Dernière mise à jour :
05/04/2020
Présentation
Cet article présente
de façon
succinte l'amplificateur opérationnel,
appelé aussi AOP (
Amplificateur
OPérationnel) et fournit quelques exemples d'utilisation. Si
vous voulez en savoir plus, faites comme moi : moteur de recherche (sur ce site ou ailleurs) et Hop ! le monde
des schémas à base d'AOP s'ouvre à vous, avec
moult courbes et formules s'il vous plaît... Bonne lecture !
AOP ou ALI ?
Amplificateur
OPérationnel
ou
Amplificateur
Linéaire
Intégré ? La
deuxième appellation devrait être de rigueur, dixit le rectorat. Mais j'avoue
que j'ai un peu de mal à m'y faire et que dans le descriptif de
mes montages, j'emploie encore le terme AOP. Merci de votre
compréhension.
Commençons par le début...
Qu'est-ce qu'un amplificateur opérationnel (ou amplificateur
linéaire intégré) ? Il s'agit d'un
composant électronique qui permet d'effectuer une amplification
différentielle sous forme d'opération mathématique simple (addition,
soustraction, multiplication) et qui
possède au moins 5 broches de
connexion :
- 1 entrée inverseuse notée "-"
- 1 entrée non-inverseuse notée "+"
- 1 sortie
- 2 broches "-V" et "+V" (ou "V-" et "V+") pour son alimentation en tension
Ce circuit est quasiment toujours représenté sous la
forme d'un triangle avec une pointe (souvent orientée vers la droite) qui
représente la sortie. Sa représentation
schématique ressemble la plupart du temps au dessin de gauche
ci-dessous, mais il arrive que le dessinateur omette volontairement le
dessin des broches d'alimentation (dans un souci de clarification du
schéma), ce qui donne alors un dessin qui ressemble à celui
de droite (remarque : les numéros de broches indiqués
ci-dessous correspondent à un modèle d'AOP, pas à
tous) :
Sans entrer trop dans les
détails,
voici ce que l'on peut retenir d'un AOP
- AC et DC - En mode de couplage direct (sans condensateur de liaison), un AOP peut traiter des tensions continues ou alternatives.
- Usage
- Un AOP peut être utilisé pour décaler une tension continue, pour
amplifier une tension continue ou alternative, il peut aussi être
utilisé en comparateur de tensions (mais ce n'est pas son objectif
initial).
- Impédance d'entrée - Les entrées inverseuse et non-inverseuse ont une
impédance très élevée, des valeurs de 10 MO
ou 100 MO sont courantes (un AOP idéal présenterait des
entrées dont l'impédance est infinie). Cette
caractéristique fait que les entrées ne
prélèvent quasiment aucun courant au circuit auquel elles
sont raccordées et bien souvent on considère ce courant
comme nul.
- Impédance de sortie - La sortie possède une impédance très basse, de
quelques ohms à quelques dizaines d'ohms en
général (un AOP idéal présenterait une
sortie dont l'impédance est nulle).
- Tension de sortie - La tension de sortie de l'AOP est en relation directe avec
(est une
fonction de) la
différence de potentiel qui règne entre les deux
entrées inverseuse et
non-inverseuse. En théorie, la sortie devrait délivrer une tension
nulle si on appliquait une tension de même valeur (et en même
temps) sur les deux entrées inverseuse et
non-inverseuse (tension de mode commun).
- Gain (Av, amplification en
tension) - Le gain correspond au taux d'amplification en tension,
au nombre de fois que la tension d'entrée va être multipliée. Le gain
d'un AOP est
généralement extrêmement élevé
(plusieurs centaines de milliers, par exemple 160000 pour un classique
LM741), quand on le fait travailler en
boucle ouverte (sortie complètement isolée des entrées). En
pratique et quand on veut utiliser un AOP en amplificateur
linéaire, le gain est
ramené à une valeur plus "raisonnable" de 10, 100, 1000
(voire un peu plus dans certains cas particuliers) en utilisant une
résistance ou deux résistances
qui permettent de ramener sur une des entrées, une fraction plus ou
moins grande de la tension de sortie. Cette réinjection de la sortie
vers l'entrée s'appelle une réaction ou contre-réaction. Plus la
réaction ou contre-réaction
est forte et plus le gain est réduit. Certains AOP ne sont pas stables
(ils peuvent osciller spontanément) quand le gain est de faible valeur
(gain de 1 à 3 par exemple). La tension de sortie d'un AOP est égale à
la différence de tension entre les deux entrées (inverseuse et non
inverseuse) multipliée par le gain. A noter qu'une contre-réaction
présente l'avantage de réduire dans une certaine mesure les défauts de
non-linéarité
de l'AOP.
- Bande passante (bandwidth) - Elle correspond à la plage de fréquence
dans laquelle
l'AOP peut travailler avec un "gain acceptable". Elle est souvent
exprimée pour un gain de 1, ou sous forme de "produit
gain-bande" (GBW). Plus on demande à un AOP un gain élevé et plus sa bande
passante se réduit. Si par exemple on dispose d'une bande passante de
100 kHz avec un gain de 100 (40 dB en tension), la bande passante peut
être
réduite à 10 kHz (10 fois moins) avec un gain de 1000 (60 dB, 10 fois
plus que 40 dB). Autre exemple avec un AOP dont le produit gain-bande
GBW est de 22 MHz et dont le gain Av est fixé à 100 : dans ce cas la
bande passante BW est égale à GBW/Av = 220 kHz. La fréquence de coupure
en boucle ouverte (sans
contre-réaction) correspond à la fréquence pour laquelle le gain de
l'AOP diminue de 3 dB par rapport au gain obtenu en tension continue :
si par exemple le gain est de 120 dB pour une tension continue (ou à
une fréquence très basse, par exemple 1 Hz), la fréquence de
coupure sera celle pour laquelle le gain aura chuté à 117 dB (120 dB -
3 dB), ce qui peut par exemple se produire à une fréquence de 10 Hz.
- Alimentation (power supply)
- De nombreux AOP sont conçus pour être alimentés de
préférence avec une alimentation symétrique
(alimentation double, une positive à relier à la broche
+V, et une négative à relier à la broche -V).
Certains modèles d'AOP se contentent néanmoins d'une
alimentation simple (borne la plus positive de l'alimentation à
relier à la broche +V, et borne la plus "négative"
à relier à la masse). Un AOP prévu pour fonctionner avec une
alimentation symétrique peut toutefois être utilisé avec une tension
unique. De nombreux AOP sont prévus pour fonctionner avec une tension
maximale de 36 V (+/-18V), certains acceptent plus (mais ils sont
rares) et beaucoup accèptent moins (cas des AOP conçus pour les
applications portables et dont la tension d'alimentation maximale ne
peut excéder 5,5V ou 6V).
- Consommation (supply current)
- La consommation est généralement de l'ordre du mA pour un AOP.
Certains consomment très peu de courant (quelques dizaines de uA) alors
que d'autres réclament plusieurs mA. D'une manière générale, les AOP
capables de monter haut en fréquence réclament une intensité de courant
plus élevée. Ce point qu'on peut "négliger" dans un système alimenté
par le secteur devient crucial pour un système portable alimenté
par pile ou batterie.
- Mise en veille (shutdown)
- Certains AOP possèdent une fonction de mise en veille qui permet de
faire chuter le courant consommé à une valeur ridicule. Là encore, ce
point est grandement apprécié pour les applications portables.
- Excursion de tension en sortie (swing)
- Les tensions extrêmes maximales que peut délivrer un AOP
n'atteignent pas la valeur de sa ou de ses tensions d'alimentation.
Selon les
modèles d'AOP, une différence de 2 V peut être
observée (dans ce cas, avec une alimentation +/-15 V, la tension
en sortie de l'AOP ne pas excéder +/-13 V). Si cela ne pose
généralement pas de problème avec des tensions
"élevées", il faut savoir que cela peut constituer une
limitation gênante dans certaines applications, notemment quand
l'alimentation se fait par pile. Un appelé dit "rail-to-rail" possède
une très faible tension de déchet et la tension de sortie peut
s'approcher de très près de la valeur des rails d'alimentation (-V, 0V
ou +V selon la configuration).
- Courant de sortie maximal -
Un AOP ne peut généralement délivrer qu'un courant de sortie assez
modeste, de quelques mA. Le courant de court-circuit de la sortie
correspond à la
valeur maximale de courant que l'AOP peut débiter quand la
sortie est reliée à la masse. Pour certains AOP, ce
courant de court-circuit est limité en interne, pour d'autres il
n'est pas limité et peut être destructeur s'il dure trop
longtemps.
- Temps de montée (slew-rate) - Le temps de montée correspond au temps que met
la
tension en sortie pour monter ou pour descendre d'une certaine quantité
sur une durée donnée. Il est
spécifié par le constructeur pour un gain de 1. On peut par exemple
trouver des valeurs de 0,5 V/us (cas du LM741), 10 V/us (par exemple
MC33272), 180 V/us (par exemple LTC6226) ou encore 1000 V/us (par exemple THS4631). Le temps de
montée conditionne directement la fréquence maximale et l'amplitude
maximale de sortie que l'AOP peut traiter. Plus le slew-rate est élevé
et plus l'AOP peut travailler avec des signaux rapides (de fréquence
élevée). La valeur du slew-rate est d'autant plus "critique" que
l'amplitude des signaux délivrés sur la sortie de l'AOP doit être
élevée à des fréquences élevées (plus on monte en fréquence et plus il
est difficile d'atteindre la tension maximale possible en sortie de
l'AOP).
- Offset
(tension de décalage) - Normalement (en théorie), la tension en sortie
d'un AOP est
proportionnelle à la différence de tension entre ses entrées
inverseuses et
non inverseuses. Si on applique une tension identique sur les deux
entrées (qu'on court-circuite pour l'occasion), la sortie devrait
délivrer une tension nulle. Or souvent ce n'est pas le cas, on constate
la présence d'une tension continue de quelques mV qui est due aux
imperfections de l'étage d'entrée différentiel. En fait, cette tension
d'offset correspond à la différence de tension qu'il faudrait appliquer
entre les entrées inverseuses et non inverseuses pour avoir 0 V en
sortie. Certains AOP possèdent une ou plusieurs entrées pour annuler
cette
tension d'offset (avec ajout d'un potentiomètre), d'autres n'en
possèdent pas. Cette tension d'offset est parfois gênante (surtout
quand on adopte un gain élevé), parfois elle n'est pas gênante. Quand
sa valeur est problématique (critique), on s'arrange pour choisir
un AOP dont la tension d'offset est garantie de très basse valeur. Par
exemple, le LTC6226 de Analog Device présente une tension d'offset
d'entrée de 95 uV maximum, avec une dérive de 0,4 uV/°C.
- Niveau de bruit (noise)
- Chaque composant électronique, même une simple résistance, possède un
niveau de bruit qui lui est propre. Le niveau de bruit "ramené à
l'entrée" d'un AOP dépend beaucoup de son modèle (de sa technologie et
mode de fonctionnement). Ce niveau de bruit, exprimé en "V/Hz" (par
exemple 1nV/√Hz pour le LTC6226) est d'autant plus critique que les
signaux à traiter (appliqués à l'entrée) sont de faible amplitude.
- Distorsion
- Le taux de distorsion exprime la "quantité de déformation" que subit
le signal de sortie par rapport au signal d'entrée. Il peut être
exprimé en pourcentage (par exemple distorsion de 0,01%) ou en décibels
(par exemple -90 dBc). Un taux de distorsion n'est significatif
que si on précise dans quelles conditions il a été mesuré. Dire qu'un
AOP présente un très faible taux de distorsion harmonique avec un
signal d'entrée de 1 kHz / 1 V / gain de 10 et sortie chargée sous 10
kO ne renseigne aucunement sur les capacités du composant à traiter un
signal d'entrée de100 kHz / 4 V / gain de 100 et sortie chargée sous 1 kO !
- Boîtier (package)
- Un même AOP peut être proposé dans différents types de boîtier par
son fabricant : DIL, SIL, SOIC, etc. L'amateur comme moi préfère les
gros boîtiers qui se manipulent aisément. Je regarde toujours d'un oeil
douteux un AOP à 8 broches tenant sur une surface de 2mm x 2mm...
Conventions
Pour les schémas d'exemple qui vont suivre, j'adopterai toujours
les conventions suivantes :
- Un triangle est utilisé pour représenter
l'amplificateur opérationnel (AOP)
- Quand elle est dessinée, la broche positive d'alimentation
(+V) est située vers la
gauche du triangle et est dirigée vers le haut
- Quand elle est dessinée, la broche négative
d'alimentation (-V) est située
vers la gauche du triangle et est dirigée vers le bas
- L'entrée Non-Inverseuse est située à gauche
et est représentée par le signe "+"
- L'entrée Inverseuse est située à gauche et
est représentée par le signe "-"
- La sortie est représentée par la pointe du triangle
et est dirigée vers la droite
Amplificateur inverseur
Il s'agit, avec le montage en amplificateur inverseur, d'une des
applications les plus rencontrées de l'amplificateur
opérationnel.
Comme il l'a été dit avant, un AOP présente un
gain immense, rarement exploité tel quel (sauf pour les
comparateurs de tension, voir plus loin). L'ajout de deux
résistances permet de contrôler le gain avec une grande
précision, c'est ce que montre le schéma ci-avant. On
place d'abord une résistance entre la sortie et l'entrée
inverseuse de l'AOP : cette résistance est appelée
résistance de contre-réaction. Puis on place une seconde
résistance entre l'entrée inverseuse et l'entrée
effective du montage. Le
choix de ces deux résistances va permettre de déterminer
le gain.
Pour un montage inverseur, le gain est défini par la relation
suivante :
Gain = R2 / R1
C'est tout ? Bah oui, c'est très simple en fait. Dans l'exemple
précédent, les résistances R2 de 100 kO (100000
ohms) et R1 de 10 kO (10000 ohms), impliquent donc un gain de 10. Gain
de
10... Très bien, mais encore ? Eh bien un gain de 10 veut
simplement dire que si vous appliquez une tension de 0,1 V en
entrée, vous aurez 10 fois plus en sortie, c'est à dire
1 V. Pour être précis, nous aurons -1 V puisque le montage
inverse la polarité de la tension d'entrée. Vous
voulez un gain de 47 ? Il vous suffit de donner à R2 la valeur
de 470 kO, et le tour est joué !
Remarques
-
Le gain dont il est question dans les lignes
précédentes exprime un rapport, un taux d'amplification.
Il n'a pas d'unité (le gain est de 10x, ce qui n'est pas
équivalent à 10 dB).
-
Certains appellent
ce montage amplificateur à gain négatif (de gain -10 dans
le cas présent) parce que l'amplificateur inverse la phase (la polarité) du
signal qu'on lui fournit. Personnellement, je préfère
parler d'amplificateur inverseur de gain 10, pour éviter toute
confusion avec le gain exprimé en dB qui, quand il est
négatif, correspond à une atténuation.
Amplificateur non-inverseur
Montage très classique là aussi, et qui ressemble fort au
précédent. Les deux schémas
de câblage ci-dessous sont les mêmes, seule la disposition des
résistances diffère entre les deux. Notez comment on peut
tout de suite interpréter différement un schéma,
simplement en modifiant l'emplacement de quelques composants...
Comme pour le montage en amplificateur inverseur, le gain de ce montage
est déterminé par une relation entre les valeurs de R2
(cette résistance R2 est ici aussi appelée
résistance de contre-réaction) et
R1. La formule diffère légèrement de celle vue
juste avant, mais reste vraiment très simple elle aussi :
Gain = (R2 / R1) + 1
Avec 100K pour R2 et 10K pour R1, le gain est donc de 11.
Remarque :
Pour le montage
non-inverseur comme pour le montage inverseur, la
contre-réaction (réinjection d'une portion du signal de
sortie sur l'entrée) s'effectue toujours sur l'entrée
inverseuse.
Suiveur de tension
L'usage d'un AOP pour réaliser un amplificateur de tension est
presque évident quand il s'agit... d'amplification. L'usage d'un
AOP monté en suiveur de tension (
voltage follower en anglais) peut paraître moins
évident au premier abord, puisque l'amplitude du signal en
sortie de l'AOP est égale à celle appliquée sur
son entrée (c'est pourquoi on l'appelle suiveur - ou
répéteur - de tension). Alors quel interêt ?
La lecture des lignes en haut de cette page donne la réponse :
entrée à très haute impédance, et sortie
à très faible impédance. Montage idéal pour
réaliser un adaptateur d'impédance, et
particulièrement apprécié quand il s'agit de
prélever un signal sur une source dont l'impédance de
sortie est très élevée. Comme la
contre-réaction est totale (la totalité du signal de
sortie est réinjecté sur l'entrée inverseuse), le
gain est de un (pas d'amplification, ni d'atténuation). En
pratique, ce gain sera toujours un tout petit peu inférieur
à un, mais on néglige cette toute petite perte.
Attention
: si l'AOP est alimenté en mono-tension (broche d'alim V- reliée à
la masse par exemple, ce point est abordé plus loin) alors sa sortie
délivre une tension égale à sa tension de déchet, tant que
la tension d'entrée (appliquée sur l'entrée non-inverseuse) est
inférieure à cette tension de déchet. Exemple : si la tension de déchet
de l'AOP est de 1 V sur le rail V-, alors toute tension d'entrée
comprise entre 0 V et +1 V conduira à une tension de +1 V en
sortie. Dans cette plage de tension d'entrée, le montage ne se
comporte plus comme un suiveur de tension. Solution : utiliser un
AOP "rail-to-rail" ou l'alimenter avec une tension symétrique (double).
Sommateur (additionneur)
Ce type de montage est utilisé pour sommer (on dit aussi
additionner ou mélanger) plusieurs signaux entre eux. C'est en
quelque sorte un "mixeur" possédant au moins deux
entrées et une seule sortie.
Ce montage peut effectuer le mélange en apportant ou non du
gain, il suffit de choisir la valeur des résistances qui va
bien. Chose plus intéressante encore, il est possible de choisir une
valeur différente pour chaque résistance d'entrée
(R1, R2 ou R3 sur le schéma précédent), de telle
sorte que le signal appliqué sur chaque entrée ne soit
pas amplifié de la même façon. Si par exemple on
donne à R1 la valeur de 10K, et que l'on donne à R2 la
valeur de 20K, un signal appliqué sur l'entrée 1 (avec
R1) sera deux fois plus amplifié que le même signal
appliqué sur l'entrée 2 (avec R2), car le rapport avec la
résistance R4 est deux fois plus grand (10 contre 5).
Comparateur de tension
Dans ce type d'application, on met à profit le très grand
gain de l'AOP, et on ne laisse la sortie avoir que deux valeurs de
tension possibles : la tension max qu'il peut fournir, et la tension
min qu'il peut fournir. Toutes les tensions intermédiaires ne
peuvent exister de façon "stable", car le gain est ici tellement
important, que la moindre petite différence de tension entre les
deux entrées inverseuse et non inverseuse est amplifiée
à un tel point qu'elle ne peut que "buter" contre les bornes
imposées par la tension d'alimentation. Imaginez simplement une
différence de tension de 1 mV, alors que le gain est de 500000 :
la sortie va désespérement essayer d'atteindre 500 V...
mais n'y arrivera évidemment pas, car l'alimentation n'est que de
15 V. Il existe plusieurs façon de câbler un AOP en comparateur
de tension, mais les deux schémas ci-dessous devraient
normalement suffire pour comprendre les grandes lignes, et vous
permettre ensuite d'adapter l'engin à votre sauce.
Dans le premier cas (schéma de gauche), la tension
présente sur l'entrée "+" est inférieure à
la tension présente sur l'entrée "-". La sortie de l'AOP
reste à l'état logique bas, et la led verte s'allume.
Dans le second cas (schéma de droite), la tension
présente sur
l'entrée "+" est supérieure à la tension
présente sur l'entrée "-". La
sortie de l'AOP passe à l'état logique haut, et c'est
maintenant la led rouge qui s'allume. Il peut sembler curieux
d'utiliser les termes "niveau logique bas" ou "haut" pour une sortie
d'AOP, qui fait plus partie du monde analogique que du monde
numérique. Cependant, on peut bien se le permettre ici, car la
sortie de l'AOP (un LM324), ne délivrera jamais sur sa sortie
d'autres tensions que la plus petite ou la plus grande qu'il peut
fournir. Notons au passage que l'alimentation utilisée ici est
de type simple. En comprenant la logique présentée
ci-avant, vous devriez être en mesure d'adapter ce schéma
pour lui permettre de détecter n'importe quel
dépassement, dans un sens ou dans l'autre, d'une tension
à surveiller, par rapport à une tension de
référence.
Différence avec un vrai comparateur de tension
Un
internaute me signalait récement qu'il était surpris qu'on utilise pour
un comparateur de tension (LM311 par exemple), un symbole
identique à celui d'un AOP alors qu'il ne s'agit pas d'un AOP. Il est
vrai que d'un point de vue fonctionnel, les deux composants reposent
sur un principe similaire, il possèdent tous deux deux entrées (+ et-)
et une sortie dont l'état dépend de la différence de tension entre les
deux entrées. Si on peut utiliser un AOP en tant que comparateur en le
faisant fonctionner en boucle ouverte (pas de réaction de la sortie
vers une entrée), il n'est pas commun d'utiliser un comparateur en tant
qu'AOP en lui ajoutant une résistance de contre-réaction. Ce dernier
n'est pas du tout prévu pour cela. Une attention particulière doit être
portée sur la vitesse de réaction d'un AOP utilisé en comparateur. En
boucle ouverte, son gain s'écroule et on ne peut pas le faire
fonctionner à grande vitesse. Restons logiques : un AOP est conçu à la
base pour travailler avec des signaux dans un régime linéaire, avec une
distorsion la plus faible possible. On peut l'utiliser comme
comparateur mais ce n'est pas toujours une bonne idée. Un comparateur
de tension quand à lui est étudié pour travailler en régime
bloqué/saturé. Alors évidement la structure de sortie de ces deux
composants ne peut pas être la même. Quand on veut faire
travailler un comparateur de tension à grande vitesse, mieux vaut
ne pas utiliser un AOP, mais plutôt un comparateur de tension rapide
(MAX961, AD790 ou LT1016 par exemple). Petit mot pour finir ce
paragraphe : dans les documents constructeurs (datasheet) les données
techniques qui expriment le "temps de réaction" ou temps de
montée/descente peuvent porter plusieurs noms : rising/falling time, ou
slew-rate. A titre d'exemple extrême, le temps de propagation d'un AOP
faible consommation peut s'exprimer en millisecondes, là où celui d'un
comparateur rapide peut s'exprimer en nanosecondes (rapport de vitesse
de un million, tout de même).
Oscillateur
Ici, on s'arrange pour que l'AOP délivre un signal
répétitif (on dit périodique) de forme
carrée. Notons au passage
que cela lui arrive de le faire alors qu'on ne lui demande rien
(oscillation parasite), et que cela est dans ce cas évidement
très gênant.
En ajoutant une résistance et un condensateur, il est possible
de réaliser un oscillateur à pont de Wien
délivrant une tension de forme sinusoïdale. Exemple :
Générateur audio 010.
Autres usages de l'AOP
L'AOP peut aussi être utilisé pour réaliser :
- des filtres actifs (passe-bas, passe-haut, passe-bande,
rejecteur,
à accord électronique, ...)
- des amplificateurs pour capteurs et pour ponts de mesure
- des redresseurs à diodes
- des opérations mathématiques complexes (logarithmique,
anti-logarithmique, exponentielle, multiplication, division...)
- des amplificateurs de différence
- des intégrateurs, des dérivateurs
- des temporisateurs, des monostables
- des triggers (deux seuils de basculement différents)
- des comparateurs à fenêtre
- des convertisseurs tension / courant (amplificateurs à
transconductance)
- des références de tension ou de courant (pour
alimentations stabilisées par exemple)
- des simulateurs de self
(montage en gyrateur)
Je vous invite très fortement à consulter les datasheet
(feuilles de caractéristiques des composants, fournies par les
fabricants), qui regorgent parfois d'exemples d'application. Voir aussi
le site
Electronique.AOP
qui regorge de schémas.
Types de boîtier
Dans le monde amateur, on utilise souvent
des AOP en boîtier traversant (DIP8/DIL8 ou DIP14/DIL14 par exemple).
Le brochage est le même pour une grande variété d'AOP, ce qui facilite
les échanges et essais en phase de développement. Les AOP simples,
doubles et quadruples sont presque toujours proposés avec le câblage
suivant :
Le
circuit intégré LM324 (AOP quadruple) possède ainsi le même brochage
qu'un TL084 (AOP quadruple) et on peut les interchanger pour tests.
Pour ce qui est des broches d'alimentation V+ et V-, on peut les
utiliser de différentes manières :
- V- à la masse et V+ à une tension positive par rapport à la masse (par exemple +12 V)
- V- à une tension négative par rapport à la masse (par exemple -12 V) et
V+ à une tension positive par rapport à la masse (par exemple +12 V)
- V- à une tension négative par rapport à la masse (par exemple -12 V) et V+ à la masse
Ce dernier cas est moins fréquent ;-)
Toujours 8 broches pour les AOP simples ?
Quasiment
tout le temps, quand il s'agit de composants traversants. Mais
dans le monde des CMS (composants montés en surface) où on cherche à
tout miniaturiser, on trouve des AOP simples à 5 broches (LMV651 par
exemple) ou 6 broches (LMV711 par exemple).
Quel AOP choisir ?
Il est vrai qu'il n'est pas toujours évident de choisir un AOP
pour une application donnée. Certains paramètres sont
plus importants que d'autres dans telle situation, alors que leur
importance devient bien moindre dans telle autre situation. Vous pouvez
choisir un AOP en fonction de sa consommation, de son niveau de bruit
propre, de sa bande passante, de son slew-rate (temps de montée,
qui détermine sa capacité à passer rapidement
d'une valeur à une autre), de la tension d'alimentation maximale
qu'il peut supporter, du courant de sortie qu'il est capable de
débiter ou d'absorber, etc. Pour un usage classique, vous pouvez
par exemple commencer à vous orienter vers des circuits de la
famille TL08x (TL081, TL082 ou TL084). Vous souhaitez des circuits qui
"soufflent" un peu moins ? Regardez alors du côté de la
série des TL07x. Votre priorité est une faible
consommation ? Allez donc vous renseigner sur la série TL06x.
Vous devez impérativement opérer avec une alimentation
simple ? LM358 (version double) ou LM324 (version quadruple) par
exemple. Le courant d'entrée doit être
le plus faible possible ? Le CA3130 fera peut-être l'affaire.
Tension d'alimentation supérieure à +/-18 V ? Une
recherche chez les fabricants s'impose, on peut par exemple utiliser le
MC1436 qui supporte une alim de +/-34 V (il y a aussi le LM675, mais son
boîtier ne me plaît pas). Une page concernant les
AOP dans le
domaine de
l'audio,
donne quelques exemples d'AOP, il ne s'agit
évidement pas d'une liste exhaustive, mais vous trouverez
peut-être quelques références intéressantes. Pensez aussi à consulter
de temps en temps les sites internet des fabricants, qui proposent
parfois des systèmes de recherche assez bien foutus et surtout très
complets (tables paramétriques). Vous découvrirez ainsi par exemple que
les bons vieux LM741, TL071 ou TL081 peuvent avantageusement être
remplacés par un TLC271 ou par un TLV271. Ou encore que les TL072 (ou
TL082) et TL074 (ou TL084) peuvent dans bien des cas être remplacés
respectivement par un TLV2252 (ou TLV2262) et par un TLV2254 (ou
TLV2264). Ces derniers ont l'avantage de consommer fort peu de courant
et d'être de type "rail-to-rail" (très faible tension de déchet en
sortie), ce qui les rend particulièrement attrayants dans les montages
où la tension d'alimentation est faible et où il faut faire de
l'adaptation analogique en vue d'une conversion numérique, avec un PIC
doté d'un CAN par exemple.
Alimentation double (symétrique) ou simple
(asymétrique) ?
Peut-on faire fonctionner un LF356 ou un TL072 avec une alimentation
simple, alors qu'ils sont initialement conçus pour fonctionner avec une alimentation symétrique ? La réponse est
oui.
Et cela malgré le fait que certains revendeurs classent les AOP
dans des catégories distinctes appelées AOP Alim double
et AOP Alim simple. Il est vrai aussi que beaucoup de feuilles de
caractéristiques
(datasheet) ne mentionnent pas précisément ce point, et que cela
est une des causes probables de la confusion qui règne à
ce sujet. En réalité, il est possible de faire
fonctionner n'importe quel AOP avec une alimentation simple. Le TL072
n'a pas de broche de masse, et n'a pas les moyens de savoir comment
votre alimentation est conçue. Prenez l'exemple d'un TL072
alimenté en +/-15V. Que voit-il sur ses bornes 4 et 8 ? du -15 V
et du +15 V, ou une masse (0 V) et du +30 V ? Vous le voyez, tout n'est
question que d'appellation et de référence. Après,
à vous de
décider ce que sera la masse. Dans tous les cas, vous en
conviendrez, il est nécessaire d'envoyer sur les entrées
de l'AOP, des tensions qui soient cohérentes avec la tension
d'alimentation. Vous n'avez pas l'intention je pense, de lui donner
à manger une tension variant de -4 V à +4 V, s'il est
alimenté entre masse et +18 V, n'est-ce pas ? Non ? Si ? Hum...
Et si on décidait de décaler la tension de -4 V/+4 V vers
le haut pour rester dans le domaine des tensions positives, qu'en
pensez-vous ? Ca marcherait ou pas ? Allez, on essaye ! Un offset de
tension continue de +4 V (appelez ça une tension de polarisation
si vous le souhaitez) superposée à notre tension
alternative de 8 V crête à crête et zou, nous
voilà sauvés ! La tension évolue maintenant non
plus entre -4 V et +4 V, mais entre 0 V et 8 V. Et comme la tension d'alim
va de 0 V à +18 V, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ! re-Hum...
Vous êtes sûr ? Vous avez essayé de le faire
vraiment ? Parce que si vous le faites vraiment, vous allez tomber sur
un os. Ne sont pas si courants que cela les AOP dont la sortie accepte
de fonctionner si près des bornes d'alimentation. Vous devez
vous réserver une marge aussi bien du côté
négatif que du côté positif de l'alimentation, si
vous voulez éviter un méchant écrêtage (rabotage).
L'idéal étant que les entrées se trouvent toujours
à quelques volts de distance des bornes d'alimentation. Si vous
avez besoin d'un AOP dont la sortie puisse excursionner de façon
très rapprochée des bornes d'alimentation (on dit aussi
rails d'alimentation), il vous faudra choisir soigneusement le
composant, qui sera alors de type "rail-to-rail". Un LM324, un LM358 ou
un LMC660 par exemple, sont capables de
fonctionner très près de la branche d'alimentation
négative. Mais les AD820, LMV358M ou TLV2252 vont encore plus loin (ou plus près, si vous préférez).
A retenir :
si les
entrées sont maintenues à un potentiel dont la valeur est
moitié de la tension d'alimentation et que le montage est voué à une
application audio, tout se passera bien même avec une alim simple !
Serait-ce donc en lien avec les
masses
virtuelles ?
Mise en oeuvre d'un AOP
avec alim
simple
Rien de tel que quelques petits schémas, pour montage
amplificateur non inverseur, et pour montage amplificateur inverseur.
On retrouve parfois les deux schémas précédents
mais un peu simplifiés (les composants n'ont pas
été renommés pour mieux laisser voir ceux qui ont
été retirés) :
Tous les AOP ne se ressemblent pas...
Même
en "usage général", certains AOP s'en sortent moins bien que d'autres.
D'ailleurs, si tous les AOP pouvaient remplir toutes les fonctions, il
n'y aurait sans doute pas autant de références ! N'hésitez pas à faire
des tests avec des AOP de récupération, pour "valider" telle ou telle application.
Valeur des tensions d'alimentation
S'il est vrai qu'un AOP
conçu pour fonctionner avec une alimentation double de +/-15 V peut
fonctionner avec une alimentaton simple de +30 V, il faut savoir que
les performances globales peuvent être réduites si on le sous-alimente
fortement. Le fonctionnement des AOP est étudié pour qu'ils donnent
leur pleine mesure à une tension proche de la tension nominale, qui en
général est inférieure de quelques volts aux tensions maximales
tolérées avant destruction. Ainsi, un AOP prévu pour travailler à +/-15
V fonctionne avec un courant de repos bien précis qui détermine son
points de fonctionnement. Si on réduit sa tension d'alimentation à une
tension simple de +5 V, son fonctionnement général s'en trouve affecté,
aussi bien au niveau de son point de polarisation qu'au niveau des
tensions d'offset et tension max d'entrée. Il n'est donc pas recommandé
de faire fonctionner un AOP avec une tension très inférieure à sa
tension nominale, si on veut conserver ses performances maximales. En
revanche rien n'interdit de le faire si ladite baisse de
performances (qui n'est pas forcément énorme, il faut savoir
relativiser) n'est pas un problème. Dans un contexte professionnel, le
choix d'un AOP doit se faire de façon réfléchie, les concepteurs
doivent consulter les documents constructeur (datasheet) pour savoir
quel composant est le mieux adapté à leurs besoins. Pour une
utilisation sous une tension d'alimentation réduite, par exemple 3 V ou
5 V, il vaut mieux généralement opter pour des AOP "basse tension"
prévus d'origine pour travailler sous ces tensions faibles.
Questions diverses
Q : Dans
aucun des
schémas présentés, on ne voit la masse directement
raccordée à une broche de masse sur l'AOP. S'agit-il d'un
oubli ?
R : Les AOP
ne disposent pas de
broche de masse, et il est vrai que cela peut sembler curieux
puisqu'ils ont deux broches réservées pour leur
alimentation. La masse peut cependant être reliée à
la broche d'alimentation -V si l'alimentation est de type simple (par
opposition à l'alimentation double). Mais dans ce cas, l'AOP
n'est plus en mesure de délivrer de tensions négatives.
Q : La bande
passante d'un AOP
pouvant être très grande, pourquoi ne pas en profiter pour
étendre la plage de fréquence à amplifier. Par
exemple, limiter la bande passante à 500 kHz pour passer la BF
le mieux possible (je pense aux signaux carrés à 18 kHz) ?
R : Un
signal carré
à 18 kHz sera perçu comme une sinus de 18 kHz, car
l'oreille n'entendra pas les harmoniques de ce signal carré. De
plus, la stabilité d'un amplificateur est très
étroitement liée à son gain. Plus le gain est
élevé, et plus la tendance à l'oscillation
(parasite) est forte. Alors autant rester raisonnable et se contenter
du vraiment utile.
Q : Mais
pourquoi donc la
plupart des AOP nécessitent-ils une alimentation double pour
fonctionner correctement ? Une alimentation simple est tout de
même plus simple à construire !
R : Les AOP
ont
été conçus pour travailler au-dessus et au-dessous
de 0V. Dans le domaine audio, cela permet par exemple de se passer de
condensateur
de
liaison. Ceci dit, n'importe quel AOP est capable de
travailler
avec une alimentation simple (voir paragraphe concernant ce sujet, sur
cette même page) avec parfois quelques contraintes.
Q : Quand on
utilise une
tension symétrique, est-il obligatoire que la tension positive
soit de même valeur que celle de la tension négative ?
R : Ce n'est
pas obligatoire
quand la plage de fonctionnement souhaitée dans la partie
négative n'est pas la même que celle demandée dans
la partie positive. En audio, cela est plutôt rare, mais cela
peut se rencontrer dans certains autres montages.
Historique
05/04/2020
- Ajout explications au paragraphe des caractéristiques (termes) techniques.
26/12/2015
- Ajout brochages standards des AOP simples, doubles et quadruples.
15/03/2015
- Ajout infos concernant l'AOP monté en comparateur de tension.
20/11/2011
- Ajout infos concernant les valeurs de tension d'alimentation et conséquences de sous-alimentation.