Dernière mise à jour :
23/09/2012
Présentation
Pour notre cinquième enfant, venu au monde le 22/10/2009, mon ex-femme et moi avions voté pour une
naissance à domicile.
Ce choix n'était pas né d'un coup de tête, il avait été
murement réfléchi, et faisait plus ou moins suite aux constats faits sur les
accouchements précédents. Nos quatre premiers enfants avaient eu droit à un suivi
médicalisé en bonne et due forme, parmi lequel un certains nombre
d'examens pas obligatoires mais "fortement recommandés". Lorsque l'idée
est née, accoucher à domicile nous avait semblé demander plus de courage
que d'accoucher en milieu médical. Et puis, au fil du temps, après
quelques lectures et discussions avec des personnes fortement
impliquées et respectueuses de l'enfant et de sa mère, l'idée devenait
de plus en plus naturelle et de plus en plus évidente, et les petites craintes s'estompaient. Oui,
un accouchement peut se révéler difficile, et peut nécessiter la
présence de moyens humains et matériels "à la hauteur". Mais il n'y a
finalement pas plus de risques à la maison que dans un hopital ou une
clinique, on est même tenté de penser le contraire.
Avantages de l'accouchement à domicile
Une petite liste qu'on pourrait sûrement compléter.
- La mère accouche quand elle veut.
La notion de
programmation ou de déclenchement précipité (anticipé) ne règne pas.
Beaucoup de femmes ont droit à ce coup d'accélérateur même si l'enfant
n'accuse pas de retard et qu'il aurait pû naitre plusieurs
jours après. De notre côté, tous nos enfants sont nés environ deux
semaines avant terme, et nous avions envie que
l'accouchement se produise quand il doit se produire. Le
précipiter nous parraîssait anti-naturel et brutal (je ne parle pas
évidement des cas de force majeure).
- La mère peut accoucher où elle veut. Elle n'est pas clouée
au lit avec les jambes en l'air, accrochée à un système de monitoring dont les sons finissent
par énerver (augmentation de la douleur par "anticipation" de la venue
des contractions). Dans les heures et minutes qui précèdent la sortie
du bébé, elle peut encore marcher pour se dégourdir les jambes. C'est
tellement plus confortable que de se dire, allongée, qu'on aimerait
bien pouvoir bouger un peu ! Nous n'avons pas pour autant décidé du
lieu exact de la naissance dans la maison même. Ce sera peut-être dans le salon, dans notre
chambre, ou pourquoi pas dans la baignoire. Nous verrons bien le moment
venu.
- La mère accouche comme elle veut.
La position couchée, bien pratique pour le praticien mais bien moins
agréable pour la maman, n'est pas obligatoire et est même déconseillée,
et on peut lui préférer une autre position, telle celle à quatre
pattes, accroupie ou sur le côté. Là encore, l'inspiration naturelle de
la maman
dicte ce qui est le mieux pour elle le moment venu.
- La mère accouche dans l'ambiance qu'elle préfère, ce qui est tout autant profitable au bébé. Pas de néons agressifs (avec une
lumière douce ou avec des bougies, le bébé ouvre les yeux plus
rapidement), pas d'odeurs de médicaments qui planent dans l'air (il me
semble que l'odeur des parents est moins agressive, même la mienne).
L'odeur du bébé qui vient de naître (ainsi que celle des eaux
expulsées juste avant) est tellement agréable... et tellement
plus accessible chez soi !
- Pas besoin de se battre pour garder le bébé près de soi (contre soi)
juste après la naissance. Pas de séchage complet rapide, pas
d'aspiration dans les narines, pas de couveuse pour systématiquement
remonter la température du petit corps qui curieusement est toujours
trop basse et présente un danger si on ne fait pas ce qu'il faut dans
cet ustensile plus ou moins stérile...
- Peut-être bien moins de microbes à la maison
qu'en milieu hospitalier. Mais mes appareils électroniques -
multimètre, oscilloscope - ne peuvent aucunement confirmer ce point...
ils ne sont pas faits pour ça et je manque d'un tel bon sens...
- Pas de souffrances ni marques psychologiques laissées à l'enfant,
suite à des interventions brutales (forceps) et à des manipulations par
des inconnus qu'il ne reverra sans doute plus jamais par la suite.
Refus de l'hopital ?
Non, absolument pas ! L'idée d'accoucher à domicile
n'excluait pas l'éventualité d'un
accouchement à l'hopital en cas de difficulté. Nous avions
d'ailleurs "réservé une place" afin de pallier à
toute éventualité, bien que notre confiance était telle que
nous ne croyions pas cela absolument nécessaire. Nous savions bien
qu'il existait des cas
où l'on sait à l'avance que l'accouchement doit
impérativement se faire à l'hopital, pour raison X ou Y.
Mais ces cas constituent une minorité, les accouchements se
passent bien dans la majorité des cas et c'est bien heureux
ainsi ! L'idée ici n'est nullement de dire "Evitez l'hopital
pour les accouchements et préférez votre maison", mais
plutôt de dire "Si vous avez envie d'accoucher à domicile,
sachez que c'est possible !".
Accouchements passés - Faits inacceptés
Nous devons reconnaître que les
quatre premiers acouchements se sont déroulés sans problème
particulier, mais plusieurs points nous ont beaucoup géné voire profondement atteint. Certains ont été ressentis dans l'instant,
d'autres l'ont été après coup. Pour le premier accouchement, tout
ce que nous avons considéré ensuite comme abbérations,
n'apparaissait pas forcement de façon évidente comme éléments négatifs.
Nous avions lu quelques ouvrages sur la question (dont ceux de Laurence Pernoud) bien
avant cette première naissance, et nous pensions connaître le minimum requis
pour "débuter en toute confiance". En bons moutons, les règles établies
nous semblaient justes dans l'ensemble. Pas de précipice en vue.
Points commun aux quatres naissances, dans quatre hopitaux différents
Ou "
Le manuel du parfait accouchement", en quelques lignes facilement assimilables...
Insistance sur la péridurale, pour une naissance moins "stressante"Mon ex-femme ne voulait pas de péridurale, elle avait conscience
que la douleur est nécessaire pour un accouchement réussi.
-
Etes-vous vraiment certaine de ne pas vouloir de péridurale ? Vous
savez, contrairement à ce qu'on peut entendre dire, le risque est
très faible. Et il serait dommage de vous priver d'un anti-douleur
aussi moderne et aussi efficace, que la grande majorité des femmes
réclame et considère ensuite comme une avancée considérable de la
médecine : vous n'êtes pas obligée de souffrir !
- Non, je ne veux pas de péridurale.
-
Bon, comme vous voulez. Mais sachez qu'une fois le travail
commencé, il vous sera difficile, voire impossible, de la
demander.
- Ce n'est pas grave, je n'en veux pas.
- D'autres femmes disent aussi ça au début...
Tout est fait pour nous convaincre qu'il n'y a pas mieux.
L'accouchement semble vraiment horrible à vivre sans cet acte bienvenu.
Mais mon ex-femme voulait "prendre le risque". Nous aurions tout de même bien aimé
entendre un discours alternatif évoquant les avantages et inconvénients
des deux méthodes, avec ou sans péridurale.
Perçage de la poche des eauxCe
point a été "obligatoire" pour la naissance des quatres enfants, qui
tardaient trop à venir du point de vue du médecin... C'est qu'il y
avait tant de mamans derrière nous qui attendaient leur tour...
Eclairage intense pour bien voir les plis du bébéComme
tout est clair, bien blanc, bien éclairé... Des néons partout au
plafond, des lumières clignotantes et des courbes animées sur les
appareils techniques pour un accueil "sapin de Noël". Il faut bien que
les acteurs principaux voient parfaitement ce qu'ils font. Et puis
pensez donc, un évenement pareil, ça se fête !
- Le bébé qui vient d'un milieu sombre ne va-t-il pas être ébloui en sortant ?
-
Ne vous inquiétez pas, il aura le même réflexe que
vous : si la lumière le gêne, il gardera les yeux
fermés.
- Ah...
Eloignement immédiat du bébé pour le rendre rapidement tout beau tout propre à la mamanQuel
merveilleux bébé tout brillant ! Mon dieu ce qu'il est beau dans son
pyjama tout neuf... Heureusement que vous l'avez bien nettoyé et que
vous lui avez mis vous-même son vêtement car je n'aurais sans doute pas
su comment faire. Sauf peut-être si vous m'aviez expliqué... Ses
narines ont été débouchées ? Oh, ça a du lui faire bizarre. Mais si
vous le faites, c'est que ça doit être nécessaire pour son
bien-être... Et puis les mesures, la prise de poids et tous ces petits
exercices annexes sont tellement importants, mais si rapides et si
bien faits, que l'on bien peut se permettre d'attendre un peu avant
de voir revenir le bébé vers nous. On n'est pas pressé, on a toute
la vie devant nous...
Insistance pour donner le biberon et laisser la maman se reposerException
faite pour Flavie (notre premier enfant), il a fallu nous battre pour garder notre bébé près du
lit de la maman, pour qu'il ne parte pas dans la "nurserie".
Il faut reconnaitre que le corps médical a des arguments convaincants :
- Ne vous inquiétez pas, on va bien prendre soin de votre bébé, on lui
donnera nous-même le biberon et vous pourrez dormir tranquille. Vous
êtes fatiguée et il faut vous reposer.
- Mais non ! je veux que mon bébé dorme à côté de moi et je veux l'allaiter !
-
Comme vous voudrez, on disait ça pour votre bien. Mais voici tout de
même le premier biberon, au cas où ça ne se passerait pas bien...
Pensez-vous
qu'une petite phrase du genre "Si vous souhaitez allaiter votre bébé et
que vous rencontrez des difficultés, n'hésitez pas à nous demander
conseil" n'aurait pas rendu l'accueil plus chaleureux ? Mais on ne va pas trop bousculer les protocoles, n'est-ce pas ?
Naissance du premier enfant
| Flavie - 30 octobre 1998 Comme bien des femmes et malgré nos lectures
passées, nous ignorions bien des choses, particulièrement par
manque d'informations promulguées par les spécialistes rencontrés lors
des premiers examens pré-nataux. |
Nous savions à quoi correspondait une
épisiotomie, et qu'elle pouvait être nécessaire. Flavie est notre seul
enfant pour lequel cet acte a été "nécessaire en vue de faciliter les choses". Armelle n'en a pas
autant souffert que d'autres femmes, heureusement.
Naissance du second enfant
| Timothée - 22 janvier 2000 Pour
lui, nouvel être humain extraordinaire de beauté - comme les
autres, pas de ponctuation particulière, si ce n'est le petit
carton rose sur son pied, à cause de la lettre "E" à la fin de son
prénom, qui a fait penser aux employées de l'hopital qu'il s'agissait
d'une fille... |
Amusement
qui s'est répété le lendemain à la mairie pour
la déclaration de naissance, où Timothée a été noté "sexe féminin" sur
le livret de famille. Cette erreur a été difficile à faire
corriger car
je ne m'en suis rendu compte qu'en rentrant à la maison,
et l'employée a qui j'ai demandé la correction refusait au début
de
raturer le document officiel. Mais avec des sourires larges "comme ça",
ça a fini par s'arranger.
Naissance du troisième enfant
| Adèle - 28 février 2003 Troisième
naissance, ma femme commençait à se connaitre un peu, et le moment des
contractions était venu. Nous avions chronométré la durée et
l'espacement des contractions, qui étaient rapprochées et régulières.
Au moment où nous nous rendions à l'hopital, nous pensions (et étions presque sûrs) que nous n'étions pas trop en avance.
|
La sage-femme qui
nous a accueilli a branché le monitoring, et a déduit des "mesures
techniques" délivrées par l'appareil super sophistiqué que les
contractions ressenties par Armelle n'en étaient pas (sic). La naissance n'aurait pas lieu ce jour. Nous
l'avons gentiement informée qu'il s'agissait là de la troisième grossesse et que
nous pensions franchement que le moment était proche, et que vu la
régularité il s'agissait fort probablement de contractions. "Je comprend que vous soyez pressés,
mais vous pouvez tranquillement retourner chez vous. Je peux vous assurer
que le bébé n'arrivera pas avant demain".
Inutile
de se battre, j'ai
ramené Armelle à la maison, nous étions en début d'après-midi. Au bout
de quelques heures, les contractions augmentaient sérieusement en
intensité et nous savions maintenant que le bébé souhaitait nous
rencontrer. Heureusement que l'hopital était juste à trois
kilomètres de chez nous, et que nous n'avions que trois étages à
descendre à pied (l'ascenseur était évidement en panne) ! Dans le hall
d'accueil de l'hopital,
nous annonçons à la sage-femme - que nous avions quitté quelques heures
auparavant, que c'était le moment. Elle nous fait comprendre d'un signe
de tête que l'on est du genre têtu, mais accepte de jeter un oeil. Et
quand elle voit la tête du bébé, branle-bas de combat, elle appelle en
urgence l'accoucheur, qui dine avec des amis et arrive in-extremis pour
accueillir le bébé dans ses bras, sans prendre le temps de nous dire
bonjour, ni bonsoir. Ses seuls mots, de ces deux minutes d'entrevue,
seront : "Ouf, il n'est pas trop tard, je vais pouvoir terminer mon
diner.". Dois-je préciser que ses 400 euros de dépassements d'honoraire
me semblaient parfaitement justifiés ?
Adèle s'était endormie rapidement et j'étais rentré à la maison. Au bout de 9 heures de
sommeil continues, une gentille dame est venue dire à Armelle que
cela était fort inquiétant et qu'il fallait absolument réveiller le
bébé pour lui donner à boire. La raison d'une telle durée de sommeil ?
Très simple, elle porte un gilet et elle a trop chaud... La solution ?
La déshabiller pour qu'elle se réveille (...). Incroyable ! Et malgré
les protestations de Armelle qui ne peut pas bouger de son lit, cette
gentille dame a pris Adèle dans ses bras, l'a déshabillée et lui a
donnée un biberon de force. Tout le lait coulait à côté de la bouche de
la petite, qui restait endormie malgré cette brutalité
incompréhensible. Armelle a du se résigner et a laissé faire, le coeur
gros. Une fois le biberon à moitié vidé, la gentille dame à reposé
notre bébé dans son berceau, sans prendre la peine de lui remettre son
pyjama ! Nue et toujours endormie.. Dans la foulée, quelqu'un est venue
dire à Armelle qu'elle devait changer de chambre, elle était en train
de rhabiller notre bébé. Ma femme m'a raconté cet épisode le lendemain,
je ne sais pas ce que j'aurais fait si j'avais été présent... Nous
avons tous deux espéré de tout coeur que le sommeil de Adèle était
assez profond pour qu'elle ne se rende compte de rien. Vous rendez-vous
compte que l'on puisse affliger un tel traitement à un bébé qui
n'a même pas un jour ? Cet accident à lui seul aurait dû nous inciter à
réfléchir sur un autre lieu d'accouchement. Mais que voulez-vous, on se
dit toujours qu'il existe des gens bizarres ici ou là, et que le risque
que ce genre de mésaventure se reproduise dans le prochain hopital
était statistiquement minime.
Naissance du quatrième enfant
| Louise - 22 mai 2005 Là,
l'accueil a été un peu plus chaleureux, même si tout le monde courait
dans tous les sens. C'était nuit de pleine lune, imaginez donc. |
Louise
est née dans la salle de préparation car toutes les salles
d'accouchement étaient occupées. On n'était pas très à l'aise car
on avait compris que tout se passerait là, dans un endroit "pas
prévu pour". Une fois le bébé expulsé, tout a été très vite.
Tellement vite qu'il a été emmené dans une autre pièce avant même
que nous ayons pû prendre connaissance de son sexe ! Moi-même ai pû le
voir juste après car j'ai suivi le bébé, mais ma femme a du attendre
mon retour avec lui pour le savoir. On se croyait un peu dans un film
de Jacques Tati avec son brâve facteur... "Rapidité, rapidité !".
Naissance du cinquième enfant (à domicile)
| Zélie - 22 octobre 2009 Troisième enfant sur les
cinq à être né un 22, c'est marrant. |
Zélie
est donc née à la maison, c'était une première pour nous et une
expérience vraiment très riche. Armelle et moi étions très heureux de
cette naissance, qui s'est très bien
déroulée, avec l'aide de deux femmes extraordinaires
(Béatrice notre sage-femme et Viviane, accompagnatrice). Quel plaisir
que de
pouvoir garder notre bébé avec nous et contre nous
dès sa naissance. Pas de "reniflette", pas de lavage rapide,
pas de lumière excessive, des yeux qui nous regardent comme...
comment dire... c'est émouvant !
Associer nos enfants à l'accouchement à domicile ?
La
réponse n'était pas évidente. Notre plus grande
était âgée de 10
ans, et
la question faisait penser à l'interdiction de présence des
enfants en
milieu médicalisé pour éviter les infections.
Mais les risques
d'infections ne sont pas les mêmes chez nous, nous n'avons pas retenu
cet
argument. Risque de choquer ? Il est vrai qu'il fut une
époque où
les naissances avaient lieu à la maison, et que les enfants en
étaient
systématiquement écartés. En
même temps, quoi de plus naturel qu'une naissance... Les
mentalités
et l'idée qu'on se fait des enfants ont bien
évoluées, et le
risque de
choquer me semble faible si on s'attend à ce qu'on va voir ou
entendre.
A condition bien sûr d'avoir l'âge de comprendre. Nous en
avons
beaucoup parlé avec nos quatre enfants, et même la plus
petite, qui vient d'avoir quatre ans, était très
attentive et a
semblé parfaitement comprendre quand nous
avons dit qu'une naissance était douloureuse, et que la maman
pouvait
crier très fort à cause de la douleur. J'ai osé
poser la question à ma
plus grande : "Aimerais-tu assister à un accouchement ?".
Savez-vous ce
qu'elle m'a répondu ? "Oui, parce que que quand je serai grande,
je
voudrais aussi accoucher à la maison.". J'avoue que je ne
m'attendais
pas à cette réponse. Finalement, l'accouchement a eu lieu
en pleine nuit pendant que les enfants dormaient. Ils ont tous
été reveillés par les cris poussés par la
maman - qui ne s'est pas retenu tellement ça lui faisait "du
bien", et se sont radinés dans le salon une minute à
peine après l'expulsion. C'était un super moment pour
eux, ça se voyait nettement à leur regard porté
sur le nouveau-né. Le bébé était bien sorti du ventre de la maman, il ne venait pas d'un lieu étrange qu'on appelle maternité.
Histoire d'une grossesse et d'une naissance, à la télé
Avant l'accouchement (c'était en juillet 2009), nous avions
regardé en famille un documentaire où le
réalisateur avait suivi la grossesse et l'accouchement d'une maman,
dont le métier l'amenait à vivre près de dauphins. Nous avons tous
trouvé le documentaire riche en informations, avec des images de
synthèses efficaces appuyant les dires de la voix off. A ce titre, la
formation et l'évolution de l'embryon au fil des mois étaient très bien
représentées. Une chose nous a cependant gêné : la maman avait
choisi la
péridurale, et on ne la voyait faire quasiment aucun effort lors de
l'accouchement : quelques sourires et aucune grimace. Cela produisait
un effet très bizarre, comme si elle
était totalement ailleurs, éloignée de son accouchement. Bien entendu,
personne chez nous ne s'attribue le droit de juger quoi que ce soit ni
qui que ce soit, et la péridurale est un choix propre à chaque mère.
Mon ex-femme n'en a jamais eu et n'en a toujours pas voulu pour le
cinquième, et
elle a pourtant une bonne idée de ce qu'est un accouchement !
Naissance du cinquième enfant
Je voulais ici à tenir une sorte de petit journal, pour compter
notre
aventure, qui pourrait enrichir les témoignages existants des
mères qui
ont eu le plaisir de pouvoir accoucher à domicile, et qui
profitera peut-être à celles
qui se questionnent. L'accouchement était
prévu pour le 9 novembre 2009, mais le bébé a fait
comme ses quatre frère et soeurs, l'envie lui a prit de
s'annoncer un peu avant. Après
tout, il est venu quand il en a eu envie, c'était une affaire
convenue entre lui et sa maman.
01/07/2009 - Préparatifs
Nous avions fait les démarches nécessaires pour trouver
une sage-femme
qui accèptait de nous assister chez nous. Elles étaient peu
nombreuses car
tout était fait, du côte administratif et des assurances,
pour les décourager de pratiquer en dehors des lieux médicalisés. Nous en avons trouvé une sur Rambouillet (près de Paris),
avec qui le courant passait
bien, ce qui évidement était une condition essentielle pour qu'on
se sente
rassuré pendant la phase de préparation et la phase
finale. Nous avons également choisi d'être accompagnée par une
doula, Viviane (aussi de la région parisienne), cette même merveilleuse femme qui nous a entrainé avec
passion dans le cheminement des habiletés parentales pour des
relations plus saines entre parents et enfants.
10/10/2009 - On est prêt !
Les accessoires indispensables à la venue du bébé étaient quasiment tous là, à portée de main. Le petit
lit était installé à côté du notre,
l'aménagement de la chambre des deux plus petites était terminé (nouveau lit superposé et
nouvelle commode). On sentait que le petit avait un peu de mal pour
faire de grand mouvements, le ventre était bien tendu... Nous avions aussi notre grande bâche "de
bricolage" qui servirait à priori plus dans notre maison que dans
le jardin. Il nous manquait encore un second arbre à planter, sous
lequel le placenta devait être placé juste après
la naissance. Armelle a écrit une chanson pour cet heureux évenement où tous les membres de la famille ont collaboré :
Le gros bidon.
22/10/2009 - C'est fait !
Super moment que nous avons vécu là. Le
bébé est né dans le salon, alors que nous avions
plutôt préparé la chambre à coucher des
parents. Les deux femmes qui nous ont assisté ont vraiment fait
un boulot remarquable. Une présence comme on aime
(discrète et utile à la fois), des encouragements comme
il le fallait. Sur les conseils avisés de la sage-femme, j'ai
fait une poule au pot le soir même. Il parraît que c'est
bourré de bonnes choses et que ça re-vitamine du
tonnerre. Que dire de plus... si nous avions envisagé une nouvelle grossesse, le terme aurait été assuré à domicile.
Le mot de ma femme Armelle
C'est
moi qui maintiens à jour ce site internet, mais il aurait
été injuste de ne pas lui laisser la parole. Elle me semblait
tout de même concernée par tous ces évenements... Nul doute qu'elle
était plus à l'aise pour écrire des mots sur les vies qu'elle
avait données et sur ce qu'elle vivait, plutôt que des mots expliquant
le rôle joué par des condensateurs ou des
transistors dans un poste de radio.
Paroles d'Armelle - Avant naissance
L'idée d'accoucher à la
maison a fait son chemin dans ma tête à chacune de mes
grossesses... Mais, cette fois-ci, c'était une évidence !
Depuis le 1er mois de cette 5ème grossesse, j'ai fait des
rencontres tellement humaines et chaleureuses (sage-femme,
accompagnatrice à la naissance), entendu et lu des
témoignages émouvants de parents et découvert des
auteurs passionnants sur le sujet que je regrette de ne pas avoir fait
vivre cela à mes autres enfants et à moi même
auparavant. Sans parler, bien sûr, du partage avec mon mari qui
se prépare autant que moi à cet accouchement et dont le
"rôle" est forcément bien différent chez nous
qu'à la maternité. Ce qui me paraît essentiel dans
l'accouchement à domicile, c'est simplement le fait d'être
considérée comme une femme qui a besoin de se sentir
protégée, sécurisée, écoutée
et donc libre et entourée des personnes qu'elle a choisies. Et
non pas comme une patiente parmi tant d'autres à qui tout un
rituel médical est imposé dès qu'elle entre
à l'hôpital. Il ne s'agit pas de remettre en cause tous
les actes médicaux et les énormes progrès qui ont
été faits dans ce domaine, mais simplement de ne pas les
systématiser, voire de les imposer. Le rôle des
hôpitaux est de soigner des pathologies, des maladies, des
problèmes de santé, ce qui est loin d'être le plus
courant quand une femme accouche. De plus, très souvent, c'est
l'hôpital qui provoque des besoins : le fait d'être sur le
dos est la position la pire pour une femme qui accouche car l'ouverture
naturelle pour laisser passer le bébé ne se fait pas
aussi bien qu'à quatre pattes ou accroupie ou allongée
sur le côté... L'accouchement est donc plus long, les
douleurs plus fortes, d'où la péridurale qui
empêche de sentir les sensations essentielles pour aider le
bébé à "tracer" son chemin vers la sortie,
d'où parfois les forceps, voire la césarienne. Et pour
finir, l'attention portée au bébé à
domicile est sans commune mesure avec ce que j'ai
déjà vécu à l'hôpital : d'abord
il est accompagné jusqu'au bout dans l'effort qu'il fournit pour
naître par toutes les sensations qu'éprouve sa mère
toute au long de son "chemin". C'est alors une formidable rencontre
où chacun des deux a donné tout ce qu'il pouvait
pour rejoindre l'autre. Et il naît dans le calme et sous une
lumière tamisée. Il n'est pas immédiatement
enlevé à sa mère : le laver, le peser, le
mesurer..., tout ça peut attendre ! Bref, vous l'aurez compris,
je me réjouis vraiment de cet accouchement chez moi et me sens
bien entourée, très sereine et confiante (bien plus que
si je devais retourner à la maternité). Suite de nos
aventures en novembre, après l'accouchement !
AAD (Accouchement A Domicile) : on y tient !
Le développement
de l'accouchement à domicile en France suit une courbe bien
particulière. Si certains pays adoptent un développement fait pour le
bien être des mamans et des bébés, la France semble avoir furieusement
besoin d'être "réorienté". Dans certaines régions, la pratique de l'AAD
n'est pas seulement critiquée, elle est aussi attaquée de
façon virulente. C'est que certains praticiens exerçant en milieux
"officiels et sécurisés" n'aiment pas qu'on marche sur leur
plate-bande. J'ai à ma connaissance plusieurs sages-femmes qui sont
ouvertement accusées de "mauvaises pratiques" (même après 500
accouchements pratiqués en parfaites conditions), avec tout ce qu'il
faut
derrière pour les décourager : des assurance hors de prix (25000
euros par an), des convocations par le conseil de l'Ordre des sages-femmes
visant à faire un "état des lieux" de leur pratiques, et bien sûr des
plaintes posées par des "collègues" qui ne prennent même pas le temps
d'en savoir plus sur ces procédés de sorcières. Comme d'autres, je suis
effaré de constater à quel point il est difficile de faire prendre
conscience à notre gouvernement, tout ce que l'AAD a de bon. Pourquoi
donc ainsi s'obstiner à renier ce que les autres pays annoncent comme
de véritables avancées, et qu'ils n'hésitent pas à développer ?
Certaines sages-femmes sont à ce point dégoûtées, lasses de se battre,
qu'elle finissent par démissionner. J'ai par le passé connu des
pratiques similaires au sein d'une certaine entreprise : à force de
pomper les gens, on sait qu'ils finiront bien par lâcher. Mais
avec un soutien largement affiché auprès des personnes visées, je pense
que ça peut les aider à tenir bon. Mon petit mot n'a sans doute qu'un
poids limité face à la machine de guerre contre laquelle if faut se
battre, mais je tiens à souligner à quel point l'expérience que ma
femme et moi avons vécue à la maison nous a fait du bien. Les
lignes qui précèdent sont bien là pour en témoigner ! Oui, je fais
partie de ceux qui sont pour l'accouchement à domicile,
laissons aux mamans le loisir de faire leur propre choix, et
saluons encore une fois ce merveilleux travail assuré par ces femmes
d'exception que sont les sages-femmes.
Bibliographie et liens utiles
Répertoire des sage-femmes pratiquant l'AADAssociation Bien naître et grandirAssociation YAPOCKSages-femmes Nord AlpesIntimes naissances - Juliette et Cécile Collonge (éditions La Plage)
Attendre bébé autrement - Catherine Piraud-Rouet et Emmanuelle Sampers-Gendre (éditions La Plage)
Vivre sa grossesse et son accouchement - Isabelle Brabant (éditions
Chronique Sociale)