Dernière mise à jour :
12/02/2012
Présentation
Le montage décrit ici permet de
réduire automatiquement l'amplitude d'un signal
audio stéréo (musique typiquement) quand un animateur prend la parole devant
un microphone. Dès que l'animateur se tait, le niveau du signal audio
remonte automatiquement et en douceur.
L'usage typique de ce montage
est l'animation parlée avec un fond sonore, dans un lieu public,
quand l'animateur ne peut se permettre de manipuler les faders d'une
table de mixage - par exemple quand il doit se déplacer vers des gens
en gardant le micro à la main. Avec ce montage, il est possible de
régler le taux d'atténuation et la vitesse de retour de la source
musicale. Cette réalisation est un mélange de plusieurs
schémas qui pris séparement, fonctionnent. L'idée de les conjuguer m'est passée par la
tête suite à la demande d'un internaute. Je me souvenais avoir réalisé ce genre de montage étant môme, pour
ma petite radio
locale, mais je ne pensais pas pouvoir remettre la main sur le schéma
et ai donc décidé de reprendre tout à zéro. En fouillant dans mes
archives, quelle ne fut pas ma surprise de retomber sur un schéma tout
fait de "fader automatique", celui-là même que j'avais réalisé à
l'époque et qui, je m'en souviens maintenant, n'avait jamais réussi à
fonctionner correctement. Il faut dire que je n'avais que quatre ans
d'expérience dans l'électronique et que certains principes devaient me
paraître si obscurs que je n'aurais jamais pu envisager un dépannage
par moi-même. Ce malheureux montage a donc du faire partie des cartons
"90% des montages qui ne fonctionnent pas et attendrons un peu". Il était grand temps que je
me préoccupe de réparer cette flagrante injustice... sans m'appuyer sur
ce vieux schéma qui m'avait peut-être même fait pleurer.
Schéma
Le schéma présenté ci-après est complet, il ne lui manque que
l'alimentation qui pourra être issue du secteur ou de piles ou batterie.
Montage pas entièrement testé par mes soins - il est temps pour vous aussi de mettre la main à la pâte.
Etage d'entrée micro
Afin de faciliter les opérations, le
préampli micro est inclus au système. Il ne reste donc qu'à connecter
un microphone de type dynamique (sortie asymétrique) sur l'entrée jack
J2/Mic_In, pas besoin d'avoir un préampli externe - à moins que votre
microphone délivre un signal vraiment rikiki.
Pour ce genre d'application, vous pouvez utiliser un microphone de
qualité standard (entrée de gamme à quelques euros), qui s'il ne
présente pas une qualité hifi, offre en revanche un niveau de sortie
généralement amplement suffisant. L'étage d'entrée micro est composé
d'un seul transistor et de quelques résistances et condensateur. Son
gain est ici de l'ordre de 40 dB à 45 dB et dépend un peu du
transistor utilisé. Le schéma est assez classique et a fait ses preuve,
même si ce n'est pas le sumum de la profession. Il s'agit d'un
amplificateur en mode "émetteur commun", le signal microphone à
amplifier est appliqué sur la base de Q5 et ressort amplifié sur son
collecteur, l'émetteur du transistor étant commun à l'entrée et la
sortie de l'étage (relié à la masse via R23 et RV1 en série avec C10).
Le potentiomètre RV1 permet de régler le gain de l'entrée micro et de
s'adapter ainsi à la source sonore, en mettant plus ou moins en service
le condensateur C10 : quand RV1 est en valeur max de résistance, le
condensateur est "moins" raccordé sur l'émetteur de Q5 et à moins
d'influence, le gain est plus faible. En revanche quand RV1 est en
position min, le condensateur C10 est complètement mis en parallèle sur
R23 et le gain est maximum. Le signal amplifié par Q5 prend
deux dirrections différentes :
- une voie vers le circuit de détection
sonore via le condensateur de liaison C12 et
- une voie vers les circuits
de sortie audio via le condensateur de liaison C11 pour futur mélange avec
la source audio stéréo qui se trouve atténuée en temps utile.
Détection de parole
Le
circuit de détection de parole est constitué de deux parties : un
amplificateur à transistor for similaire à celui utilisé pour la
préamplification micro (à tel point similaire qu'il lui est identique
en forme mais pas en valeur),
et un redresseur à diodes chargé de produire une
tension continue d'autant plus élevée que l'amplitude du signal audio
venant du microphone est élevée. L'amplificateur du détecteur audio
s'articule autour du
transistor Q6 et le redressement est assuré par les deux diodes D1 et
D2 qui au choix peuvent être des diodes au germanium (OA90 ou 1N27 par
exemple) ou au silicium (classiquement des 1N914, 1N4148 ou
similaires). On peut même
utiliser des diodes Schottky (style BAT85), c'est pour dire... Une fois
le signal amplifié par Q6, il est transmis aux diodes via le
condensateur de liaison C14, qui ici est tout bonnement indispensable.
Enfin pas tout à fait en réalité car on pourrait s'en passer grâce à
une petite astuce, mais qui compliquerait le montage (et vous m'en
auriez sans doute voulu si j'avais adopté cette approche). Bref,
on le garde. Le condensateur C15 permet de garder "en mémoire
temporaire" les
crêtes positives du signal audio ainsi redressé et de disposer d'une
tension continue dont la valeur est représentative de l'amplitude
(force) de la voix parlée. Cette tension continue monte rapidement
quand l'animateur parle (en quelques ms), ce qui est heureux car on ne
loupe ainsi pas
le
début de sa phrase. La tension diminue lentement quand il s'arrête de
parler
(ordre de grandeur : la seconde) ce qui lui permet de respirer ou de
faire de courtes pauses sans que pour autant la musique de fond n'en
profite pour refaire aussitôt surface. Le temps d'attaque (réactivité)
est lié à la valeur du condensateur C15, sa valeur pourra être
augmentée pour une prise de parole plus douce (chacun a ses
préférences). Le temps de retour à la musique de fond est déterminé
d'une part par ce même condensateur C15, et d'autre part par la valeur
de la résistance R28 en série avec le potentiomètre RV2. Quand RV2 est
à son minimum de résistance, le condensateur C15 met moins de temps à
se décharger et la musique remonte vite. Si RV2 est à son maximum, le
condensateurs C15 met plus de temps pour se décharger et la musique
remonte plus lentement. La
tension disponible aux
bornes de C15 et [R28+RV2] est transmise à des LED grâce à un nouveau
transistor monté cette fois en collecteur commun, montage également
appelé "suiveur de tension". Il s'agit bien de Q7, vous ne vous êtes
pas trompé. Il aurait été possible de monter un transistor en
commutation tout ou rien et non en suiveur de tension pour allumer les
LED, mais le retour
(la remontée) de la musique de fond aurait alors été plus brutale. En
procédant comme
on le fait et en ne compliquant pas plus le montage, il est plus facile
d'ajuster le temps de retour. Les deux LED D3 et D4 sont câblées en
série, de cette façon elles sont traversées par une même valeur de
courant et s'allument de la même façon... à condition bien entendu
qu'elles soient identiques. Chacune des deux LED est
placée
en regard d'une cellule photorésistante (LDR de type LDR05) il y en a
une pour chacune des deux voies audio, LDR1 et LDR2. Nous verrons
bientôt
en quoi ce genre d'assemblage peut être utile.
Etage d'entrée ligne stéréo
Les
deux voies gauche et droite sont traitées de la même façon. Un étage
d'entrée permet de s'adapter sans contrainte à toute source sonore
venant d'une sortie de type ligne et délivrant un signal dont
l'amplitude est de quelques centaines de mV. Axé sur les transistors Q1
et Q3, cet étage d'entrée stéréo apporte un modeste gain qui est voisin
de 12 dB (amplification de rapport 4). Ce gain n'est là que pour
compenser les légères pertes apportées par la suite. Les signaux audio
de la source
musicale passent dans un pont diviseur dont une moitié est constitué de
la LDR mentionnée ci-avant : pont diviseur R5/LDR1 pour la voie gauche
et pont diviseur R14/LDR2 pour la voie droite. Vu comment le tout est
câblé, le signal audio qui passe dans ces ponts diviseurs est d'autant
plus atténué que les LDR reçoivent de la lumière. Ce qui est le cas
quand les LED placées en regard s'allument. Dès que l'animateur parle
dans le micro les LED s'allument, éclairent les LDR qui atténuent la
source musicale. Comme l'ajout de la voie microphone se fait après les
ponts diviseurs grâce aux résistances de sommation R30 et R31, et parce
que les résistances R6 et R15 assurent une certaine isolation entre le
son de la source musicale et le son provenant du micro, le son qui
provient du microphone
n'est quasiment pas affecté par la réduction de volume. Quand
l'animateur ne parle plus, les LED s'éteignent progressivement, et le
son de la source musicale remonte doucement.
L'effet obtenu est bien celui désiré. L'interrupteur SW1 doit être
fermé pour que le système réagisse à la voix de l'animateur. Si
SW1 est ouvert, les LED ne s'allument jamais et le fond musical ne
peut plus être atténué. Cette façon de faire autorise une
gestion plus "propre" des opérations que celle obtenue
avec l'interrupteur M/A que l'on trouve sur certains micro bas de
gamme, mais en
contrepartie impose d'être proche de l'appareil. Le courant circulant
dans les LED est limité par la résistance R29. Si vous souhaitez une
atténuation plus faible de la musique (avec les valeurs proposées
l'atténuation de la source musicale est d'environ 40 dB quand
l'animateur parle), il faut augmenter la valeur de cette résistance R29
pour diminuer le courant dans les LED. La valeur de R29 dépendra de
l'atténuation désirée mais aussi du type de LED car elles n'éclairent
pas toutes de la même façon. Vu le courant mis en jeu ici (20 mA max
dans les LED), vous pouvez envisager la mise en place d'un petit
potentiomètre ajustable de 2,2 kO (piste carbone et non cermet) en
série avec R29
dont la valeur ne devra en aucun cas descendre en-dessous de 220 ohms.
Si à la place du potentiomètre ajustable vous utilisez un potentiomètre
standard de tableau, vous aurez un réglage supplémentaire à portée
de main et modifiable à tout instant.
Important
: les deux couples [LED + LDR] doivent être tous deux enfermés dans des
compartiments indépendants pour ne point recevoir la lumière du jour.
Une boîte à chaussure me semble trop grosse, je préconise un
petit bout de tube PVC ou le corps d'un feutre vidé de son
contenu. Oui, une LDR05 et une LED 5 mm rentrent dans un corps de
feutre... ou plus simple encore, dans son bouchon.
Il
existe bien sûr des feutres plus petits que celui que je montre sur
cette photo. La mise en "conformité obscurité" pourra être assurée avec
de la pate à modeler, tant qu'on est dans les ustensiles pour
enfants. Attention cependant, je ne garantis pas la bonne tenue dans le
temps. A priori la mousse expansive est déconseillée ici... sauf
peut-être celle de très mauvaise qualité qu'on trouve maintenant dans les magasins de bricolage et qui
n'est plus si expansive que ça (sauf au niveau du prix). Je ne doute
pas un instant que votre imagination saura quoi déduire et décider pour
cacher ces blocs sensibles à la lumière, après tout il suffit de
regarder un peu autour de soi.
Remplacement des LDR ?
Le
remplacement des deux LDR par des composants "plus électroniques" tels
que portes analogiques ou transistors bipolaires ou FET est aussi
envisageable, mais cela demande un peu plus de travail pour un résultat
sans reproche et pas trop "coupe-gorge". Les couples LED + LDR
permettent une progression assez agréable et ne sont pas moins
fiables dans le temps que des transistors. Il y a la possibilité de
remplacer les couples LED + LDR faits maison par des optocoupleurs
analogiques tout faits tels ceux utilisés dans certains
compresseurs de dynamique audio, mais ces derniers ne sont pas très
bien distribués en France. Quelques références toutefois que l'on peut
trouver chez Farnell à l'écriture de ces lignes, pour ceux qui veulent
essayer : NSL-32, VTL5Cx. Ces derniers ne sont pas très chers (2 euros
pour le premier prix) et évitent de s'encombrer de la boîte à
chaussures (je savais bien qu'il y en aurait qui n'écouteraient pas mon
conseil).
Usage avec source musicale monophonique ?
Le
circuit décrit ici est conçu pour atténuer une source musicale stéréo,
mais rien bien sûr n'empêche d'utiliser une source mono, souvent
suffisante pour une diffusion publique qui n'a rien à voir avec un
concert. Deux possibilités :
- soit vous construisez le montage tel
quel c'est à dire avec les deux voies de traitement audio, et dans ce
cas vous en ignorez une des deux;
- soit vous supprimez complètement les composants liés à la seconde voie audio.
Perso,
je pense intéressant de conserver les deux voies et de n'en utiliser
qu'une seule, plus facile de changer d'avis d'un coup à l'autre...
Alimentation
Ce
montage est conçu pour fonctionner sous une tension simple de 12 V,
mais fonctionne entre 9 V et 15 V. Attention, avec une
alimentation de 15 V, il convient d'augmenter un peu la valeur de la
résistance R29, de 330 ohms passer à 470 ou 510 ohms.
Prototype
Non réalisé de mon côté, mais Jean-Claude T. a tenté l'expérience et m'a fait part de ses retours, positifs.
Photos à venir.
Circuit imprimé
Non réalisé, vue 3D seulement là pour idée des composants utilisés.
Historique
12/02/2012
- Correction erreur dans le texte. J'indiquais que'avec
une alim 15 V il fallait modifier la valeur de R9 alors qu'il s'agit de
R29 (résistance en série avec les LED).
- Ajout indication pour usage avec une source audio mono et non stéréo.
29/01/2012
- Première mise à disposition