Dernière mise à jour :
15/03/2015
Présentation
Cette
télécommande
permet de piloter un équipement à distance via une liaison par fibre
optique, et sera particulièrement adaptée pour une longue distance
ou pour traverser un milieu dangereux ou très perturbateur
(électriquement ou électromagnétiquement parlant). Présentée dans sa
version de base, elle est très simple à réaliser mais ne possède aucun
système de codage. En d'autres termes, les données fournies à
l'émetteur sont restituées tel quel par le récepteur, sans aucune
vérification d'aucune sorte. Ce qui bien souvent ne pose pas de
problème vu que la liaison entre émetteur et récepteur est de type
point à point. Le montage fait appel à un émetteur infrarouge et à
un récepteur infrarouge.
Schéma
Emetteur en haut, récepteur en bas.
La zone "Danger" n'implique pas que ce montage est inutile là où le risque n'existe pas.
Fonctionnement général
L'émetteur reçoit les données à
transmettre sous forme électrique et les transforme en variations
lumineuses. Le récepteur reçoit les variations lumineuses et les
transforme en données électriques. Les variations lumineuses sont
transmises par une fibre optique de la sortie de l'émetteur jusqu'à
l'entrée du récepteur. La réalisation de la partie optique peut être
artisanale, avec une LED traditionnelle côté émetteur et un
phototransistor côté récepteur, avec un montage mécanique propre à
assurer un couplage optique suffisant. Deux modes d'utilisation
sont possibles :
- Mode simplifié à l'extrême : "allumage" émetteur = "allumage" récepteur;
- Mode
protégé : envoi d'une information codée à l'émission (succession de
quelques bits de données) et décodage à la réception (débit données max
50 kHz / 50 kbps).
Pour plus de facilité côté mécanique, on peut utiliser des modules optiques prêt à
l'emploi qui possèdent un système d'assemblage de fibre adaptée à
une mécanique standard. Plus simple et plus sûr, mais d'un coût un peu plus
élevé.
Emetteur
On aurait pu se contenter d'une commande directe de la LED d'émission
qui est ici de type infrarouge (IR), mais cela aurait impliqué une
commande par un circuit "costaud" (tout du moins capable de délivrer
quelques dizaines de mA). Sachant que l'ajout d'un petit transistor
n'est pas si pénible comparé à la mise en place des fondations d'une
maison, j'ai opté
pour cette solution (opté comme optique et solution comme soleil,
c'est poétique, vous ne trouvez pas ?). Un transistor donc, pour
l'amplification du courant
et pour l'attaque par un circuit compatible CMOS ou TTL. Voire pas
compatible
du tout puisque tout signal de commande d'amplitude comprise entre 1 V
et 10 V convient. Le courant de base du transistor Q1 est limité par la
résistance R1, selon la formule suivante :
Ib = (Ucde - Vbe) / R1
Avec
une commande par des signaux d'amplitude 5 V, un transistor silicium et une
résistance de 2,2 kO, cela donne un courant de base de :
Ib = (5 - 0,6) / 2200 = 2 mA
N'importe quel transistor basse puissance possédant au moins un gain de
100 convient, le 2N2222 n'est qu'un exemple parmi des centaines
d'autres. Si le courant désiré dans la LED IR doit être supérieur à 200
mA, le gain devra être plus élevé. Attention au choix du transistor
dans le cas où vous prévoyez un courant de LED intense, le modèle
suggéré ici supporte sans problème 500 mA (max absolu 800 mA). La
résistance R4 et le condensateur C1 forment une cellule de découplage
d'alimentation qui permet de disposer d'un petit réservoir d'énergie,
surtout utile dans le cas où le courant qui circule dans la LED est
assez élevé et que les signaux transmis sont "rapides" (cette cellule n'est pas obligatoire mais très vivement
recommandée). Notez que grâce à la présence de cette cellule RC, le
courant dans la LED IR est limité par deux résistances et non par une
seule, et que le courant qui la parcourt n'a pas la même valeur
après une pose (aucune donnée envoyée) et en régime établi :
- après
une pause suffisante (suffisement longue pour permettre
au condensateur C1 de se recharger complètement), le courant max
dans la LED est égal à :
Iled = (Ualim - Uled) / R3 - en régime établi, le courant dans la LED descend à :
Iled = (Ualim - Uled) / (R3 + R4)
En
temps normal, il convient de calculer les valeurs de C1, R3 et R4 en
fonction du courant max que l'on veut faire passer dans la LED et de la
fréquence des signaux à transmettre. Là, vous m'excuserez, mais mon
esprit est aussi encombré que mes bronches et il n'y a plus de place
pour de nouvelles formules. Je vous laisse donc un peu à vos malheurs.
Si vraiment vous ne savez que faire de cette information,
contentez-vous de faire vos calculs avec R3 et R4 combinées, en vous
disant qu'une petite surintensité dans la LED ne peut pas lui faire
tant de mal que ça si elle reste brève. Attention, je ne dis pas que vous pouvez donner
à R3 une valeur cent fois plus faible que celle de R4. Il faut rester
logique, de temps en temps.
Récepteur
Le schéma est un peu plus rempli que celui de l'émetteur, je le dis au
cas où ce détail vous aurait échapé. L'idée est d'amplifier de façon
énergique les variations de tension qui surviennent aux bornes d'un
récepteur optique de type photodiode. Cette dernière, sur réception
d'un flux lumineux suffisant (en concordance avec sa sensibilité)
occasionne le passage d'un courant plus important qui fait que la
tension à ses bornes chute. Eh oui, la résistance R5, branchée en série
avec elle, va prélever une tension d'autant plus grande que ce courant
est élevée. En conclusion, plus l'élement photosensible reçoit de la
lumière et plus la tension à ses bornes est faible. Le condensateur de
liaison C2 permet de transmettre les variations de tension (liées aux
variations de flux lumineux) à l'étage amplificateur à grand gain qui
fait suite et qui est basé sur l'emploi d'un AOP (amplificateur
opérationnel linéaire, du doux nom d'ALI dont la droite est
légendaire). Pourquoi donner à cet amplificateur un gain très
élevé ? Parce que les variations de tension relevées aux bornes de la
photodiode D2 peuvent être de faible amplitude et que pour des
signaux logiques (ce qu'on est censé transmettre), il y a comme qui
dirait une légère incompatibilité. On relève en sortie de l'AOP un
signal quasi-rectangulaire qui correspond quasiment au signal appliqué
à l'émetteur, si peu qu'on ait quasiment alimenté l'ensemble. Ce signal
(en sortie de l'AOP) possède une amplitude un peu inférieure à 12 V à cause des tensions de
déchet du circuit intégré, 12 V étant la valeur de la tension d'alimentation du
récepteur. Comme cette amplitude est un poil trop élevée pour du
"compatible TTL", quelques composants sont ajoutés. Le transistor Q2 et
la diode zener D4 de 4,7 V (ou 5,1 V) permettent de brider l'amplitude
du signal de sortie à une valeur de 4,7 V (ou 5,1 V), et R10 limite le
courant de base de Q2 à une valeur raisonnable. La diode zener D3 de
6,8 V vous chagrine ? Ca tombe bien, elle est là pour ça. Elle empêche
la conduction de Q2 quand la sortie de l'AOP présente une tension de
déchet élevée par rapport au zéro volt attendu. Bien sûr une zener de
valeur inférieure aurait aussi bien convenue. Là au moins, la sortie de
l'AOP doit vraiment basculer vers le haut pour faire conduire le
transistor. R12 et C3 constituent une nouvelle cellule de découplage
d'alimentation, elle aussi n'est pas totalement indispensable, mais
comme y en prend vite goût...
Inverseur ou non inverseur ?
Vous venez de réaliser que les signaux délivrés en sortie du récepteur soit en opposition
de polarité par rapport aux signaux émis à l'entrée de l'émetteur et votre oeil
brille de déception. Ne vous inquiétez pas, il suffit de peu pour remettre les pendules à l'heure, voyez donc.
Voilà,
inversion des deux broches entrée inverseuse [-] et entrée non
inverseuse [+] de l'AOP, et ajout du petit condensateur C4
sans lequel le montage ne fonctionnerait pas. Quel dommage d'en arriver
là. Bien sûr, il aurait aussi été possible d'ajouter un inverseur
logique en sortie de l'émetteur, histoire de compliquer ce qui n'a pas
besoin de l'être.
Usage en mode "tout ou rien" ?
Vous
n'avez pas envie de transmettre des données mais uniquement un ordre
marche/arrêt ? Dans ce cas il faut supprimer le condensateur de liaison
C2 et ajouter un potentiomètre ajustable pour fixer le seuil de
basculement, comme le montre le schéma modifié suivant :
Avec ce schéma, vous disposez d'un signal de sortie actif (+5 V) quand la LED de l'émetteur est activée.
Partie mécanique / optique
C'est bien
sûr la partie la plus amusante puisque vous maîtrisez tout le reste
sur le bout des doigts. Pour limiter le risque de vous influencer,
je ne détaillerai pas davantage.
- Exemples d'émetteurs lumière : LED CQY89 (IR 930 nm), diode LASER (lumière visible ou invisible).
- Exemples de récepteurs lumière : photodiodes BP104 (IR 920 nm), BPW21 ou BPW34 (IR 900 nm).
- Fibre optique : atténuation beaucoup plus importante avec la fibre
plastique (quelques dizaines de dB à plus de 1000 dB / km, oui),
par rapport à la fibre silice (atténuation de quelques dB / km).
Mais fibre plastique moins fragile et généralement moins chère
(par exemple 100 euros pour 1500 mètres de fibre plastique, contre 260
euros pour 100 mètres de fibre verre - mais on trouve tous les prix en
cherchant bien, et parfois une fibre silice coûte moins cher qu'une
fibre plastique pour une même longueur - bref, il faut chercher). Penser à
limer (polir) les extrémités de la fibre après l'avoir coupée à la
longueur voulue, c'est d'autant plus important que la longueur de la
fibre est grande (atténuation plus élevée, la qualité du
transfert optique prend de l'importance). Il est bien sûr possible
d'utiliser un câble déjà équipé de connecteurs mécaniques (style
TOSLINK utilisé en audionumérique), mais pas facile à trouver pour de
grandes longueurs.
Finalement
c'est simple, soit vous vous
contentez d'un couple émetteur IR / récepteur IR qui va bien ensemble
(plage de longueur d'onde du récepteur en accord avec longueur d'onde
de l'émetteur),
soit vous ne vous vous en contentez pas et de toute façon ce montage ne vous intéresse pas.
J'ai bien conscience que
ce
paragraphe peut être propre à vous décevoir, ne serait-ce que pour le
manque de détails pratiques. Il faut dire qu'au début, je souhaitais
rédiger cet article uniquement pour la partie électronique, et
c'est
finalement ce que j'ai fait.
Essais
Vous voilà
avec votre émetteur et votre récepteur entre les mains, et quelque
chose ne tourne pas rond. Pour trouver l'origine d'un éventuel
problème, il faut déjà savoir si ça coince du côté de l'émetteur ou du
récepteur.
- Vérification de l'émetteur
Si
votre source de lumière n'est pas visible, ce n'est pas évident. C'est
pourquoi dans un premier temps je suggère la mise en place d'une LED
qui émet un rayonnement visible au niveau de l'émetteur (rouge par
exemple), et d'installer un simple interrupteur ou bouton-poussoir
entre les bornes 2 et 3 du connecteur J1 pour activer la LED
manuellement. A ce stade, ça doit fonctionner, la LED doit s'éclairer
uniquement en présence d'une tension de commande suffisante (ici +5 V)
appliquée à la broche 2 de J1. - Vérification du récepteur
C'est
un peu moins simple, mais cela reste toutefois à la porté de celui qui
veut y arriver. Si vous ayez opté pour une commande en tout ou
rien, un multimètre placé en parallèle sur les broches de la
photodiode
vous indiquera si les tensions en présence ou absence de lumière sont
cohérentes. Si vous avez opté pour la transmission d'informations
complexes, mieux vaut disposer d'un oscilloscope pour vérifier la forme
des signaux délivrés par le photorécepteur, car un multimètre ne vous
renseignera pas aussi bien. Pour un résultat correct, vous devriez
observer un signal dont l'amplitude est voisine de 1 V aux bornes du
photodétecteur.
Pour ma part, j'ai essayé avec un phototransistor BPX25 éclairée par une
LED IR de type OP232.
Au
repos, tension de presque 12 V sur le
photorécepteur, et en action, tension de 100 mV. Avec de telles
valeurs, vous pourriez penser qu'une amplification est tout bonnement
inutile. Mais ces mesures sont faites avec une source lumineuse collée
au récepteur, le bilan de liaison peut donc être considéré comme
particulièrement bon... J'ai également effectué des tests avec la
télécommande de mon lecteur de DVD, la LED (connectée directement en
sortie de l'AOP pour ce mini-prototype) clignotait au rythme des infos
reçues jusqu'à une distance voisine de 60 cm.
Circuit imprimé
Non réalisé.
Historique
15/03/2015
- Correction erreur sur schémas : la
photodiode était montée à l'envers, c'est-à-dire câblée dans le sens
direct et non en inverse. Merci à Alain de m'avoir signalé cette erreur.
27/04/2014
- Ajout schéma pour usage en mode "tout ou rien" (signaux lumineux émis non alternatifs).
-
Correction schéma récepteur 008 : l'alimentation était marquée +5
V alors qu'elle est bien de +12 V, comme indiqué dans le texte.
-
Sur le récepteur, déplacement de la cellule de découplage R12/C3, qui
se trouvait auparavant sur l'entrée d'alimentation générale et qui se
trouve désormais entre le transistor de sortie et l'AOP.
- Infos complémentaires concernant les tests de bon fonctionnement.
26/05/2013
- Première mise à disposition.