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modulation
Dernière mise à jour :
19/04/2009
Présentation
Un
compresseur de modulation,
appelé aussi compresseur de dynamique, est un appareil
permettant de diminuer la dynamique d'un signal audio, c'est à
dire de diminuer les écarts qui peuvent exister entre les
niveaux audio faibles et les niveaux audio forts. Cet article
décrit
quelques méthodes utilisées pour la réalisation de
compresseurs de modulation.
Compresseur ou limiteur ?
Il s'agit de deux choses bien différentes. Un compresseur
diminue la dynamique d'un signal audio, sans pour autant interdire un
dépassement du signal dans son amplitude maximale. Un signal
d'amplitude faible est augmenté (amplifié), alors qu'un
signal d'amplitude forte est diminué (atténué). Un
limiteur quant à lui n'est pas destiné à
compresser la dynamique (tout du moins de la même façon),
mais à empêcher qu'un signal BF ne dépasse une
certaine amplitude. Il n'a aucune action tant que le signal reste sous
une limite bien définie, puis atténue le signal d'autant
plus fortement que ce dernier a dépassé le seuil limite,
de telle sorte qu'en sortie de traitement, l'amplitude n'augmente plus
même si elle continue d'augmenter en entrée. Bien entendu,
un limiteur peut être considéré comme un
compresseur, dans le sens où son action conduit à
l'obtention d'un signal dont la dynamique a été
réduite, même si ce n'est que du côté des
niveaux forts.
Quand utiliser un
compresseur ?
Quand la dynamique d'un signal audio est plus importante que
l'équipement dans lequel ce signal audio est traité. Un
enregistreur audio à bande analogique grand public par exemple, ne
possède
pas une plage dynamique très importante. Si le signal est
enregistré à un niveau trop faible, on risque d'entendre
trop de souffle (rapport signal à bruit trop faible), et s'il est
enregistré à un niveau trop
élevé, il y a risque de saturation. Effectuer
l'enregistrement d'un concert de musique classique (dynamique 100 dB)
sur un enregistreur analogique
à bande grand public (dynamique 50 dB à 60 dB), sans le traiter au
préalable,
relève du défi. La compression de dynamique permet de
réduire les risques de souffle et de saturation, il s'agit donc
d'un système de protection. L'enregistreur analogique à bande est un
exemple entre
autre, la compression de dynamique peut aussi être
utilisée lors de transmissions sans fil (
micros HF),
ou dans des
circuits d'effets spéciaux présentant un rapport
signal/bruit faible (chambres d'écho à lignes à
retard analogiques par exemple).
Quand utiliser un
limiteur ?
Quand le niveau d'un signal BF ne doit en aucun cas dépasser une
valeur limite fixe. Exemples :
- convertisseur analogique vers
numérique (CAN ou DAC) d'un rack d'effet, d'une console ou d'un
enregistreur,
- émetteur de radiodiffusion,
- protection de haut-parleurs en sonorisation.
Compresseur à lampe
Lampe à incandescence, pas tube à vide, mieux vaut le
préciser dès maintenant ;-)
Le principe repose ici sur le fait que le filament de la lampe
présente une résistance ohmique dont la valeur augmente
avec la température. Plus le signal appliqué en
entrée est élevé, plus la lampe va chauffer et
plus sa résistance interne va augmenter. La "force" du signal n'est
certes pas suffisante pour que la lampe s'illumine de ses pleins feux,
mais le principe reste vrai même quand le filament n'est pas
incandescent. Montée en diviseur de tension avec une résistance comme
cela est montré sur le
schéma qui suit, le signal de sortie se trouve
d'autant plus atténué que le signal d'entrée est
fort.
On
peut aussi utiliser la lampe dans son domaine noble et la faire
s'éclairer pour de bon. Dans ce cas la lumière émise éclaire un élement
photosensible tel qu'une LDR
(photorésistance), une photodiode ou un phototransistor (la LDR est
toutefois préférée car elle est plus facile à mettre en oeuvre, ne
nécessitant pas de polarisation particulière). Dans ce cas, l'élement
photosensible
est placé dans le circuit de contre-réaction d'un
amplificateur, et la lampe est commandée par le signal audio
(suffisement amplifié) ponctionné en sortie du limiteur : plus
l'élement sensible à la lumière est éclairé et plus sa
résistance diminue, et donc plus le gain de l'amplificateur est
diminué. On a bien "compensation" automatique du gain en fonction de
l'amplitude du signal BF, avec une action de réduction de dynamique
puisque le gain diminue d'autant que le signal BF est important.
La lampe a tout de même un sérieux handicap : son inertie
thermique. Le contrôle de larges variations d'amplitude n'est pas
aisé, et des crêtes importantes peuvent passer les mailles
du filet. Mais les compresseurs basés sur ce
procédé ont encore des adeptes, et la "couleur" rendue par ce type de
compresseur est vraiment caractéristique, à tel point que certains
éditeurs de logiciel ont implémenté (simulé) des fonctions de
compression "optique" dans leurs plugins logiciels de compresseur (Wave
Renaissance Compressor pour ne citer qu'un exemple entre autres).
Compresseur à thermistance CTN
Le principe de base est identique à celui de la lampe à
incandescence, hormis le fait que la résistance interne de la
thermistance CTN diminue quand sa température augmente.
Plus le signal appliqué en entrée est
élevé, plus la thermistance va chauffer
et plus sa résistance interne va diminuer. Telle qu'elle est
montée en
diviseur de tension avec la résistance dans le schéma qui
précède, le signal de sortie se trouve
d'autant plus atténué que le signal d'entrée est
fort. Tout comme pour l'ampoule, l'inertie thermique empêche un
traitement précis des crêtes rapides. Je n'ai vu qu'un seul schéma
de compresseur mettre en oeuvre ce type de composant, je ne sais pas si
cela a vraiment été utilisé très souvent.
Compresseur à transistor FET
On utilise ici la résistance Drain-Source d'un transistor FET
comme une résistance classique, dans la contre réaction
d'un amplificateur ou dans un circuit diviseur de tension
résistif.
La résistance Drain-Source du transistor FET voit sa valeur
modifiée en fonction de la tension appliqué sur la porte
(Gate) du transistor. En appliquant une tension continue qui est
proportionnelle à l'amplitude du signal d'entrée, on
obtient une variation du gain ou du rapport d'atténuation, qui
"suit" le signal d'entrée. Dans mon
compresseur
audio 001,
un transistor FET est utilisé dans la contre réaction d'un AOP, qui
voit son gain diminuer quand l'amplitude du signal audio augmente. Le
transistor FET doit être commandé par une tension continue dont la
valeur est proportionnelle à l'amplitude du signal audio, ce qui
implique la réalisation d'un circuit de redressement et de filtrage,
dont les caractéristiques propres (temps de réaction et temps de
relachement entre autres) doievnt être soigneusement choisies pour
obtenir de bons résultats techniques et artistiques (il y a des plages
de valeurs types, mais il y a aussi surtout l'oreille).
Compresseur à transistor bipolaire
Le principe de base est le même que pour le transistor FET.
Mais la plage de variation de la "zone résistive" d'un
transistor bipolaire n'est pas la même que celle d'un transistor
FET, et est moins souple à l'usage. On préfère
cette solution quand le taux de distorsion a une moins grande
importance, comme c'est le cas dans la transmission de la parole (CB ou
radio-amateurs), où l'intelligibilité et la portée
importent plus (exemple d'application avec le
préampli
micro 020). Montage également apprécié de ceux
qui ne connaissent pas suffisement le transistor FET et qui en ont
autant peur que des selfs.
Compresseur à diodes
Le principe repose sur l'utilisation de
diodes dans le circuit de
contre-réaction d'un amplificateur à transistor ou
à AOP.
Lorsque l'amplitude en sortie de l'amplificateur augmente, la
résistance interne des diodes diminue, ce qui a pour effet
d'augmenter la réaction de la sortie vers l'entrée, et
donc de diminuer le taux d'amplification (le gain). Cette méthode
conduit
à une réaction très rapide, bien plus rapide que
les méthodes précités. Mais cette rapidité
peut aussi conduire à un taux de distorsion très
élevé, car le gain de l'amplificateur suit de très
près (de trop près) les variations du signal
d'entrée. On préfère là aussi ce
système quand efficacité prime sur qualité, par exemple dans le
domaine du traitement de la voix humaine pour des transmissions longue
distance.
Compresseur à circuit intégré
spécialisé
Certains fabricants de composants électroniques ont
développé des circuits spécialement
destinés à la réalisation "aisée" de
compresseurs ou de limiteurs de modulation. A ce titre, les plus connus
sont sans doute DBX (VCA 2150), PMI/Analog Device (SSM2120, SSM2122) et
Signetic
(NE570, NE571, NE572, NE575). J'ai par le passé construit plusieurs
compresseurs pour
ma petite
radio
et pour des enregistrements magnétiques déstinés à l'écoute en voiture,
limiteurs et expandeurs avec des circuits de la série NE57x (par
exemple
limiteur
audio 001), qui donnent des résultats très corrects. A noter que
certains des circuits
mentionnés ci-avant contiennent tout ce qu'il faut pour
réaliser un compresseur ou un limiteur (VCA et redresseur dans
le même boitier, cas des NE57x), alors que d'autres nécessitent l'ajout
d'une circuiterie de détection / redressement pour la commande
du VCA (cas du DBX2150).
Retard dans le traitement
Les compresseurs et limiteurs de modulation présentent un
défaut commun : celui de réagir tardivement (abstraction
faite du circuit à diodes parfois considéré comme
trop rapide, et qui convient moins bien pour la musique). Il faut en
effet un certain temps pour que le circuit d'analyse se rende compte
que le signal est trop fort ou trop faible, cela étant lié au temps de
charge du condensateur de filtrage lié au circuit de détection. Il est
donc venu à
l'esprit de certains, d'inclure un retard dans le trajet du signal
audio et aucun retard dans son circuit d'analyse. On analyse le signal
audio
d'entrée non retardé, et on traite la dynamique du signal
audio retardé. On a donc le temps de le traiter proprement
puisqu'on sait comment il varie,
avant
même d'agir sur lui. Ce procédé dit "à
prédiction" permet un traitement approprié à de
nombreuses situations (entendez par là à de nombreux
types de sources sonores, même dans des applications temps
réel où une modification rapide des réglages n'est
pas facile).
Termes barbares : Threshold, Attack, Decay, Sustain,
Release...
Les compresseurs et limiteurs de modulation présentent parfois
des réglages qui permettent d'adapter l'action de l'appareil au
type de signal audio à traiter. Bien souvent, ces
réglages sont opérés à l'oreille, car les
résultats sonores dépendent beaucoup de la nature du
signal audio à traiter. Il faut bien être conscient de la
grande variété de son que l'on peut être
amenée à traiter, chaque instrument de musique
présente des caractéristiques différentes.
L'attaque des notes par exemple, n'est pas la même pour une
guitare, un clavecin et une flute. Et avec une même guitare
jouée par deux musiciens différents, on n'a pas non plus
la même chose. Autant dire qu'il est quasiment impossible de
régler un compresseur avec des paramètres
prédéfinis. Il faut parfois beaucoup de temps pour
trouver les bons réglages, même si on arrive tout de
même à spécifier des "valeurs types" pour certains
"usages types" qui peuvent servir de point de départ.
Threshold
Il s'agit du seuil à partir duquel l'appareil (compresseur ou
limiteur) va agir sur le signal BF. Il est généralement
exprimé en dB, par exemple -24dB (le terme dB peut être
relatif au niveau de saturation, ou
être
absolu et représenter
alors des dBu ou dBm). Si l'amplitude du signal audio
est inférieure au seuil, le signal audio ressort intact en
sortie, sa dynamique n'est pas modifiée. Si l'amplitude du
signal audio est supérieure au seuil, le signal audio est
traité et ressort compressé, sa dynamique est
modifiée.
Ratio
C'est le taux de compression, que l'on pourrait aussi appeler la
"force" de la compression. C'est ce paramètre qui permet de
décider de la dynamique de sortie que l'on aura pour une
dynamique
d'entrée donnée. Le ratio est généralement
exprimé sous forme numérique sans unité, par
exemple 1.5, 2.0 ou 3.0, ou sous forme de rapport, tel que 2:1 ou 3:1
(un ratio de 10:1 à 100:1 correspond à un taux de compression très
élevé, on parle dans ce cas plus volontier de limitation).
Je trouve l'appellation du type "3:1" plus parlante, car les deux
chiffres représentent bien le rapport de dynamique entre
entrée et sortie. Par exemple, un ratio de 2:1 indique que la
dynamique de sortie est réduite de moitié : pour une
dynamique d'entrée de 60 dB, on se retrouve avec une dynamique
de sortie de 30 dB (60:30 équivaut à 2:1). Un ratio de 3:1 indique
quant à lui que la
dynamique de sortie est
réduite de 2/3 : pour une dynamique d'entrée de 60 dB, on
se retrouve
avec une dynamique de sortie de 20 dB (60:20 équivaut à 3:1). Plus le
ratio est
élevé, et moins le signal traité présente
de différences entre niveaux faibles et les niveaux forts, et
donc plus
sa dynamique est faible.
Remarque
: un taux de compression
très élevé
peut conduire à un étouffement du son, où les
fréquences aigues n'ont plus beaucoup de place pour s'exprimer. De
même, l'effet stéréophonique peut se trouver fortement atténué.
Attack
C'est le temps que met l'appareil pour agir à partir du moment
où le signal d'entrée est passé au-dessus du seuil
(threshold). Ce temps est généralement exprimé en
ms, par exemple 5 ms. Avec le paramètre Release, il s'agit
certainement du paramètre le plus délicat à
régler, car une valeur inadaptée peut conduire à
des effets audibles non désirés et
désagréables.
Decay
Le paramètre Decay, tout comme le paramètre Sustain, joue
un rôle que l'on peut qualifier de secondaire, et son
réglage est moins critique.
Sustain
-
Release
C'est le temps que met l'appareil pour ne plus agir et revenir à
son état de repos, à partir du moment où le
signal d'entrée est repassé en-dessous du seuil
(threshold). Ce temps est
généralement exprimé en ms ou en secondes, par
exemple 500 ms, ou 4 sec.
ADSR
Peut-être avez-vous déjà entendu parler de "ADSR",
terme employé sur
certains compresseurs, synthétiseurs ou effets spéciaux.
Et
bien ces quatre
lettres représentent l'enveloppe d'un signal audio, et
signifient
simplement
Attack
Delay
Sustain
Release.