Dernière mise à jour :
06/05/2012
Présentation
Une boîte de direct (DI, Direct Injection ou Direct Input) est un boîtier
"autonome" qui peut être
intercalé entre un instrument de musique (guitare ou synthétiseur par exemple) et une console de
mixage. Ce boîtier peut être de type passif ou actif.
Son rôle premier est de permettre le
branchement d'un instrument doté d'une sortie asymétrique
haute ou moyenne impédance, sur un équipement doté d'une
entrée symétrique basse impédance.
D'autres fonctions ont vu le jour pour en augmenter les
possibilités, ces fonctions sont listées en fin d'article.
Conversion d'asymétrique en symétrique
La conversion
asymétrique / symétrique permet
de renforcer l'immunité contre les
parasites et les ronflettes (buzz). Celà est notement vrai pour
l'utilisation sur scène d'un instrument de musique tel qu'une guitare
ou un clavier de musique. Du fait de sa constitution, une liaison
symétrique est en effet beaucoup plus
robuste contre les perturbations externes (parasites secteur liés à
l'utilisation d'un gradateur de lumière - dimmer - par
exemple).
Les ronflettes secteur (buzz) devraient être inexistantes si les câblages des masses et
des terres sont bien réalisées, et que tous les
équipements répondent aux normes de câblage en vigueur...
ce qui avouons-le n'est pas toujours le cas !
Remarque :
certaines boîtes de
direct donnent de meilleurs résultats avec des guitares
classiques qu'avec des guitares électriques (cela est
principalement lié à la différences de capteurs /
micros guitare entre ces deux catégories d'instrument).
Adaptation d'impédance
Cette "fonction" permet le branchement d'un instrument qui devrait
normalement être raccordé sur une entrée haute
impédance, et que l'on souhaite raccorder sur une entrée
faible ou moyenne impédance. Prenez par exemple le cas d'une
guitare équipée d'un micro passif, c'est à dire
non amplifié (que l'on reconnait aisement par l'absence
d'alimentation). Cette guitare, dont l'impédance de sortie est
relativement élevée (de l'ordre de 10 kO) devrait
être raccordée sur
une entrée haute impédance, de 100 kO au grand minimum
(entrée appelée "Instrument" ou "High Z" d'un ampli guitare
par exemple). Si vous souhaitez raccorder cette guitare sur une console
de mélange dotée seulement d'entrées
Micro/Ligne (pour une prise de son en direct, sans repiquage HP par
microphone), il
vous faut un boîtier pour effectuer l'adaptation d'impédance.
Car
une entrée Micro/Ligne possède une impédance trop
faible pour le micro de la guitare, et occasionne une perte de
qualité (baisse des aigus par exemple) et de niveau. Les guitares ne sont pas les
seuls instruments qui peuvent trouver bénéfice à
passer par une boîte de direct. Certains synthés ou expandeurs,
même s'ils délivrent une amplitude normalement plus
élevée que celle délivrée par un micro de
guitare, possèdent en effet une impédance de sortie
tellement élevée qu'on ne peut même plus les
classer dans la catégories des sources à basse
impédance. Celà peut sembler curieux, mais c'est ainsi,
et dans de tels cas, l'utilisation d'une boîte de direct peut
sensiblement améliorer la qualité du signal
délivré par ces instruments, principalement sur scène (en studio ce n'est pas toujours nécessaire).
Connectique
La boîte de direct possède une entrée haute
impédance asymétrique, généralement
matérialisée par un jack mono 6,35 mm, et dispose d'une
sortie basse impédance symétrique, s'effectuant
généralement sur une prise XLR 3 points. On peut trouver
d'autres connecteurs en supplément de ces deux là (par exemple sortie Link), voir
Fonctions annexes listées en fin de rubrique.
Passive ou active ?
La conversion d'asymétrique en symétrique, ainsi que
l'adaptation d'impédance, peuvent être
réalisées selon une méthode passive ou active.
Boîte de directe (entièrement) passive
La méthode passive fait appel à un
transformateur
BF, c'est de loin la plus simple à mettre en oeuvre.
Un transfo BF bas de gamme suffit pour faire une DI...Avec ce type de boîte de direct, aucune tension
d'alimentation n'est requise : pas besoin de pile, ni d'alimentation
phantom. Cette méthode permet une isolation galvanique totale
entre l'entrée et la sortie (pas de liaison électrique
entre les deux), ce qui facilite
l'élimination
de boucle de masse éventuelle, mais elle occasionne une perte de
niveau assez
conséquente (le rapport d'atténuation est au moins de 20 à 100
la plupart du temps, soit 16 dB à 40 dB), qui peut cependant être
compensée par le gain d'une entrée micro. Ce type de DI ne
peut pas être raccordée sur une entrée ligne (tout du moins si cette
dernière ne possède pas une réserve de gain suffisante).
Côté impédance : si le rapport en tension (rapport
d'atténuation entre primaire et secondaire du transformateur)
est de l'ordre de 20, le rapport des impédances sera de l'ordre
de 400 (rapport en tension, 20, élevé au carré).
Si par exemple l'entrée micro de votre console présente
une impédance d'entrée de 2 kO, une guitare
raccordée au primaire du transformateur verra une
impédance de 2 kO multipliée par 400, soit 800 kO,
ce qui est parfait ! En même temps, si la guitare délivre
à un instant donné un signal audio d'amplitude 200 mV, il
n'en restera plus que 10 mV en sortie du transfo. Mais qu'importe,
puisqu'il s'agit d'une tension tout à fait adaptée
à une entrée micro.
Exemple
de
réalisation d'une boîte de directe entièrement passive.
Boîte de directe active
La méthode active fait appel à un circuit
électronique et dans ce cas, une alimentation est
requise. Soit elle est intégrée dans le boîtier
lui-même (une ou deux piles 9 V par exemple), soit elle provient d'une
alimentation phantom, fournie par exemple par l'entrée micro
d'une console.
Ce n'est pas une boîte de direct, mais...Certaines
DI sont heureuses avec les deux modes d'alimentation (pile / alim phantom), sélection
manuelle par commutateur mécanique ou sélection automatique grâce
à des diodes. La méthode active peut permettre une
amplification "locale", et en tout cas pas d'atténuation, ce qui peut être
perçu comme un réel plus. Certaines DI actives n'apportent cependant
aucun gain. On ne retrouve pas ici
l'atténuation propre aux caractéristiques du
transformateur BF, puisque les composants électroniques
utilisés (
transistor
FET ou bipolaire, ou
AOP)
peuvent assurer en une étape les caractéristiques de haute impédance
d'entrée et de basse impédance de sortie, sans provoquer
d'atténuation. Cependant, ce type de boîtier
ne permet pas une isolation galvanique totale, et peut
dans certains cas contribuer plus facilement à créer des
problèmes de boucle de masse (ou pour être
plus juste, ne
plus contribuer à leur élimination), notamment si la sortie Link (que
nous
verrons plus loin) est utilisée pour amplification locale avec
un ampli guitare alimenté sur le secteur. La
nécessité d'alimenter l'électronique peut être perçue comme une
contrainte forte si une pile est requise. Ce type de DI peut être
raccordée sur une
entrée ligne si le niveau de sortie s'y prête. Notons toutefois
qu'en raison d'une tension d'alimentation généralement
peu élevée (9 V si pile ou un peu plus si alim phantom), le gain n'est
jamais très élevé car on
pourrait rapidement arriver à l'écrêtage sur des sources audio de
niveau élevé (certains capteur guitare ou certains synthés sortent un
signal d'amplitude
supérieure au volt).
Exemple
de réalisation d'une boîte de directe active entièrement électronique (DI 002).
Active avec transformateur ?
Une
boîte de directe, même active, peut fort bien posséder un
transformateur BF, en entrée et/ou en sortie. La photo qui suit montre
une telle DI.
Entrée
sur jack 6,35 mm, qui attaque directement un AOP monté en suiveur de
tension (aucun gain, 0 dB). La sortie de l'AOP attaque un petit
transformateur BF via un condensateur de liaison. L'alimentation de ce
petit bout de circuit est assurée par pile ou par alim phantom
(commutation automatique par des diodes classiques de style 1N4148).
Exemple
de réalisation d'une boîte de directe active avec transfo de sortie (DI 003).
Passive ou active : laquelle choisir ?
Les deux méthodes ont bien entendu chacune leurs avantages
et inconvénients. Certaines DI
possèdent une commutation pour passer d'un mode actif à
un mode entièrement passif : si
avec ça on n'a pas le choix... Critère non sans
importance ayant conduit à la fabrication de DI active : le
coût. Une DI à amplificateurs opérationnels ou
à transistors revient moins chère à fabriquer qu'une version avec un
bon
transformateur (avec un transformateur BF de bas de gamme, on peut
encore rivaliser). Voir paragraphe suivant pour détails additionnels,
voir
page
Boîte
de direct - Constructeurs pour quelques exemples commerciaux.
Qualité d'une boîte de direct
Il existe différentes qualités de boîtes de direct.
Celà se conçoit aisement, puisque quel que soit son type
(transfo ou electronique), le choix du ou des
composants qui la composent peuvent être de plus ou moins
bonne qualité. Ainsi, selon les composants choisis, la
régularité
de la bande passante, la distorsion, le seuil de saturation et le
niveau de bruit ajouté (caractéristiques
évoquées non exhaustives bien sûr) peuvent varier
dans des proportions importantes. Le mode d'alimentation peut
jouer sur la qualité d'une boîte de direct active, quand
celle-ci tire son énergie d'une alimentation phantom, le circuit
électronique n'étant
pas toujours capable de bonnes performance quand l'alim phantom est un
peu "faible". Je ne me permettrai pas de juger tel ou tel
modèle, mais il me semble évident qu'une DI à 400
euros ne présentera pas les mêmes caractéristiques
techniques qu'une DI à 10 euros (ça existe, c'est celle qu'on voit
ouverte sur les photos en début d'article). Je me permet par contre
d'avancer que dans nombre de situations, la DI à 10
euros peut apporter une amélioration sensible (surtout
côté ronflette, parce que ce n'est malheureusement pas
toujours le cas pour la qualité sonore), comparé
à ce que l'on aurait si aucune DI n'était
utilisée. Le choix de la DI se fera en fonction de votre budjet,
mais aussi du contexte d'utilisation : studio ou scène,
nécessité de dupliquer (splitter) le signal, etc. On
pourrait être tenté de dire qu'il faut éviter les
boîtes de directe passive trop bon marché, car elles
emploient un transformateur de qualité réellement douteuse. Mais
comme ce genre d'ustensile peut tout de même rendre certains
services, pourquoi ne pas en conserver une dans son attirail... Si vous
êtes bricoleur, vous pouvez aussi acheter une DI bas de gamme et ne
garder que l'emballage et la connectique, et remplacer ce qui est
dedans par quelque chose qui sonne mieux.
Fonctions annexes
Certaines boîtes de direct proposent des fonctions
supplémentaires, qui n'ont rien à voir avec leur fonction
de base, mais qui peuvent rendre service dans bien des cas :
- Sortie Link. Il s'agit d'une sortie asymétrique
directement reliée à l'entrée asymétrique,
que peut utiliser le musicien pour une amplification locale tout en
conservant la liaison symétrique pour la connection à une
console de mixage. Cette sortie Link est très souvent
présente car il suffit d'ajouter un simple connecteur. Attention
cependant aux possibles boucles de masse (et ronflette associée) avec
les DI actives non isolées par transfo BF.
- Pad d'atténuation en entrée (-10 dB, -20 dB, -30 dB ou
-40 dB), permettant d'éviter la saturation lorsque le signal
présenté à l'entrée de la DI est d'amplitude trop
importante. Il s'agit du type d'option que la boîte doit
posséder si vous compter l'utiliser avec un instrument qui
délivre un signal de forte amplitude (un synthé ou une guitare active par
exemple). Ce n'est pas un gadget !
- Interrupteur Ground / Lift, permettant d'isoler ou de
connecter
la masse électrique de la liaison audio, évitant ainsi
les problèmes de bouclage de masse dans certaines configurations
de câblage. Il faudra comparer les résultats pour les deux
positions de cet interrupteur, afin de déterminer la position
qui convient le mieux. Toujours commencer en position Ground (masse
raccordée) et passer en position Lift (masse
déconnectée) si problème constaté. En
général, il est inutile de couper la masse (Lift) quand
l'équipement raccordé à l'entrée de la
boîte de direct est isolé du reste de l'installation audio
(clavier sur pile, guitare). Des problèmes peuvent plus
facilement survenir si la source sonore possède
déjà un lien avec le reste de l'installation audio
(clavier avec alim secteur, reprise sur une sortie puissance d'un
ampli), et surtout si les équipements raccordés entre eux
sont branchés sur des départs secteur différents
(différence de potentiel entre les différentes terres
pouvant atteindre une valeur élevée).
- Inversion de phase (polarity reverse en anglais). Oui, à la limite
intéressant si la console de mixage utilisée en aval ne dispose pas de
cette fonction sur ses tranches. Et encore...
- Mélange (merge) de plusieurs entrées vers une seule
sortie. Pas très souvent indispensable.
- Filtre passe-haut (80 Hz à 100 Hz) pour atténuer le
50 Hz du secteur (60 Hz aux US). A noter que ce genre de filtre ne peut
totalement effacer un fort ronflement, qui bien souvent est constitué
de plusieurs harmoniques du signal perturbant d'origine (pour le 50 Hz,
hormoniques 100 Hz, 150 Hz, 200 Hz, etc). On l'utilisera donc plutôt
pour les autres perturbations de basse fréquence, comme certains bruits
d'origine mécanique.
- Filtre destiné à "améliorer" le son des
guitares et des basses (en toute franchise, je ne sais pas encore de quel type de filtre il
s'agit).
- Réglage de gain (sur les DI actives).
- Présence d'un tube électronique (lampe 12AX7 par
exemple) pour apporter une coloration au son... Je vous laisse juge d'une telle option.
- Simulation de baffles, en général assuré par
un DSP (processeur numérique de signal).
- Une ou plusieurs sorties asymétriques
sur jack 6,35 mm, en supplément de la sortie symétrique
sur XLR.
- Possibilité d'alimentation par pile ou par alim phantom
pour les boîtes de direct actives.
- Entrée HP, permettant le raccord direct sur une sortie
amplifiée d'un amplificateur BF (en parallèle sur une
enceinte). Ce type d'entrée peut parfois accépter des
puissances de
plusieurs kW, un simple pont diviseur constitué de deux résistances est mis en oeuvre.
- Pas vraiment une fonction annexe : plusieurs canaux (2, 4
ou 8
par exemple) dans un même boîtier.
En résumé...
On se servira généralement d'une boîte de direct :
- Pour transformer une ligne asymétrique en ligne
symétrique (pour diminuer la sensisbilité aux
parasites, surtout pour des câbles BF longs).
- Pour permettre le raccordement de deux équipements
dont les impédances ne sont pas compatibles (par exemple une
guitare sur une console de mixage qui ne comporte pas d'entrée
haute impédance).
- Pour éviter une boucle de masse susceptible de provoquer
de la ronflette ou des sifflements parasites (buzz, hum).
- Pour inverser la phase ou modifier le niveau de sortie
d'un
instrument, si l'équipement auquel il est raccordé
ne possède pas cette possibilité (il faut bien sûr
dans ce cas posséder une boîte de direct disposant de ces
fonctions).
La boîte de direct doit impérativement être placée
au plus proche de l'instrument, de telle sorte que le tronçon de
liaison asymétrique soit le plus réduit possible.