Dernière mise à jour :
23/06/2019
Codes
valeur
Présentation
La résistance est un composant dont le rôle est de
freiner plus ou moins le passage du courant électrique qui
la traverse. Il s'agit d'un des composants les plus utilisés en
électronique.
Une résistance possède les caractéristiques
principales suivantes :
- Valeur
- Puissance dissipable
- Tolérance (précision)
- Structure (matière)
Résistance, Resistor ou Résisteur ?
En toute rigueur, nous devrions dénommer le composant
"Résisteur", et sa valeur résistive "Résistance".
Ceci assurerait une certaine cohérence avec le nom des autres
composants condensateur, transistor. Bien qu'en accord avec ce principe,
je n'ai pas pour autant modifié l'appellation de ce composant dans l'ensemble de mes articles. En résumé, quand je dis
"Résistance" en parlant du composant lui-même et non de sa
valeur ohmique, pensez dans votre tête "Résisteur". Facile
de demander aux autres de faire un effort, quand soi-même on ne
montre pas l'exemple, hein ? Mais promis, je m'y mettrai un jour. ;-)
Valeur
Exprimée en ohm, ou multiples d'ohms (kO pour kilo-ohms, MO pour mego-ohms).
1000 Ohms = 1 kO
1000 KO = 1 MO.
La valeur de la résistance est généralement
écrite dessus, soit en clair (certaines résistances de
précision), soit sous forme d'un code couleur (la
majorité des résistances "normales"), soit sous forme de
code chiffré (certaines résistances de précision,
résistances CMS). Voir
Codes
valeur. Pour la façon de noter la valeur des résistances sur
mes
schémas, voir page
Schémas
du site - Conventions.
Puissance dissipable
Exprimée en watts (W). Parce qu'une résistance s'oppose au
passage du courant, celà la fait chauffer, le fruit de son opposition
farouche se traduisant par un dégagement de chaleur (effet Joule). La
puissance Pr dissipée par la résistance dépend essentiellement du
courant Ir qui la traverse, et la tension Ur développée à ses bornes
lorsque ce courant y circule :
Pr (W) = Ur (V) * Ir (A)Si
on exclue les systèmes de forte puissance, les circuits
électroniques comportent majoritairement des résistances de faible
puissance (0,25 W ou 0,5 W) et de faibles dimensions (l'amateur en
électronique sera ravi d'apprendre qu'une résistance de forte puissance
coûte plus cher qu'une résistance de faible puissance, pour une
même série d'un même fabricant).
La puissance que peut dissiper une
résistance doit donc être choisie en fonction... de la puissance
qu'elle dissipe. Une résistance mal dimensionnée chauffera
trop, et celà aura deux
conséquences possibles : vieillissement prématuré
(la résistance peut changer de valeur), ou destruction totale
par combustion (la résistance brûle).
La puissance
dissipable n'est pas toujours marquée sur les résistances
standards, elle l'est parfois sur les gros composants... où il y a de
la place pour l'indiquer. On peut toutefois la deviner (ou s'en faire
une idée) en fonction de la taille de la
résistance (pour la récupération, car
quand on les achète neuves, ce paramètre est
spécifié). Certaines résistances de puissance sont
dotées de pattes de fixation et peuvent prendre place sur un
dissipateur thermique (radiateur), c'est la cas par exemple des
résistances de type RH :
RH5 pour le modèle 5W, RH10 pour le modèle 10W, RH25 pour
le modèle 20W (et non 25W, c'était un piège). La
puissance annoncée ne peut être tenue que si la
résistance est montée sur un dissipateur thermique dont la
résistance thermique est spécifiée par le
fabricant. Par exemple, une résistance RH25 ne peut pas dissiper
plus de 9W si elle est utilisée sans dissipateur. Il faut
également tenir compte d'un "derating" en fonction de la température
ambiante : une résistance peut tolérer une dissipation de 10W avec une
température ambiante ne dépassant pas 70°C, mais ne tolérer que la
moitié (soit 5W) à 130°C...
Tension de service
On
ne parle pas beaucoup de la tension de service d'une résistance, et
cela se comprend un peu car ce type de composant est le plus souvent
utilisé sous une tension d'alimentation largement inférieure à la
tension maximale supportée. Pour les résistances classiques à couche
métallique SFR25 de Philips, cette tension maximale est de 250
V,
alors que pour les résistances de précision MRS25 du même
fabricant, la tension maximale est de 350 V. Certaines résistances ont
une tension de service de "seulement" 120 V, cas par exemple des
résistances Vishay de la série RB59 (300 V pour la série RB61). Pour un
usage direct sur le
secteur, par exemple dans une
alimentation
secteur sans transformateur,
une résistance peut se trouver soumise à une tension qui est proche de
sa tension maximale, ou qui peut même la dépasser (exemple : résistance
en parallèle sur un condensateur, destinée à décharger ce dernier quand
la tension secteur disparait). Afin de ne pas prendre de risques
inutiles, il convient donc de bien choisir la résistance, afin de lui
éviter un vieillessement ou un claquage prématuré. Dans cet exemple
précis, il faut soit adopter une
résistance qui supporte au moins 350 V, soit mettre deux résistances de
même valeur ohmique et de même tension de service 250 V en série, afin
que chacune se partage la moitié du travail. Pour les application
spécifiques HT (Haute Tension), il existe des résistances appellées à
juste titre "haute tension", capable de supporter 3500 V à leurs bornes
(type VR37 par exemple), ces résistances ont en général des valeurs
élevées (pour des hautes tensions avec des valeurs résistives faibles,
on entre dans les fortes puissances). Mais là encore, pour quelques
milliers de volts, il est possible de mettre en série quelques
résistances traditionnelles (c'est ce qui est fait dans certaines
sondes HT pour oscilloscope, ou dans des alimentations HT pour
amplificateurs à lampes ou alimentations pour lasers à tube He-Ne).
Tension maximale et puissance maximale en même temps ?
Les
résistances peuvent supporter une tension maximale entre leurs deux
broches, mais en même temps elles dissipent de la puissance. Nous
sommes dans la même problématique que les
régulateurs de tension ou les
transistors,
lesquels accèptent un courant maximal et une puissance maximale, mais
pas forcément les deux en même temps. Prenons l'exemple d'une
résistance prise dans la série RB59 chez Vishay, de valeur ohmique 10
kO et dont la puissance dissipable est de 3 W. Si un courant de valeur
15 mA traverse cette résistance, la puissance dissipée sera
de
P = R * I * I = 10000 * 0.015 * 0.015 = 2,25 W
La
puissance atteinte (2,25 W) ne dépasse pas la puissance maximale
autorisée (3 W). Pourtant la tension développée aux borne de cette
résistance sera de
U = R * I = 10000 * 0.015 = 150 V
Valeur qui dépasse la tension maximale autorisée de 120 V.
Le
raisonnement inverse s'applique aussi. On peut très bien ne pas dépasser
la tension nominale et dépasser la puissance maximale. Ainsi, si on
applique une tension de 100 V dans la résistance de 10 kO de notre
exemple précédent, et que cette résistance est parcourue par un courant
de 50 mA, la puissance dissipée sera de 5 W.
Il faut donc toujours
s'assurer que les deux conditions "tension max non dépassée" et
"puissance max non dépassée" sont simultanément respectées.
Tolérance (précision)
La tolérance est exprimée en % et
s'applique à la valeur de la
résistance. Elle représente l'écart maximum de
valeur que garantit le constructeur. Par exemple, une résistance
donnée pour 1000 ohms (1 kO) et possédant une
tolérance de 5%, aura une valeur réelle qui sera
comprise entre 950 ohms (1000 ohms moins 5%) et 1050 ohms (1000 ohms
plus 5%). Dans la plupart des montages électroniques, une
précision de 5% voire 10% est suffisante car le concepteur a
normalement pris soin de vérifier que son montage pouvait fonctionner
avec des résistances dont la valeur exacte pouvait s'écarter de la
valeur spécifiée. Dans certains types de montages cependant, il
est nécessaire d'utiliser
des résistances offrant une plus grande précision (cas par exemple
des circuits de mesures ou des filtres de haute précision).
Structure (matière)
Il s'agit du matériau utilisé pour la fabrication de la
résistance.
Résistances agglomérées
Ce type de résistance n'est plus guère
utilisé, à cause de
leurs très mauvaises performances.
Résistance
au carbone (couleur du
corps = marron)
La résistance carbone est bon marché, mais elle est aussi
de qualité inférieure aux résistances
métallique. On les utilise partout où la stabilité
et le bruit n'ont pas ou peu d'importance (limitation de courant dans
une led ou étages d'amplification haut niveau, par exemple).
C'est le type de résistance principalement utilisée dans
les appareils électroniques grand-public. Elle peut
également être utilisée en haute fréquence,
quand on cherche une résistance non inductive.
Résistance
métallique (couleur du corps = vert)
La résistance métallique est
préférée dans les montages semi-professionnels et
professionnels, notemment là où l'on traite des signaux
de faible niveau. Sa contribution au bruit est moindre qu'une
résistance carbone.
Résistance
métallique haute stabilité (couleur du corps = bleu)
Ce type de résistance présente des
caractéristiques professionnelles, qui varient peu en fonction
du temps et de la température. On l'utilise dans les appareils
professionnels qui doivent apporter précision et
fiabilité durant de longues années (appareils de mesure
ou filtres, par exemple).
Résistances céramique et
verre
Elles permettent de répondre à des besoins
spécifiques tels que
fonctionnement en haute fréquence, haute tension ou
haute température.
Résistances "boron"
J'ai entendu parler une fois de
résistances "boron" ("borocarbon", "borocaron") dans lesquelles
un faible pourcentage de boron était introduit dans le film
carbon pour en augmenter la stabilité, je ne sais pas si ce type
de résistance existe encore.
Résistance bobinée
Comme
son nom le laisse deviner, il s'agit d'une résistance
constitué d'un
fil conducteur, enroulé sur un support isolant. Ce type de
résistance
est surtout employé quand elle doit dissiper une forte puissance
et
qu'elle chauffe donc beaucoup.
Quelques exemples de résistances
Voici quelques photos de résistances couremment utilisées
(clic pour
agrandir).
|
Résistance carbone
0,5 W
250 V
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Résistances couche
métal, standard
0,4 W et 0,6 W
200 V et 350 V
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Résistances couche
métal, de précision
0,4 W
250 V et 350 V
|
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Résistances couche
métal, fusibles
0,5 W
250 V et 350 V
|
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Résistances haute
tension
0,5 W et 1 W
1,6 KV à 10 KV
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Résistances de
puissance
bobinées
1 W à 20 W
Tension max déterminée par la puissance max admissible.
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Résistances de
puissance
bobinées
2 W à 5 W
Tension max déterminée par la puissance max admissible.
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Résistances de
puissance
bobinées
2 W à 6 W
Tension max déterminée par la puissance max admissible.
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Résistances de
puissance,
Métal
1 W à 3 W
350 V à 750 V
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Résistances CMS
(Composant Monté en Surface)
0.25W
200V
|
Réseau de résistances
Il s'agit d'un boitier à plusieurs pattes, qui contient
plusieurs résistances (3, 4, 5, 7, 8 ou 16 par exemple). Ces
réseaux permettent d'économiser de la place et ainsi de
mettre plus de résistances dans un emplacement
donné. Les
réseaux de résistances sont souvent utilisés pour
la limitation de
courant dans des afficheurs à led (réseaux à
résistances isolées) ou en
tant que résistances de rappel sur un bus de données
(résistances à
point commun). Toutes les résistances incluses dans le
même
boitier peuvent avoir la même valeur,
et dans ce cas, cette valeur est indiquée sur le boitier sous
forme
codée
à 3 chiffres, par exemple 472 pour 4,7 KOhms (voir
codes
valeur
résistances
pour plus de détails). Quand les résistances incluses
dans un même
boitier n'ont pas toutes la même valeur (constitution de
réseaux de
type R/2R par exemple), les différentes valeurs sont
indiquées
dessus. Par exemple, on peut trouver des réseaux incluant des
résistances de quatre valeurs différentes, genre 10K /
20K ou encore 1K
/ 2K / 4K / 8K. On trouve aussi des réseaux de
résistances en boitier
DIL
(deux rangées de pattes) intégrant 7 résistances
(DIL14) ou 8 résistances (DIL16), de même format que les
circuits intégrés traditionnels.
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Réseau de 3
résistances isolées |
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Réseau de 4
résistances à point commun |
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Réseau de 4
résistances isolées |
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Réseau double 2 x 4
résistances. |
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Réseau de 5
résistances à point commun |
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Réseau de 5
résistances isolées |
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Réseau double 2 x 6
résistances. |
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Réseau de 7
résistances à point commun
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Réseau de 7
résistances individuelles en boitier DIL14. |
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Réseau de 8
résistances à point commun |
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Réseau double 2 x 8
résistances. |
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Réseau de 8
résistances individuelles en boitier DIL16. |
Remarque :
sur les
schémas internes ci-avant, on constate que la première
patte est parfois plus écartée des autres quand le
réseau
est de type à point commun, alors que physiquement, ce n'est pas
le cas. Cela est juste fait pour faciliter la lecture sur les
schémas électroniques car parfois, les résistances
ne sont pas du tout dessinées (on a juste un rectangle avec les
pattes numérotées). Physiquement, le point commun se
reconnait par la sérigraphie d'un point de repérage, que
l'on voit très bien sur les photos ci-avant. Notez qu'un
composant à 8 pattes peut aussi bien intégrer 4
résistances isolées que 7 résistances à
point commun. Pour faire la différence, plusieurs solutions :
vérification à l'ohmètre, analyse de
l'implantation, recherche des caractéristiques en s'aidant du
code marqué sur le composant.
Types spéciaux de résistances
Il existe des résistances un peu particulière, dont la
valeur est fonction d'un paramètre extérieur, comme la
lumière, la température, ou encore la pression. En voici
quelques exemples.
Thermistance
Résistance dont la valeur varie en fonction
de sa température. Ce type de composant est principalement
utilisé pour assurer une surveillance de température
(protection contre la surchauffe d'un transistor de puissance par
exemple), pour permettre un asservissement (régulation) d'une
température ou du débit d'un liquide, pour limiter
l'appel de courant dans un dispositif de redressement de tension ou
démarrage d'un moteur, ou encore plus simplement pour assurer
l'affichage d'une
température en un lieu donné (fonction
thermomètre
simple). Une thermistance peut avoir
un
coefficient
de
température
positif
(CTP, la valeur de la
résistance augmente quand la température augmente) ou
avoir un
coefficient
de
température
négatif
(CTN, la valeur de
la résistance diminue quand la température augmente). La
valeur d'une CTN ou CTP peut être de quelques ohms à
quelques centaines de Kohms (à 25°, qui est la
température pour laquelle la valeur de la résistance
nominale est généralement donnée).
Photorésistance
Résistance dont la valeur
dépend de la quantité de lumière reçue.
Utilisée par exemple pour réaliser des opto-coupleurs,
des mesureurs photo, des systèmes asservis à la
lumière (flash esclave par exemple), des détecteurs
d'arcs électriques, des systèmes d'alarme, des
interrupteurs
crépusculaires...
Varistance
Composant dont la valeur de la résistance est
fonction de la tension appliquée à ses bornes. Ce
composant peut par exemple être utilisé comme protection
contre les surtensions (voir page
Filtres secteur).
Résistance fusible
Comme
on peut s'en douter un peu, une résistance fusible joue un rôle de
protection contre les surtensions et surintensités. En général,
on trouve ce type de composant en série avec un rail
d'alimentation, et sa valeur est souvent comprise entre 1 ohm et 100
ohms. Une résistance classique peut aussi jouer le rôle de "pétard",
mais avec un degré de sécurité moindre; une résistance fusible absorbe
mieux les chocs et le risque qu'elle s'enflamme est faible ou nul.
Notez qu'une résistance fusible ne fait pas que fonction de fusible :
elle est résistante aux surtensions. D'ailleurs, il est intéressant de
constater que la fonction fusible peut intervenir au bout de 10 ou 15
secondes (une telle résistance de 2W peut mettre 4 secondes à "fondre"
avec une dissipation "accidentelle" de 100W) ...
Un peu de doc ? : Vishay PR02-FS,
Vishay FPxP (FP..P), ...
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