Dernière mise à jour :
16/01/2011
Présentation
Les touches sensitives, appelées aussi touches à
effleurement ou touch-control en anglais, permettent de commander un
appareil, de changer de chaine d'un simple effleurement du doigt une
touche métallique. Ce type de commande a fleuri dans les
années 1970 - 1980, sur les postes de télévision,
sur les tuners des chaines hifi, sur les radio-réveils, sur les
platines disque vinyl ou encore sur certains projecteurs de
diapositives. Il existe plusieurs façon de procéder pour
la détection du toucher et cette page explique les principes de base les
plus souvent retenus ainsi que les principes les plus récents reposant sur l'emploi d'un microcontrôleur.
Détection par "double touche"
Ce type de détection impose que le doigt touche deux parties
conductrices, afin d'y faire circuler un courant pouvant être
détecté. Le principe repose sur le fait que le doigt
présente une résistivité ohmique suffisament
"faible" pour permettre le passage d'un courant, bien sûr non
dangeureux pour l'utilisateur. Comme la résistivité
ohmique d'une partie du corps humain n'est tout de même pas aussi
faible que ça (quelques centaines de KO), le circuit
électronique chargé de déceler la pose du doigt
doit posséder une impédance d'entrée
élevée. C'est pourquoi il est plus logique d'utiliser un
transistor FET, une porte logique CMOS ou un AOP à
entrées FET ou JFET. Les deux schémas qui suivent
montrent que le procédé est très simple : une
porte logique et une résistance de "rappel" vers le pôle
positif de l'alimentation ou vers la masse suffisent en effet. La
résistance sert simplement à fixer le potentiel à
l'entrée du circuit intégré à l'état
de repos, c'est à dire quand aucun doigt ne touche les zones
sensibles.
Avec le premier schéma (R1 sur +V), l'entrée de la porte
logique est portée à l'état haut au repos,
grâce à R1 reliée à +V, même si cette
dernière possède une valeur élevée (en
général au moins de 1 MO). La sortie est donc à
l'état bas au repos. Quand le doigt touche les deux parties de
la touche sensitive TS1, l'entrée du circuit
intégré passe à l'état bas car la
résistance offerte par le doigt est inférieure à
la résistance R1, et la tension résultante au point
médian est bien inférieure à la moitié de
la tension d'alim +V (voir si nécessaire la page
Diviseur résistif
pour plus de détails). Avec le second schéma (R1 à
la masse), l'entrée de la porte logique est
portée à l'état bas au repos, grâce à
R1 reliée à la masse. La
sortie est donc à l'état haut au repos. Quand le doigt
touche les deux
parties de la touche sensitive TS1, l'entrée du circuit
intégré passe à
l'état haut car la résistance offerte par le doigt est
inférieure à la
résistance R1, et la tension résultante au point
médian est bien
supérieure à la moitié de la tension d'alim +V. La
sensibilité de ce genre de procédé dépend
des personnes, certaines étant plus "résistantes" que
d'autres, mais donne globalement satisfaction et
bénéficie d'une bonne fiabilité (risque faible de
déclenchement intempestif). Un exemple pratique de ce genre de
montage est décrit en pages
Détecteur
toucher 002 et
Détecteur toucher 008, ainsi qu'à la page
Orgue 006.
Détection par "simple touche"
Nous sommes constamment baigné dans un environnement
"pollué" d'un point de vue HF, et c'est cette
particularité qui est mise à profit pour les touches
à effleurement de type simples. Ne nous entoure bien sûr
pas tout le temps toutes sortes de rayonnements, mais un est commun
à bon nombre d'habitations : le 50 Hz de notre cher secteur EDF,
qui prend malain plaisir à rayonner grâce aux divers
câble d'alimentation électrique qui courent au travers des
murs ou le long des plintes et font office d'antennes. Antennes
d'émission donc composées par les câbles
d'alimentation secteur. Très bien, mais où est l'antenne
de réception ? La réponse est simple : c'est votre propre
corps qui fait antenne. Sachant cela, votre corps, induit d'un courant
HF, se voit porteur d'une source de tension de même
fréquence que le signal capté, qui ne demande qu'à
s'exprimer. Avez-vous déjà touché du doigt le bout
d'une sonde d'oscilloscope avec le doigt ? Avez-vous déjà
touché du bout du doigt l'entrée phono de votre chaine
hifi ? Dans les deux cas, on met en évidence de façon
flagrante la tension induite dont nous faisons l'objet. Sur
l'oscilloscope on voit une jolie sinusoïde à 50 Hz (souvent
bien déformée tout de même), et sur la chaine hifi
on entend un splendide ronflement sonore. Profitons donc de cette
énergie "gratuite" qui nous englobe de jour comme de nuit, et
transmettons-là à un circuit amplificateur qui sera
enchanté de délivrer un signal de bonne consistance.
Le schéma qui précède montre le principe du
système : on connecte un petit fil ou une petite pièce
métallique à l'entrée d'un amplificateur BF, et on
fait suivre ce dernier d'un petit système de redressement pour
transformer le signal alternatif capté et amplifié en une
tension continue plus facilement exploitable. Au repos, le niveau de
champs HF capté par l'élement capteur TS1 est insuffisant
et même amplifié, la tension disponible en sortie de
l'ampli est faible. Mais dès que l'on pose le doigt sur TS1,
notre corps transmet une tension électrique (majoritairement de
fréquence 50 Hz) suffisement élevée pour pouvoir
être détectée et exploitée. En pratique, il
est nécessaire de disposer d'un amplificateur possédant
un gain assez élevé et de préférence
ajustable, pour s'adapter facilement à l'environnement. Ce
circuit fonctionne lui aussi assez bien, mais il ne faut pas que
l'élement de détection soit trop gros si on veut
éviter les déclenchements intempestifs (ne pas utiliser
une plaque de un mètre carré, là ou une simple
punaise suffit). Exemples en pages
Détecteur toucher 006 et
Détecteur toucher 007.
Détection par simple touche évoluée
Le système vu ci-avant est simple à réaliser mais
peut poser quelques problèmes de sensibilité dans
certains milieux "bruités" (notament industriels). Pour cette
raison, ont été développés des
systèmes basés sur ce même principe de base, mais
auxquels a été ajouté une fonction de filtrage.
Cette fonction de filtrage repose sur deux principes :
- analyse de la fréquence du signal capté : on ne
surveille que la fréquence de 50 Hz et on ignore toutes autres
fréquences. Cette discrimination peut se faire via un filtre
passe-bande, via un décodeur de tonalité à PLL
spécialisé style LM567 ou encore avec un convertisseur
fréquence / tension tel le LM2907 ou LM2917 comme indiqué
en page
Détecteur
toucher 005.
- durée du signal capté : si la durée du signal
capté avec force est très brève, on la
considère comme un parasite et on ne la valide pas. En
général, une durée de quelques centaines de
millisecondes est requise pour considérer que le signal
capté est une vraie commande.
Certains circuits intégrés ont été
spécialement conçus pour répondre à une
fonction de touche sensitive avec grande fiabilité de
fonctionnement, c'est le cas par exemple du circuit détecteur
capacitif QT110, dont un exemple d'application est donné
à la page
Détecteur
toucher 004.
Il existe même des circuits à touche sensitive permettant la mise en ou
hors fonction et la variation de l'intensité d'une lampe à
incandescence, on parle alors de gradateur de lumière à touche
sensitive, en exemple le
Gradateur de lumière 010.
Utilisation d'un microcontrôleur ?
Il
peut à première vue sembler curieux de faire appel à un microcontrôleur
pour disposer de fonctions par touches sensitives, mais si on y regarde
de plus près, on comprend vite l'intérêt qu'on peut en tirer. Les
microcontrôleurs nécessitent pour fonctionner un logiciel, dans lequel
on peut inclure un algorithme avancé pour la gestion de plusieurs
touches sensitives, ce qui permet de "filtrer" de façon
intelligente les commandes acquises. On peut ainsi utiliser deux
touches sensitives pour trois commandes distinctes - ce qu'on peut
aussi faire en logique câblée traditionnelle mais avec plus de
composants. Microchip propose dans sa
bibliothèque de composants, des microcontrôleurs des familles 18F et
24F qui comportent une fonction appelée CTMU et qui signifie Charge
Time Measurement Unit pour Unité de mesure de temps de
charge, parfaitement adaptée à des commandes par touches
sensitives de type capacitive. Le principe est simple : le
microcontrôleur intègre un générateur de courant constant qui charge un
"condensateur" (ce courant peut avoir différentes valeurs mais reste
toujours faible, de l'ordre de quelques uA). La tension aux bornes du
condensateur, qui croit de façon linéaire et dépend de sa valeur
capacitive et du temps, est appliquée à un convertisseur analogique /
numérique pour mesure. Bien sûr le condensateur en question peut être
déchargé quand il le faut pour permettre une mesure ultérieure. Lorsque
l'utilisateur approche ou touche du doigt une surface conductrice
reliée à une des entrées sensibles, la
capacité parasite de cette dernière change et c'est ce changement qui
est détecté. Le premier avantage que l'on peut tirer de l'emploi d'un
microcontrôleur est tout de même le nombre de touches sensitives que
l'on peut mettre en oeuvre avec un seul circuit intégré : un PIC doté
de 16
entrées analogiques peut traiter à lui seul 16 touches ! Mais bien
entendu il faut entrer dans le vif de la programmation...
Remarque
: on peut aussi utiliser des touches "inductives" qui présentent
certains avantages par rapport aux touches "capacitives" : possibilité
de travailler avec des surfaces métal ou plastique, insensibilité aux
projections d'eau, fonctionnement assuré même si l'utilisateur porte des gants.
Plus
d'infos dans les notes d'application Microchip AN1101, AN1102 et AN1250
(vue générale), AN1317 (conseils pour usage en milieu difficile).