Dernière mise à jour :
28/12/2006
Présentation
Vous disposez d'un montage électronique qui tire sa source
d'alimentation du secteur 230 V, et vous aimeriez pouvoir disposer d'un
secours batterie qui permette un fonctionnement ininterrompu du
système en cas d'absence du secteur. Par exemple pour une
alarme antivol. Cet article décrit
une méthode pour y arriver, qui fait appel à des diodes.
Principe
Le principe de la commutation par diodes repose sur le fait qu'une
diode ne
conduit que
lorsque son anode est portée à un potentiel plus positif
que sa cathode, avec une différence de potentiel entre anode et
cathode au moins égale à sa tension de seuil. Si l'on
place une diode en série avec la source de tension continue
nominale, une autre diode en série avec la source de tension
continue de secours, et que l'on relie les deux diodes en un point
unique (côté cathode si l'on travaille avec des tensions
continues positives), une diode conduira alors que l'autre sera
bloquée, si la tension d'une des deux sources est plus
élevée que l'autre, avec une différence de
potentiel entre les deux tension au moins égale à la
tension de seuil des diodes. Mais un dessin valant mieux qu'un grand
discours, voyons tout de suite un exemple pratique.
Schémas
Les deux schémas suivants mettent en oeuvre un exemple concret
et simple, où une ampoule est allumée en continue
grâce à une alimentation secteur. Quand le secteur
disparait, une pile prend le relais, et la lampe continue de briller.
Pour simplifier le schéma, l'alimentation secteur est
représentée par la source de tension U1, la pile
étant représentée par la source de tension U2.
L'interrupteur SW1 permet de simuler la coupure secteur, en
déconnectant la source de tension U1 quand il est ouvert.
La tension continue de 10 V issue de l'alimentation secteur (U1) est
présente, et supérieure de 1 V à la tension
continue de la pile 9 V (U2). La diode D1 conduit, le courant qui la
traverse est de 0,4 A environ. La diode D2 est bloquée, aucun
courant n'y circule et la pile ne s'use pas.
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La tension continue issue de l'alimentation secteur (U1) est
coupée, la diode D1 est désormais bloquée. La pile
9 V (U2) prend la relève, et le courant circulant dans la diode
D2, devenue passante, est maintenant de 0,4 A environ. La commutation a
été très rapide et on ne voit pas la lampe
s'éteindre (même si la lampe est une led).
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Il est important que la tension nominale (U1), qui est normalement
présente quand tout va bien, soit supérieure à la
tension de secours (U2), sinon ce type de montage ne fonctionne pas.
Les schémas ci-dessous montrent ce qui se passe quand la
différence de tension entre les deux sources de tension est trop
faible.
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La différence de
tension
entre U1 et U2 est de 0,4 V. La diode D2 conduit, certes moins que D1,
mais le courant qui la traverse est tout de même de 20 mA, ce qui
n'est pas négligeable.
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La différence de
tension
entre U1 et U2 est de 0,2 V. La diode D2
conduit, toujours moins que D1, mais le courant qui la traverse est le
quart de ce qui arrive à la lampe. Tout à fait
inacceptable.
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Aucune différence
de
tension entre U1 et U2, les deux diodes D1 et D2 conduisent autant
l'une que l'autre, la lampe tire la moitié de son énergie
dans l'alimentation secteur et l'autre moitié dans la pile. A
votre avis, c'est OK ?
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Comme vous pouvez le voir, il est primordial que la tension nominale
soit plus élevée que la tension de secours. Donner un
chiffre précis concernant la différence de tension
à respecter entre les deux sources n'est pas possible, car en
pratique, il dépend de la chute de tension provoquée par
les diodes, qui elle-même dépend du type des diodes et du
courant qui les traverse. Disons que pour une application standard,
avec des courants qui ne dépassent pas 1A, on peut estimer
qu'une différence de 1 V convient pour une grande majorité
de diodes. Notez cependant que certaines diodes présentent, pour
un courant direct donné, une chute de tension plus
élevée que d'autres diodes. Par
exemple, la diode 1N4007
présente une chute de tension de 1,1 V pour un courant de 1 A,
alors que la diode Schottky 1N5818 présente une chute
de tension de seulement 0,55 V pour un même courant de
1 A. Avec la 1N5818, il est donc possible de réduire la
différence de tension entre les deux sources à 0,6 V.
Utilisation d'un accumulateur au lieu d'une pile
On peut préférer un accumulateur à une pile pour
la source de tension de secours, surtout si le fonctionnement sur pile
est (ou risque d'être) fréquent. Un accumulateur
nécessite d'être chargé pour être
opérationnel quand on en a besoin, il y a donc lieu
d'opérer une modification du schéma
précédent pour assurer la charge de l'accu quand le
secteur est présent. Dans le cas d'un accu de type Cd-Ni
(Cadium-Nickel), la charge normale doit s'effectuer à
1/10ème de la capacité nominale de l'accu. Par exemple,
si l'accu présente une capacité de 1800 mA/h, la charge
doit s'effectuer sous 180 mA. Mais en charge continue, comme c'est le
cas dans notre application, la charge de l'accu doit s'effectuer
à 1/50ème ou 1/100ème de la capacité
nominale (on appelle ça une charge d'entretien). Avec un accu de
capacité 1800 mA/h, la charge doit donc s'effectuer avec un
courant compris entre 18 mA et 36 mA. La solution la plus simple
consiste à ajouter une résistance entre l'accu et la
source nominale, comme le montre le schéma suivant.
La valeur de la résistance doit être calculée en
fonction de la source de tension nominale U1, de la tension de l'accu
et de sa capacité. L'emploi d'une résistance pour assurer
la charge de l'accu est simple mais pas idéale, et les puristes
préfereront sans doute mettre en oeuvre un système de
charge à courant constant. En fait, le système de charge
préféré dépendra de l'utilisation du
système et du degré de criticité de la dispartion
du secteur.
Limitation du système
Ce système est très simple à mettre en oeuvre,
mais la chute de tension provoquée par les diodes peut
être gênante quand la tension de secours est proche de la
tension minimale nécessaire au bon fonctionnement du
système alimenté. Si le montage alimenté requiert
une tension de 5 V et qu'il comporte un régulateur
intégré de type 7805 qui reçoit en temps normal
une tension de 9 V ou de 10 V, l'utilisation d'une pile de 9 V auquel sera
soustraite une tension de 0,6 V (chute de tension classique d'une diode
ordinaire) n'offrira au régulateur qu'une tension de 8,4 V. Quand
on sait qu'un régulateur intégré classique
nécessite une tension d'entrée d'au moins 3 V
supérieure à la tension de sortie régulée
(8 V pour un 7805), cela ne laisse plus beaucoup de marge. Mais ceci
n'est qu'un exemple parmi d'autres, et la chute de tension dans les
diodes ne sera pas toujours un problème. A vous de
réfléchir un peu au problème, et de tester le cas
échéant. On pense parfois que ça ne peut pas
marcher, et on a parfois des surprises (bon, il est vrai que ce n'est
pas toujours dans ce sens).
Suppression de la diode D1 ?
On peut voir dans certains montages, un raccord direct de la diode D2
en sortie d'un pont de diodes. Si l'alimentation continue fournie par
le bloc secteur ne contient pas de régulation (juste pont de
diodes et condensateur de filtrage), la diode D1 du schéma
proposé peut paraitre superflue, puisque les deux diodes du pont
qui apportent l'alternance positive assurent déjà la
fonction "anti-retour" de la tension de la batterie. On peut
effectivement omettre la diode D1, mais si et seulement si il n'y a
vraiment rien entre le pont de diodes et la tension à secourir.