Dernière mise à jour :
05/10/2014
Préambule
Déjà, que signifie RF ?
RF =
Radio
Frequency.
Ce terme désigne
l'ensemble des fréquences qui sont utilisées dans le
domaine de la radio, de la télévision, des
radiocommunications en général. Comparée à
la plage des basses fréquences (AF = Audio Frequency, LF = Low
Frequency), la plage des fréquences RF est bien plus large et
englobe de nombreuses applications. Sans entrer dans les
détails, et sans vouloir donner (volontairement) trop de
chiffres,
sachez qu'entrent dans le domaine de la RF les grandes ondes (RTL en AM
par exemple), les radios FM (88 MHz à 108 MHz), les bandes VHF et
UHF
utilisées pour la télévision analogique et
numérique
(quelques centaines de MHz), les bandes de fréquence
utilisées
pour les téléphones portables (900 MHz, 1800 MHz).
Présentation
Les montages qui suivent peuvent être ajoutés à
l'entrée audio d'un appareil (préampli, ampli) dont la
sensibilité à la réception de radios, de CB, ou
autres émetteurs, est trop élevée. Ils consistent
à filtrer les fréquences situées au delà
d'une certaine limite, cette limite étant placée au
delà de la limite haute de la bande audio, donc
bien au-dessus de 20 KHz. En pratique, ce genre de filtre constitue un
barrage
aux fréquences supérieures à 150 KHz .. 1 MHz. Pour
un filtre RF placé sur une ligne d'alimentation 12 V continu,
voir page
Filtre
alim 001. Pour un filtre RF placé sur une ligne d'alimentation
secteur 230 V, voir pages
Filtre
secteur 001 et suivantes.
Pourquoi mon équipement audio reçoit la radio ?
Normalement, pour recevoir la radio, ou pour pouvoir entendre des
CiBistes ou radio-amateurs, il faut disposer d'un récepteur
adéquat, dont on peut accorder la fréquence de
réception à
la valeur désirée. Il faut réaliser un montage
particulier, avec des composants dont les types et valeurs sont choisis
pour effectuer cette tache. Et en temps normal, un préampli
micro, un préampli guitare, un ampli ou une enceinte
amplifiée, n'est pas du tout conçu
pour permettre celà. Alors comment cela est-il possible ?
Et bien, plusieurs causes possibles à celà...
Premièrement, votre préampli est un préampli...
ce qui veut déjà dire qu'il est conçu pour
amplifier
dans une certaine proportion le signal que vous allez lui fournir
(micro,
guitare par exemple). La (parfois grande) réserve
d'amplification
dont il dispose, le rend particulièrement sensible à des
signaux
qu'il n'est pas censé traiter : les rayonnements
électromagnétiques environant (le 50 Hz pour ne citer que
celui-là, car il est partout), et les signaux RF (les
émetteurs radios et télé, les CiBistes, etc). Et
bien que n'étant pas à l'origine étudié
pour récupérer le signal audio transmis dans les ondes
RF, un préampli est tout à fait capable de le faire, de
façon totalement "parasite". Il suffit en effet d'une jonction
de transistor (que l'on peut assimiler à une diode) et
d'une capacité "parasite" pour former un détecteur
d'enveloppe RF, tel que celui que l'on trouve dans les
récepteurs radio AM simples. Ajoutons à celà
un cable BF de grande longeur qui fera office d'antenne, un connecteur
mal soudé ou
oxydé dont une partie devient semi-conductrice, la
proximité d'un émetteur radio, et l'on a un bon petit
récepteur radio pour pas cher, mais pas voulu non plus. C'est
un phénomène connu, et pour lequel les concepteurs
serieux de circuits audio faibles niveaux ont prévu la parade au
sein même de leur équipement : en
ajoutant un filtre RF. Pour les équipements non dotés de
filtre RF (filtre non pensé ou tout simplement non
implémenté pour des raisons de coût de
fabrication), il est possible d'en rajouter un. Il est bien
évident que l'ajout d'un tel filtre requiert un
minimum de soin et d'expérience en électricité ou
électronique, notemment pour ce qui est des soudures. Je ne
saurai
vous conseiller d'ajouter un tel filtre si vous avez la moindre
hésitation,
et encore moins si l'appareil est sous garantie. Autre solution,
fabriquer
un petit boitier externe à l'équipement,qui se placera au
plus près de l'entrée à protéger.
Là,
pas grand risque d'abîmer l'équipement, vous pouvez donc
tenter
sa réalisation même si vous n'êtes pas sûr
à
100 %.
Schéma 001
Voici le schéma d'un filtre RF, destiné à une
entrée BF symétrique (pour une entrée
asymétrique, supprimez simplement la moitié
inférieure). Nul doute que si vous cherchez un peu sur internet,
vous trouverez d'autres schémas, plus ou moins identiques, avec
des valeurs de composants plus ou moins différentes. En fait, il
y a de fortes chance que le schéma que vous trouverez ici ou
là remplira son rôle et sera efficace. N'hésitez
pas à expérimenter plusieurs de ces schémas le cas
échéant (voir aussi le schéma 2 ci-après).
Les deux condensateurs C1 et C2 sont de
type céramique ou plastique, ils constituent un filtre passe-bas
avec les
selfs
L1 et L2,
qui sont des selfs de choc de type VK200. Les
deux résistances R1 et R2 sont facultatives, elles peuvent
être
ajoutées pour amortir les oscillations qui pourraient survenir
lors
de la réception de signaux dont la fréquence se situe au
voisinage de la fréquence de coupure, sachant cependant que cela
se fera au détriment de la pente du filtre (atténuation
moins
forte pour les fréquences supérieures à la
fréquence
de coupure). La plupart des constructeurs ne mettent pas de
résistance
en parallèle avec la self, mais en mettent parfois une en
parallèle
avec le condensateur (valeur de 10 KO, 12 KO par exemple), qui se
rajoute à l'impédance d'entrée de l'étage
suivant, quand ce dernier ne doit pas être de type à haute
impédance d'entrée.
Schéma 002
Voici un deuxième exemple de filtrage RF, qui pourra
également vous être utile. Pour faciliter la
compréhension quant à son emplacement, j'ai "inclus" le
filtre dans un schéma existant de préampli micro. La self
L1 est une VK200, la même donc que celles utilisées dans
le montage précédent. Les deux condensateurs C1 et C2 de
10 nF sont de
type céramique ou plastique, ils constituent en association avec
la self L1, un filtre en PI.
Ce type de montage peut être mis à profit sur l'entrée d'un
préampli micro dont le gain est élevé. On retrouve ce genre de filtre
dans certains micros du commerce, par exemple dans le micro cravate
Sennheiser MKE2-60, ou pour être plus précis dans l'adaptateur alim
(qui permet l'usage sur pile 1,5 V ou alim phantom 48 V). Cette fois
côté XLR de sortie (après préamplification) et non entre capsule
electret et entrée préampli.
Les
selfs sont plus petites que la VK200 et soudées directement sur les
broches de la XLR, et les condensateurs de type CMS sont cachés (on ne
les voit pas sur la photo), miniaturisation oblige...
Systèmes prêt à l'emploi ?
On
trouve dans le commerce différents types de filtres RF, du "petit" pour
applications grand public au "gros" pour applications hautement
professionnelles (filtre à plusieurs pôles - vachement drôles à régler
- pour des cas d'émission et/ou réception critiques). Entre les
deux, des filtres prêts à câbler, avec des fiches N, F ou XLR par
exemple.
Ce
filtre est destiné à atténuer les réceptions parasites
d'émissions radio en AM (France Inter en GO par exemple), mais cela ne
l'empêche pas d'atténuer tout autre élément parasite permanent qui se
situerait malencontreusement dans sa zone de travail... A noter que le
fabricant de ce filtre préconise son installation au plus proche du
microphone et non au plus près de la console (pour limiter la baisse
d'efficacité lié au câble lui-même), mais qu'en cas de gêne le filtre
peut tout de même être placé côté console. Concernant le prix, c'est
juste plus de 60 euros pièce... un peu plus cher que si on fait un
filtre similaire soi-même ;-)
Montage
Le nombre de composants étant relativement réduit, vous
pouvez sans problème vous passer d'un circuit imprimé, et
souder
les pattes des composants directement entre elles (c'est ce qu'on
appelle
un montage en l'air). La chose sera assez simple si l'implantation peut
s'effectuer dans un équipement dont les connecteurs
d'entrée BF (jacks, XLR) sont raccordés à
l'électronique par des cables (en général
blindés), car il suffit alors de déssouder ces cables et
de placer les composants entre la prise et le cable lui-même. Si
les connecteurs d'entrée BF sont soudés directement sur
le circuit imprimé, les choses sont plus délicates et il
est alors préférable de monter le filtre dans un petit
boitier externe. C'est ce que j'ai fait pour un camescope Sony V5000
d'un cousin cinéaste, lequel choppait toutes sortes de
cochoneries ambiantes lors de tournage en plein air.
Les selfs de choc VK200 (L1 et L2) sont largement répendues et
faciles à trouver. Elle sont constituées d'une petite
ferrite
dotée de plusieurs trous dans lesquels on fait passer quelques
tours
de fil électrique. La photo ci-dessous montre une self VK200 de
type
axiale (une patte de chaque côté de la ferrite), mais
sachez
qu'il existe aussi un modèle radial (les deux pattes du
même
côté) permettant un montage vertical.
Remarques
Parfois, une simple
petite "perle" munie d'un seul trou dans lequel passe un petit morceau
de
fil électrique ou une patte de composant (résistance par
exemple), est mise en oeuvre pour faire office de self de
choc,
notement sur les
entrées signal, sorties signal, et branches d'alimentation.
Ah, je sens que vous apprenez une chose, là : un simple bout de
fil droit peut
être
assimilé à une self... Et oui, aux fréquences
élevées,
c'est le cas.
Je vous déconseille d'utiliser des selfs moulées toute
faites, comme
celles que l'on trouve sous la forme de résistances. Ces
dernières
présentent en effet une bonne faculté d'induction des
champs
magnétiques, et ajouter de la ronflette pour supprimer la radio
n'est
pas l'idéal...
Et un simple circuit RC ?
Un simple filtre passe-bas constitué d'une résistance
série et condensateur en parallèle sur l'entrée ne
pourrait-il suffire ? Si, bien sûr, et c'est d'ailleurs une
solution qui a été maintes fois utilisée sur des
entrées de préampli micro ou préampli phono
(RIAA). Par exemple, résistance de 1 KO avec un condensateur de
470 pF ou 680 pF, comme le montre le schéma suivant. Filtre inséré
juste entre connecteur d'entrée (filtre simple sur jack mono ou sur RCA
/ cinch, filtre double sur XLR ou sur jack stéréo ou symétrique) et
premier composant de l'étage préamplificateur ou amplificateur.
Mais moindres performances :
- d'une part, la pente d'atténuation d'un filtre RC est deux fois moindre que celle d'un filtre LC.
- d'autre part, la résistance série d'un tel filtre RC
forme avec l'impédance d'entrée du circuit
préampli qui suit, un pont diviseur qui atténue le signal
dans la bande utile, ce qui impose le choix d'une résistance de
faible valeur (par rapport à l'impédance d'entrée)
si on ne veut pas perdre trop en rapport signal / bruit. Et donc
utiliser un condensateur de plus forte valeur. Il fut une époque où un tel réseau RC pouvait suffire...
Et pour des circuits logiques ?
Même problème avec des entrées et sorties traitant
des signaux logiques, quand le circuit électronique se trouve en
environnement perturbé. L'ajout de filtres RF constitués
de self et condensateur(s) aide à renforcer l'immunité du
circuit contre des signaux RF parasites. Le schéma qui suit
montre des filtres RF dont la fréquence de coupure est
située aux alentours de 2 MHz (15 uH + 1 nF).
Il est assez fréquent de constater que les constructeurs
d'équipements électroniques pensent à
protéger plus les entrées que les sorties, pensant
à tord que les perturbation préfèrent
pénétrer par des entrées. Il n'en n'est pourtant
rien en pratique, les parasites perturbateurs savent profiter de
n'importe quel point d'entrée dans un équipement, qu'il
s'agisse du cable d'alimentation secteur, d'une entrée
(analogique ou numérique) ou d'une sortie (analogique ou
numérique). En ce qui concerne le filtre de sortie, il faut
regarder "à l'envers" le sens de passage des signaux
perturbateurs, c'est à dire que l'entrée du filtre RF de
sortie est "inversée" par rapport à un filtre RF
d'entrée. Sur le schéma précédent,
l'entrée du filtre d'entrée se fait au niveau du
condensateur (optionnel) C1, alors que l'entrée du filtre de
sortie se fait au niveau du condensateur (optionnel) C4.
Exemple d'application pratique
Le schéma suivant montre un exemple pratique d'un circuit
d'entrée d'une alarme domestique composée de circuits
logiques classiques (pas de microcontrolleur), constitué d'un
monostable CMOS dont l'entrée de déclanchement est
normalement raccordée à la masse via un contact
normalement fermé (NF).
On pourrait penser que comme l'entrée de l'alarme est
raccordée à la masse, les parasites éventuels ne
peuvent avoir qu'une très faible amplitude à
l'entrée du monostable. C'est oublier que le cable de liaison
situé entre le contact SW1 et l'entrée de l'alarme
constitue une superbe antenne à des fréquences de
fonctionnement élevée (plusieures dizaines à
plusieurs centaines de MHz), et que si d'un point de vue continu on a
bien 0 V (ou tout du moins une tension faible) sur la borne 1 du
connecteur J1, la captation de champs HF par le cable peut donner lieu
en ce même point 1 du connecteur J1, à des signaux
d'amplitude élevée, pouvant parfaitement perturber
l'alarme. L'alarme, si elle est basée sur l'emploi d'un
microcontrolleur, peut certes intégrer un filtre logiciel
permettant de limiter les déclanchements intempestifs, mais ce
type de filtrage doit ête un complément et non un
remplaçant.
Et pour les alimentations ?
Il
est des cas où la tension d'alimentation continue qui alimente un
montage de type HF, doit passer par un filtre RF pour empêcher la HF de
remonter vers l'alimentation (qui peut servir à autre chose). Dans ce
cas on peut placer une self de choc associée à un ou deux
condensateurs, le tout en série avec la tension continue.
La
self peut être montée avant le régulateur si le circuit à alimenter
risque de recevoir de la HF par les câbles d'arrivée de la tension non
régulée. Cela peut arriver par exemple dans un centre d'émission (télé,
radio, radiocom) où des rayonnements HF parasites parfois importants
baignent les lieux.