Dernière mise à jour :
16/12/2012
Présentation
Le décodeur de tonalité décrit ici permet
de commander un appareil lors de la réception d'un signal BF de
fréquence bien déterminée. Il est basé sur
l'emploi d'un circuit de
type PLL qui a fait ses preuves, et dont la référence est
567 (LM567, NE567 ou
XR567 par exemple). Avec plusieurs circuits montés en
parallèle, il est
possible de constituer un système de télécommande
multi-voies avec un
seul support de transmission pour les signaux de commande.
Plusieurs schémas sont proposés ici, certains pour la détection
d'une tonalité unique, d'autre pour la détection
isolée de plusieurs tonalités. La détection d'une tonalité dans un son
capté par microphone est également abordée. Un autre montage de même
type, qui ne fait appel qu'à un simple AOP double, est présenté à la
page
décodeur tonalité 002.
Schéma 001 - Circuit de base
Le voici.
Fonctionnement général
Le circuit 567 est un décodeur de tonalité intégré qui ne requiert que
peu de composants externes pour sa mise en oeuvre. Il est possible
d'ajuster précisement sa fréquence centrale de détection (F0) et sa
largeur de bande, et son fonctionnement reste fiable même quand le
signal à détecter est entaché d'un assez fort niveau de bruit. Il
dispose d'une
sortie qui passe à 0 V (sortie collecteur ouvert, broche 8) quand
le signal BF appliqué sur son entrée In (broche 3) possède une
fréquence égale à ou proche de la fréquence centrale F0 qui elle-même
est spécifiée par
deux composants simples (un condensateur et une résistance). Notez bien
que le circuit réagit sur une plage de fréquence et non sur une
fréquence fixe unique, on parle de plage de capture ou bande
passante.
Sensibilité d'entrée
Le niveau du signal d'entrée à une grande importance dans
la détection. Une valeur trop élevée rend le
circuit moins sélectif et peut occasionner des
déclenchements intempestifs. L'idéal est d'attaquer
l'entrée du 567 avec une amplitude de quelques dizaines de
millivolts, entre 20 mV (minimum requis) et 200 mV (maximum
conseillé). Dans la pratique, on applique un signal d'amplitude
voisin de 30 mV à 50 mV quand un seul circuit 567 est mis en
oeuvre (comme pour le schéma ci-avant), et on monte à une
valeur comprise entre 100 mV et 200 mV quand plusieurs 567 sont
montés en parallèle (comme pour le schéma
décrit plus loin).
Programmation de la fréquence centrale de détection
La
fréquence centrale F0 qui correspond au maximum de sensibilité et sur
laquelle le circuit "s'accroche" est déterminée par la valeur des
composants R1 et C1, et répond à la formule suivante :
F0 = 1 / (R1 * C1).
R1
et C1 constituent ce qu'on appelle un filtre de boucle, qui permet
d'obtenir une tension continue d'erreur dont la valeur est
proportionnelle au rapport cyclique du signal qu'on lui applique
(fournit ici sur la borne 5 du circuit intégré). La plage de capture
(la fenêtre de détection encadrant la fréquence centrale F0) est de
quelques dizaines de Hz (entre 50 Hz et 70 Hz) et dépend d'une part de la valeur donnée au
condensateur C2, et d'autre part de l'amplitude du signal d'entrée Vin,
qui doit être comprise entre 25 mV et 200 mV pour un fonctionnement
correct du circuit. La formule qui permet d'en déterminer précisement la valeur est donnée ci-après :
B = 1070 * RacineCarrée(Ve / (F0 * C2))
où
B est exprimé en Hz, Ve est la tension d'entrée en Veff et C2 le
condensateur relié en broche 2. Le fait que la largeur de bande
est liée à l'amplitude du signal d'entrée doit toujours être prise en
compte, surtout quand on utilise plusieurs détecteurs en parallèle avec
des fréquences très rapprochées. Si le signal à détecter est de
trop forte amplitude, placez un
pont diviseur résistif
en entrée du montage, ou mieux encore un
potentiomètre
qui permettra d'ajuster le niveau d'entrée à une valeur idéale. C3
n'est pas indispensable dans tous les cas, mais contribue très
fortement à une absence de réaction du circuit quand arrivent des
parasites ou du souffle important à l'entrée. Pour cette raison, il est
fortement conseillé de le mettre, sachant que sa valeur sera toujours
un peu plus élevée que celle du condensateur C2. Pour résumer, on peut
dire que la réponse (temps de réaction) du circuit est d'autant plus
rallongée que C2 et C3 sont élevés (avec C3 au moins deux fois plus
élevé que C2), mais qu'en contrepartie la fiabilité du système en est
accrue. Si le temps de réaction vous semble trop long (il peut
atteindre 0,5 seconde ou même 1 seconde), vous devrez baisser leur
valeur, en faisant quelques tests sous différentes fréquences et bruits
divers (bruit blanc par exemple) pour voir si le comportement général
convient toujours. Le tableau qui suit donne quelques valeurs d'exemple
pour permettre la détection de quelques fréquences fixes.
F0 |
C1 |
R1 |
C2 |
C3 |
400 Hz |
0,1 uF |
22 kO |
2,2 uF |
10 uF |
600 Hz |
0,1 uF |
15 kO |
1,5 uF |
10 uF |
800 Hz |
0,1 uF |
12 kO |
1 uF |
4,7 uF |
1000 Hz |
0,1 uF |
10 kO |
1 uF |
4,7 uF |
1700 Hz |
0,47 uF |
15 kO |
680 nF |
4,7 uF |
2000 Hz |
0,047 uF |
10 kO |
470 nF |
2,2 uF |
2500 Hz |
0,022 uf |
18 kO |
330 nF |
1,5 uF |
D'autres valeurs peuvent être adoptées pour la détection de
fréquences données, puisque c'est la constante de temps du couple R1 /
C1 qui détermine la fréquence centrale du VCO qui oscille en interne
quand aucun signal BF n'est appliqué sur l'entrée. Bien que non
obligatoire mais pour des raisons de commodité, on peut utiliser
une résistance fixe associée à une résistance variable pour R1. Le
tableau suivant donne quelques autres valeurs de composants calculés
pour que le circuit réagisse à des
notes de musique.
F0 |
Note | C1 |
R1 |
C2 |
C3 |
370 Hz |
Fa# 3 | 0,1 uF |
22 KO + 10 kO Ajust |
4,7 uF |
10 uF |
440 Hz |
La 3 | 0,1 uF |
18 KO + 10 kO Ajust |
4,7 uF |
10 uF |
554 Hz |
Do# 4 | 0,1 uF |
15 KO + 10 kO Ajust |
4,7 uF |
10 uF |
698 Hz |
Fa 4 | 0,1 uF |
10 KO + 10 kO Ajust |
4,7 uF |
10 uF |
La présence d'une résistance ajustable (potentiomètre ajustable
montée en résistance variable) permet de se caler exactement sur la
valeur de note désirée. Vous pouvez par curiosité essayer de réaliser
plusieurs détecteurs dont les fréquences centrales correspondent à des
notes adjacentes (par exemple Do3, Do#3, Ré3, etc). Vous verrez à quel
point il devient facile d'en faire réagir un sans que son voisin ne
réagisse en même temps... Mieux vaut donc garder quelques notes
d'intervalle ! Si vous disposez d'un fréquencemètre, il vous suffit de
mesurer la fréquence d'oscillation du VCO interne sur la broche 5 du
circuit et de l'ajuster au besoin, aucun signal BF n'arrivant à cet
instant sur l'entrée broche 3.
Un logiciel de calcul pour simplifier ?
J'aurais
pu le faire mais je ne l'ai pas fait. En revanche, Jean-Malo l'a fait
et m'a donné l'autorisation de le publier ici. Ce que je fais donc avec
grand plaisir, merci à lui !
Logiciel calcul Décodeur tonalité à 567 - (15/12/2012)
Attention, ce logiciel a été développé en Visual Basic et requiert le
runtime VB6 (si le runtime VB6 n'est pas installé sur votre machine, il faudra l'installer pour pouvoir exécuter ce logiciel).
Commande d'un équipement de puissance
La
sortie du 567 se fait en collecteur ouvert et ne peut fournir un
courant supérieur à 100 mA. Cela est suffisant pour
alimenter la
bobine d'un relais ou la gachette d'un triac, mais insuffisant pour
allumer une ampoule à incandescence de puissance moyenne ou
grande. En cas de besoin d'un courant
commuté supérieur à 100 mA, vous devez donc
ajouter un amplificateur de
courant, qui peut se résumer à un simple transistor
choisi selon votre
besoin. Le schéma simplifié qui suit montre un exemple
mettant en oeuvre un transistor additionnel de type 2N2907 pour
commutation d'un courant pouvant aller jusqu'à 500 mA, ou un
transistor de type TIP127 pour un courant de quelques ampères.
Avec ce montage, le comportement de la sortie Util (Utilisation) est
identique à la sortie directe, à savoir que
l'élement branché sur J1 sera mis en route sur
détection tonalité. Si vous souhaitez une commande
inverse, c'est à dire activation de l'élement
commandé en absence de détection tonalité (et donc
au repos), vous pouvez adopter le schéma suivant.
Transistor additionnel de type 2N2222 pour commutation d'un courant
pouvant aller jusqu'à 500 mA, ou transistor de type TIP122 pour
un
courant de quelques ampères (max 4A). Pour une commande sur
secteur 230 V, vous devez impérativement utiliser une interface
permettant une isolation totale avec le secteur, comme le montre
l'exemple suivant.
Pour plus de détails concernant ce genre d'interface, merci de sauter à
la page
Interface
230 V 001.
Schéma 001b - Plusieurs détecteurs en parallèle
Il
est tout à fait possible de disposer plusieurs circuits
identiques en
parallèle, afin de disposer d'un système de
détection doté de plusieurs
sorties s'activant chacune pour une fréquence d'entrée
donnée. Notez
que comme la plage de capture est de quelques dizaines de Hz, il vaut
mieux utiliser des fréquences assez éloignées
quand on travaille dans
le bas du spectre sonore. Au delà de trois circuits mis en
parallèle,
il est conseillé de placer en entrée du montage un
étage suiveur de
tension à transistor ou AOP afin d'attaquer chaque étage
dans de bonnes
conditions. L'impédance d'entrée du 567 est en effet de
l'ordre de 20
KO, et en mettre quatre en parallèle équivaut à
disposer d'une
impédance d'entrée de 5 KO. Cela ne posera aucun
problème si l'ipédance
de sortie de la source est très faible, mais pensez-y si ce
n'est pas
le cas. Un exemple de schéma mettant en oeuvre deux
décodeurs en parallèle est présenté
ci-après.
Dans ce montage, un transistor monté en suiveur de tension a
été ajouté à l'entrée, et il est
ainsi possible de monter jusqu'à 4 ou 5 décodeurs NE567
en parallèle.
Forme du signal d'entrée
Dans ce genre d'application, il est fortement conseillé
d'injecter des signaux de forme sinusoïdale, car le 567 est
sensible aux harmoniques. Vouloir détecter des fréquences
de signaux rectangulaires à 1 KHz, 2 KHz et 4 KHz serait fort
risqué, car un signal rectangulaire de 1 KHz contient des
harmoniques à 2 KHz et à 4 KHz. Ce qui signifie qu'un
décodeur calé sur 4 KHz serait tout à fait en
mesure de réagir fasse à un signal carré de 1 KHz
ou de 2 KHz. En contrepartie, le décodeur calé sur 1 KHz
ne serait pas sensible aux signaux de 2 KHz ou de 4 KHz. Deux solutions
donc :
- soit on ne travaille qu'avec des signaux de forme sinus, et dans ce
cas pas de problème pour le choix des fréquences
centrales de détection;
- soit on travaille avec des signaux carrés, mais dans une plage
de fréquence qui se limite à une octave (par exemple
entre 1 KHz et 2 KHz).
Schéma 001d - Détecteur 4 tonalités
Le
schéma qui suit montre comment détecter quatre tonalités distinctes de
200 Hz, 400 Hz, 600 Hz et 800 Hz, pouvant être émise séparement ou
simultanément.
Les potentiomètres ajustables RV1 à RV4 doivent être ajustés pour
que chaque section réagisse à la fréquence qui lui est propre :
- RV1 pour la détection du signal 200 Hz
- RV2 pour la détection du signal 400 Hz
- RV3 pour la détection du signal 600 Hz
- RV4 pour la détection du signal 800 Hz
Vous
noterez que les valeurs données aux composants déterminant
la fréquence centrale des circuits ne correspondent pas tout à
fait aux valeurs proposées dans le tableau en début d'article. Cette
façon de faire permet ici de modifier la fréquence centrale de chacun
des circuits sur une plage un peu plus grande. Le circuit prévu pour
détecter le 800 Hz peut aussi être utilisé pour détecter du 200 Hz,
sans rien modifier au circuit (si ce n'est bien sûr l'ajustage du
potentiomètre correspondant).
Comme dans le montage précédent, le
transistor d'entrée Q1 est monté en émetteur suiveur (collecteur
commun), on retrouve sur le potentiomètre RV5 le signal d'entrée
centrée sur la moitié de la tension d'alim. RV5 doit être ajusté pour
un déclenchement fiable, sa position dépend de l'amplitude du signal
d'entrée Vin appliqué sur l'entrée In. Pour ce qui est des
condensateurs 1 uF et 2,2 uF, vous pouvez prendre des tantales,
qui tiennent moins de place. Mais dans ces valeurs faibles, on trouve
aussi des condensateurs électrochimique radiaux (montage vertical) qui
peuvent être aussi vraiment très petits (modèles miniatures de
Panasonic par exemple).
Rappel
: la sortie des 567 se faisant en collecteur ouvert, les sorties Out1 à
Out4 sont actives à l'état bas, c'est à dire qu'elles sont à l'état
logique haut au repos, en absence de signal sur les entrées.
Schéma 001e - Détection via microphone
La
détection d'un son capté par microphone est possible mais requiert une
petite amplification du signal délivré par le microphone. On peut pour
cela fort bien se contenter d'un micro électret qui par nature est
généralement assez sensible, et le faire suivre par un étage préampli
constitué d'un transistor monté en amplificateur de tension. Le schéma
suivant montre une façon de faire parmi plusieurs.
Le microphone electret M1 doit être alimenté, ce qui explique la présence de la résistance R2 (
détails).
La tension d'alimentation du microphone est stoppée par le condensateur
de liaison C6, qui ne laisse passer que le signal alternatif et
donc la modulation sonore captée. L'amplification en tension est
assurée par le transistor Q1, son taux dépend de la valeur donnée
à la résistance R3. Le potentiomètre RV2 constitue la résistance de
charge du transistor, et permet en même temps de doser la quantité de
signal électrique envoyé vers le décodeur de tonalité 567. Si vous
accordez ce circuit pour qu'il réagisse à la fréquence de 440 Hz, vous
pourrez en faire un indicateur de bonne tonalité "LA" en chantant
devant le microphone. L'étalonnage peut se faire en plaçant le micro
sur l'écouteur d'un combiné téléphonique juste après prise de ligne (la
tonalité d'attente étant précisement de 440 Hz). Evidement ce circuit
ne pourra prétendre indiquer une valeur pile de 440 Hz puisqu'il réagit
aussi aux fréquences très voisines. Mais je trouve tout de
même amusant de s'essayer à ce petit jeu. La sortie se fait
toujours en collecteur ouvert, vous pouvez remplacer la résistance R1
par une LED et sa résistance série (par exemple LED rouge et résistance
série de 180 ohms).
Alimentation
L'alimentation du circuit doit être
très stable car elle a une influence sur la fréquence centrale F0.
C'est la raison pour laquelle un régulateur de tension de +5 V a été
ajouté ici (U2, LM7805 en boitier TO220 ou LM78L05 en boitier TO92). Ce
régulateur demande une tension d'entrée comprise entre +8 V et +15 V pour
permettre un fonctionnement nominal du circuit. Si vous cablez
plusieurs détecteurs de tonalité en parallèle, un seul régulateur de
tension de type 7805 suffit pour tous.
Historique
16/12/2012
- Mise à jour du logiciel de calcul de Jean-Malo.
02/12/2012
- Correction schéma 001e, les condensateurs sur la partie "gauche" du circuit intégré n'étaient pas reliés à la masse.
- Ajout logiciel de calcul des composants, proposé par Jean-Malo que je remercie grandement !
31/10/2010
- Ajout schéma 001e (avec microphone).
07/12/2008
- Première mise à disposition.