortie 10 de U2:C, un état
logique bas. La diode D9 n'a donc aucune raison de conduire, et
l'entrée 8 de U1:C se contente d'un état logique bas, qui
assure à l'oscillateur principal, calme et
sérénité. Le son sort comme il est entré.
Si on appuie sur SW2, on fournit à l'entrée 2 de U2:A, un
signal qui passe de l'état logique haut (maintenu au repos par
la résistance R5 reliée au +V) à l'état
logique bas (SW2 étant relié à la masse). Ce front
descendant provoque le déclenchement du monostable
constitué par les deux portes logiques U2:A et U2:B. La sortie 4
de U2:B, qui était à l'état logique haut, passe
instantanément à l'état bas, et le reste pendant
une durée qui dépend de la valeur du condensateur C3 et
de la position du curseur du potentiomètre RV5. Comme cette
impulsion est de type "logique négative", et que l'on en
souhaite une de "logique positive" pour commander l'oscillateur
principal, on l'inverse avec la porte logique U2:C. On retrouve donc en
sortie 10 de U2:C, une impulsion temporisée positive,
déclanchée à chaque fois que l'on appuie sur SW2.
La diode D9, satisfaite et fière d'assurer un rôle
d'importance, transmet cette impulsion temporisée à
l'oscillateur principal, qui s'active pendant toute la durée de
l'impulsion en question et provoque dès cet instant, le hachage
du son, en bonne et due forme. Quand le soufflé retombe, c'est
à dire quand le monostable revient à son état de
repos, l'oscillateur principal est désactivé et le son
est transmis sans coupure.
Mode "automatique"
Section construite autour de SW1,
U1:A à U1:D et U2:D
Cette partie du circuit fait comme si vous appuyiez de façon
régulière et de façon
répétée, sur le poussoir SW2. Elle fournit une
suite d'impulsions tant que l'interrupteur SW1 est fermé. Si
vous y regardez de près, vous constaterez que le circuit mis en
oeuvre est un oscillateur de même type que l'oscillateur
principal. On ne change pas une équipe qui gagne. Le
potentiomètre RV1 permet de définir le rapport entre
activité et inactivité (rapport cyclique) de
l'oscillateur principal, et le potentiomètre RV2 permet de jouer
sur le temps qui sépare chaque période d'activité.
Prototype
En cours, pour le moment avec les portes analogiques en
parallèle sur le second AOP, pas encore inséré le
AD633.
Afin de me faciliter la tâche, j'ai ajouté un petit ampli BF en
sortie du montage (à base de LM386 selon schéma
ampli BF 003) et ai utilisé la
sortie casque d'un petit lecteur MP3 portable comme source sonore.