Dernière mise à jour :
05/08/2008
Présentation
Le commutateur décrit ici, de type 2 entrées / 1 sortie, est un montage
qui incorpore une
section de commutation réalisée avec des
transistors
bipolaires
classiques. Cette section est un "remake" d'un circuit
adopté par un fabricant d'égaliseurs dont je tais
volontairement le nom, pour effectuer la commutation de la sortie
générale, vers la sortie de l'électronique de
l'égaliseur ou vers son entrée (
bypass). L'avantage
par
rapport à un simple inverseur mécanique est une
commutation silencieuse et légèrement progressive. Pour faire suite à
la demande de Hyacinthe, j'ai également modifié le circuit pour en
faire un commutateur 1 entrées / 2 sorties.
Le schéma - 2 entrées / 1 sortie
Le schéma ci-dessous est donc une révision d'un
schéma existant, qui ne pouvait pas fonctionner tel qu'il
était présenté sur le schéma partiel de son
fabricant (schéma
mis à disposition du public mais bourré d'erreurs), et
auquel j'ai apporté les
modifications qui s'imposaient pour le rendre fonctionnel. J'ai de plus
modifié le mode d'alimentation pour que l'on puisse se contenter
d'une alimentation simple, l'original demandant une alimentation
symétrique. Il est
présenté en deux parties : la partie routage BF et la
partie commande.
Partie routage
Cette partie correspond à la section où les signaux audio
des deux entrées (In_A et In_B) sont soit conduits vers l'unique
sortie, soit bloqués.
Chaque entrée se fait sur un
amplificateur
opérationel
(AOP) monté en suiveur de tension, qui permet une adaptation
d'impédance simple et efficace. L'impédance
d'entrée est fixée ici par les résistances R1 et
R2, soit environ 100 Kohms. L'entrée non-inverseuse
(entrée +) des AOP reçoit le signal BF de son
entrée, qui est superposé à une tension continue
égale à la moitié de la tension d'alimentation
(+6V si tension d'alim de +12V). Cette tension continue, qui est
obtenue grâce au pont diviseur R12/R13 et qui constitue une
masse
virtuelle,
permet de s'affranchir d'une alimentation double (symétrique) et
de se contenter d'une alimentation simple. En contrepartie, l'ajout de
condensateurs
de
liaison est obligatoire pour empêcher tout ecrêtage des
alternances négatives du signal audio. Si on laisse de
côté les AOP d'entrée, on se rend finalement compte
qu'il ne reste plus beaucoup de composants pour assurer la commutation
des sources audio. En fait, il ne reste que les composants
situés sur la partie droite du schéma, juste après
les AOP : quatre transistors branchés bizarrement (Q1 à
Q4), trois résistances (R3, R4, R11) et un condensateur (C5).
Pour ce qui est des transistors, vous aurez peut-être
remarqué leur branchement par paire. Q1 et Q2 sont
branchés en parallèle tête-bêche, bases
ensemble et collecteur de l'un sur émetteur de l'autre.
Même chose pour Q3 et Q4. Sans être expert en la
matière, ce qui est mon cas, on se doute un peu que ces
transistors sont montés en interrupteurs et commandés en
tout ou rien (par opposition au montage linéaire - ou
amplificateur, comme cela est discuté sur la page
Utilisations du
transistor).
Si vous avez pensé cela, et bien bravo, c'est le cas ! Les deux
paires de transistor fonctionnent en "opposition", un côté
est conducteur pendant que l'autre est bloqué (Q1/Q2 conducteurs
et Q3/Q4 bloqués, ou Q1/Q2 bloqués et Q3/Q4 conducteurs).
La sortie se fait sur le point commun Collecteur de Q1 / Emetteur de Q2
/ Collecteur de Q3 / Emetteur de Q4. La résistance R3 assure la
"polarisation" des transistors, il faut en effet bien une
référence pour que les transistors puissent passer du
mode bloqué au mode passant. La résistance R4
évite la déstruction des AOP en cas de court-circuit
franc sur la sortie générale, en limitant le courant de
court-circuit. Le condensateur de liaison C5 permet de "recentrer" le
signal BF sur une référence de 0V, en s'opposant au
passage de la tension continue de 6V qui lui est toujours
superposée. Pour que le principe adopté ici pour la
commutation fonctionne, les
signaux de commandes appliqués sur A et sur B doivent
impérativement être en opposition de phase. Si ce
n'était pas le cas, on aurait les deux signaux d'entrée
mélangés (et fortement distordus ceci dit au passage), ou
rien du tout en sortie. Pour un commutateur audio, ce serait un mode de
fonctionnement vexant. Bien, cela est donc dit : signal logique haut
sur commande A et signal logique bas sur commande B. Ou l'inverse,
selon l'entrée que l'on veut sélectionner. Et bien il n'y
a qu'à mettre cette théorie en oeuvre avec une simple
résistance de rappel au pôle positif de l'alimentation sur
les deux commandes A et B, et amener l'une de ces deux commandes
à la mase, avec un inverseur ! Très juste, cela
fonctionnerait ! Mais pourquoi ne pas compliquer un peu le montage,
histoire de faire râler un peu plus celui qui a
déjà eu tant de mal à lire jusqu'ici...
Partie commande
Oui, pourquoi se contenter d'un simple inverseur ? Parce qu'un
inverseur mécanique simple présente un
inconvénient de taille : il provoque des rebonds
mécaniques quand on l'actionne. Oh, rien de méchant,
allez-vous dire. Ces rebonds sont de quelques millisecondes, on peut
bien les ignorer ! Et bien non, on ne peut pas. Les transistors qui
sont montés en commutation (Q1 à Q4) ont la
détente rapide, et si on leur demande de commuter 5 fois en 10
ms, ils vont le faire. Imaginez ce que cela peut donner auditivement
parlant... Signal d'entrée de la voie A, puis commutation vers
la voie B, puis retour sur la voie A, ceci quelques fois
d'affilé en une fraction de temps. Non, vraiment, ce n'est pas
raisonnable, on n'a pas le droit de faire ça à nos
oreilles. Voilà le pourquoi de ce petit montage additionnel :
assurer une commutation sans heurt et sans bruit, et avec, s'il vous
plait, une (très) légère transition d'une voie
vers l'autre, un peu comme si l'on avait actionné un
"cross-fading".
Les condensateurs C3 et C4 permettent le passage d'une voie vers
l'autre avec une certaine souplesse, vous pourrez modifier leur valeur
si le résultat auditif ne vous plait pas (en pratique, une
valeur comprise entre 1 uF et 100 uF convient).
Erreurs sur schéma d'origine corrigées, et
modifications apportées
Je l'ai dit tout à l'heure, je ne suis pas l'auteur de cette
idée de montage. Mais comme j'ai passé pas mal de temps
à comprendre pourquoi le schéma d'origine ne fonctionnait
pas, je tenais à vous
présenter le montage en état de marche. Voici donc les
remarques que j'ai à formuler.
Erreurs sur le schéma
d'origine
- Tous les transistors NPN et PNP étaient marqués BC550
(quand on débute, ça peut faire mal).
- Le point commun de l'inverseur SW1 était relié au +12V
au lieu d'être relié au -12V.
- Les émetteurs des transistors Q5 et Q6 n'étaient
reliés à rien au lieu d'être reliés au +12V.
Modifications apportées
- Alimentation symétrique (double) +/-15V remplacée par
une alimentation simple +12V .
- Suite à passage en alim simple, mise à la masse du
point commun de l'inverseur SW1.
- Suite à passage en alim simple, ajout de condensateurs de
liaison sur les entrées (C1, C2) et en sortie (C5).
Utilisation en stéréo
Pour un usage avec des signaux stéréo, la partie
commutation audio doit être réalisée en double
exemplaire, la partie commande quant à elle peut rester unique.
Afin de conserver une bonne séparation des voies, il est
toutefois préférable de doubler les résistances R5
et R6 sur la section commande du schéma d'origine. Finalement,
on aboutit au schéma suivant pour la partie commutation (tous
les points Vb doivent être reliés entre eux) :
et au schéma suivant pour la partie commande :
Bien entendu, l'utilisation de jacks (mono ou stéréo) n'a
rien d'obligatoire, vous pouvez parfaitement utiliser des prises cinch
/ RCA.
Le schéma - 1 entrée / 2 sorties
En regardant le schéma d'origine, j'ai pensé que cette
demande ne serait pas trop longue à honorer. Il est vrai que
"l'étude" de ce nouveau schéma et les tests qui y ont
fait suite ne m'ont demandé qu'une journée...
Les performances de ce circuit sont un petit peu moins bonnes que
celles du circuit d'origine :
- la distorsion, qui était de l'ordre de 0,1 % pour le schéma d'origine
(2 entrées / 1
sortie), monte à 0,2 % pour ce schéma. Notez cependant qu'un tel
taux de
distorsion ne s'entend pas spécialement ;-)
- l'isolation entre les sorties est un poil inférieure avec ce
dernier circuit. Un tout petit
résidu de signal arrive à passer sur la sortie
normalement coupée.
Mais là aussi, pas de quoi en faire un drame, l'isolation est
tout de
même de l'ordre de 55 dB à 60 dB selon la fréquence
(isolation plus
faible à partir de 10 KHz). Pour un signal dont l'amplitude est
de 1 volts sur la sortie active, il n'est que de 1 mV sur la sortie
inactive.
Alimentation
Une alimentation simple de +12V à +18V
de ce
type
convient parfaitement.
Commentaires d'internautes
10/03/2008 - Message de Sanjin
Je viens de réaliser le montage avec des transistors BC548
(à la place des BC550) et des BC557 (à la place des
BC560) est tous fonctionne parfaitement. Il est donc fort probable que
celui ci fonctionne avec tous les transistors petits signaux. De plus
j'utilise un NE5532 pour un gain de place non négligeable et des
capa de 47µ pour une transition plus lente. Encore merci pour le
schéma.