Dernière mise à jour :
28/09/2014
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Alimentations
THT - Bases
Présentation
Cette alimentation fait usage d'une bobine d'allumage de voiture et est
conçue pour délivrer des
impulsions de THT (Très Haute Tension) à partir d'une tension de 12 V
provenant d'une batterie. La
consommation moyenne est voisine de 100 mA, une batterie de 12 V / 40
Ah peut donc tenir environ 15 jours avant de devoir être rechargée.
Contrairement aux
alimentation
THT 002 et
alimentation
THT 003
qui délivrent des tensions de quelques kV à 10 kV maximum,
celle-ci est capable de délivrer des impulsions de valeur comprise
entre 10 kV et 30 kV, selon la bobine d'allumage utilisée (il
en existe tellement !).
Utilisations
Ce montage est destiné à montrer une façon de
faire pour produire des
impulsions de THT. L'amplitude des impulsions, qui
dépend principalement du transformateur utilisé, peut
atteindre
quelques milliers de volts, mais sous un courant faible
et durant un
temps très bref, et donc avec une énergie (en joules)
faible. Ca choque bien
si on y
touche et
ce
n'est pas dangeureux pour la majorité des humains, mais qui dit
majorité
sous-entend aussi l'existence d'une minorité...
Sans autorisation, vous
ne pouvez
utiliser ce type de montage que chez vous, et surtout pas pour faire
des blagues à votre petite soeur ! Je suis très
sérieux.
Avertissement
Ce montage peut
être
utilisé pour électrifier une cloture d'animeaux
domestiques tels que vaches ou chevaux, mais pour celà, vous
devez en
avoir l'autorisation (renseignement auprès de votre mairie), et
surtout
disposer des écritaux à intervalles réguliers pour
avertir les
promeneurs que la cloture est electrifiée. Depuis les années 90, ce
genre de montage ne peut plus être fabriqué et
installé en mode "sauvage", la réglementation impose un marquage et des
vérifications de conformités électriques (tension, puissance,
rayonnements parasites, etc).
Les explications données ici
s'adressent à des personnes ayant déjà une certaine connaissance de
l'électronique, et devraient être assez claires. Cependant, si vous
avez le moindre
doute, ne tentez rien ! Je décline toute responsabilité
en cas de problèmes résultant de mauvaises manipulations
! Il est question ici d'élements produisant une tension
élevée, qui si elle n'est pas forcement toujours
dangeureuse, peut néanmoins être très
désagréable et choquante. Les précautions d'usage
s'appliquent avant toute
intervention.
Principe de base
Ici, nous avons affaire à une alimentation THT
à décharge capacitive. Au lieu de commuter directement une tension de
12 V aux bornes de la bobine primaire du transfo THT, on commute une
tension de 300 V environ, cette tension intermédiaire étant produite
par un convertisseur DC/DC rudimentaire. Du fait que la tension
primaire commutée dans la bobine est plus élevée et que le rapport de
transformation de la bobine d'allumage reste le même (rapport 1:100,
1:200 ou 1:400), la tension de sortie l'est également. La commutation
d'une tension continue de 300 V pouvant sur le long terme poser
problème aux transistors traditionnels (bien que je sache
qu'il existe des modèles HT qui tiennent le coup), un
thyristor
est utilisé pour
assurer la fonction de décharge du condensateur (qui stocke la tension
de 300 V) dans le primaire de la bobine d'allumage. Il faut dire aussi
que mine de rien, un courant de pointe de plusieurs ampères ou de
plusieures dizaines d'ampères transite dans l'élement de commutation
(le thyristor) à chaque impulsion de THT produite. Et un bon thyristor,
croyez-moi, ça peut être assez costaud.
Schéma
Le schéma est certes un peu plus compliqué que celui des autres
générateurs THT visibles ailleurs sur ce site, mais il faut ce qu'il
faut pour garantir l'amplitude élevée des impulsions THT.
Principe général de fonctionnement
Un convertisseur DC/DC
(continu/continu) produit une tension continue voisine de 300 V à
partir
d'une basse tension de 12 V (batterie de voiture par exemple). Cette
tension de 300 V charge un condensateur. Ce condensateur est à
intervalles réguliers, brutalement déchargé dans le primaire d'une
bobine d'allumage de voiture, ce qui se traduit sur le secondaire de la
bobine par
des impulsions de THT.
Convertisseur DC/DC - 12 Vdc vers 300 Vdc
Point
l'idée ici de réaliser un convertisseur DC/DC parfait, avec un
rendement du tonnerre. On utilise un transformateur d'alimentation tout
ce qu'il y a de plus classique, modèle 230 V / 12 V (5 VA ou plus). Le
transformateur TR1 est ainsi monté à l'envers, une des
deux bornes
de son enroulement "primaire" (ici enroulement 12 V) est reliée en
permanence au +12 V alors que l'autre borne du même enroulement est
commutée à la masse au travers du transistor de puissance Q1 (TIP3055,
plus pratique à monter mécaniquement que le 2N3055). La cadence des
commutations de la tension de 12 V dans le transformateur se fait au
rythme des crénaux délivrés par l'oscillateur bâti autour de U1/NE555,
via sa broche de sortie 3. Les résistances R3 et R4 peuvent sembler
posséder une valeur bien faible, mais cela est requis pour assurer un
courant de base suffisant pour Q1. Ainsi, même si le gain du transistor
Q1 n'est pas au plus haut de sa forme, le transistor travaillera bien
en régime bloqué / saturé. Mais qui
dit courant de base plus élevé dit aussi échauffement plus important
des résistances de base, c'est pourquoi il y en a deux et non une seule
: la dissipation thermique est répartie et se fait mieux. Il faut dire
que là, je tire un peu enseignement de mon
régulateur
simple pour moteur 003
analysé après 20 ans de service. La fréquence d'oscillation du premier
NE555 (U1) étant comprise entre 3 kHz et 4 kHz, on ne peut pas vraiment
dire que
cela correspond au style du transformateur d'alimentation TR1 qui
s'attend à recevoir du 50 Hz. Mais bon, le bon bougre accèpte tout de
même de travailler, même si les signaux rectangulaires qu'on lui donne
ressortent plus tout à fait sous la même forme. L'important est bien
d'avoir un transfert d'énergie suffisant et de
disposer d'une
tension
alternative d'environ 200 V à 230 V efficace au "secondaire" du
transformateur
TR1 (enroulement 230 V). Les quatre diodes D1 à D4 redressent le signal
alternatif issu de TR1 pour le transformer en une tension (presque)
continue de valeur voisine de 300 V, avec l'assistance des deux
condensateurs C2 et C3 qui assurent le rôle de filtrage. La résistance
R5 montée en série avec ces deux condensateurs permet de limiter le
courant d'appel qui y circule quand ils sont déchargés, elle joue un
rôle négligeable une fois
que la machine est lancée. Les deux résistances R6 et R7 permettent de
décharger rapidement C2 et C3 quand on coupe l'alimentation 12 V. On
évite ainsi toute désagréable surprise au cas où nous viendrait cette
détestable manie de mettre les doigts n'importe où. Si on considère le
thyristor U2 dans son état bloqué (c'est le cas à 99,9% de son temps de
travail), alors la tension de 300 V produite et disponible aux bornes
de C2/C3/R5 peut tranquillement charger le gros condensateur C4 via le
bobinage primaire du transformateur THT.
Génération des impulsions de THT
Mais
comme le thyristor doit bien bosser un peu de temps en temps, il lui
arrive d'être brusqué par une impulsion appliqué sur sa gachette (G) et
de rendre d'un coup conducteur sa jonction Anode-Cathode (A-K). Quand
cela arrive, le
condensateur C4 se décharge brutalement au travers du thyristor et de
l'enroulement primaire du transfo THT, et c'est à cet instant précis
que se produit ce qui doit se produire : une jolie impulsion de THT en
sortie du transfo TR2. Il ne reste qu'à automatiser l'excitation du
thyristor pour entrer dans un monde parfait - pas besoin de
rester à
côté de la boîte cloture, il fait parfois frisquet la nuit et les
vaches peuvent aussi faire peur. Pour cette réalisation, j'ai utilisé
une bobine d'allumage VALEO 245081
(pour BMW 316-318-320-518-520-525-530-535) simplement à cause de son
prix, qui est dans les moins chers du marché (30 euros).
On trouve des
bobines d'allumage encore moins chères pour des mobylettes ou scooter
(entre
15 et 30 euros) que je n'ai pas essayées.
Horloge de base
L'horloge
de base rythme la cadence des impulsions de haute tension. C'est elle
qui dit quand il faut décharger le condensateur C4 dans la bobine
primaire au travers des jonctions A-K du thyristor. Point besoin de se
compliquer la vie pour trouver un schéma convenant pour cet usage, là
encore un NE555 est tout indiqué (bien entendu vous avez le droit
d'opter pour un autre type d'
oscillateur
rectangulaire).
Avec les valeurs choisies ici pour les composants satellite du second
NE555 (R8, R9 et C5), la fréquence d'oscillation de U3 (mesurable au
point
marqué Osc2) est voisin de 0,5 Hz, soit un cycle toutes les deux
secondes. Pour diminuer la cadence, il suffit d'augmenter la valeur du
condensateur C5. La LED D6 indique par son clignotement le rythme des
impulsions.
Remarques diverses
- Si vous regardez
bien les bobines d'allumage pour voiture, vous constaterez
qu'elles possèdent pour l'enroulement primaire une borne [+] et une
borne [-]. Le fait de raccorder à la masse la borne [+] de la
bobine
primaire n'est pas une erreur : le condensateur C4 se charge en effet
sous une tension continue, et l'armature la plus négative est bien
celle qui est reliée à la masse à travers la bobine primaire.
- Le
thyristor doit normalement peu chauffer, c'est pourquoi un petit
dissipateur thermique lui suffit. Le modèle choisi peut être un peu
quelconque mais évitez tout de même le gros modèle (10 A ou plus) qui
demande un courant de gachette important, il pourrait fort bien ne
jamais vouloir se déclancher. Un modèle de thyristor qui peut être
déclanché avec un courant de gachette compris entre 0,5 mA et quelques
mA est conseillé. Pour ma part j'ai utilisé un C122D de récupération
(modèle 400 V / 8 A) qui a tenu bon pendant plusieurs heures et qui n'a
quasiment pas tiédi. Ceci ne m'empêche pas de préconiser un modèle 600
V pour plus de sécurité.
- La
consommation augmente un tout petit peu après chaque impulsion de THT,
mais c'est tellement bref comparé au temps qui sépare deux impulsions
qu'il me semble inutile de chercher à espacer plus les impulsions pour
disposer d'une plus grande autonomie batterie. Une impulsion toutes les
deux secondes me paraît être une cadence "standard" et correcte.
- Si
le circuit doit coucher dehors, tous les composants doivent être
choisis dans une gamme permettant un fonctionnement correct à
températures extrêmes, entre -40 et +80 degrés Celcius. Il en va de la
fiabilité du montage.
- Il
existe un grand nombre de bobines d'allumage : des modèles classiques,
des modèles "crayon", des modèles doubles où chaque bobine attaque en
même temps deux bougies d'allumage... Toutes les bobines ont cependant
un paramètre commun qui est le rapport de transformation. Ce dernier
peut être de 1:100, 1:200, 1:400 par exemple. Pour l'application qui
nous concerne ici, privilégiez un modèle dont le rapport est de 1:200
ou de 1:400. Les bobines de rapport 1:100 sont parait-il moins adaptées
aux allumages assistés par électronique (transistorisés) et supportent
moins les fortes crêtes d'intensité. Je ne suis pas spécialiste du
domaine et ne saurais dire si cela est vrai ou non. Pour ma part,
n'ayant pu remettre la main sur la bobine que je possédais étant môme,
je suis simplement allé dans un centre auto (pas de casse à côté de
chez moi) et ai choisi le modèle premier prix qui me semblait avoir une
bonne tête.
Quid de l'énergie (en joules) ?
L'énergie développée est
fonction de la tension de sortie, de l'intensité et du temps, on peut
l'exprimer en Joules (J) ou en Ws (Watt.seconde).
E (J) = U (V) * I (A) * T (s)
Par
définition, un joule correspond à l'énergie déployée pendant une
seconde dans une résistance parcourue par un courant de 1 A et
déployant à ses bornes une tension de 1 V (la résistance vallant donc 1
ohm).
Par exemple, si nous disposions d'une alimentation continue de
10 kV capable de débiter en permanence un courant de 2 mA, alors
l'énergie disponible serait de :
E (J) = 10000 (V) * 0,002 (A) * 1 (s) = 20 Joules
Ca ferait beaucoup pour un pauvre petit doigt égaré.
Si
pour autre exemple nous disposons d'une impulsion de 30 kV sous une
intensité de 1 mA et qui ne dure que 1 ms, alors l'énergie serait de :
E = 30000 (V) * 0,001 (A) * 0,001 (s) = 0,03 Joules
A
titre de comparaison, l'énergie déployée au niveau de l'étincelle d'une
bougie d'allumage d'un moteur essence est généralement comprise entre
0,04 J (anciens systèmes d'allumage purement mécaniques) et 0,2 J
(système avec allumage électronique). Pour une cloture électrique
d'animaux, l'énergie dévellopée est de l'ordre du joule.
Pour l'électrificateur de cloture visible
sur la photo ci-avant et prévue pour des chevaux, la tension de sortie
est de 8 kV pour une énergie de 2,2 J, une impulsion toutes les
secondes. Alimentation sur le secteur et non sur batterie 12 V.
Prototype
Plusieurs réalisés à gauche et à droite, un seul de mon côté.
Mon prototype
Réalisé sur plaque d'expérimentation à pastilles.
Dans
un premier temps j'ai vérifié le bon fonctionnement des deux
oscillateurs, sans connecter le transformateur d'alimentation ni le
thyristor. La fréquence des deux oscillateurs n'était pas stable du
tout et variait quand je touchais du doigt les circuits intégrés. Ca
m'a rappelé un vieux souvenir et j'ai mis les condensateurs de 10 nF
que j'avais oublié de câbler sur la broche 5 des NE555. Après cette
petite correction tout allait bien. Le transistor de puissance TIP3055
chantait à la fréquence du premier oscillateur, comme il a l'habitude
de le faire même sans charge derrière lui. Etape suivante, connexion du
transformateur et vérification tension au "secondaire". 210 V
alternatif (efficace), parfait pour poursuivre. Connection du gros
condensateur 2,2 uF (oui, je sais, j'ai mis un 1 uF sur le schéma, mais
je n'avais qu'un 2,2 uF en stock), du thyristor et de la bobine
d'allumage. Comme à l'acoutumé petite angoisse au moment de la mise
sous tension, j'ai réglé le limiteur de courant de l'alim secteur à 200
mA - le montage étant sensé consommer environ 100 mA. Et là
bonne
surprise, de superbes étincelles de plusieurs centimètres, bien chaudes
et bien claquantes. Ca faisait longtemps que je n'avais pas fait un
montage qui marche (pesque) du premier coup.
Vidéo de démonstration
Allez, une petite vidéo pour voir le montage à l'oeuvre.
Prototype de Michel
Les deux NE555 ont été remplacé par un NE556 (double NE555), voir schéma adapté de Michel.
Merci Michel pour ton retour et pour les photos !
Prototype de Patrick P.
Réalisé sur plaque prépercée puis
ensuite mis au propre sur un beau circuit imprimé. Patrick a utilisé un
transfo 230 V / 18 V pour l'élevateur de tension, afin de disposer
d'une tension continue moindre au primaire de la bobine HT.
Typon proposé par PatrickMerci Patrick pour les retours et pour le typon !
Tension de sortie trop élevée ?
Le circuit présenté ici
délivre des impulsions dont l'amplitude est peut-être très supérieure à
celle dont vous aimeriez disposer. Voici quelques propositions allant
dans le sens d'une diminution de l'amplitude des impulsions de sortie,
qui dépend avant tout de la valeur de la tension continue de 300 V qui
charge le gros condensateur de 1 uF en série avec le primaire de la
bobine THT.
- Le
transformateur
d'alimentation secteur utilisé ici est un modèle 230 V / 12 V / 500 mA
dont le primaire (utilisé ici en secondaire) bénéficie d'une prise
intermédiaire pour alimentation en 110 V. En utilisant la moitié du
bobinage "primaire" de ce transfo, la tension alternative mesurée en
sortie transfo n'était plus de 210 V mais de 90 V. Cette tension une
fois redressée ne fait plus 300 Vdc mais 125 V, ce qui grosso-modo
conduit à une amplitude moitié moindre en sortie THT. Autre solution
côté transfo alim secteur, opter pour un modèle 15 V, 18 V ou 24 V au
lieu d'un modèle 12 V.
- Si vous
disposez d'un transformateur sans entrée 110 V ou si malgré son
utilisation en 110 V l'amplitude des impulsions THT reste encore trop
élevée, vous pouvez rendre ajustable la fréquence du premier
oscillateur à NE555. Pour cela remplacer la résistance R2 par un
potentiomètre de 100 kO monté en série avec une résistance fixe de 1
kO, et remplacez le condensateur C1 de 100 nF par un condensateur de 22
nF ou 47 nF. Ajuster ensuite lentement le potentiomètre jusqu'à ce que
le transfo, par effet de mauvais rendement, délivre une tension plus
faible.
- Vous pouvez aussi ajouter une résistance de faible
valeur (quelques ohms à quelques dizaines d'ohms maximum) en série avec
le primaire de la bobine THT, pour "amortir" le choc. C'est une
solution qui fonctionne mais qui nécessite plusieurs tests pour
déterminer la bonne valeur à donner à cette résistance additionnelle.
- Bien
que n'ayant pas essayé, je pense que l'usage d'une bobine THT pour
véhicule deux roues permettrait aussi une baisse assez sensible de
l'amplitude des impulsions THT. Ce genre de bobine, plus petite et plus
légère que celle du genre que j'ai utilisée, coûte de surcroit moins
cher, les premiers prix se situent autour de 15 euros la bobine.
- Là
non plus je n'ai pas fait d'essai ni de mesure, mais j'ai autrefois
lu que certains bricoleurs plaçaient une résistance
de forte
valeur directement en sortie THT en vue de constituer un pont diviseur
résistif avec le corps humain ou animal. En fait de résistance, il n'y
en avait pas qu'une mais plusieurs montées en série (genre cinq ou dix
résistances de 100 kO à 1 MO chacune).
Circuit imprimé
Non réalisé.
Historique
28/09/2014
- Ajout photos prototypes de Michel et Patrick P., que je remercie pour leurs retours !
29/01/2012
- Ajout voyant (LED D6) clignotant au rythme des impulsions.
20/11/2011
- Première mise à disposition.