Dernière mise à jour :
11/12/2011
Présentation
Cela fait un petit moment déjà que l'on me questionne sur les principes
à mettre en oeuvre pour déclencher des lumières lors de la frappe sur
des percussions.
Des lampes de scène déclenchées sur un coup de grosse
caisse ou de caisse claire, des LED entourant les futs qui s'allument à
chaque impact et qui restent allumées un certain temps avec ou sans
extinction progressive, et avec éventuellement une intensité lumineuse
qui dépend de la force de frappe... Et bien sûr si possible sans
microcontrôleur. Il fallait bien qu'un jour ou l'autre j'aborde le
sujet.
Méthodes de détection des chocs
Il existe au moins deux approches simples pour déterminer quand un coup est porté sur une percussion :
-
détection des vibrations causées par le choc, à l'aide d'un capteur
piezo fixé à même le ou les futs. Dans ce cas il faut un capteur piezo
par élement de percussion.
-
détection sonore après captation par
microphone. Dans le cas où il y a captation par plusieurs microphones
et diffusion via console de mixage, on peut se repiquer sur des sorties
directes de la console ou sur des prises d'insert si ces dernières ne
sont pas déjà exploitées pour des compresseurs ou effets externes (dans
ce cas on relie simplement ensemble les deux points Send et Return et
on tire un simple câble blindé).
Dans les deux cas, on peut travailler selon deux méthodes :
-
fonctionnement en tout ou rien, la lampe s'allume complètement si
l'amplitude de frappe a dépassé un certain seuil (qu'on peut bien sûr
rendre ajustable) et reste allumée plus ou moins longtemps après
le choc (durée d'allumage elle aussi ajustable).
- fonctionnement en
mode dynamique, l'intensité lumineuse de la lampe (LED ou autre) est
alors fonction de la force de frappe. La sensibilité peut là encore être
ajustée.
Dans ces deux modes de fonctionnement, l'extinction de la source lumineuse peut se faire d'un coup ou progressivement.
Principes électriques
D'un
point de vue technique / électronique, que l'on utilise un capteur
piezo ou un microphone pour détecter le coup ne change que très peu de
choses à l'affaire, même si dans la pratique et côté installation, les
choses sont bien différentes entre les deux techniques. Dans les deux
cas en effet, on recueille des signaux électriques dont la forme est un
signal alternatif amorti, c'est à dire dont l'amplitude diminue de
façon progressive, avec une vitesse de décroissance assez brève. Le but
de l'opération consiste à convertir ce signal électrique alternatif
"audio" en un signal de commande "continu". Pour ce faire aucune
difficulté, on utilise ce qu'on appelle un redresseur, technique
largement employée dans les détecteurs sonores dont la captation se
fait par microphone. Si le signal capté présente une amplitude faible,
il faut préalablement l'amplifier et ceci est une affaire que l'on sait
aussi mener sans grande difficulté. Un capteur piezo, de part sa
structure physique même, impose l'emploi d'un étage d'entrée à haute
impédance (Hi-Z) pour ne pas trop le "charger" et ne pas trop
déteriorer et amoindrir le signal qu'il délivre. Par chance et dans un
tel contexte, on peut aussi utiliser un tel étage à haute impédance
d'entrée avec un microphone electret ou dynamique, chose qu'on
évite cependant pour une captation sonore de qualité. Ici on ne cherche
pas la qualité sonore pour un enregistrement audio, on cherche une
"efficacité électrique" pour détecter de façon fiable un choc
mécanique. En résumé, un même étage d'entrée haute impédance peut être
pensé pour une détection par choc vibratoire (capteur piezo) ou par
déplacement d'air (transducteur microphonique). Du coup, un même
montage complet peut convenir aux deux types de capteur, puisque
l'électronique qui fait suite à l'étage d'entrée est strictement
similaire dans les deux cas. Le synoptique qui suit montre un exemple
de "réalisation complète".
Version "complète"Et le synoptique suivant une version simplifiée.
Version simplifiéePréampli Hi-Z
Comme
dit auparavant, ce préampli doit disposer d'une impédance d'entrée
élevée si on veut pouvoir y connecter un capteur piezo. Un minimum de
100 kO est recommandé. Le choix est assez large de ce côté, on peut
opter pour un étage à transistor FET (BF245 par exemple) ou un AOP à
entrée JFET (TL071 par exemple). L'amplification peut être fixée à une
valeur non modifiable et dans ce cas on insère un réglage de niveau
(sensibilité) juste avant, ou peut être modifiée dans une plage plus ou
moins grande, par exemple entre 0 dB et +40 dB).
Filtre passe-bas
Le
filtre passe-bas n'est pas indispensable mais dans certains cas peut
s'avérer utile pour s'affranchir de faux déclenchements, surtout pour
une grosse caisse où finalement la fréquence du signal capté par
microphone reste basse. La fréquence de coupure peut par exemple être
fixée à quelques centaines de Hz (pour usage avec grosse caisse) ou à
quelques kHz pour usage avec caisse claire. En optant pour un capteur
piezo comme élement détecteur, ce filtre passe-bas se révèle plus que
facultatif car la fréquence du signal délivré par le capteur dépend
plus du capteur que de la source qui le fait vibrer. Si je devais
m'attaquer à une telle réalisation, je n'en mettrais pas pour commencer
les tests.
Redresseur
Cet étage transforme le signal
alternatif amplifié (et éventuellement filtré) en un signal continu
dont la valeur lui est directement proportionnelle : plus le son capté
est fort et plus la tension continue en sortie du redresseur est
élevée. Cet étage peut dans sa simplicité extrême se contenter d'un
triplet de composants tels que diode, condensateur et résistance. La
diode permet de ne retenir que les alternances positives (ou négative),
le condensateur permet de conserver un minimum de temps la crête de
tension que la diode laisse passer et la résistance permet au
condensateur de se décharger au terme d'un temps plus ou moins long.
C'est ainsi que ce petit bloc fonctionnel peut déjà, à lui seul,
fournir une tension continue qui représente l'enveloppe du signal audio
redressé et ce avec une mémorisation (on peut aussi parler de constante
de temps) dont la durée est adaptée à l'usage qu'on veut en faire. Les
valeurs données à la résistance et au condensateur doivent permettrent
un temps de réaction rapide (disons 1 ms pour fixer l'ordre de
grandeur) et un temps de relachement un peu plus long (disons 100 ms là
encore pour donner un ordre de grandeur).
Comparateur
Le
comparateur permet de spécifier le seuil de déclenchement de la
machinerie. Il compare en permanence la tension continue redressée avec
une tension continue de référence plus ou moins élevée et fixée par
l'utilisateur (bien sûr ce dernier ignore durant le réglage quelle
tension de référence est ainsi spécifiée, le réglage se fait à l'oeil
et au feeling). Si la tension continue redressée est supérieure à la
tension de référence (de comparaison), alors la sortie s'active. Le
fait de régler la tension de référence à une valeur faible conduit à
obtenir une sensibilité plus élevée mais aussi à un temps de
relachement plus long si le choc présente une forte amplitude.
Mémorisation
Etage
facultatif, la mémorisation "logique" peut prendre la forme d'un
monostable dont la sortie délivre une "impulsion" de durée désirée à
chaque fois que son entrée reçoit une impulsion brêve. Le signal de
commande élaboré suite à un coup de grosse caisse qui dure moins
de 200 ms peut ainsi être prolongé de plusieurs secondes, le cas
échéant (bien sûr en pratique on ne s'amusera pas avec des durées aussi
longues). Cet étage peut être supprimé dans la mesure où la
mémorisation qui n'est que rarement longue, peut être déjà assurée par
l'étage redresseur qui précède le comparateur.
Interface
L'interface
(de sortie) permet de faire le lien entre le signal de commande
d'allumage et d'extinction avec la source lumineuse elle-même. Il peut
s'agir d'un simple transistor pour allumer une ou plusieurs LED, ou
d'un triac pour allumer une lampe fonctionnant en 230 V.
Exemple pratique
Vous
êtes peut-être arrivé sur cette page parce que le sujet vous intéresse,
et comme il s'agit d'une page plus théorique que pratique, vous vous
demandez si toutefois, par le plus grand des hazards, il ne serait pas
possible d'avoir, comment dire... un exemple pratique à mettre en
oeuvre. Je pense que cela est possible, mais avant de proposer un
schéma tout cuit, j'aimerais donner quelques pistes, histoire de vous
habituer à quelques gymnastiques qui pourraient vous être utiles
dans l'avenir. Les synoptiques proposés composent des blocs
fonctionnels, qui peuvent être fabriqués avec quelques composants. Je
propose ailleurs sur ce même site, différents montages dont certaines
portions pourraient bien être mises à profit. Par exemple, le
préamplificateur pourrait bien être celui proposé à la page
Détecteur
impulsion mécanique 001.
Comble
du hazard, ce schéma montre qu'en plus du préampli pour piezo / micro,
on dispose aussi du redresseur à diode et du comparateur à AOP. Ce qui
va sans doute singulièrement simplifier la suite des opérations. Pour
être franc avec vous, ce schéma tout bête remplit à lui seul la
quasi-totalité de ce qu'on demande au système qui nous intéresse ici.
Le seul point que l'on pourrait encore discuter est la méthode
d'extinction de la LED, qui se fait de façon brutale et non
progressive. Pour ne froisser personne, je propose donc une petite
variation du montage précédent pour disposer d'une commande de LED avec
extinction progressive, que voici ci-après.
(clic sur image pour accès à l'article complet)Et en plus le montage a été simplifié (en tout cas j'essaye de vous en persuader).