Dernière mise à jour :
14/07/2014
Présentation
Ce commutateur audio est commandé de façon
électronique, à partir de boutons poussoirs (de
tableau ou au pied). Une voie d'entrée peut être
routée vers une sortie parmi huit, ou une entrée parmi
huit peut être sélectionnée et être
routée vers une sortie unique. Cette bidirectionnalité
est obtenue grâce à l'usage de
relais
électromécaniques. Une voie à la fois peut
être sélectionnée, en fonction du poussoir
actionné. Dans aucun cas il ne peux y avoir deux voies
sélectionnées en même temps.
La voie sélectionnée est mémorisée tant que
le montage reste sous tension, et ce même quand le bouton
poussoir de la voie choisie est relâché. Le montage dont il est
question ici peut être considéré comme une
extension du
commutateur
audio 003, qui ne présente que trois
voies de commutation possibles. L'approche est légèrement
différente, et moyennant quelques composants additionnels
(poussoirs et diodes), il est possible de porter le nombre de voies
de 8 à 15, voire à 16. A y regarder de près, ce
petit article est plus un exercice de logique qu'un descriptif d'un
système audio. Dans le même esprit, voir le
Sélecteur
001.
Schéma
Le schéma peut sembler assez complexe, mais en le
décortiquant pas à pas, vous verrez que tout est
finalement très simple.
Le schéma ci-avant ne montre que la partie commande à
proprement
parler, les sections "interface de sortie" et "routage" des signaux BF sont
abordées
plus loin, pour simplifier la compréhension de cette
première partie. Le coeur du montage repose sur un circuit
intégré de type CD4514, qui est un démultiplexeur
BCD vers décimal. Comment, vous pouvez répeter ? Ah la
la, ces termes rébarbatifs font toujours aussi mal, à ce
que je vois... Entrées binaires du CD4514 : A, B, C et D. Sortie
décimales de ce même circuit : Q0, Q1, ... jusqu'à
Q15. Je vais faire simple, et excusez-moi de ne pas entrer plus dans
les détails. Sur les entrées binaires, vous pouvez
appliquer n'importe quelle combinaison de 0 et de 1. Par exemple 1 sur
A et 0 sur les trois autres entrées, ou 1 sur les entrées
B et C et 0 sur les deux autres entrées. Si vous faites le
compte de toutes les combinaisons possibles, vous devriez trouver 16
(sinon, recommencez). Pour chacune des combinaisons possibles, une
seule
sortie Q0, Q1, ... ou Q15 est activée. Tiens, il y a justement
16 sorties... Le hasard, selon vous ?
Sélection de la voie
désirée
La sélection de la voie désirée s'effectue
en appuyant sur l'un des huit boutons poussoirs SW1 à SW8.
Comment ça, huit boutons ? J'en vois neuf ! Hum, c'est vrai, il y
aussi SW0, qui a un rôle un peu particulier, puisqu'il sert ici
à désactiver l'ensemble des sorties 1 (Out1) à 8
(Out8) en activant la sortie 0 (Out0) que nous n'utiliserons pas. Le tableau ci-après montre les diverses combinaisons que
l'on peut avoir avec notre circuit, et montre en particulier
l'état logique des entrées (A, B, C et D) et des sorties
(Q0 à Q15) du démultiplexeur CD4514 en fonction du bouton
poussoir actionné.
Poussoir
actionné
|
|
A
|
B |
C |
D |
|
Q0 |
Q1
|
Q2
|
Q3
|
Q4
|
Q5
|
Q6
|
Q7
|
Q8
|
Q9
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Q10
|
Q11
|
Q12
|
Q13
|
Q14
|
Q15
|
SW0
|
|
0
|
0
|
0
|
0
|
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
SW1
|
|
1
|
0
|
0
|
0
|
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
SW2
|
|
0
|
1
|
0
|
0
|
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
SW3
|
|
1
|
1
|
0
|
0
|
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
SW4 |
|
0
|
0
|
1
|
0
|
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
SW5 |
|
1
|
0
|
1
|
0
|
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
SW6 |
|
0
|
1
|
1
|
0
|
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
SW7 |
|
1
|
1
|
1
|
0
|
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
SW8 |
|
0
|
0
|
0
|
1
|
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Comme on peut le voir, les sorties Q9 à Q15 ne passent
jamais à 1 (état logique haut) avec le cablage
adopté. Cependant, en ajoutant 7 boutons poussoir et un certain
nombre de diodes, il est tout à fait possible de porter le
nombre de voies de sélection à 15. Voire à 16 si
l'on décide d'utiliser la sortie Q0 comme les autres. Pour que
tout cela fonctionne, on emploie une ou plusieures diodes pour amener
un état
logique haut aux entrées du CD4514 qui correspondent à
celles que l'on
veut activer quand on appuie sur un bouton poussoir donné. Par
exemple, si l'on veut que la sortie Q3 soit activée quand on
appuie sur le bouton poussoir SW3, il suffit de regarder les
entrées du CD4514 qu'il faut activer pour que la sortie Q3 le
soit. La table de correspondance entre entrées et sorties du
circuit intégré est appelée table de
vérité, et on la trouve dans le document du constructeur
(Datasheet). Cette table nous indique que pour activer Q3, il faut
activer en même temps les entrées A et B. Il suffit donc
de ramener le pôle positif de l'alimentation sur ces deux
entrées A et B quand on appuie sur SW3, ce qui est
réalisé ici grâce aux diodes D11 et D12. Voici
ci-après deux exemples de visualisation des états
logiques aux divers points du montage, quand on actionne les poussoirs
2 ou 7.
|
Activation
du bouton poussoir SW2 :
Grâce à la diode D10, l'entrée A du CD4514 est
activée, alors que les trois autres entrées B, C et D
restent inactive. Avec ce code d'entrée BCD, le CD4514 active sa
sortie Q2, les autres sorties restent inactives.
|
|
Activation
du bouton poussoir SW7 :
Grâce aux diodes D18, D19 et D20, les entrées A, B et C du
CD4514 sont activées, alors que l'entrée D reste
inactive. Avec ce code d'entrée
BCD, le CD4514 active sa sortie Q7, les autres sorties restent
inactives.
|
Mémorisation de la voie
sélectionnée
C'est là que l'on rigole un bon coup, histoire de
s'oxygéner un peu. Voilà, on peut continuer. Les boutons
poussoir, quand on les relâche, ne jouent plus aucun rôle. Si
l'on se contente des diodes D9 à D21 pour activer les
entrées A à D et que l'on ne fait rien d'autre, le CD4514
réactivera systématiquement sa sortie Q0 dès
relâchemant du bouton. C'est normal, puisque toutes les entrées
A à D repassent alors à l'état logique bas,
à cause des résistances R9 à R12 (ce sont des
résistances de rappel au zéro volt, nécessaire
pour les diodes D9 à D21, ça ne fonctionnerait pas bien
sans). Il faut donc mémoriser la dernière sortie
activée. Et pour cela, quelques diodes supplémentaires
(D0 à D8 et D22), un condensateurs (C1) et deux
résistances (R13 et R14) suffisent. En réalité,
seuls C1 et R13, montés en dérivateur, suffisent pour
l'action désirée. Ces quelques composants servent
à envoyer une impulsion brêve sur l'entrée STB
(Strobe) du CD4514 quand on appuie sur un des boutons poussoir. Cette
entrée, quand elle est portée à un potentiel
positif, permet à la sortie sélectionnée
d'être activée. Si cette entrée est à
l'état bas, la sortie sélectionnée ne change pas,
même si les entrées changent. Et c'est exactement ce qu'il
nous faut ! A chaque fois que l'on appuie sur un des boutons poussoir,
une impulsion positive est envoyée sur l'entrée STB, et
comme cette entrée repasse presque aussitôt à
l'état bas (à cause du condensateur C1 qui ne laisse pas
passer une tension continue fixe), le changement d'état des
entrées n'a plus aucune influence. En d'autres termes, l'appui
sur le bouton poussoir est pris en compte, mais pas son relâchement.
Partie "puissance"
Le circuit intégré CD4514 n'est pas en mesure de
délivrer assez de courant pour piloter directement un
relais électromécanique. C'est pourquoi il est fait usage
d'un circuit intégré ULN2804, qui contient 8 étages
de "puissance" parfaitement adaptés à notre usage.
Les huit étages de puissance intégrés dans le
ULN2804 sont en fait constitués de deux transistors
montés en darlington (imaginez simplement qu'un darlington est
un double transistor qui possède un très grand gain en courant). Chacune des
entrées du circuit doit être reliée sur une sortie
du CD4514 (In1 du ULN2804 sur sortie Q1 du CD4514, In2 du ULN2804 sur
sortie Q2 du CD4514, etc).
Remarque :
le ULN2803 pourrait
aussi être utilisé, mais cela nécessiterait des
résistances de limitation de courant supplémentaires pour
chaque voie de commande. Le ULN2803 est en effet prévu pour
être commandé avec des niveaux TTL +5 V, alors que le
ULN2804 est prévu pour être commandé avec des
niveaux CMOS 6-15 V.
Remplacement des boutons poussoirs par un commutateur rotatif
Il est tout à fait possible d'utiliser un commutateur rotatif
(Lorlin par exemple) de type 1 galette / 12 positions en remplacement
des boutons poussoir.
Dans ce cas, les contacts sont maintenus au lieu
d'être momentanés, mais cela ne pose aucun problème
à l'électronique qui suit, le fonctionnement sera
totalement identique. A la différence près que pour passer de la position 2 à la position 7, les valeurs
intermédiaires seront balayées.
Routage des signaux BF
Le routage est assuré ici par des relais électromécaniques, voir le schéma partiel suivant.
Schéma partie car trois relais seulement sont représentés, mais il y en a bien
8 en tout qui doivent être cablés de la même
façon. Un seul relais est actif
à la fois (aucun ne l'est sur le schéma qui
précède). Chaque relais n'est ni plus ni moins qu'un
double interrupteur, qui ne laisse pas passer le signal audio quand il
est au repos, et qui le laisse passer quand il est en position travail.
Commutation de sources audio symétriques
Le montage
présenté ici permet de commuter des sources audio asymétriques mono ou
stéréo. Les liaisons audio symétriques sont assurées par deux fils de
modulation en plus de la masse, on peut donc également assurer la
commutation de sources audio symétriques mono en gardant les mêmes
relais et le même câblage. Pour la commutation de sources audio
symétriques stéréo, il convient de doubler le nombre de contacts de
relais, puisqu'on se retrouve avec quatre fils de modulation au lieu de
deux. On peut pour cela utiliser deux relais en parallèle pour chaque
voie audio (un pour la voie gauche et l'autre pour la voie droite), ou
encore utiliser un relais à quatre pôles qui à lui seul assure le
routage des quatre fils de modulation. Gardez cependant à l'esprit que
la masse n'est pas commutée et reste commune à l'ensemble des voies. Si
cela pose un problème, il faut ajouter un relais supplémentaire rien
que pour la masse, ou utiliser un relais 6 pôles ou 8 pôles, plus
difficile à trouver (pour le prix, comparer celui d'un relais 8 pôles à
celui de quatre relais 2 pôles ou deux relais 4 pôles). Le circuit
intégré ULN2804 qui commande les relais n'a pas besoin d'être changé ni
"doublé" car chacune de ses sorties est en mesure de délivrer assez de
courant pour piloter deux ou même trois relais (ceux utilisés ici ne
doivent pas consommer plus de 150 mA à l'unité).
Temps de commutation
Les
relais électromécaniques ont un temps de réponse ON généralement plus
court que le temps de réponse OFF, ce qui signifie que durant un bref
instant, deux sources peuvent se trouver reliées ensemble. Si cela est
gênant, vous pouvez insérer une cellule de retard (temporisateur) qui
enclenche la mise ON des relais après un délai de 10 ms (durée à
ajuster le cas échéant). Cela laissera le temps au relais actuellement
activé de décoler avant l'activation d'un autre. Bien sûr cette cellule
de retard ne devra pas jouer au moment de la mise OFF.
Choix des relais
Il existe plusieurs types de
relais
qui peuvent être utilisés pour la présente application.
Mais comme pour tout relais, il faut tout de même choisir un
modèle approprié aux signaux de commande et aux signaux
à commuter. Comme les signaux à commuter ne sont pas des
signaux de puissance, il ne faudra pas chosir un relais ayant un fort
pouvoir de coupure, car en général ce genre de relais
compte sur un courant minimal pour autonettoyer ses contacts. Prenez plutôt des relais "classiques" dont l'empattement est bien
standardisé (ils peuvent se monter sur un support standard de
circuit intégré à 16 pattes), et qui ressemblent
à ceux-ci :
Si pour vous, la fiabilité dans le temps est un critère
très important, choisissez des relais avec contact dorés,
ils vous feront un long usage. Il existe aussi des relais
étanches, dans lesquels la poussière ne risque pas
d'entrer et de se mettre entre les contacts, mais vous devez bien
imaginer que ces "super" relais coûtent un peu plus chers que les
normaux. Que dire du bruit de commutation des relais... ces derniers
font en effet un petit bruit au moment où ils changent
d'état, ce qui peut gêner certains utilisateurs.
Personnellement, ce n'est pas le genre de chose qui m'ennuie. Vous
pouvez aussi essayer des relais minitaures de type "reed", qui ont la
forme d'un circuit intégré. Pour ce qui est de la tension
de commande, choisissez votre relais en fonction de l'alimentation du
système de commande, sachant que les relais ont
généralement des tensions de commandes de 5 V, 12 V ou 24 V.
Si vous optez pour une alimentation de 12 V, pas de problème, il
vous faut un relais 12 V. Si vous optez pour une alimentation de 9 V, il
sera préférable de prendre un relais 5 V et de placer en
série avec sa bobine, une petite LED rouge, qui abaissera la
tension aux bornes de la bobine à une valeur convenable (ainsi
le relais ne chauffera pas trop), et qui en même temps servira de
témoins de commutation. La LED devra pouvoir dans ce cas supporter le courant requis pour la bobine du relais.
Attention !
Si la tension
adoptée pour les relais n'est pas celle de 12 V utilisée pour le reste du
montage, vous devrez prévoir une alimentation
séparée pour les relais et pour l'électronique de
commande.
Remplacement des relais par des commutaeurs analogiques
Comme le nombre de relais commence à ne plus être
négligeable, vous aurez peut-être envie de trouver une
solution moins couteuse et plus discrète. Dans ce cas, vous
pouvez réfléchir à l'utilisation d'un multiplexeur
analogique de type CD4067, qui dispose de 16 entrées-sorties et
d'une sortie-entrée. Ce type de composant, tout comme le CD4514,
présente quatre entrées logiques de commande pour la
sélection de la voie désirée. Le CD4514 ne peut
pas être remplacé directement par le CD4067, car il
n'existe pas de broche de verrouillage sur le second. Il faut donc
trouver un moyen de mémoriser l'état des entrées
logiques de sélection. A vous de jouer !
Alimentation
Une alimentation simple de +12 V
de ce
type
convient parfaitement pour les circuits intégrés
utilisés ici. Attention, les relais devront posséder une
tension de commande en concordance avec la tension d'alimentation
choisie (12 V en l'occurence) !
Circuit imprimé
Non réalisé.
Historique
14/07/2014
- Ajout infos concernant la commutation de sources audio symétriques (§ Routage des signaux BF).
27/12/2006
- Première mise à disposition.