Dernière mise à jour :
03/04/2011
Présentation
Un égaliseur audio est un appareil doté d'une ou deux entrées audio
(selon qu'il est de type mono ou stéréo) et d'une ou deux sorties
audio. On le distingue assez facilement des autres appareils audio par
le nombre parfois élevé de potentiomètres (rectilignes la plupart du
temps) qui ornent sa face avant.
L'égaliseur permet de "modeler" la réponse en fréquence d'un signal
sonore, pour corriger l'accoustique d'une salle par exemple. Le
"modelage" de la réponse en fréquence se fait au moyen des
potentiomètres dont le nombre dépend de l'appareil et de ce qu'on peut
attendre de lui, chaque potentiomètre permettant d'augmenter ou de
diminuer la proportion des sons appartenant à une bande de fréquence
bien précise. Un égaliseur peut être vu comme un ensemble de filtres
montés en parallèle, chaque filtre laissant passer plus ou moins une
partie du spectre audio et étant le plus possible indépendant des
autres.
Nombre de bandes et largeur de bande
Le nombre de bandes correspond au nombre de tranches de découpe dans la
bande audio. Un égaliseur à trois bandes (que l'on qualifie plutôt de
correcteur de tonalité) peut par exemple se partager la bande audio
complète en trois sous-bandes qui sont la bande des graves, la bande
des médiums et la bande des aigus. Si aucune valeur précise de
fréquence centrale n'est précisée pour chacune de ces bandes, c'est
parce que l'idée est plus d'obtenir un réglage de confort auditif
plutôt qu'un réglage de correction pointu. Bien sûr, tout correcteur de
tonalité, qu'il possède un seul ou plusieurs réglages, possède des
caractéristiques techniques qui définissent de façon rigoureuse son
comportement. Caractéristiques techniques qui en général ne parlent pas
beaucoup à l'utilisateur lambda, qui préfère les termes bien plus
parlant "graves, médiums et aigus". Dans le monde professionnel,
l'usage d'un égaliseur n'est pas d'apporter un confort auditif
approximatif, mais de corriger des défauts d'accoustique. La précision
du modelage de la courbe de réponse du signal audio dépend
principalement du nombre de bandes et de leur largeur. Chaque bande de
fréquence est centrée sur une valeur généralement
normalisée, et la largeur de ces bandes dépend principalement du nombre
de bandes : plus il y a de bandes et plus ces dernières sont
étroites. Si on prend l'exemple d'un égaliseur à 10 bandes,
l'espacement entre deux bandes adjacentes (filtres) est de un octave.
Pour un égaliseur 30 (ou 31) bandes qui travaille au tiers d'octave, il
faut trois bandes adjacentes pour couvrir un octave.
Correction par
bande d'un octave
/ 10 bandes
Valeurs en Hertz, fréquence doublée à chaque
bond vers le haut
du
spectre :
31 - 63 - 125 - 250 - 500 - 1000 - 2000 - 4000 - 8000 - 16000
Correction par
bande au tiers
d'octave / 30 bandes
Valeurs en Hertz, fréquence doublée
tous les trois
bonds
vers le haut du spectre :
25 - 31 - 40 - 50 - 63 - 80 - 100 - 125 - 160 - 200 -
250 - 315 - 400 - 500 - 630 - 800 - 1000 - 1250 - 1600 - 2000 -
2500 - 3150 - 4000 - 5000 - 6300 - 8000 - 10000 - 12500 - 16000 - 20000
Correction par
bande au tiers
d'octave / 31 bandes
Valeurs en Hertz, fréquence doublée
tous les trois
bonds
vers le haut du spectre :
20 - 25 - 31,5 - 40 - 50 - 63 - 80 - 100 - 125 - 160 -
200 - 250 - 315 - 400 - 500 - 630 - 800 - 1000 - 1250 - 1600 -
2000 - 2500 - 3150 - 4000 - 5000 - 6300 - 8000 - 10000 - 12500 - 16000
- 20000
Chaque
filtre se voit confier la tâche de ne
laisser passer qu'une partie du spectre sonore, avec pour chacun une
largeur de bande qui permet un recouvrement des bandes
modéré mais suffisant. Si on excepte les deux filtres extrêmes, il
s'agit de filtres passe-bande et la fréquence qui est spécifiée
correspond à leur fréquence centrale. Le filtre travaillant
dans
la partie la plus basse du spectre est un filtre passe-bas et
le
filtre travaillant dans la partie la plus haute du spectre est un
filtre passe-haut. Pour ces deux filtres extrêmes, la fréquence
attribuée correspond à leur fréquence de coupure.
Amplification / atténuation
Pour chaque bande de fréquence, on peut apporter une atténuation ou une
amplification, fonction du surplus de son à réduire ou manque de son à
combler. Les égaliseurs audio analogiques présentent une plage de
variation de gain / atténuation qui est souvent fixe et qui dépend de
la
conception de l'équipement (on en trouve toutefois qui proposent deux
plages possibles). La plage peut s'étaler par exemple entre
-12 dB et +12 dB, soit une plage totale de variation possible de 24 dB.
Elle peut aussi être de +/-18 dB, ou encore de +/-6 dB. Les
égaliseurs audionumériques mettant en oeuvre des DSP (unités de
traitements numériques) peuvent quant à eux permettre de choisir la
plage de gain / atténuation couverte, par exemple de +/-6 db à +/-24
dB.
Une plage de +/-24 dB autorise à priori de grandes actions, mais au
détriment d'un réglage fin, sauf sur les égaliseurs tout numérique dont
le pas de réglage est de 0,1 ou 0,5 dB. L'utilisation d'une plage
réduite de +/-6 dB permet des atténuation ou gain plus faible mais
permet une plus grande souplesse de réglage, surtout si l'appareil est
analogique ou tout du moins avec des potentiomètres rectilignes comme
organe de réglage. Sur certains égaliseurs, il est possible de
spécifier la largeur de bande /
coefficient de surtension.
Analogique / numérique
Les premiers égaliseurs audio étaient de type analogique et
comportaient de "grosses"
selfs
(bobines) pour traiter les bandes de fréquence les plus basses du
spectre audio. La génération suivante a fait appel à des
AOP
(amplificateurs opérationnels) montés en gyrateur pour remplacer les
selfs. Cela n'a ni compliqué ni simplifié la conception,
mais a allégé un peu les équipements et surtout les a rendu
plus économiques à fabriquer. La génération actuelle est de type
numérique, le traitement a lieu dans le domaine numérique, via un ou
plusieurs DSP (Digital Signal Processor). Si un égaliseur
"tout numérique" dispose d'entrées analogiques et de sorties
analogiques, cela signifie simplement qu'il est doté de convertisseurs
A/N (pour les entrées) et N/A (pour les sorties). Le traitement par
voie numérique offre une souplesse incomparable car il autorise des
modifications qu'on ne pouvait que très difficilement prévoir sur des
appareils analogiques. En même temps, le côté un peu "chirurgical" du
traitement numérique ne donne pas le même son que celui que l'on avait
avec les appareils analogiques, naturellement dotés de leurs petits
défauts si caractéristiques (bruit, distorsion et/ou rotations de phase
n'étant pas de même nature).
Mise en oeuvre pratique
Si on peut imaginer procéder au réglage d'un égaliseur avec son oreille
comme seul outil, la chose est mal barrée. Une utilisation
sérieuse consiste à utiliser un générateur de bruit rose et un
analyseur de spectre audio pour "voir" en temps réel la réponse en
fréquence de la chaine de diffusion (incluant ampli et HP) pendant la
phase de réglage même. Pour ce faire rien de compliqué, mais il faut un
équipement de qualité.
- Brancher la source sonore de bruit rose à l'entrée de l'amplificateur
de puissance s'il est utilisé seul (amplification large bande) ou au
filtre actif qui précède les amplificateurs de puissance (si chacun est
dédié à l'amplification d'une bande de fréquence donnée).
- Placer un microphone de mesure (réponse en fréquence la plus linéaire
possible, c'est primordial) à l'emplacement où la mesure doit être
effectuée (par exemple au centre de la zone réservée aux auditeurs). Ce
microphone doit être relié sur l'entrée de l'analyseur de spectre.
- Ajuster les potentiomètres de l'égaliseur de telle sorte que
l'analyseur de spectre montre la meilleur planéité de bande
possible. Si par exemple on voit un creux de -4 dB à 1600 Hz, monter de
+4 dB la bande correspondance de l'égaliseur pour compenser la perte
constatée au point de mesure.
Notez qu'il est plus que conseillé de disposer d'un analyseur de
spectre dont le nombre de bandes correspond au nombre de bandes de
l'égaliseur. Ce n'est pas impératif 100% (on peut disposer d'un
égaliseur 30 bandes et d'un analyseur de spectre 10 bandes) mais c'est
tout de même plus pratique. Certains égaliseurs incorporent la
fonction analyseur
de spectre.
Elimination du larsen
Certains
égaliseurs intègrent une fonction anti-larsen qui détecte
automatiquement un accrochage et réduit le niveau à la fréquence
considérée. C'est le cas par exemple du modèle Ultragraph DEQ1024 de
Behringer (environ 160 euros en mars 2011) qui est de type numérique 31
bandes bien que sa face avant pourrait laisser penser qu'il s'agit d'un
modèle analogique.
Comment fonctionne un anti-larsen ? De façon fort simple. Quand le
larsen se produit, celà a lieu à une fréquence bien précise, qui dépend
du capteur (microphone) utilisé et de l'accoustique des lieux.
L'appareil surveille toute montée anormale de niveau électrique sur
l'ensemble de la bande audio et quand il voit une "pointe" surgir et
augmenter progressivement à une fréquence donnée, un filtrage très
serré est opéré sur la fréquence en question avec un filtre
réjecteur (notch). Comme le filtrage se fait sur une bande très
étroite, le signal audio est peu affecté. De toute façon mieux vaut que
le son soit légèrement affecté et que le larsen soit jugulé.