Dernière mise à jour :
23/07/2017
Présentation
Ce filtre BF est un filtre passe-bas ayant une pente
d'atténuation de 12 dB / octave, et dont la fréquence de
coupure peut être ajustée entre 3 KHz et plus de
20 KHz (scéman 003) ou entre 45 Hz et 280 Hz
(schéma 003c) au moyen d'un
potentiomètre double (au
delà de 20 KHz, il n'est évidemment plus
considéré comme un filtre passe-bas, tout du moins dans le domaine de
l'audible). Moyennant le
changement de deux condensateurs, on peut abaisser encore plus la
fréquence de coupure, de telle sorte qu'il devient possible
d'utiliser ce filtre pour effectuer quelques expérimentations avec un
caisson de basse amplifié. Et pour
couronner le tout, il est même possible, moyennant des retouches
mineures, de piloter à distance la fréquence de coupure
par le biais d'une tension continue !
Schéma simplifié (de base)
Avant d'aborder le schéma complet, il peut être
interressant de voir le schéma de principe, version
"simplifiée" de ce qui sera vu par la suite. Celui qui suit, et
sur lequel je me suis basé pour la réalisation de ce
filtre, est extrait d'un livre de Texas Instrument, nommé
"Linear and interface circuit applications". Mais ce schéma est
assez typique et on le trouve dans un nombre incroyable de notes
techniques ou datasheet d'AOP (je ne parle même pas d'Internet).
Il n'a donc rien d'extraordinaire ;-)
Ce filtre est donc un filtre passe-bas dont la pente
d'atténuation est de 12 dB / octave, c'est à dire
qu'à partir de la fréquence de coupure, un signal de
fréquence F (par exemple 18 KHz) est atténué
quatre fois plus vigoureusement qu'un signal de fréquence F / 2
(9 KHz si F = 18 KHz). 12 dB correspond en effet à un rapport en
tension de quatre, et un intervale de 1 octave correspond à un
rapport en fréquence de deux. La formule permettant de
déterminer la fréquence de coupure (fréquence
à partir de laquelle le signal est atténué de 3 dB
par rapport aux fréquences où le signal n'est pas
touché), et la suivante :
Fc = 1 /
(2 *
3.14 * C2 * R)
où R = R1 = R2 exprimés en ohms (100 KO = 100.10
3
ohms)
et où C2 est exprimé en Farads (100 pF = 100.10
-12
Farads)
Cette formule est vraie seulement si R1 = R2, car le terme R de la
formule est en fait "racine carrée de (R1 * R2)"
Avec les valeurs de composants du schéma, nous obtenons une fréquence
de coupure de
Fc = 1 / (2 * 3.14 * 100.10
3 * 100.10
-12)
Fc = 1 / (6.28 * 10
-5)
Fc = 15923 Hz
La théorie c'est bien, mais la pratique...
Ca, c'est la fréquence de coupure théorique, et on peut
s'attendre à trouver en pratique une valeur assez proche de
cette dernière. Mais avec ce circuit, on constate une
fréquence de coupure de 10 KHz et non une fréquence de
coupure voisine de 16 KHz (avec les résistances de 100K et les
condensateurs de 100 pF) . Il y a bien la tolérance des
composants, mais cet écart a une autre cause, et on peut le
constater même avec des composants de précision. En
réalité, cela est tout à fait normal, et
correspond à un petit inconvénient lié à la
simplicité du montage, qui veut que la contre réaction
soit totale (sortie de l'AOP reliée directement à son
entrée inverseuse), et que la fréquence de coupure varie
un peu en fonction du taux de contre-réaction. La formule
théorique donnée avec le premier schéma, et que
l'on peut lire partout, n'est donc pas tout à fait juste (enfin
elle l'est, mais pour un point de coupure à -6 dB et non
à -3 dB)... En ajoutant deux résistances comme le montre
le schéma suivant, la fréquence de coupure pratique est
très proche de la valeur théorique.
J'ai donc retenu cette façon de faire, même si cela
apporte un petit gain de quelques dB (environ 5 dB) à
l'ensemble. Si cela vous gêne, vous pouvez descendre un peu la
valeur de la résistance de contre-réaction qui fait le
lien entre sortie de l'AOP et son entrée inverseuse (R3 sur le
schéma).
Modification de la fréquence de coupure
La formule qui précède montre que la fréquence de
coupure dépend principalement de la valeur des
résistances et des condensateurs employés. Il n'est
jamais très commode de disposer de condensateurs variables quand
les valeurs sont supérieures à quelques dizaines de
picofarads, mais il est en revanche fort aisé de confectionner
des résistances variables avec des potentiomètres. Ici,
nous devons modifier en même temps R1 et R2, puisque ces deux
résistances doivent toujours avoir la même valeur. Un
potentiomètre double avec axe mécanique unique est donc
requis, et heureusement, ce type de composant se trouve facilement.
Afin de ne pas faire descendre trop bas la valeur de R1 et R2, une
résistance talon sera montée en série avec chacun
des deux potentiomètres. Inutile en effet d'aller couper
au-delà de 100 KHz...
Modification de la plage (Min-Max) de la fréquence de coupure
En remplaçant les deux condensateurs C1 et C2 de 100 pF par des
condensateurs de 2,2 nF, vous pouvez ajuster la fréquence de
coupure entre 120 Hz et 2 KHz. En augmentant encore la valeur de ces
condensateur, la fréquence de coupure pourra descendre encore
plus bas, mais êtes-vous sûr de bien vouloir celà ?
Schéma 003(a)
Le schéma qui suit est bien basé sur le
schéma simplifié présenté ci-avant,
même s'il est un poil plus compliqué. Il fait usage d'un
double
AOP
de type NE5532, et vaut pour une voie BF uniquement
(monophonie). Pour une application en stéréophonie, il
convient de le réaliser en deux exemplaires.
Pourquoi deux AOP ?
On peut bien se poser la question, vu que l'avant-dernier schéma
proposé semblait répondre à nos attentes... En
fait, je crois bien que j'ai pris une sale manie, à savoir celle
de mettre un étage tampon en entrée des filtres, afin de
ne plus se poser de question concernant l'impédance de sortie de
l'étage qui précède, qui si elle est trop
importante, à une influence négative sur le comportement
du filtre. On ajoute quelques composants certes, mais on à
l'esprit tranquille. Ceci dit, rien ne vous empêche d'appliquer
le signal audio à traiter directement sur le
potentiomètre RV1 (en haut du pot et donc côté R4,
sur le schéma), si votre source audio présente une sortie
à basse impédance (inférieure à 1 KO). Bien
évidement dans ce cas, tous les composants qui
précèdent RV1 disparaissent. Le tampon d'entrée /
adaptateur d'impédance construit autour de U1:A présente
un léger gain, que vous pourrez le cas échéant
ajuster, en modifiant la valeur de R4 (ou même pourquoi pas en
remplaçant cette résistance par un petit
potentiomètre ajustable de 220K).
Le filtre en lui-même
Si vous avez compris ce qui précède, vous devriez
reconnaitre sans trop de difficulté le filtre
précédement évoqué. Il s'agit bien
sûr du montage construit autour de U1:B, où les deux
résistances R1 et R2 sont respectivement remplacées par
les couples RV1 + R5 et RV1' + R6, et où les condensateurs C1 et
C2 portent les mêmes noms.
Réponse en fréquence
Comme nous l'avons vu
auparavant, la réponse en
fréquence dépend de la valeur des deux résistances
"principales" du filtre (R1 et R2 dans le schéma de base, RV1 et
RV1' dans le schéma complet), résistances qui sont
maintenant dépendantes de la position des deux axes du
potentiomètre double RV1 + RV1' (potentiomètre
linéaire de 2 x 470K). Pour un fonctionnement correct du filtre,
le cablage des deux potentiomètres doit être
réalisé de telle sorte que les deux résistances
variables évoluent dans le même sens : quand RV1 diminue,
RV1' doit aussi diminuer.
Alimentation
Les AOP du filtre nécessitent ici une tension symétrique
de +/-12V, que peut fournir une alimentation régulée
telle que celles présentées aux pages
Alimentation
symétrique 001 ou
Alimentation
symétrique 002.
Si vous disposez d'une alimentation simple et non symétrique de
valeur comprise entre 15V et 24V, vous pouvez aussi vous en sortir, en
intercalant un symétriseur d'alimentation entre l'alimentation
et le filtre (voir exemples en pages
Masse
virtuelle
et
Alimentation
symétrique 007) .
Schéma 003b - Commande par tension continue
L'idée est de remplacer les potentiomètres -
élements manuels par excellence - par des élements
"télécommandables". On pourrait certes imaginer un
système à moteur faisant tourner l'axe des
potentiomètres, comme c'est le cas du potentiomètre de
volume de certains amplificateurs hifi
télécommandés, et donc restant entièrement
mécanique. Mais il y a plus simple. Et ce "plus simple"
s'appelle "optocoupleur". Pas un optocoupleur "logique" tel que le
TIL111 ou 6N137, ni un optocoupleur "analogique" spécialement
fait pour l'audio, malheureusement rare et cher. Non, rien de tout cela
: juste deux cellules photo-résistives classiques de type LDR03
ou LDR05, chacune mise en regard d'une led bien lumineuse.
Plus les leds s'éclairent fort et plus les LDR (Light Dependant
Resistor, photorésistance) sont éclairées et plus
leur résistance diminue. En clair, plus les LDR sont
éclairées, et plus la fréquence de coupure est
basse. Le principe est posé, mais vous
le savez peut-être déjà, il ne suffit pas de
fournir une tension variable à une led pour en obtenir une
variation progressive. Mais ce petit détail n'est pas bien
difficile à contourner, il suffit d'utiliser un petit
convertisseur tension / courant fort basique pour obtenir ce que l'on
veut. Voici donc le schéma d'origine modifié et
désormais pilotable
par une tension continue comprise entre +4 V et +12 V.
Cette plage de tension +4 V à +12 V, issue du
diviseur
potentiomètrique
RV1 / R10 permet de faire circuler dans les deux leds, un courant
compris entre quelques microampères et environ 20 mA, ce qui est
parfait pour piloter la majorité des leds normales. Si cette
plage de tension ne vous convient pas, il est tout à fait
possible de l'adapter à une autre, via une légère
modification du convertisseur tension / courant. Faites-moi signe si un
tel besoin venait à se présenter ;-)
LDR ou transistors FET ?
Il est également possible de remplacer les résistances du
filtre par des transistors FET (type P), commandés par une
tension continue comprise entre 0,1 V et 2 V. Mais un risque de
distorsion non négligeable apparait pour des tensions de sortie
supérieures à 100 mV, cas dans lequel les FET ne
travailleraient plus dans leur zone linéaire. C'est pourquoi
j'ai préféré utiliser des LDR et le circuit
convertisseur tension / courant.
Schéma 003c - Adaptation pour filtrage basses
En modifiant légèrement le schéma, on peut utiliser ce filtre pour un
usage spécial "caisson de basses".
Avec les valeurs indiquées, la fréquence de coupure peut être
continument ajustée entre 45 Hz et 280 Hz environ. Pour un usage avec
une source stéréo, il suffit de sommer les deux signaux d'entrée G et D
via deux résistances, ce qui donne le schéma suivant (remplacement du
connecteur d'entrée 2 points J2 par un connecteur 3 points, et ajout de
R1') :
Prototype
Réalisé sur plaque d'expérimentation (version avec LDR et convertisseur
tension / courant pour les led).
Les LDR sont montées directement au-dessus des leds, sans fixation
particulière. En pratique, il convient de mettre ces deux couples de
composants dans une petite enceinte hermétique à la lumière, afin
d'éviter toute influence de la lumière ambiante. A moins que l'effet
désirée tienne compte de ce paramètre...
Historique
23/07/2017
- Ajout schéma 003c adapté pour filtre "basses".
10/05/2008
- Première mise à disposition.