Un potentiomètre présente une courbe de variation fixée par le fabricant. La plupart du temps, cette courbe est de type linéaire (loi de variation A) ou logarithmique (loi de variation B), et convient dans la majorité des cas. Certaines réalisations peuvent cependant nécessiter l'usage d'un potentiomètre dont la courbe de variation est moins répandue que l'une de ces deux-là. C'est le cas par exemple du préampli micro Green qui pour son réglage de gain, nécessite un potentiomètre de type anti-logarithmique (loi de variation C). Vous pouvez aussi un jour avoir d'un potentiomètre de type logarythmique alors que vous possédez déjà un potentiomètre de même valeur, mais de type linéaire. Ou l'inverse.
Le présent article aborde la modification de la courbe naturelle de variation d'un potentiomètre, par simple ajout d'une ou de deux résistances à ses bornes. Vous apprendrez ainsi comment transformer un potentiomètre linéaire en potentiomètre (presque) logarithmique sans l'ouvrir. Soyez bien conscient cependant que la courbe idéale que vous recherchez ne pourra pas forcement être obtenue facilement, et qu'elle pourra nécessiter quelques calculs ou expérimentations supplémentaires. Cet article n'a pas pour vocation de vous fournir des valeurs clé en main, mais a pour vocation de vous faire réfléchir un peu. Il devrait toutefois rester abordable pour tout débutant en électronique. Pour plus de précisions concernant les valeurs de résistance à adopter, vous pouvez utiliser le logiciel PotModCurve, développé à l'occasion de l'écriture de ces lignes.
La courbe de variation d'un potentiomètre définit la façon dont la valeur ohmique mesurée entre le curseur et l'une des extrémités du potentiomètre, va varier quand le curseur va se déplacer du début à la fin de sa course totale. Pour simplifier la vision de la chose, on peut imaginer une courbe qui représente un pourcentage de la valeur ohmique totale (qui elle est fixe et correspond à la valeur maximale mesurée entre les deux extrémités) en fonction de la position du curseur.
Dans ce qui suit, j'appellerai Ra la portion de résistance (de piste) comprise entre le curseur et l'extrémité "haute" (extrémité 2), et Rb la portion de résistance (de piste) comprise entre le curseur et l'extrémité "basse" (extrémité 1).
Dans le cas d'un potentiomètre linéaire, la variation est progressive.
Quand le curseur se trouve au centre de la piste, la résistance ohmique que l'on peut mesurer entre le curseur et une extrémité est la même que celle que l'on peut mesurer entre le curseur et l'autre extrémité : Ra = Rb (si le potentiomètre est un modèle 100K, Ra = Rb = 50K).
Quand le curseur est à 80% de sa course (plus vers l'extrémité haute), Ra = 20% de la résistance totale et Rb = 80% de la résistance totale.
Là, il en va différemment. Quand le curseur se trouve au centre de la piste, la résistance ohmique que l'on peut mesurer entre le curseur et une extrémité n'est pas la même que celle que l'on peut mesurer entre le curseur et l'autre extrémité : Ra <> Rb. Pour donner un ordre de grandeur et pour compléter les trois exemples cités ci-devant, Ra = Rb quand le curseur est à 90% de sa course totale. Vous comprendrez aisément que l'on ne peut pas utiliser un potentiomètre de ce type dans une alimentation secteur pour ajuster finement la tension de sortie. En effet, la variation est lente quand le curseur se déplace vers une extrémité, et est très rapide quand le curseur arrive sur l'autre extrémité.
Ce type de potentiomètre possède une courbe de variation qui est le reflet miroir de la courbe de variation du potentiomètre logarithmique.
La première modification possible consiste à ajouter une résistance entre le curseur et l'extrémité "basse" du potentiomètre.
La courbe de variation que l'on va obtenir ici (celle affichée ici a été obtenue avec le logiciel PotModCurve) va très fortement dépendre de la valeur de la résistance ajoutée R1. Pour être plus précis, elle va dépendre du rapport entre la valeur du potentiomètre et la valeur de la résistance. Plus la valeur de la résistance fixe va s'éloigner (en diminuant) de la valeur de la résistance totale du potentiomètre, et plus la courbe de variation va s'éloigner de la ligne droite caractéristique de la variation linéaire. Si vous prenez un potentiomètre de 100k et une résistance fixe de 10k, la courbe sera quasiment celle d'un potentiomètre logarithmique. Si ainsi vous avez besoin d'un potentiomètre logarithmique de 4k7 pour un réglage de volume, et que vous n'avez sous la main qu'un potentiomètre linéaire de 4k7, il vous suffit de greffer une résistance fixe de 470 ohms entre le curseur et l'extrêmité basse !
La seconde modification possible consiste à ajouter une résistance entre le curseur et l'extrémité "haute" du potentiomètre.
Mêmes remarques que pour la modification précédente. Seulement là, si on reprend les mêmes valeurs que précédemment (potentiomètre de 100K et résistance fixe de 10K), la courbe résultante s'éloigne de l'autre côté de la courbe linéaire, et on se trouve en présence d'une variation de type anti-logarithmique.
La troisième modification possible consiste à ajouter une résistance entre le curseur et chacune des deux extrêmités du potentiomètre.
Dans ce cas, les courbes de variation obtenues peuvent être vraiment curieuses et ne pas correspondre à un véritable besoin. A moins de vouloir faire une blague à votre meilleur ami en trifouillant dans son ampli hifi de salon, vous trouverez peut-être une application particulière et utile à ce type de modification. A expérimenter.
Mêmes types de greffes que pour le potentiomètre linéaire. La première modification possible consiste à ajouter une résistance entre le curseur et l'extrémité "haute" du potentiomètre.
Là aussi, il est intéressant de constater que plus la valeur de la résistance fixe va s'éloigner de la valeur de la résistance totale du potentiomètre, et plus la courbe de variation va s'éloigner de la ligne courbe caractéristique de la variation logarithmique. Si vous prenez un potentiomètre de 100K et une résistance fixe de 10K, la courbe sera quasiment celle d'un potentiomètre linéaire. Amusant, comme constatation, non ?
La deuxième modification possible consiste à ajouter une résistance entre le curseur et l'extrémité "basse" du potentiomètre.
Auriez-vous par hasard pensé obtenir un résultat similaire à celui observé avec le potentiomètre linéaire ? Ca aurait pu, mais ce n'est pas le cas. Là, la courbe va aussi s'éloigner de la courbe log, mais dans le même sens. Comme si le log devenait "encore plus log". Je pense que cette configuration présente un intérêt moindre que les précédentes, mais ma foi, on ne peut jurer de rien et prétendre que ça ne servira jamais.
La troisième modification possible consiste à ajouter une résistance entre le curseur et chacune des deux extrêmités du potentiomètre.
Alors là, on peut obtenir des courbes sacrément tordues. Je ne trouve pas non plus d'applications à cette configuration précise.
Obtenir un potentiomètre logarithmique "plus logarithmique" qu'un potentiomètre logarithmique de nature, par le simple ajout d'une résistance sur un potentiomètre linéaire, pourrait vous donner envie de n'avoir qu'un seul stock de potentiomètres... Mais il faut bien que le système n'ait pas que ses avantages, sinon ce ne serait pas drôle.