Dernière mise à jour :
21/01/2018
Présentation
Une interface "logique" permet de faire le lien entre deux équipements
pour les rendre "compatibles entre eux". Par exemple, la sortie d'une
porte logique CMOS dont le courant maximal ne
peut excéder
quelques mA, ne peut pas être directement raccordée à une ampoule qui a
besoin d'une intensité de courant de 1 A pour s'allumer. Entre ces deux
équipements (porte logique CMOS et ampoule) il faut insérer une
interface, par exemple un transistor ou un relais. Ce sujet est abordé
à
la page
Interface
logique 001. Cette seconde page "Interfaces logique" propose
quelques exemples
d'interfaçages du même genre, mais cette fois avec une isolation
galvanique (électrique) totale entre les deux équipements à raccorder
entre eux. L'isolation peut être assurée par un
relais ou
un
optocoupleur.
Pourquoi une isolation galvanique est-elle nécessaire ?
On peut vouloir isoler des équipements pour plusieurs raisons. Mais le
plus souvent, c'est pour la sécurité des équipements et/ou de
l'utilisateur. Le cas le plus fréquent est la commande par circuit
logique (portes logiques ou microcontrôleur) d'un système relié sur le
réseau EDF. Dans ce cas de figure, le circuit de commande est alimenté
en très basse tension (généralement 5 V ou
3,3 V) et le circuit commandé est alimenté en basse tension
(monophasé 230 Vac ou triphasé 400 Vac). Mais point besoin d'aller très
haut en tension pour qu'une isolation soit nécessaire. Un circuit
commandé en 12 V ou 24 V
peut également provoquer des dégâts à un circuit de commande, en cas de
mauvaise conception ou évènement imprévu. Si vous regardez de près une
alimentation secteur à découpage (chargeur de batterie de téléphone,
alimentation ordinateur portable), vous constaterez que la sortie très
basse tension (5 V ou 19 V par exemple) est
entièrement isolée de l'entrée 230 Vac, par transformateur et
optocoupleur. En cas de problème sur la partie "basse tension
230 V", le problème ne se propage pas vers le circuit alimenté
en "très basse tension".
Isolation par relais électromécanique
Interfacer deux équipements avec un relais électromécanique
est la solution la plus simple qui puisse exister. En effet, ce type de
relais ne nécessite aucune source de tension pour fonctionner, en
dehors bien sûr de celle qui alimente sa bobine. La sortie du relais,
qui se fait via des contacts mécaniques, est directe
et assimilable à un interrupteur ou inverseur "sec". On peut
trouver
des relais miniatures de faible consommation et petite puissance, et
des gros relais pour les applications en forte puissance. Mais, car il
y a un mais, on ne peut pas toujours utiliser un relais
électromécanique, pour les raisons évoquées à la page
Relais
(souvent à cause de ses dimensions et de son poids, de sa vitesse de
réaction, de l'intensité de courant nécessaire à son activation, ou
encore du nombre de manoeuvres limitées dans le temps). Voici pour
rappel un exemple d'interface à relais :
Cette
interface permet d'une part d'amplifier le courant de
commande avec le transistor Q1, et d'autre part d'assurer
l'isolation entre le circuit de commande et le circuit
commandé avec le relais RL1. Dans le cas où plusieurs voies de
commande sont requises, on peut utiliser un réseau de transistors
(comme le ULN2803 par exemple) au lieu de plusieurs transistors
indépendants. Plusieurs exemples d'interfaces à relais sont proposées à
la page
Relais,
je ne vais donc pas m'y attarder davantage ici.
Isolation par optocoupleur
Un
optocoupleur
présente certains avantages par rapport au relais électromécanique (pas
de bruit mécanique, et moins de perturbations électriques lors
des commutations)
mais il ne peut pas faire tout non plus. Dans l'idéal, on aimerait bien
avoir un optocoupleur dont l'entrée de commande se
contenterait d'un
courant minuscule de 0,1 mA ou 1 mA, et d'une sortie isolée
qui
pourrait commuter des courants de plusieurs ampères sous des centaines
de volts. On sait certes fabriquer des composants qui
répondent en
partie à ces exigences (relais statique), mais là n'est pas le sujet.
Nous allons plutôt nous limiter à des contextes "amateurs" pour
lesquels les besoins sont "modestes". Souvent en effet, on a juste
besoin d'isoler électriquement deux équipements qui dialoguent entre
eux, sans intention de transporter de la puissance. Et comme on peut
aussi bien
vouloir isoler des entrées que des sorties, nous aborderons les deux
cas.
Rappel sur la constitution d'un optocoupleur
Rappelons brièvement qu'un optocoupleur est constitué d'une
source
"lumineuse" (infrarouge généralement) pour l'entrée, et d'une
photodiode ou d'un phototransistor pour la sortie. Entre les deux, il y
a du vide ou de l'air, ce qui permet d'obtenir un degré d'isolation
élevé.
Remarque :
le dessin qui précède montre un optocoupleur avec sortie de type
"transistor ouvert" (collecteur ouvert et émetteur ouvert). Il existe
en fait plusieurs types de sorties : sortie de type
"collecteur/émetteur ouvert" (par exemple 4N25), sortie de type
"collecteur ouvert" (par exemple SFH6705)
ou encore sortie de type "totem-pole" (par exemple SFH6701).
La source lumineuse, qui s'apparente à une LED, réclame plusieurs mA (3
mA, 10 mA ou 20 mA par exemple) pour émettre un flux lumineux
suffisant et fonctionnel. Ce courant requis pour cette "LED" peut être
fourni par une porte logique TTL ou une ligne de microcontrôleur
configurée en sortie "TTL" ou "Drain ouvert". Une commande venant d'une
sortie CMOS peut nécessiter l'ajout d'un transistor "tampon" (monté en
amplificateur de courant). Du côté de la sortie de l'optocoupleur,
seule une sortie de type "totem-pole" ne nécessite pas de résistance de
charge. Les sorties de type "collecteur ouvert" en nécessitent toujours
une (valeur généralement comprise entre 1 kO et 10 kO).
Différents types d'optocoupleurs...
J'ai très souvent eu l'occasion de travailler avec des optocoupleurs
logiques (prévus pour travailler avec des signaux tout ou rien) pour
des systèmes de télécommande, télésurveillance ou alarmes, mais aussi
pour des
applications musicales (
MIDI).
C'est ainsi
que dans mes mains sont passés de nombreux 4N25, MCT2, 6N137, CNY17, PC817 ou
autres PC900. Tous les optocoupleurs ne se ressemblent pas, mais pour
des application "lentes" (transfert d'informations à fréquence basse)
beaucoup d'entre eux font l'affaire. Là où ça se corse, c'est quand on
veut faire fonctionner l'optocoupleur avec des signaux de fréquence
élevée : l'étage de sortie doit suivre. Mais n'allons pas plus vite que
la musique, et restons-en pour l'instant aux commande simple de type
On/Off - les moins critiques.
Interface d'entrée avec transistor d'optocoupleur
monté en
émetteur commun
Dans ce type de montage où l'on souhaite juste savoir s'il y a ou non
un signal de commande à l'entrée de l'optocoupleur, on demande au
transistor de sortie d'agir en tant qu'interrupteur, comme on le ferait
avec
un transistor "discret". Le point marqué "sortie" doit être relié sur
l'entrée d'un circuit logique.
Le transistor de sortie conduit (se sature) quand l'entrée est
active et donc quand le signal de commande est présent. En absence de
signal de commande, le transistor de sortie ne conduit pas (il est
bloqué). Cela se traduit au point marqué "sortie", d'un état logique
haut en absence de signal de commande, et d'un état logique bas en
présence de
commande. La fonction de transfert peut donc être assimilée à un
inverseur logique. La valeur de R1 est conditionnée par la
tension arrivant sur l'optocoupleur (signal de commande) mais aussi
par le courant requis par la source lumineuse de
l'optocoupleur (pour un fonctionnement correct de ce dernier). La
valeur de R2 est conditionnée par le courant max qui doit circuler dans
la jonction émetteur-collecteur du transistor, quand ce dernier est
passant (signal de commande présent). Application pratique : l'entrée
MIDI des instruments de musique électroniques, avec sa diode inverse en
entrée (protection contre inversion de polarité) :
Deux exemples
d'interfaces d'entrées isolées par optocoupleur pour applications MIDI
Dans le montage suivant, on pourrait penser que la sortie est celle
d'une traditionnelle porte logique (sortie totem-pole) :
Il n'en est rien, nous avons affaire à un transistor de type N-MOS
à drain ouvert. Ce qui démontre une fois de plus que vous devez lire
les documents techniques des fabricants pour ne pas sombrer corps et
âme dans les lymbes transitoires, avec d'horribles maux de
tête.
La broche 7 du 6N137 est une broche de validation, qui quand elle est à
l'état bas, bloque la sortie de l'optocoupleur dans un état logique
"haut" (transistor de sortie toujours bloqué). Cette broche 7 de
validation doit être laissée en l'air, ou mieux être raccordée au
+Valim si on veut que l'optocoupleur remplisse pleinement sa fonction.
Interface d'entrée avec transistor d'optocoupleur
monté en
collecteur commun
Dans ce montage, le transistor de sortie de l'optocoupleur est
cette fois câblé en collecteur commun (montage "suiveur"). Là encore,
le point marqué "sortie" doit être relié sur l'entrée d'un circuit
logique.
Le transistor de sortie conduit (se sature) quand l'entrée est
active et donc quand le signal de commande est présent. En absence de
signal de commande, le transistor de sortie ne conduit pas (il est
bloqué). Cela se traduit au point marqué "sortie", d'un état logique
haut en présence d'un signal de commande, et d'un état logique bas en
absence de
commande. La "polarité" du signal de sortie est donc la même en sortie
qu'en
entrée, ce qui n'était pas le cas avec le câblage en émetteur commun.
Interface de sortie "information"
Un optocoupleur peut s'ouvrir au monde du côté de son entrée, comme on
l'a vu avant. Il peut aussi s'ouvrir au monde côté sortie, comme le
montre le schéma suivant, destiné à fournir des informations de type
"télésurveillance / état machine" (pas de commutation de puissance).
Dans la partie supérieure, l'optocoupleur U1 est activé avec une
commande à l'état haut. Dans la partie inférieure,
l'optocoupleur U2 est activé avec une commande à l'état bas. Dans les
deux cas, les sorties emetteur et collecteur de l'optocoupleur sont
mises à disposition libre, ce qui permet par la suite de les utiliser
en mode "émetteur commun" ou "collecteur commun".
Remarque :
pour cette
interface de sortie, on ne peut pas appliquer n'importe quelle tension
en sortie de l'optocoupleur. La tension maximale peut être de quelques
dizaines de volts (30 V par exemple pour le 4N25) ou de
seulement 5 V, point dont il faut impérativement s'assurer.
Interface de sortie "puissance"
Dans l'exemple précédent, le but de la manoeuvre était de transmettre
une information de type tout ou rien, à titre "informatif"
(signalisation). Quand on veut commander des circuits de puissance tels
que LED de puissance ou moteurs, rien de tel que de bons gros
transistors bipolaires ou MOSFET - ce ne sont pas les notes
d'application et les schémas qui manquent. Mais qu'en est-il quand on
veut à la fois une interface de puissance et une isolation totale ?
L'emploi d'un relais revient tout de suite à l'esprit, car il est
simple à mettre en oeuvre. Mais comment faire si on n'aime pas les
relais ? Je veux dire, si les relais ne répondent pas à nos attentes ?
On peut dans ce cas associer un optocoupleur (pour l'isolation) et un
transistor de puissance (pour la puissance). Exemple :
L'optocoupleur PC817 de Sharp est un classique du genre. Il supporte
une tension émetteur-collecteur Vce de 70 V (35 V seulement pour ceux
fabriqués avant 2002). Il est assez souvent utilisé dans les circuits
d'interface alliés à des systèmes à microprocesseur ou microcontrôleur.
Ici, l'optocoupleur est utilisé à la mode "collecteur commun".
Son transistor de sortie est soumis à une tension
d'alimentation de 12 V (cette dernière pourrait être de
24 V), tension qui sert également à alimenter deux LED de
puissance câblées en série, à travers un transistor MOSFET IRLZ44.
- Quand la LED de l'optocoupleur ne reçoit pas
de tension de commande, le transistor de l'optocoupleur est
bloqué. De ce fait, la grille du transistor MOSFET IRLZ44 est soumise à
une tension basse grâce à la présence de R2, et il est également
bloqué. Les LED ne s'allument pas.
- En présence d'une tension de commande sur la LED
de l'optocoupleur, son transistor de sortie est saturé. La
grille du
transistor MOSFET IRLZ44 reçoit donc une tension positive et
suffisante grâce à la
présence de R1. Les LED s'allument.
Remarque :
R1 et R2 forment un pont diviseur de tension limitant la tension
appliquée à la grille du MOSFET. Le rapport de valeur R2/R1 peut
changer en fonction de la tension maximale que vous pouvez appliquer
sur la grille du MOSFET, par rapport à sa broche Source. Tension qui
évidement dépend de la tension utilisée pour la partie puissance (ici
12 V).