Dernière mise à jour :
27/03/2011
Présentation
Cet article décrit comment effectuer la sommation de plusieurs
sources audio provenant de sorties symétriques. Je me suis
fortement inspiré des articles écrits en anglais par Dave
("NewYorkDave"), qui se manifeste de façon for agréable
et professionnelle sur les forums de Prodigy. Vous trouverez donc ici
plutôt une traduction et quelques (re)touches personnelles,
plutôt qu'un descriptif de découvertes ou mises en oeuvres
qui ne sont pas de moi (j'ai déjà réalisé
plusieurs mélangeurs passifs asymétriques mais jamais de
mélangeurs passif symétrique au moment de
l'écriture de ces lignes). Trois schémas sont proposés :
-
Schéma 005 : version 8 voies mono
-
Schéma 005b : version 2 voies mono avec une voie commutable à distance (via relais)
-
Schéma 005c : version 16 voies mono avec sortie stéréo, ajustage niveau et "pan" sur chaque entrée
Avant toute chose...
Une sommation passive de signaux audio implique obligatoirement une
perte de niveau assez conséquente, que le transport s'effectue
en asymétrique ou en symétrique n'y change rien. Vous
devrez donc surement utiliser une entrée ayant suffisement de
gain (entrée micro ou entrée ligne avec une bonne
réserve) pour raccorder la sortie de ce mélangeur.
Important :
chaque
entrée devra se voir appliquer un signal niveau ligne, vous ne
pouvez pas utiliser ce mélangeur pour mixer plusieurs
microphones, ni dynamiques, ni électrostatiques !
Schéma 005 - Version 8 entrées
Le voici donc. Comme vous pouvez le constater, seuls des
connecteurs XLR et de simples résistances sont mises en oeuvre.
Sa mise en pratique ne devrait donc pas poser de problème
particulier, si ce n'est l'aspect mécanique lié à
la pose des XLR (si vous avez déjà essayé de faire
un trou pour un connecteur XLR chassis, vous savez de quoi je parle).
Mélange fixe
Chaque entrée est considérée égale aux
autres, et aucun réglage de niveau n'est prévu. Si
un ajustement de niveau est requis, vous devrez l'opérer avant
le mélangeur (réglage du niveau de sortie de la voie
concernée). Notez également l'absence d'interrupteur sur
le trajet des entrées, ce qui fait que chaque appareil
connecté à ce mélangeur sera vu du bus de
mélange, et ce même s'il est éteind. Ce qui
signifie en clair qu'il contribuera un peu à
l'atténuation globale du sommateur, tant qu'il y sera
connecté.
Impédance des entrées du
mélangeur
L'impédance d'entrée vue par chaque équipement est
approximativement de 20 kOhms, et est déterminée par la
valeur des résistances de sommation R1 + R2 (10 kO + 10 kO), R3 +
R4, etc. L'impédance de sortie de chaque équipement
raccordé aux entrées sera de préférence
inférieure à 2 kOhms, ce qui est
généralement le cas pour les sorties symétriques
des équipements audio professionnels ou semi-professionnels.
Impédance de sortie du
mélangeur
L'impédance de sortie est principalement
déterminée par la valeur de la résistance shunt
R17, qui sera calculée selon la formule suivante :
R17 = ((20K / N) * Z) / ((20K / N) - Z)
où :
20K = 2 * 10K (R1 + R2 par exemple)
N = nombre d'entrées
Z = impédance de sortie désirée (200 ohms dans le
cas présent)
La valeur de 220 ohms attribuée ici à R17 conduit
à une impédance de sortie de l'ordre de 200 ohms. Vous
pouvez la modifier selon vos convenances personnelles, mais
rappellez-vous qu'il vaut mieux conserver une valeur assez basse pour
attaquer en toute quiétude l'entrée de
l'équipement qui y fera suite.
Perte d'insertion
La valeur de la résistance shunt R17 joue aussi un rôle
déterminant dans la perte d'insertion du mélangeur, on
peut la considérer sans complexe comme faisant partie
intégrante d'un atténuateur symétrique (voir page
Atténuateur BF
fixe,
section atténuateur BF symétrique). Bien entendu, les
deux
résistances placées en série sur chaque
entrée ont aussi leur part dans le calcul de
l'atténuation. La valeur de cette perte d'insertion
(atténuation) est donnée par la formule suivante :
Att (dB) = 20 Log (Z / (20K + Z))
où :
20K = 2 * 10K (R1 + R2 par exemple)
Z = impédance de sortie désirée
Pour une impédance de sortie fixée à 200 ohms, la
perte d'insertion est d'environ 40 dB.
Pour une impédance de sortie fixée à 600 ohms, la
perte d'insertion est d'environ 30 dB.
Mais au vu de ces chiffres, ne pensez pas trop vite que l'on a
interêt à augmenter l'impédance de sortie pour
diminuer l'atténuation apportée par le sommateur...
Mais, R17 court-circuite le signal + et le signal - !
Il est vrai que lorsqu'on n'est pas trop habitué à ce
genre de montage, la présence de la résistance
shunt R17 peut sembler extravagante. Pensez donc, elle relie les deux
bornes signal + et - de chaque entrée symétrique, et on
est donc en droit de penser qu'on va se retrouver là avec une
addition de deux signaux en opposition de phase qui va conduire
à leur propre annulation ! Et oui, c'est effectivement le cas.
La perte occasionnée par ce type de montage est bien liée
en grande partie à cet atténuateur constitué des
trois résistances série et shunt réunies
(R1+R2+R17, R3+R4+R17, etc). C'est le revers de la médaille face
à un système actif, où toutes les entrées
sont parfaitement isolées les unes des autres. Parce que le
problème est là : dans un système passif comme
celui-là, les entrées se retrouvent toutes mises en
parallèle au travers des résistances série de
sommation (10K dans notre montage). Ce qui signifie tout bêtement
que toutes les sorties des équipements raccordés aux
entrées, se voient elles aussi mises en parallèle (au
travers des résistances de sommation, il est vrai). La
résistance shunt R17 est donc là pour limiter les
"fuites" d'une entrée vers les autres. Idéalement, sa
valeur devrait être de zéro ohms, mais vous imaginez
aisement qu'il ne resterait alors plus grand chose du signal
d'entrée au point de sommation. Il faut donc trouver un
compromis : plus R17 est faible, et plus l'isolation entre les
entrées est bonne, mais plus l'atténuation est élevée. Et plus R17 est élevée, et moins
l'atténuation est élevée, mais plus
l'isolation entre les entrées est mauvaise. Il est dit qu'un bon
compromis se situe avec une résistance qui au final occasionne
une atténuation comprise entre 30 dB et 40 dB. Au passage,
notons que dans un système actif, la résistance au point
de sommation (l'équivalent de R17 du montage passif) est de
zéro ohm...
Mais R17 pourrait tout de même
être supprimée, non ?
Bah oui, pourquoi ne pas dire que l'impédance d'entrée de
l'équipement qui va être raccordé à la
sortie du mélangeur passif correspond à la
résistance shunt R17 ? Tout simplement parce que dans ce cas, la
résistance shunt "fictive" R17 risque d'être un peu trop
élevée. Si vous utilisez un préampli micro pour
rattraper le niveau perdu, pensez à l'impédance que doit
voir l'entrée de celui-ci (si son
impédance d'entrée est comprise entre 1 kO et 2 kO, il doit
voir une impédance de source de quelques centaines d'ohms au
maximum pour de meilleurs performances en bande passante et en bruit).
Vraiment pas possible de supprimer R17
?
Si vous y tenez à ce point, disons que cela est possible si
le nombre d'entrées est de 2 ou 3. Dans ce cas en effet, la
perte occasionnée par le mélangeur est moins importante,
et le niveau du signal de sortie est plus proche d'un niveau ligne
faiblard que d'un niveau micro, et il est alors envisageable d'utiliser
une entrée ligne (avec une réserve de gain suffisante
tout de même) plutôt qu'une entrée micro pour
compenser l'atténuation subite. On se rapproche alors du cas
évoqué à la page
Mélangeur
passif 004.
Nombre d'entrées différent de 8
Le schéma présenté ici comporte 8 entrées,
mais vous pouvez sans problème réduire ou augmenter ce
nombre, entre 2 et 16, il suffit d'ajuster la valeur de R17 en
conséquence.
Quelques exemples de valeurs pour la résistance R17 sont
données
dans le tableau qui suit, qui vous évitera
peut-être quelques calculs. Base de calcul : impédance
d'entrée de 20 Kohms, et impédance de sortie Zs de 200 ou
600 ohms. La valeur donnée pour R17 correspond à la
valeur calculée et n'a pas été arrondie à
la valeur normalisée la plus proche (je vous laisse cet exercice
au demeurant fort simple).
Nombre d'entrées |
R17
Pour Zs = 200 ohms
(Att = -40 dB) |
R17
Pour Zs = 600 ohms
(Att = -30 dB) |
2 |
204 |
638 |
3 |
206 |
659 |
4 |
208 |
680 |
5 |
210 |
705 |
6 |
212 |
731 |
7 |
215 |
759 |
8 |
217 |
789 |
9 |
219 |
821 |
10 |
222 |
857 |
11 |
224 |
895 |
12 |
227 |
937 |
13 |
229 |
983 |
14 |
232 |
1034 |
15 |
235 |
1090 |
16 |
238 |
1153 |
Comme vous pouvez le constater, la valeur de R17 est plus
dépendante du nombre d'entrée quand l'impédance de
sortie est plus grande. Comme finalement l'impédance de sortie
n'est pas si critique que cela dans la majorité des
applications, vous pouvez adopter systématique pour R17 une
valeur de 220 ohms, pour une impédance de sortie de 200 ohms, et
ne pas trop vous soucier du nombre d'entrées réellement
exploitée.
Schéma 005b - Version 2 voies
Le
schéma de sommateur qui suit reprend la phylosophie évoquée ci-avant.
Ce circuit dispose de deux voies d'entrées dont une est commutable via
un relais alors que l'autre voie est toujours en servcie. La perte
d'insertion (atténuation) est identique à celle de la version 8 voies,
à savoir de 40 dB (rapport de 100:1). Et ce que la voie commutée soit
ou non en service.
La
mise en ou hors service de la voie commutée se fait au travers des
contacts repos d'un relais, de sorte qu'en absence de commande (pas de
tension aux bornes de la bobine), l'entrée 2 (connecteur d'entrée J2)
est en service et sommée à la voie 1 (connecteur d'entrée J1). La
coupure de la voie 2 se fait en faisant coller le relais, contacts se
mettant en position travail. Le relais utilisé ici est un modèle 24 V
mais il va presque de soi que n'importe quel autre modèle convient. Si
la tension de commande est du 24 Vac (alternatif) alors que le relais
est un modèle 24 Vdc (continu), il conviendra de redresser, filtrer et
réguler le 24 Vac pour en faire un 24 Vdc. Pour celà, adopter le schéma
classique pont de diodes à 4 x 1N4007 ou pont moulé, condensateur 100
uF / 40 V et
régulateur de tension
type LM7824. La majorité des relais 24 V acceptent de fonctionner avec
une tension permanente d'un peu plus de 30 V et on pourrait à la limite
se passer du régulateur abaisseur de tension. Mais le relais risque
alors de chauffer un peu trop et sa durée de vie pourrait en être bien
raccourcie. Alors autant faire dans les règles... Bien entendu, le
relais peut être supprimé et dans ce cas on se retrouve avec un
sommateur passif symétrique à deux voies "classique" :
Schéma 005c - Version 16 voies
Avertissement
: j'ai élaboré ce schéma à la demande d'un technicien son et
non pour mes besoins personnels. Je ne l'ai pas testé et ne peux en
aucun cas garantir son fonctionnement parfait - tout du moins tant que je n'ai pas de retour de la part du demandeur.
Réglage niveau d'entrée
Assuré
par de traditionnels
potentiomètres stéréo à courbe de variation logarithmique. Il est très
important que ces potentiomètres
soient d'excellente qualité et surtout que leurs deux pistes soient
parfaitement appairées. Ils servent en effet à atténuer un signal audio
symétrique qui ne repasse pas dans le domaine asymétrique (rappelons
que le montage est passif d'un bout à l'autre) et les deux signaux "point
chaud" et "point froid" doivent toujours rester de même amplitude
électrique avec ou sans atténuation. Pas question que les deux
présentent entre eux une différence d'amplitude trop marquée, ce qui
réduirait de façon trop grande le taux de réjection de mode commun
(CMRR). A part ce point particulier, rien à dire, l'atténuation à lieu
avant le routage vers la sortie stéréo.
Routage sortie stéréo gauche / droite
On
ne dispose pas ici d'un panoramique continuement ajustable entre la
sortie gauche et la sortie droite, mais d'un routage physique "tout ou
rien" vers la sortie gauche seule, vers la sortie droite seule ou vers
les deux sorties gauche et droite en même temps. Volonté du demandeur,
pour un positionnement spatial progressif on aurait adopté un simple
potentiomètre. On dispose donc pour
chaque voie d'entrée d'un
commutateur doté de trois positions physiques
G (gauche), C (centre) et D (droite). Si on ne veut pas surcharger le
mélangeur d'électronique de décodage de position d'un inverseur simple
à position centrale verrouillable, il n'y a pas cinquante solutions
pour le routage. C'est pourquoi je suggère l'emploi d'un commutateur de
type 4 x 3 positions type "Lorlin" mais de meilleur qualité que ceux
qu'on trouve facilement et à bas prix. Sur le schéma, la même chose se
répète pour les 16 voies, aussi vous comprendrez que ce qui est vrai
pour la voie 1 s'applique pour les quinze autres voies. Le commutateur
de routage pour la voie 1 est "décomposé" en quatre parties distinctes
sur le schéma mais en pratique il s'agit bien d'un seul commutateur
mécanique 4 x 3 positions (4P3T) tel que celui présenté sur le dessin
suivant avec points centraux (communs) A, B, C et D.
Autre
façon de présenter les choses sur le quatrième croquis du dessin
qui suit (vision plus physique du commutateur vu côté contacts).
En résumé il faut lire le schéma et le dessin du contacteur de la façon suivante :
- Kx représente le commutateur dans son intégralité.
- Kx-A fait référence aux contacts A, 1, 2 et 3.
- Kx-B fait référence aux contacts B, 4, 5 et 6.
- Kx-C fait référence aux contacts C, 7, 8 et 9.
- Kx-D fait référence aux contacts D, 10, 11 et 12.
Ca
peut paraître un peu "gros" pour une voie, mais les signaux routés sont
toujours en symétrique et forcement ça double le nombre de liaisons. Il
est également possible d'utiliser d'autres types de commutateurs, à
glissière 3 positions par exemple.
Réglage niveau de sortie
Il
est effectué juste après la résistance "finale" de sortie avec potentiomètres doubles RV17 et RV18. Là encore
potentiomètres de très bonne qualité requis, pour les mêmes raisons que
celles évoquées pour les potentiomètres d'entrée. Et là encore de type
logarithmique. Si vous décidez de supprimer le réglage de sortie,
supprimer les potentiomètres RV17 et RV18 puis relier directement la prise XLR de sortie aux bornes
de la résistance de sortie de 240 ohms (R129 pour la voie gauche et R130 pour la voie droite).