Dernière mise à jour :
05/01/2008
Présentation
On entend souvent parler d'impédance. Impédance de
source (de sortie), impédance de charge (d'entrée)...
Mais
de quoi s'agit-il exactement ? Le terme Impédance ferait presque
peur. Il fait partie de ces termes techniques qui cachent un
incommensurable mystère, un paysage inabordable, bref, un mot
reservé aux professionnels. Je ne sais pas si vous avez un
dictionnaire à proximité de vous, mais voilà ce
qu'énonce le mien (ce n'est pourtant pas un dico technique) :
"Impédance = Rapport de l'amplitude complexe d'une grandeur
sinusoïdale à l'amplitude complexe de la grandeur induite,
dont le module se mesure en ohms". Si vous avez regardé dans le
même
dico que le mien, je comprend votre angoisse... Il me semble pourtant
qu'il
s'agit de quelque chose que tout le monde peut comprendre. Alors,
essayons
de comprendre.
Un peu de technique ?
Oh non ! Ca commence mal ! Et pourtant il faudra y passer...
Mais
rassurez-vous, ça ne fera pas mal.
Vous avez déjà entendu parler de résistance ? Mon
dictionnaire m'explique que la résistance représente
l'action de résister, de s'opposer. Je préfère
déjà cette définition. Et dans le domaine
électrique (ou électronique) ? Et bien une
résistance s'oppose simplement au passage du courant
électrique, et transforme en chaleur le courant
électrique qu'elle n'a pas laissé passer. La
quantité de chaleur que la résistance produira
dépendra de la tension qui sera à ses bornes, et du
courant qui la traversera, ces deux grandeurs dépendant... de la
valeur de la résistance elle-même (dont l'unité est
le Ohm, je ne l'avais pas encore dit ?). Maintenant, vous remplacez le
terme Résistance par le terme Impédance (l'unité
reste le Ohm), et le tour est joué !
Quoi, c'est tout ? L'impédance, c'est la même chose que la
résistance ? A une fréquence donnée, oui ! Le fait
est que l'impédance varie en fonction de la fréquence des
signaux concernés, ce qui impose de voir les choses un peu
différement et à utiliser un autre terme que celui de
Resistance. Mais je serais presque tenté de dire que vous n'avez
pas besoin d'en savoir plus (ou alors si c'est le cas, vous savez ce
qu'il vous reste à faire). Retenez pour finir que les
résistances sont en général
représentées par la lettre R et que les impédances
sont en général représentées par la lettre
Z. Comprenez-vous mieux maintenant pourquoi les entrées d'ampli
guitare sont dénommées Hi-Z ? Si oui, vous voilà
expert...
Impédances de sortie et impédance d'entrée
Dans les lignes qui suivent, je vais parler d'équipement
Emetteur et d'équipement Récepteur. L'équipement
Emetteur est l'équipement qui fournit un signal : signal audible
(guitare ou
synthé par exemple) ou signal inaudible (antenne de
télé par exemple). L'équipement Récepteur
est l'équipement qui reçoit le signal (amplificateur,
console de mixage, récepteur de télévision...). Et
dans les schémas qui suivront :
ZS = Impédance de sortie de l'équipement Emetteur
ZE = Impédance d'entrée de l'équipement Recepteur
U1 = Amplitude du signal à la source de l'émetteur (avant
perte liée à l'impédance de sortie)
U2 = Amplitude du signal à l'entrée du récepteur
Impédance de sortie
L'impédance de sortie (appelée aussi
Impédance de source) d'un équipement Emetteur peut
être assimilée à une résistance
placée en série avec la source du signal. Plus cette
résistance a une valeur elevée, plus elle va s'opposer au
passage du signal, et plus elle va en garder une partie. La valeur de
l'impédance de sortie n'a pas forcement une grande signification
tant qu'on ne connait pas la valeur de l'impédance
d'entrée de l'équipement qui va recevoir le signal, car
c'est la combinaison des deux impédances qui va définir
ce que l'on obtiendra
au final.
Impédance d'entrée
L'impédance d'entrée (appelée aussi
Impédance de charge) d'un équipement Récepteur
peut être assimilée à une résistance
placée en parallèle avec l'étage d'entrée
qui reçoit le signal qu'on lui transmet. Tout comme pour
l'impédance de sortie, la valeur de l'impédance
d'entrée n'a pas forcement une grande signification tant qu'on
ne connait pas la valeur de l'impédance de sortie de
l'équipement qui envoie le signal.
Association/adaptation des impédances
Nous y voilà... Lorsque l'on raccorde la sortie d'un équipement Emetteur
à l'entrée d'un équipement Récepteur (la
sortie audio d'un synthétiseur sur l'entrée Ligne d'une
console de mixage par exemple), l'impédance de sortie de
l'équipement Emetteur va s'associer à l'impédance
de l'équipement Recepteur, formant ainsi un
pont diviseur
résistif. Si cette association est correcte,
c'est à dire si elle répond à des conditions bien
précises, tout ira bien. Il existe deux façon
d'opérer une association correcte des impédances de
sortie et d'entrée : par adaptation et par pontage.
Association des impédances par adaptation
L'impédance d'entrée (de charge) doit être
identique à l'impédance de sortie (de source). Par
exemple, une sortie vidéo, d'impédance 75 ohms, doit
être impérativement raccordée sur une entrée
d'impédance 75 ohms. L'amplitude du signal
récupéré par l'équipement récepteur
est moitié de celle fournie par l'équipement Emetteur. On
parle ici d'adaptation en puissance. Il est important de noter que pour
une telle adaptation, le cable utilisé pour relier les deux
équipements doit lui aussi répondre à certains
critères, notemment son impédance caractéristique
qui doit être la même que celle desdits équipements
(dans l'exemple donnée, il faut utiliser un cable
présentant une impédance caractéristique de 75
ohms).
Association des impédances par pontage
L'impédance d'entrée (de charge) doit être au
moins dix fois supérieure à l'impédance de sortie
(de source). Par exemple, une sortie de synthé dont
l'impédance est de 1KOhms, doit être raccordée sur
une entrée dont l'impédance est au minimum de 10KOhms (10
x 1KOhms). L'amplitude du signal récupéré par
l'équipement récepteur est quasiment identique (à
peine plus faible) que celle fournie par l'équipement Emetteur.
On parle ici d'adaptation en tension. Cette "méthode" est
largement utilisée pour le raccord d'équipement audio,
aussi bien dans le domaine grand public que dans le domaine pro. Le
schéma ci-dessous montre une connexion à deux fils
(liaison asymétrique) mais le principe est exactement le
même pour une
liaison
symétrique.
Adaptation d'impédance côté électronique : voir page
Adaptation d'impédance.
Valeurs courantes des impédances
Il n'existe pas toujours des normes pour les valeurs d'impédance
d'entrée ou de sortie. Les impédances de sortie sont
généralement faibles, et les impédances
d'entrées sont généralement moyennes ou
élevées. Dans certains domaines, la concordance exacte
importe peu : par exemple, une entrée pour microphone dynamique
accepte généralement qu'on y raccorde un micro dont
l'impédance de sortie est de 150 ou de 600 ohms. Dans d'autres
domaines, les impédances de
source et de charge ont une telle influence sur le niveau et la
qualité du signal, que leur valeur peut en devenir critique.
C'est pour cette raison qu'il a été décidé
de fixer des valeurs bien précises pour certains
équipements, afin de satisfaire les conditions de fonctionnement
optimales. Il "suffit" en effet de respecter les normes imposées
pour être quasiment sûr que tout se passera bien. Le non
respect de ces valeurs normalisées ne signifie pas que
celà ne fonctionnera pas, mais signifie simplement qu'il y a
plus de risques de mauvais fonctionnements, ou risque de travailler
avec des signaux dont l'amplitude sera trop forte ou trop faible.
Domaine / Type
|
Impédance courante ou
normalisée
|
Vidéo (BNC)
|
75 ohms (normalisé)
|
HF (Hautes Fréquences)
|
50 ohms ou 75 ohms (normalisé)
|
AES/EBU (XLR)
|
110 ohms (normalisé)
|
DMX (lumière / spectacle) | 110 ohms (normalisé) |
S/PDIF (RCA Phono)
|
75 ohms (normalisé)
|
Sortie microphone à ruban
|
< 1 ohm (30 à 100 ohms si
présence d'un transfo d'adaptation)
|
Sortie microphone dynamique
|
120 ohms à 600 ohms
(souvent 200 ou
600)
|
Sortie microphone statique
|
120 ohms à 600 ohms
(souvent 200 ou
600) |
Sortie synthé / expandeur
|
Généralement comprise entre 100
ohms et 2 KOhms
|
Sortie capteur piezo guitare
|
Entre 2 Kohms et 10 Kohms à 1 KHz
(voir Nota 1)
|
Sortie processeurs de son (pro)
|
40 ohms à 100 ohms (souvent plus
pour le
grand public)
|
Sortie HP d'un ampli BF
|
Généralement comprise entre 0,01
ohms et 0,5 ohms
|
HP (Haut-Parleur)
|
Généralement comprise entre 2 et
32 ohms
|
Casque
|
Généralement
comprise entre 8 et
600 ohms |
Entrée processeurs de son
|
Généralement comprise entre 10
KOhms et 50 KOhms
|
Entrée Line d'une console de mixage
|
Généralement comprise entre 10
KOhms et 50 KOhms
|
Entrée Mic d'une console de mixage
|
Généralement comprise entre 1
KOhms et 10 KOhms
|
Entrée Word Clock
|
75 ohms (normalisé) ou de l'ordre
de
1MOhms (Hi-Z)
|
Entrée Hi-Z d'un ampli guitare
|
Généralement comprise entre
470KOhms et 3 MOhms (valeur courante 1 MOhms)
|
Entrée boite de direct
|
Généralement comprise entre 100
KOhms et 1 MOhms
|
Nota 1 -
L'impédance
d'une cellule piezzo est en fait très "chahutée" sur
l'ensemble de la bande passante, avec un pic et un creux importants
correspondant aux fréquences de résonnance et
d'anti-résonnance. Bien plus "chahutée" que
l'impédance d'un haut-parleur, bien que pour ces deux
élements on peut définir un modèle
équivalent constitué de self, résistance et
condensateur. L'impédance d'un élement piezo seul peut
être considérée comme presque purement capacitive,
à l'opposé des capteurs magnétiques qui
présentent une composante principalement inductive. Plus la
composante (valeur) capacitive du piezo est élevée, et
plus il est en mesure de restituer des fréquences basses
(fréquence de coupure plus basse quand associé à
un étage d'entrée résistif). C'est la raison pour
laquelle le montage de deux capteurs piezo doit
généralement s'effectuer en parallèle plutôt
qu'en série.
Cas pratiques
Utilisation
|
Adaptation
|
Remarques
|
Microphone sur entrée MIC d'une
console
|
Par pontage
|
Câblage correct. L'impédance d'entrée du
préampli micro doit être de 5 à 10 fois plus grande
que l'impédance de sortie du microphone. Notez que l'on
accèpte ici le "5 fois plus grande", car dans certains cas, le
fait d'avoir une impédance un peu plus faible permet un meilleur
rapport signal/bruit, même si on y pert un peu en amplitude. Il
peut sembler paradoxale de gagner en rapport S/B avec moins de niveau,
mais ça s'explique et se démontre (sans rentrer dans le
déatil, celà est principalement lié au bruit
généré par les composants électroniques
utilisés dans l'étage d'entrée du préampli).
|
Microphone sur entrée LINE d'une
console
|
-
|
Mauvaise association. L'impédance
d'entrée LINE conviendrait, mais l'insuffisance de gain
apporté par une telle entrée occasionnerait beaucoup de
souffle, et une perte certaine de qualité.
|
Microphone sur deux entrées MIC
d'une
console
|
Par pontage
|
Toléré sous certaines conditions. Bien que celà puisse se faire sans
trop
poser de problème, il est tout de même
préférable d'utiliser un transformateur BF "splitter"
(qui à partir d'une source, fournit deux ou trois sorties
distinctes), ou un préampli micro
additionnel dont la sortie pourra être raccordée
simultanément
sur deux entrées lignes (ou sur deux entrées MIC avec peu
de gain). On peut aussi se "repiquer" sur la prise d'insert d'une
première
console, avec une fiche dont le fil d'envoi (SEND) et le fil de retour
(RETURN)
sont reliés ensemble pour aller vers l'entrée d'une
seconde
console. Et si la console dispose de sortie additionnelle de type
Direct
OUT (une par tranche), vous avez là encore une autre
possibilité
de récupérer votre signal amplifié... |
Guitare "passive" sur entrée Hi-Z
d'un
ampli guitare
|
Par pontage
|
Câblage correct. L'impédance d'entrée d'un ampli
guitare est très élevée. C'est une condition
minimale pour une bonne restitution du signal provenant du capteur de
la guitare, que ce dernier soit de type piezo ou électrodynamique.
|
Guitare "passive" sur entrée MIC
d'une
console
|
-
|
Mauvaise association. L'impédance
d'entrée MIC est trop faible pour ce type de source, et
occasionne une perte de niveau et de qualité importante. Il vaut
mieux insérer une Boite
de direct (DI Box) ou un préampli guitare
dédié, entre la sortie guitare et l'entrée MIC de
la console.
|
Guitare "passive" sur entrée LINE
d'une
console
|
-
|
Mauvaise association.
L'impédance
d'entrée LINE peut être plus élevée que
l'impédance d'entrée MIC, mais elle reste trop faible pour une guitare.
L'amplification apportée sera faible, comparée
à ce qu'il faudrait pour ce genre de source, ce qui peut se traduire
par un niveau de bruit de fond (souffle) plus élevé. En outre, le son
est dégradé, notamment dans le haut du spectre.
|
Sortie console sur entrée BF de
deux
amplis BF
|
Par pontage
|
Toléré en règle générale. Relier une sortie simultanément sur
deux
entrées (avec un cable en Y) ne pose généralement
pas de problème car l'impédance d'une sortie console est
faible (40 à 100 ohms sur une très bonne console, sinon
100 à 500 ohms), par rapport à deux entrées ligne
cablées en parallèle. Les entrées Ligne d'amplis
BF possèdent en général une impédance
d'entrée supérieure à 10 KOhms. Deux
entrées de ce type mise en parallèle équivaut donc
dans le pire des cas à 5 KOhms. Ceci dit, même si
celà est possible, il est plus "professionnel" de recourir
à un distributeur audio pour dupliquer la source en plusieurs
sorties indépendantes. Evitez ce genre de procédé
pour raccorder une sortie sur trois entrées.
|
HP sur sortie amplifiée d'un ampli
|
Par pontage
|
Câblage correct (et requis). Il s'agit d'un cas un peu
différent, car
entrent ici en jeu des tensions et des courants plus élevés que
dans les liaisons audio de type Ligne ou Micro. L'impédance d'un
HP est généralement de quelques ohms (4 et 8 ohms sont
des valeurs courantes), et l'impédance de sortie HP d'un ampli
BF est très faible, de l'ordre de quelques dizièmes ou centièmes
d'ohms. Les courants qui peuvent circuler peuvent atteindre plusieurs
ampères ou plusieurs dizaines d'ampères, le moindre petit
ohm parasite provoquera une perte importante. Une autre donnée importante est le facteur
d'amortissement, déterminé entre autre par le rapport
entre l'impédance du HP et l'impédance de sortie de
l'étage de puissance. On a eu droit pendant quelques
années à un discours assurant que le facteur
d'amortissement jouait un rôle dominant dans la qualité
finale, celà semble s'être un peu calmé. Un peu
comme pour les chiffres de distorsion harmonique... Ampli à tube
: facteur d'amortissement de 40 et distorsion de 0,1%. Ampli à
transistor : facteur d'amortissement de 200 et distorsion de 0,0001%
(notez que ce ne sont que des chiffres donnés de façon
arbitraire). Musicalité : vous disiez ? Mais je m'égare...
Il y a peu de risque d'endommager un ampli prévu pour être
chargé par des haut-parleurs de 8 ohms, si on lui raccorde des
HP de
16 ohms. En revanche, y relier des HP d'impédance
inférieure (2 ou 4 ohms) peut être destructeur.
|
Remarques diverses
Avez-vous remarqué l'absence de formules mathématiques ?