Dernière mise à jour :
01/01/2009
Présentation
Les multiplicateurs de tension présentés ici sont
prévus pour doubler, tripler, quadrupler, etc... une tension
alternative, avec seulement quelques diodes et condensateurs. Ils ne
peuvent pas fonctionner à partir d'une tension continue, donc
inutile de compter dessus pour alimenter votre autoradio 12V sur une
vieille 2CV équipée de sa batterie 6V.
Conservation d'énergie
Même si on fait abstraction des pertes dans les composants
électroniques utilisés, vous vous imaginez bien que la
puissance disponible en sortie d'un multiplicateur de tension ne peut
être plus élevée que celle disponible à son
entrée. En utilisant bêtement la formule P(watts) = U(volts) x
I(ampères), on se
rend compte que pour une puissance donnée P, une tension U doublée
correspond un
courant I divisé par deux. Et que pour une tension
U multipliée par quatre, le courant disponible I est divisé
par quatre. Et ce, j'insiste bien, dans le meilleur des cas, qui ne
peut exister dans ce qu'on appelle le monde réel, puisque faisant
partie de la théorie.
Doubleur de tension de Latour
Le doubleur de Latour est consitué de deux diodes et de deux
condensateurs, cablés comme le montre le schéma suivant.
Principe de fonctionnement
Il est assez simple à assimiler. Si de façon arbitraire
on considère le point AC2 comme point de référence
(0 V ou masse, comme vous voulez), on constate que la diode D1 ne
conduit que pendant les alternances positives (tension au point AC1
supérieure à la tension au point AC2), et que la diode D2
ne conduit que pendant les alternances négatives
(tension au point AC1 inférieure à la tension au point
AC2). Durant les alternances positives, le condensateur C1 se charge
pendant que le condensateur C2 est isolé (la diode D2
étant bloquée). Et durant les alternances
négatives, le condensateur C2 se charge pendant
que le condensateur C1 est isolé (la diode D1 étant
bloquée). On retrouve donc aux bornes de chacun des
condensateurs C1 et C2 une tension identique, et comme ces deux
condensateurs sont montés en série, on dispose bien d'une
tension double aux extrêmes. Notez que si l'on décide
d'utiliser le point AC2 comme référence de tension commune (masse), on
dispose d'une alimentation symétrique +/-V, avec un
transformateur à secondaire unique sans point milieu :
(
Alimentation
avec
transformateur - Bases)
Valeur des tensions...
Dans ce schéma, on soumet une tension de 12 Vac à
l'entrée du doubleur de tension, qui restitue en sortie une
tension voisine de 32V. Fichtre, une tension de 12 V qui une fois
doublée en valeur donne du 32 V ! N'oubliez pas que le 12 Vac
est une valeur efficace, et que l'on procède ici à un
redressement / filtrage qui met en évidence la valeur
crête de la tension sinusoïdale d'entrée. 12 Veff
correspond à 12 V(eff) x 1,41 = 17 V(crête) environ. C'est
cette tension crête qui est multipliée par deux. Donc 17 V
x 2 = 34 V. Comme les diodes ne sont pas parfaites et présentent
une chute de tension de l'ordre de 0,6 V chacune, on retrouve bien
notre tension de 32,8 V affichée sur le voltmètre du
schéma. Remarquez que nous ne sommes pas au dizième de
volt près, l'important est de retenir l'ordre de grandeur.
Remarque :
chaque
condensateur doit avoir une tension de service au moins égale
à la valeur crête de la tension d'entrée.
Et la consommation ?
Dans le schéma présenté ci-avant, la mesure de la tension en sortie
du doubleur se faisait en haute impédance, c'est à dire que le
courant débité était très faible. Condition idéale pour disposer d'une
source de tension continue de bonne valeur et surtout assez stable.
Dans la pratique, on souhaitera souvent disposer d'un courant suffisant
pour alimenter quelque électronique, et le courant demandé devra
pouvoir atteindre quelques dizaines ou centaines de milli-ampères, ou
même pourquoi pas quelques ampères. On se trouve alors en face d'un
problème similaire à celui posé par un montage redresseur / filtrage
classique : plus on va demander de courant, et plus la tension en
sortie du doubleur va chuter et présenter une tension alternative
résiduelle importante. Voici ci-après deux montages placés en
comparaison, mettant en évidence la différence de la qualité de la
tension de sortie en fonction du courant consommé en sortie. Le premier
schéma montre ce qu'on obtient avec un courant de sortie de 3 mA
(chargé sous RLA = 10 KOhms), et le second schéma montre ce qu'on
obtient avec un courant de sortie de 220 mA (chargé sous RLB = 100
Ohms).
Avec le premier schéma, la tension continue de sortie est de 32 V et
l'ondulation résiduelle de 21 mV (soit moins de 0,1 %), alors qu'avec
le second schéma la tension de sortie moyenne est de 22 V avec une
ondulation résiduelle de plus de 6 V (soit plus de 25 %). Il va de soi
que ce second schéma n'est pas acceptable, sauf si bien sûr le circuit
alimenté s'accomode d'une telle tension (on peut très bien l'imaginer
doté d'une régulation additionnelle). Il convient donc de dimensionner
correctement la valeur capacitive des condensateurs.
Doubleur de tension Schenkel
Bien qu'utilisant un nombre de composants identique au doubleur de
Latour pour un résultat similaire, une différence
fondamentale s'impose visuellement : l'utilisation d'un condensateur en
série au niveau de l'entrée.
Un condensateur présente une caractéristique
résistive appelée capacitance, qui dépend d'une
part de la fréquence du signal électrique qui le
traverse, et d'autre part de sa propre valeur capacitive. La formule
mathématique permettant de connaître cette valeur
résistive est donnée à la page
Alimentations
sans
transformateur
(à laquelle vous pouvez vous reporter si vous souhaitez d'autres
exemples pratiques), et est rappelée ci-après.
Xc = 1 /
(wc)
où Xc est la capacitance en ohms,
w est la pulsation (lire oméga, égale à 2 * Pi *
Freq, Freq en Hertz)
et C est la valeur du condensateur en Farad.
A la fréquence de 50 Hz, qui est
celle
du réseau EDF, le condensateur permet de laisser passer un
courant de quelques mA par "paquet" de 100 nF. Avec une valeur de 470
uF comme exploitée dans le schéma
précédent, on peut s'attendre à pouvoir disposer
d'un courant maximal de :
Usage d'un condensateur de 470 uF (0.00047 Farad) à la
fréquence de 50 Hz :
Xc = 1 / (2 * 3.14 * 50 * 0.00047) = 6,8 ohms
Si tension d'entrée = 17 V et tension de sortie = 0,6 V
(condition de court-circuit tenant compte de la présence de la
diode D2), alors
I = (17 - 0,6) / 6,8 = 2,4 A
Mais bien entendu, la tension de sortie ne sera plus vraiment
exploitable avant cette valeur de courant extrême. Voici
d'ailleur ce que l'on obtient déjà avec un courant de
sortie moyen de 200 mA.
Influence de la consommation sur la qualité de la tension de
sortie
Même remarque que précédement.
Vous voyez que la valeur du courant max de court-circuit est bien loin
de la valeur max que l'on pourrait accepter en pratique... Et on peut
considérer qu'une valeur capacitive de 470 uF permettant un
débit de quelques centaines de mA (disons 500 mA pour fixer
l'ordre de grandeur) est déjà bien suffisant pour un
grand nombre d'applications.
Remarques
- Le doubleur de Schenkel présente une tension de sortie dont
l'ondulation résiduelle est à 50 Hz, contrairement au doubleur de
Latour où l'ondulation est de 100 Hz et donc plus facile à filtrer.
- La valeur du premier condensateur (C1) est déterminante pour
le courant de sortie max. La valeur du second (C2) conditionne
plutôt la qualité du filtrage.
- Chaque condensateur doit avoir une tension de service au moins
égale à la tension crête d'entrée, excepté le
dernier qui doit pouvoir supporter la totalité de la tension de
sortie.
Multiplicateur de tension de Latour
Le principe est le même qu'avec le doubleur de tension du
même personnage, il suffit de placer en cascade plusieurs
étages diode + condensateur.
Multiplicateur de tension de Schenkel
Là aussi, la mise en cascade de plusieurs étages diode +
condensateur suffit pour augmenter un peu plus la tension
d'entrée. Le cablage est certe différent, mais là
encore pas de grandes différences sur le plan physique du circuit
Je dispose d'une tension continue...
Insistant, n'est-ce pas... Oui, on peut. Mais pour pouvoir, il faut
déjà transformer la tension continue en une tension
alternative, ce qui ne peut se faire qu'au travers d'un oscillateur et
d'élements de commutation qui apportent eux aussi leur lot de
pertes et amoindrissent d'autant plus le rendement
général.