Dernière mise à jour :
15/03/2015
Présentation
Le montage décrit ici est un détecteur sonore très sensible qui permet
de déclencher un appareil sur détection d'un bruit.
Il comporte deux sections reliées entre elles mais qu'on peut
parfaitement dissocier :
- un détecteur sonore à proprement parler (circuit d'amplification
analogique à grand gain pour microphone),
- un retardateur / temporisateur (circuit logique à base de
monostables).
Il a été conçu à la demande d'un photographe pour commander le
déclenchement d'un appareil photo lors de la détection d'un son de très
faible amplitude (bruit de l'impact d'une goutte d'eau sur une surface
liquide ou solide). Le préampli
micro qu'il intègre a donc été étudié pour être très sensible tout en
restant stable (sans osciller), deux caractéristiques qui ne font pas
toujours bon ménage.
Schéma
Pour des raisons de clarté, la partie supérieure montre la section
préampli micro et la partie inférieure montre la section
temporisateur.
Ces deux parties peuvent sans problème être utilisées seules dans
d'autres montages.
Choix du microphone
On peut utiliser un microphone dynamique ou electret, au choix. Si vous
optez pour un dynamique, vous devez supprimer la résistance R1
puisqu'un tel micro n'a pas besoin d'alimentation pour fonctionner. Si
vous optez pour un micro electret, laisser le schéma tel quel (voir
page
Alimentation
d'un microphone electret au besoin). Dans tous les cas, vous
devez utiliser un microphone qui soit le plus sensible possible, c'est
à dire que pour une pression accoustique donnée il doit délivrer un
niveau de sortie le plus élevé possible. La notion de sensibilité est
en effet en relation directe avec l'amplitude du
signal électrique en sortie du micro : plus la sensibilité est grande
et plus le
niveau de sortie est important pour une même pression accoustique
reçue. Dans les
docs fabricants ou revendeurs, le paramètre à regarder sera
donc en priorité la
sensibilité du micro, exprimée en dB (par exemple -45 dB ou -80 dB, les
écarts entre différents micros peuvent être vraiment énormes), en mV /
microbar ou en mV / Pascal (par exemple 1 mV / microbar ou 1 mV /
Pascal). La bande passante, la linéarité de la bande passante et la
fidélité de
reproduction du micro n'a ici aucune espèce d'importance, on ne fait
pas une prise de son.
Remarque
: 1 Pa (Pascal) = 94 dBa (pression accoustique). Cette pression
accoustique est émise à 1 mètre du micro et dans son axe principal, et
on mesure ce qu'il sort. C'est la valeur lue à cet instant précis qui
indique la sensibilité du micro.
Etage préamplificateur
Dans le cas qui nous concerne et quelque soit le type de microphone
utilisé, le signal électrique disponible en sortie de la capsule aura
une amplitude inférieure au millivolt ou très légèrement supérieure
à cette valeur (son faible et capté à une certaine distance).
Ce signal doit donc être amplifié de façon conséquente. C'est pourquoi
l'étage préampli est constitué de deux étages amplificateur en
tension montés en cascade, chacun apportant une amplification voisine
de 40 dB (100 fois chacun). Ce qui fait au total la rondelette
valeur
de 80 dB, ce qui correspond à un taux d'amplification de 10000. Ce
n'est pas rien puisque cela signifie qu'un signal entrant d'amplitude
100 uV ressort avec une amplitude de 1 V ! Essayer d'obtenir une telle
amplification avec un seul étage amplificateur relèverait de l'exploit
si on voulait garder une bonne bande passante et une bonne stabilité
(utiliser un ampli vidéo large bande ne serait sans doute pas une bonne
solution). Un potentiomètre de réglage de niveau est inséré entre
les deux étages pour s'adapter aux conditions d'utilisation, il s'agit
de RV1. Ce potentiomètre peut être de type linéaire (lin) ou
logarithmique (log), mais un modèle log apportera plus de "souplesse"
au réglage de sensibilité (merci Lionel pour ta remarque à ce sujet).
L'amplification maximale est obtenue quand ce potentiomètre est
en position max (curseur du côté de C4). En réalité, les deux étages
amplificateur ont toujours le même gain de 40 dB mais on fournit au
second amplificateur une portion plus ou moins importante de ce que
délivre le premier. Les valeurs des composants sont calculées pour
disposer d'une
bande passante assez large avec le gain max annoncé. Avec les valeurs
indiquées et pour le gain maximal, la bande passante à -3 dB du
groupement des deux préamplis
(Q1 et Q2) s'étale de 70 Hz à un peu plus de 6 kHz (on n'est
pas
dans la hifi, c'est sûr). Si on
baisse un peu la sensibilité avec RV1, la bande bassante augmente et
grimpe jusqu'à 20 kHz pour un gain de +60 dB. Le déplacement de la
fréquence de coupure haute en fonction du réglage de RV1 est normal et
dépend de la valeur donnée à ce potentiomètre et aux deux condensateurs
qui l'encadrent. Pas mal mais pas
forcement utile, la limite supérieure de 20 kHz pourra être abaissée si
besoin, en
augmentant la valeur des condensateurs C2 et C6 initialement de 33 pF.
Si vous vous posez trop de questions sur ces histoires de bande
passante
et de gain et que cela embrouille votre esprit, utilisez les valeurs
proposées et on n'en parle plus.
Si vous observez des déclenchements intempestifs sur des vibrations
de très basse fréquence (passage d'un camion à proximité, réaction au
vent
ou aux pas sur un plancher), vous pouvez réduire la valeur des
condensateurs C1, C3, C4, C5, C7 et C8 dans un rapport de deux à
quatre. Une solution mécanique sans doute préférable consiste à placer
le micro sur ou dans un support caoutchouc qui absorbe en partie les
vibrations (essayez donc avec un passe-fil pour câble secteur). Côté
alimentation, une cellule RC de filtrage est ajoutée pour
chacun des deux préamplis et pour le micro electret : cellule R14 / C10
pour l'ampli basé sur Q2, cellule R15 / C11 pour l'ampli basé sur Q1 et
cellule R16 / C12 pour le microphone (si vous optez pour un micro
dynamique, cette dernière cellule ne sera pas utilisée). Ces cellules
de filtrage (de type passe-bas) limitent fortement les répercussions
d'une chute (même légère) de l'alimentation sur le premier étage
d'amplification. Vu l'amplification apporté par l'ensemble, la moindre
fluctuation qui retournerait à l'entrée serait en effet amplifiée et
ferait boule de neige, faisant entrer le circuit en oscillation et le
rendrait ainsi totalement inexploitable (si ce n'est en oscillateur).
Remarque :
il n'est peut-être pas superflu d'ajouter un petit
filtre HF
en série avec l'entrée micro pour éviter des déclenchement intempestifs
lors de la réceptions de signaux HF importants (CB, téléphone portable).
Redressement
Le redressement qui permet d'obtenir une commande logique
(tout ou rien) à partir du signal audio alternatif (fortement
amplifié) est confié aux diodes D1 et D2, aux
condensateurs C8 et C9 et à la résistance R11. La tension
continue obtenue sur la cathode de D2 (point commun avec
R12) doit atteindre au moins 1 V pour faire
conduire le transistor Q3 / BC517 (c'est un transistor de type
darlington), ce qui signifie que l'on doit avoir une
tension crête de l'ordre de 1,6 V sur l'anode de D2, et donc aussi en
sortie du transistor Q2. Avec le réglage de sensibilité RV1 au
maximum, cette valeur requise est obtenue
pour une tension d'environ 200 uV à l'entrée du préamplificateur basé
sur
Q1. Il en faut un petit peu plus dans les fréquences très grave mais ce
n'est pas le but recherché et ça nous arrange même. Quand le niveau de
tension requis en entrée
du montage (en sortie du microphone) est atteint, le transistor Q3 se
met à conduire et on dispose ainsi au point A (collecteur de Q3) d'un
signal logique qui passe de l'état haut (repos) à l'état bas (travail).
C'est ce front logique descendant qui sera utilisé pour déclencher le
temporisateur qui fait suite.
Temporisateur / retardateur
Cette portion de circuit est basée sur l'usage de deux monostables
inclus dans un seul et même circuit intégré de type CD4538.
Les deux monostables
de ce circuit possédent chacun deux sorties complémentées qui sont Q
et Q barre (bornes 6 et 7 pour le premier, bornes 10 et 9 pour le
second). Le premier monostable
est déclenché sur un front descendant (envoyé sur la broche
-T)
alors que
le second est déclenché
sur un front montant (envoyé sur la broche +T). La
durée de l'impulsion de sortie du premier monostable
(impulsion positive en borne 6 de U2:A et impulsion inverse en borne 7)
est liée à la valeur des composants RV2, RV3 et C13. Si RV2 + RV3 = 100
kO et C13 = 1 uF, alors la durée de l'impulsion est de 0,1 seconde
(pensez à la relation "1 MO + 1 uF = 1 sec" qui est facile à
retenir). En
portant la valeur du condensateur C13 à 10 uF, l'impulsion pourrait
durer 1 seconde pour 100 kO et 10 secondes pour 1 MO (c'est juste pour
info, vous n'avez pas besoin d'une telle durée ici). La
durée exacte est ajustable grâce aux potentiomètrex
RV2 et RV3 tous deux câblés en résistance ajustable : en position
minimum,
l'impulsion de sortie est très brêve, d'une
fraction de seconde. En position maximum (curseurs de RV2 et RV3
côté +12 V), la durée de l'impulsion de sortie est de
l'ordre de 1 seconde (durées valable pour les valeurs
données sur le schéma). Entre ces deux extrèmes,
vous avez donc le choix (1 ms, 10 ms ou 100 ms par
exemple), sans changer de composant. Si vous souhaitez
disposer d'une plage plus réduite avec pour valeur maximale un dizième
de
seconde, remplacez
C13 par un modèle 100 nF. Le deuxième monostable (U2:B) est déclenché
quand l'impulsion du premier monostable se termine et revient à l'état
haut (souvenez-vous que la sortie utilisée du premier monostable est la
sortie complémentée - broche 7,
active à l'état logique bas). Une fois ce second monostable déclenché,
l'impulsion dure 10 ms, ce qui est amplement suffisant pour amorcer le
thyristor U1 / TIC106 au travers du transistor Q4 / BC547. Mais
peut-être trop court dans certains cas, voir remarque de Lionel au
paragraphe Prototype.
Etage de sortie
Le transistor Q4 est monté en suiveur de tension avec une petite
particularité : son collecteur n'est pas relié directement au +Alim
mais au condensateur C15 qui est chargé via R21 quand le système est au
repos. Cette façon de faire permet "d'isoler" le circuit de
déclenchement final du reste du circuit et notament du préampli micro.
En gros, c'est le condensateur C15 qui fournit l'énergie pour amorcer
le thyristor et non l'alimentation générale. Cela évite qu'une
fluctuation trop importante de la tension d'alim ne parvienne au
préampli micro (qui partage la même alim). La résistance R22 limite
le courant de décharge de C15 dans la gachette du thyristor.
Alimentation
L'alimentation générale se fait sous une tension de +12 V par rapport à
la
masse. Il est fortement recommandé d'utiliser
une petite alimentation secteur régulée, telle celle
présentée à la page
Alim
simple 001,
avec un
régulateur
de
tension
intégré de type LM7812. Vous pouvez utiliser un
bloc secteur du commerce à la seule condition que celui-ci
soit de type "régulé". Les modèles bas de gamme
non régulés produisent une tension
généralement bien plus importante que celle
affichée et bénéficient d'un mauvais filtrage, qui
serait catastrophique ici (la ronflette engendrée serait
fortement amplifiée et la sortie du détecteur sonore
serait toujours activée). Si vous tenez absolument à
utiliser un tel bloc d'alimentation bas de gamme, cela est possible si
sa tension de sortie reste supérieure d'au moins 3 V à la
tension nécessaire ici, car il suffit alors d'ajouter un petit
régulateur de tension (LM7812 si tension de sortie disponible de 15 V)
pour
disposer d'une tension plus propre et vraiment exploitable.
Prototype
Pas de proto de mon côté à proposer, mais quelques retours de la part
de Lionel, qui l'a réalisé.
Prototype de Lionel
Réalisé sur plaque à bandes, les fils de couleur permettent un repérage
aisé.
Dessin des liaisons :
très bonne idée !
Retour de Lionel :
Voici 3 photos prises avec le détecteur, pour vous donner une idée. 2
ballons de baudruches et une ampoule explosés avec une balle (éclairage
non travaillé, ce ne sont que des essais). Le déclanchement est
vraiment reproductible (quelques centimètres d'écart entre plusieurs
clichés de suite d'une balle prise à 200 m/s...) temps d'exposition
1/25000 seconde. Ma seule crainte était le temps mini de déclanchement
mais en fait pas de problème, au réglage mini la balle n'est même pas
sortie du canon du pistolet... incroyable. Rien à modifier sur le
montage, c'est parfait. J'ai juste quelques remarques à formuler :
- 1 - La "courbe de réglage de sensibilité" du potentiomètre
RV1 n'est pas très pratique à l'usage.
- 2 - Le montage ne fonctionne pas si les deux
potentiomètres RV2 et RV3 sont tous les deux complètement à zéro.
- 3
- J'ai du augmenter la durée de l'impulsion délivrée par le
second
monostable, car pendant la prise de vue le flash pouvait se déclencher
deux ou trois fois après le "top initial", selon le bruit provoqué par
l'élement photographié. Pour cela, simple augmentation de la valeur de
C14 et de R18 (passage à 22 uF et 1 MO).
Merci pour ces remarques fort utiles, que je commente ainsi :
- 1
- Si RV1 est de type linéaire (lin), le réglage est moins "logique" que
s'il s'agit d'un modèle logarithmique (log). Comme pour un
réglage
de volume dans une chaîne audio, je conseille un modèle log.
- 2
- C'est exact, il faut une valeur de résistance minimale de 5 kO
(indication donnée dans la feuille de caractéristiques du fabricant)
pour que le monostable fonctionne correctement, et j'ai oublié de le
mentionner. Je suggère l'ajout d'une résistance "talon" de 5,1 kO en
série avec les deux potentiomètres RV2 et RV3. Il est également
possible de mettre un petit potentiomètre ajustable de 10 kO à la place
de la résistance de 5,1 kO pour régler précisement la durée minimale du
retard quand RV2 et RV3 sont à leur minimum.
- 3 - Ah, je n'avais
pas pensé à ce détail (je manque de pratique). Les lecteurs
comprendront qu'on peut aussi rendre ajustable la durée de l'impulsion
de déclenchement, avec par exemple un potentiomètre de 1 MO (en lieu et
place de R18) et un condensateur de 10 uF à 22 uF (pour C14).
Et merci pour les photos, j'adore ce genre de cliché !
Circuit imprimé
Non terminé, vue 3D uniquement là pour donner un aperçu.
Circuit non terminé (et
je n'ai pas prévu de le finir)
PCB de Eric V.
Circuit proposé par Eric V., que je remercie !
Typon de Eric V. (15/03/2015)
Historique
15/03/2015
- Ajout dessin de circuit imprimé (PCB) proposé par Eric V., que je remercie !
13/10/2013
- Nouvelles photos prises par Lionel avec le détecteur sonore 005. Encore merci !
15/09/2013
- Remarques concernant l'utilisation de ce montage, suite à retour d'un
professionnel de la photo.
17/10/2010
- Première mise à disposition