Dernière mise à jour :
14/12/2014
Présentation
Le triac est également appelé Thyristor bidirectionnel ou
Redresseur
contrôlé.
Un triac est, contrairement au
thyristor,
un composant
bidirectionnel, qui peut laisser passer le courant dans les deux sens.
Et comme le thyristor, ce composant possède trois
électrodes : deux électrodes principales appelées
A1 et A2 (pour Anode 1 et Anode 2) ou MT1 et MT2
(pour Main Terminal 1 et Main Terminal 2, Main Terminal signifiant ici
Terminaison principale), et
une électrode de commande G (pour Gachette) qui permet d'amorcer
(de déclencher) plus facilement
la
conduction du
courant entre les deux électrodes principales A1 (MT1) et A2
(MT2). Dans les lignes qui suivent, les appellations A1 et A2 seront
utilisées pour désigner les deux électrodes
principales.
On peut dire que le triac est
l'équivalent de deux
thyristors
montés tête-bêche. Mais comme le triac peut conduire
dans les deux sens, son utilisation en alternatif est toute indiquée
puisqu'on peut travailler aavec les alternances positives et négatives.
Notation (appellation) du composant
La notation par lettres et chiffres du composant repose sur une
normalisation dont quelques détails sont donnés à
la page
Notation
des composants.
Usage principal du Triac
Si les jeux de lumières vous attirent, ce qui est très
certainement le cas, vous avez sans doute déjà vu un
triac dans un schéma électronique. C'est un composant que
l'on retrouve en effet souvent dans les
gradateurs
de lumière ou
modulateurs
de
lumière, ou encore dans les chenillards. Ce composant permet
de
disposer d'une interface de puissance à moindre frais, puisque
d'un côté on le commande avec quelques mA en
basse tension, et que de l'autre il est capable de commuter des
courants de plusieurs ampères sous 230V (400V étant la
limite max des relais les plus communs). Les
relais
électromécaniques
peuvent remplacer les triacs dans
certaines situations, mais il faut bien admettre que côté
encombrement, bruit et coût, le triac a quelques avantages
à son actif. Le triac peut également être
employé comme un "simple" interrupteur, dans
un programmateur, dans une minuterie ou dans un
clignotant,
par exemple.
Déclenchement du triac
Le déclenchement du triac s'effectue au travers de la connection
de commande appelée Gachette (G). Il existe plusieurs
méthodes pour déclencher un triac,
nous allons en passer quelques-unes en revue après quelques
explications qu'il me semble utile de connaitre. Peut-être
avez-vous déjà
entendu parler des quatre quadrants 1 à 4 (parfois
appelés modes 1 à 4) dans lesquels le triac peut
être utilisé. Ces quadrants correspondent simplement aux
différentes polarités des courants et tensions auxquels
peut
être soumis le triac au travers de ses trois électrodes.
Sachant cela, il reste à connaitre les points suivants pour
comprendre comment un triac peut être amorcé.
- Le triac s'amorce (devient passant) quand la tension
entre les anodes A1 et A2 dépasse une certaine valeur
appelée tension d'amorçage. La valeur de cette
tension d'amorçage est fortement réduite quand une
tension est appliquée sur la gachette. Et cela quelque soit la
polarité de la tension appliquée entre A1 et A2, et
quelque soit la polarité de la tension appliquée sur la
gachette. C'est précisement grâce à cette
caractéristique que le triac peut être utilisé en
alternatif. Et c'est aussi la raison pour laquelle vous trouverez des
montages où les auteurs utilisent le pôle positif de
l'alimentation comme point commun (relié à l'anode A1),
et d'autres montages où c'est le pôle négatif (en
général la masse) qui sert de point commun (relié
à A1). Le point commun est généralement la masse,
et c'est un des aspects particuliers d'une commande directe
d'un triac par un système électronique non
isolé galvaniquement : il existe un lien direct entre le secteur
230 V et la partie basse tension de la section commande, ce qui impose de
bien plus grandes précautions d'usages.
- L'état passant du triac persiste tant
que le courant circulant entre les anodes A1 et A2 ne descend pas en
dessous d'une certaine limite appelée courant de maintien (ou
courant hypostatique). Il
est intéressant de constater qu'une fois le triac amorcé, le
courant qui le traverse ne dépend plus du signal appliqué
sur la gachette. En d'autres termes, si la tension de commande
disparait (de façon volontaire pour économiser sur la
consommation, par exemple), le triac reste amorcé (conducteur)
jusqu'à ce
que le courant de passage entre A1 et A2 redescende en dessous de la
valeur du courant
de maintien. Ce qui, en utilisation sous tension alternative de notre réseau EDF, ne manque
pas de se produire quelque cent fois par seconde, tout de même.
- La sensibilité du triac dépend parfois du quadrant dans
lequel on le fait fonctionner. Le quadrant 4 n'est quasiment jamais
utilisé du fait qu'il nécessite souvent un courant de gachette plus
important (d'au moins 100 mA pour les triacs de type BTAxx-600),
à moins de compenser la faible
sensibilité par l'emploi d'un transformateur d'impulsion. La
plus grande sensibilité de déclenchement est obtenue avec
les quadrants 1 et 3. L'application d'un courant
continu pour la commande (sur la Gachette) est bien souvent
préféré en vue de la simplification du montage
mais ne produit pas toujours les meilleurs résultats, et une
commande impulsionnelle
est parfois préférée. La commande par une tension
alternative est également possible, le triac est alors inclus
dans un système dit d'autodéclenchement.
- Le
déclenchement d'un triac n'est pas toujours aussi aisé ou
fiable qu'il le paraît parfois; cela ne
fonctionne
pas toujours bien. Certains triacs bon marché
peuvent nécessiter un courant de gachette de plusieurs dizaines
de mA, alors que d'autres, parfois appelés "triacs sensibles" se
contentent de quelques mA, voire moins de 1 mA. Utilisé dans un
modulateur de lumière, un triac peu sensible demandera pour
fonctionner, à ce que la source sonore qui permet son
déclenchement, soit plus élevée. Mais
utilisé dans un chenillard où les circuits de commande
sont un peu limites (sorties de portes logiques CMOS par
exemple), un
triac peu sensible pourra très bien ne jamais se
déclancher, ou bien se déclancher de façon
aléatoire.
Quelques exemples de sensibilité de triacs
Certains triacs sont plus sensibles que d'autres, le tableau ci-dessous
précise les courants nécessaires au déclenchement
et au maintient de la conduction, pour quelques triacs. Comme dit
précédement, le courant d'amorçage
nécessaire pour utilisation en quadrant 4 est largement plus
élevé que pour les trois autres quadrants.
|
Courant
Max
|
Tension
Max
|
Courant
d'amorçage
Quadrants 1, 2 et 3
|
Courant
d'amorçage
Quadrant 4
|
Courant
de
maintien
|
TIC206
|
4 A
|
600 V
|
0,9 mA
|
2,4 mA
|
1,5 mA
|
TIC225
|
8 A
|
600 V |
0,8 mA
|
11,7 mA
|
3 mA
|
TIC226
|
8 A
|
600 V |
2 mA
|
20 mA
|
5 mA
|
BTA06-400 |
6A |
400V |
50 mA |
100 mA |
50 mA |
BTA08-600
|
8 A
|
600 V |
50 mA
|
100 mA
|
50 mA
|
BTA12-600 |
12 A
|
600 V |
50 mA |
100 mA |
50 mA |
BTA12-700 |
12 A
|
700 V
|
50 mA |
100 mA |
50 mA |
BTA16-600 |
16 A
|
600 V |
50 mA |
100 mA |
50 mA |
BTA26-600 |
25 A
|
600 V |
100 mA |
150 mA |
100 mA |
BTA41-700
|
40 A
|
700 V |
100 mA |
150 mA |
100 mA |
Remarques
- Du fait d'une certaine relation entre courant de commande et courant de
maintien, la sensibilité de déclenchement conditionne
aussi en quelque sorte la charge minimale que le triac peut commander.
Un triac est généralement spécifié comme
étant capable de commander des charges maximales (par exemple 8
A), mais on parle moins souvent de la charge minimale. Dans certains
montages, il est spécifié une valeur de charge minimale
pouvant être commandée (par exemple 40 W), et qu'en
dessous de cette valeur le bon fonctionnement n'est plus garanti.
- On
peut trouver pour une même référence de composant, différents documents
de différents fabricants qui n'affichent pas tout à fait les mêmes
caractéristiques électriques. Ainsi, on peut trouver tel triac dont le
courant de gachette min est de 50 mA chez un fabricant et de 100 mA
chez un autre.
Fonctionnement en continu ou en alternatif ?
La plupart des montages "pour amateurs" (jeux de lumière par
exemple) font usage d'un triac fonctionnent sur le réseau 230 V.
Car un triac peut fort bien servir à couper ou établir un
courant alternatif et c'est ce qui le rend interressant (par rapport au
thyristor). Dans le montage de base qui suit, la tension de commande
est continue,
et la tension commutée (celle qui alimente la charge quand le
triac est
passant) est alternative.
Le fonctionnement d'un tel système est simple : quand
l'interrupteur SW1 est fermé, la lampe L1 s'allume, et cette
dernière s'éteind dès l'instant ou SW1 est
à nouveau ouvert. Mais il est tout à fait possible
d'utiliser le triac pour commuter une charge sous une tension continue
basse, par exemple 24 V, c'est ce que montre le schéma de base
suivant.
Là aussi, la lampe s'allume quand on ferme l'interrupteur SW1.
Mais quand on l'ouvre, la lampe ne s'éteint pas ! Cela est tout
à fait normal, car pour que le triac se désamorce il faut
couper le courant qui circule entre les deux bornes A1 et A2. Le
schéma de base suivant montre un interrupteur
supplémentaire SW2, qui assure la fonction Arrêt.
Bien entendu, pour que la lampe L1 puisse s'allumer, la condition
minimale est que l'interrupteur SW2 soit fermé au départ.
A partir de là, son allumage peut être assuré par
l'interrupteur SW1, comme vu précédement. Et pour
l'éteindre, il faut ouvrir SW2. Que se passe-t-il si la tension
de commande est toujours présente (SW1 toujours fermé) et
que l'on manipule uniquement SW2 ? On se trouve en face d'un bête
interrupteur où l'ampoule s'allume quand SW2 est fermé,
puisque le triac est toujours amorcé et se comporte donc comme
un interrupteur toujours fermé. Il va de soi que ce n'est pas
l'utilisation principale que l'on fera d'un tel circuit, car un simple
interrupteur mécanique remplirait le même rôle. Dans
un autre registre, on peut tout à fait envisager la mise en
place d'un triac dont les bornes A1 et A2 sont montées en
parallèle sur l'entrée d'une alimentation continue,
juste après un fusible,
et donc la gachette est commandée par un signal de commande
provenant d'une détection de surtension ou de
surintensité. Le triac joue dans ce cas un rôle
protecteur, en forçant le fusible à fondre très
rapidement et à protéger ainsi l'électronique qui
suit.
Dans un circuit de ce genre, le triac ne passe à l'état
de conduction qu'en cas de problème détecté par le
circuit de protection (intégré dans la fonction de
régulation ou ajoutée après). Sitôt
amorcé, il provoque un court-circuit franc sur la source de
tension d'entrée, qui fait immédiatement fondre le
fusible FU1 et protège le reste de l'électronique.
Sitôt le fusible fondu, le triac se désamorce puisque le
courant circulant entre A1 et A2 a été interrompu. Pour
une telle application, on peut aussi utiliser un thyristor, puisque le
courant à traiter est continu et non alternatif.
Quelques exemples pratiques en commande secteur
La commande la plus simple consiste à appliquer une tension
continue sur la gachette. Cette tension continue peut directement
provenir d'une sortie de porte logique TTL, ou provenir d'un transistor
épaulant une sortie CMOS un peu faiblarde. On peut aussi passer
au travers d'un
opto-coupleur
ou
d'un opto-triac (MOC3040 ou MOC3041 par exemple), afin d'assurer une
isolation galvanique entre la partie Commande et la partie Puissance.
Ce qui évite de rendre la masse commune à la partie
commande basse tension et à la partie commandée sous
230V.
Commande par porte
logique TTL
Voici ci-dessous un exemple pratique de mise en application, où
la commande se fait via la sortie d'une porte logique TTL.
Notez que la
tension commune de +12V ramenée sur A1 n'est pas la tension
utilisée pour l'alimentation de la porte logique, la pauvre
porte n'aimerait pas longtemps.
Commande par porte
logique CMOS
Dans l'exemple suivant, la commande se fait au travers d'une sortie de
porte logique CMOS.
La référence est la masse, ce qui
déroute un peu moins le lecteur, en général. Ce
type de montage peut fonctionner assez bien avec les triacs sensibles
(courant de commande de quelques mA) si la porte logique est
alimentée en 15V (courant de sortie disponible
plus grand quand la tension d'alim est plus importante), mais ne
convient pas du tout pour les triacs de
forte puissance ou avec un montage alimenté en 5 V. Afin
d'éviter toute difficulté de déclnchement
même
avec des triacs sensibles, il est généralement
recommandé de recourir à
un transistor pour disposer d'un courant de commande plus
généreux.
Commande par transistor
L'utilisation d'un transistor monté en amplificateur de courant
entre une sortie de porte logique CMOS (ou en sortie d'EPROM ou d'un
PIC)
et la Gachette du triac, améliore bien les choses.
Le schéma qui précède montre un exemple de
commande du triac en mode "logique positive" : la tension
appliquée à la gachette du triac est positive par rapport
à l'anode A1, qui est elle-même reliée à la
masse. Il est également possible de commander le triac en
appliquant sur sa gachette, une tension "négative" par rapport
à la tension présente sur l'anode A1.
C'est cette façon de faire qui a été mise en application dans mon
chenillard
007. On peut aussi commander le triac avec une tension positive issue d'une
alim +5 V, avec masse (négative) commune.
Et si vous n'avez qu'un transistor PNP sous la main, il suffit de le
câbler comme suit.
Commande complémentée
Il est possible de commander deux triacs en même temps et de
façon complémentaire, à partir d'une seule
commande. Le schéma qui suit montre une façon de
procéder parmi d'autres.
Il est bien sûr aussi possible d'utiliser n'importe quel autre
composant permettant d'inverser le signal de commande, tels que porte
logique TTL ou CMOS.
Commande impulsionnelle
Dans les exemples
précédents, une tension continue "permanente" de commande
était utilisée pour amorcer le triac. Mais cette tension
de commande n'a pas besoin d'être présente tout le temps
puisque le triac reste amorcé même si la tension de
commande disparaît, à la condition toutefois que le
courant qui circule entre A1 et A2 soit toujours suffisant. Afin de
réduire la consommation globale d'un montage alimenté sur
pile ou avec une
alimentation
sans transformateur,
on peut donc envisager d'envoyer une impulsion de commande au triac -
au lieu de lui fournir une tension permanente, à chaque fois
qu'il vient de se désamorcer (ce qui rappellons-le, arrive 100
fois par seconde si la section de puissance est reliée au
réseau 230 V). La consommaion globale est ainsi réduite
dans de fortes proportions, car même si on utilise un courant de
commande de 50 mA, cela ne dure qu'un bref instant et la tension
moyenne est bien plus faible. Exemple :
Avec ce circuit, l'allumage de l'ampoule a lieu quand l'interrupteur
SW1 est ouvert, sa fermeture occasionnant le blocage du triac. Bien
sûr, la commande SW1 peut en pratique être remplacée
par un circuit de commande électronique, sortie de porte logique
ou transistor (dans ce cas retirer SW1 et R2). Mon
Métronome
001 utilise un tel type de commande impulsionnelle pour
l'allumage
d'ampoules 230 V, qui donne de
très bons résultats
même avec des triacs "difficiles". Voici un autre exemple de déclenchement d'un triac par impulsions :
Détails à la page
Interface secteur 003.
Danger !
L'oeil averti aura sans doute remarqué que dans beaucoup de cas,
un des pôles du secteur est directement relié à un
des pôles (masse ou borne positive) de la basse tension d'alimentation.
Le secteur se
promène donc sur l'ensemble du montage, ce qui doit pousser
à une extrême prudence ! Pour gagner en
sécurité, je conseille vivement l'emploi d'un opto-triac
ou d'un opto-coupleur pour isoler la partie basse tension du
secteur 230V. Avec ce type de composant en effet, l'isolation entre les
deux parties peut en effet atteindre quelques milliers de volts (7500V
avec les opto-triacs MOC3021 ou MOC3041).
Exemple d'utilisation
d'un opto-triac
de type
MOC3041
(les MOC3040 et MOC3031 conviennent aussi)
Le montage qui suit est le plus simple que l'on peut concevoir avec un
optotriac de type MOC3041, une seule résistance est
ajoutée entre l'optotriac et le triac, qui permet de limiter le
courant maximal de gachette du triac. La valeur de cette
résistance doit être adaptée en fonction de la
sensibilité du triac : avec un triac sensible (courant de
gachette requis de quelques mA), elle doit avoir une valeur plus
élevée qu'avec un triac standard (courant de gachette
requis de plusieures dizaines de mA). Généralement, une valeur comprise
entre 220 ohms et 470 ohms est employée pour un triac de type 6 A ou 8
A / 400 V ou 600 V (par exemple BTA06-400 ou BTA08-600).
D'autres exemples de mise en oeuvre sont présentés sur les pages
Interface
de
puissance 5V / 230V 001 et
Clignotant
010.
Exemple d'utilisation
d'un opto-triac
de type
MOC3021
Notez que dans ce deuxième exemple, le câblage du 230V et de la
charge (ampoule) n'est pas totalement identique au cablage
adopté dans le premier exemple. Mais soyez rassuré, cela
fonctionne bien dans les deux cas. Petite différence entre le MOC3021
et le MOC3041 : le MOC3041 est doté d'un système de
détection de
passage par zéro de l'onde secteur 230V qui limite la
production de parasites lié aux commutations du triac, alors que
le MOC3021 ne possède pas un tel système.
Remarques :
- il peut arriver que
la lampe s'allume même en l'absence de commande, si le triac
utilisé est sensible et que l'opto-triac présente un
courant de fuite (leakage current) important, quelques dizaines de
micro-ampères pouvant parfois suffire pour amorcer un triac. Si
ce genre de mésaventure vous arrive, commencez par augmenter la
valeur de la résistance située entre l'opto-triac et la
gachette du triac, pour diminuer le courant qui y circule en
absence de commande.
-
on peut s'étonner de la faible valeur de la résistance placée en série
avec la gachette du triac, tenté que l'on est de penser que la tension
230 V du secteur qui arrive par le "haut de l'opto-triac" va provoquer
un courant supérieur au maximum autorisé dans le triac. Mais que se
passe-t-il en fonctionnement normal ? Quand l'opto est bloqué, sa
sortie peut être vue comme un circuit ouvert, le courant résiduel est
nul ou quasi-nul. Quand l'opto est passant, le triac conduit et dans ce
cas la tension du secteur se retrouve aux bornes de la charge, ce qui
fait que la tension résiduelle entre Gate et anode A1 est très faible.
On garde donc un courant de gachette faible en toutes circonstances.
Petites protections additionnelles
De petits "ajustements" peuvent être mis en oeuvre pour augmenter
la fiabilité du déclenchement et pour protéger les
élements de commande contre leur destruction possible. Le
schéma qui suit met en évidence deux points :
- répartition du courant de gachette du triac dans deux résistances au
lieu d'une seule;
- ajout d'un circuit "snubber" (réseau RC série) en parallèle sur le
triac.
La répartition du courant de gachette du triac dans deux
résistances permet de répartir la dissipation thermique
occasionnée par les surintensités au déclenchement
et l'intensité de gachette en situation de conduction, au niveau
de la gachette. On pense bien souvent que le courant de gachette est
bien faible pour qu'on puisse oublier ce détail, mais quand on y
regarde de près, la résistance de gachette peut
être amenée à bien chauffer, si le triac est de
type standard (non sensible) et s'il est commandé en continu
(les pointes peuvent atteindre plusieurs centaines de mA dans certains
cas). Mettre deux résistances de 1/2 W en série
présente le double avantage d'éviter l'usage d'une
résistance de 1 W et de faciliter dans certains cas le routage
d'un circuit imprimé. Malgré ce qui vient d'être
dit, vous trouverez bien souvent ici ou là des schémas ne
comportant qu'une seule résistance, ce qui ne signifie pas pour
autant que ces montages ne sont pas fiables.
Le réseau "snubber" n'est pas toujours indispensable, cela
dépend de la puissance de la charge commandée et du type
de triac employé. Un paramètre caractéristique
d'un triac est son "temps de montée" - appelé aussi
"vitesse critique de croissance" et représenté par le
terme dv/dt (taux de variation de tension en un temps donné). Le
snubber limite ce temps de montée et contribue par la même
à réduire la production de parasites sur le réseau
d'alimentation (puisque les pics de tension provoqués à
la mise en ou hors conduction sont freinés et moins importants
en amplitude). Un petit détail : la section de commande de
l'optotriac est un triac certes de moindre puissance que celui qu'il
pilote, mais lui aussi doté d'un dv/dt (de 10 V/us pour le
MOC3021 et de 100 V/us pour le MOC3041). Certains triacs sont
appelés "snubberless" (BTA06-400 par exemple), ce qui signifie
que ce réseauc RC série additionnel n'est pas
nécessaire et peut donc être omis.
Autre type d'isolation
L'optotriac
est un composant fort pratique, peu encombrant et assez bon marché.
Mais il n'est pas le seul composant premettant d'obenir une bonne
isolation entre la section de commande et la section de puissance. On
peut aussi employer un petit transformateur, dont on sait qu'il ne peut
transférer une tension continue mais qu'il est tout à
fait capable
de transférer une impulsion. Le schéma qui suit montre un exemple d'une
telle commande isolée avec transformateur.
Il
faut bien voir qu'avec ce genre de montage, l'impulsion de commande
doit être envoyée au bon moment, soit en début d'alternance si on veut
un allumage de type tout ou rien, soit avec un retard par rapport au
début de l'alternance si on veut une variation possible de la
puissance fournie à la charge. Le transistor Q1 ne doit pas
être
commandé de façon permanente, car dans ce cas plus aucune impulsion ne
serait transmise au triac - qui resterait à l'état bloqué - et de plus
le primaire du transformateur serait toujours parcouru par un courant
continu, ce qui ne serait pas forcement très bon pour lui (tout
dépendrait en fait de sa résistivité propre). Il faut tout de même
reconnaitre qu'on ne trouve plus beaucoup ce type de transfo
dans
les montages grand public et amateurs (j'en ai vu quelques-uns il y a
quelques années dans des chenillards, dans des gradateurs de
lumière et dans des commandes de lampes de projecteurs de diapositives).
Commande de charges inductives
La commande d'une ampoule à filament, purement résistive,
ne pose pas de problème particulier au triac (je laisse
volontairement de côté l'aspect parasitage), le courant et
la
tension sont en phase au moment des commutations. Mais si l'on veut
commander des charges possédant une composante inductive
importante, telle que transformateur ou moteur (pour faire varier sa
vitesse), il en est tout autrement, car le courant circulant dans la
charge n'est pas en phase avec la tension présente à ses
bornes. Si l'on utilise un montage simple tel qu'un de ceux
présentés ci-avant, on risque fort d'obtenir des
aléas de fonctionnement tels que redéclenchement
intempestif (au moment de la coupure du courant dans la charge), voire
dans le pire des cas la destruction pure et simple du
triac si aucune protection par fusible (ou autre) n'est prévue.
Commande directe d'un triac
Une
solution simple au problème de la commande de charges inductives
consiste à ajouter une cellule RC série en
parallèle sur le triac (appelé aussi snubber), entre ses
deux électrodes A1 et
A2, afin de limiter les surtensions pouvant se produire au moment
où le triac se bloque (la coupure d'un courant dans une charge
inductive provoque ce phénomène, connu aussi de ceux qui
manipulent la commande de relais avec des composants
électroniques).
Attention : dans le schéma qui suit, L
représente une charge inductive (transformateur par exemple) et non une self d'antiparasitage
et M représente un moteur AC 230 V (les deux ne doivent pas être branchés en même temps, c'est l'un
ou l'autre). C'est là (à la place de L ou
M) qu'on branchait une ampoule dans les exemples précédents.
La résistance R du réseau RC série (snubber) placé entre les
électrodes A1 et A2 du triac joue deux rôles :
- limitation du courant de
décharge de C par le triac quand il devient passant (le condo
peut être chargé à plus de 300 V au moment où
le triac se met à conduire, je vous laisse imaginer le courant
de court-circuit en l'absence de cette résistance),
- limitation du coefficient de surtension lié à
"l'accord" de C avec L
(qui peuvent former un circuit résonnant gênant).
En toute rigueur, les valeurs à donner
à C et à R dépendent de la valeur de l'inductance
de la charge L, et bien sûr de la fréquence de
fonctionnement. Cette
dernière étant le plus souvent le 50 Hz de notre
réseau EDF, il ne reste qu'une inconnue. Bien souvent, les
valeurs données sur le schéma sont adoptées, on
trouve même parfois cette cellule dans un boîtier unique à
deux pattes qui regroupe résistance et condensateur, exemple sur photo ci-après.
Type de boitier RC que l'on trouve aussi parfois en parallèle
sur des contacts de
relais
électromécaniques, pour éviter
l'étincellage. Mais d'autres valeurs conviennent, telles que 22
nF + 560 ohms, 47 nF + 680 ohms ou encore 100 nF + 820 ohms. La valeur
de R conditionne directement le courant maximum qui passe au travers du
triac lorsque celui-ci décharge C : avec 100 nF et 47 ohms, on
arrive à un di/dt de l'ordre de 25 A/us, alors qu'avec un
couple 100 nF + 820 ohms, le di/dt descend à 1 A/us. Beaucoup
d'auteurs préconisent l'usage d'un couple 100 nF / 400 V + 100
ohms / 1 W (il faut bien combiner "valeurs empiriques" et
"facilité de mémorisation").
Type de résistance ?
J'ai lu un jour sur un forum que certains auteurs conseillaient l'usage
d'une résistance de type bobinée, plutôt que des
résistances classiques carbone ou métal. J'ai également lu cette
information dans un manuel dédié aux applications de puissance édité
par Motorola (résistance bobinée de 22 ohms / 2 W en série avec un
condensateur de 150 nF, pour un triac commutant un moteur). Les
résistances bobinées ne présentent pas les
même caractéristiques de
dissipation thermique que les autres résistances. Leur
inductance
propre ne ferait à priori pas de mal dans ce type de montage,
mais là
je suis ignare, je ne donnerai pas de conseil. Pour ma part, je n'ai
jamais utilisé de résistances bobinées à
cet endroit, et ne me souviens pas avoir eu de soucis
répétitifs. Mais je dois préciser que dans mes
applications, les triacs n'étaient pas trop "sollicités"
: juste une commande de temps en temps (commande via séquenceur,
de transfos inclus dans des PAR36, avec les PAR36 bien sûr -
quand j'étais DJ et que je fabriquais mes
jeux de
lumière). Si j'ai bonne mémoire, j'ai utilisé
des "grosses" 100 ohms (quelques 3 W sans doute). Non pas parce que les
1/2 W chauffaient trop, mais parce que j'avais peur qu'elles s'usent
trop vite et claquent prématurement. Même sans chauffer
"visiblement", elles peuvent se prendre de bons petits coups, et
à force de répétitions...
Remarque :
la présence
d'une telle cellule RC n'est habituellement pas gênante si la
charge est de
type résistive, et plusieurs auteurs la préconise
systématiquement - même si la charge n'est jamais
inductive - mais pour une commande "normale", sans passer par un
optocoupleur... Ce réseau est donc conseillé pour des charges
inductives ou quand le dv/dt est élevé (supérieur à 10 V/us).
A
titre de comparaison, voici les valeurs de R et C que j'ai le plus
souvent rencontrées dans les schémas électroniques pour des charges
résistives avec un
dv/dt supérieur à 10 V/us :
- pour un courant commuté max de 0,5 A : R = 100 ohms et C = 22 nF
- pour un courant commuté max de 2 A : R = 47 ohms et C = 47 nF
- pour un courant commuté max de 4 A : R = 33 ohms et C = 100 nF
Le
fabricant RCA indique dans son databook "Solid State Bipolar Power
Device" de 1986, et pour un gradateur de lumière / variateur de vitesse
pour perceuse alimenté en 240 V / 50 Hz, que les valeurs préconisées
avec un triac BTA20D ou BTA20E sont 100 nF / 400 V et 1 kO / 0,5
W. D'une manière générale, la résistance doit pouvoir dissiper une
puissance d'au moins 1/2 W.
Ajout d'une varistance (MOV)
Toujours
dans le manuel dédié aux applications de puissance édité par Motorola
que je mentionnais précédement, j'ai trouvé des schémas dans lesquel
avait été ajouté une varistance (MOV, Metal Oxyde Varistor) en parallèle sur le réseau RC existant.
Ces
montages étaient destinés à la commande du sens de rotation de moteurs
triphasés, mais on peut garder l'idée pour un moteur monophasé.
Dans tous les cas, la varistance était un modèle 250 Veff (efficace) pour
usage sur réseau 230 Veff (efficace).
Commande via un optocoupleur
Voici un exemple de commande d'une charge inductive (primaire d'un transformateur
ou moteur) utilisant un
optotriac, qui ne doit
pas
posséder de système de détection de passage par
zéro de l'onde secteur (ne pas utiliser un MOC3041 par exemple).
La valeur des deux composants R2 et C1 est "affectée" par la
sensibilité du triac utilisé. Si vous voulez ou si vous devez utiliser un optotriac avec
détection de passage par zéro de l'onde secteur de type
MOC3041 (commande 15 mA), MOC3042 (commande 10 mA) ou MOC3043 (commande
5 mA), et que la charge est selfique, le montage suivant est
conseillé.
Le réseau snubber constitué de R3 et C1 doit être
installé si le triac est de type ordinaire. S'il s'agit d'un
triac dit "snubberless" (par exemple BTA08-400), ces deux composants ne sont
pas nécessaires. Et pour un MOC3041 attaquant un triac type BTA08-400
et pour charge résistive, le montage suivant peut être employé.
Dans ce schéma, le snubber (réseau R / C) a disparu et a laissé place à
une varistance (MOV) 250 V.
Sensibilité à la température
Les composants électroniques sont sensibles à la
température, et le triac ne fait pas exception à la
règle. Ce dernier ne possède pas le même seuil de
déclenchement en fonction de la température : la
sensibilité de la gachette augmente avec la température.
Vous pouvez donc vous trouver confronté à des composants
qui fonctionnent à une certaine température et pas
à une autre, si le courant de gachette n'est plus suffisant
quand le composant est à "basse" température. Ou à
l'inverse de se déclancher de façon inattendue à
une température élevée.
Parasitage et antiparasitage
Selon l'usage qu'il est fait du triac, de forts parasites HF peuvent
être générés et véhiculés vers
le réseau d'alimentation secteur. Ces parasites sont liés
aux commutations brutales de l'onde secteur, si ladite commutation ne
se fait pas lors du passage par zéro de l'onde sinusoïdale,
car le courant consomé par la charge ne peut à cet
instant pas être nul.
Il convient donc de limiter
ces parasites à la source et de les bloquer afin qu'ils
n'aillent pas perturber tout le voisinage, à l'aide de
Filtres
pour
montages à triacs. Le mieux serait certes de ne pas les
créer du tout, en s'assurant que la commutation du triac ait
toujours lieu lors du passage par zéro de l'onde secteur. Si
cela est assez aisé à mettre en oeuvre pour une
application tout ou rien (fonctions marche / arrêt dans un
chenillard par exemple), cela est moins
évident pour une application de variation de puissance, tel que
gradateur de lumière ou variateur de vitesse d'un moteur par
exemple (on peut commuter au passage par zéro pour
l'amorçage ou pour la fin de la conduction, mais pas les deux en
même temps, sinon ce la signifie qu'on a utilisé
l'alternance complète).